AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de DETHYREPatricia


Plutôt déçue par le huitième opus de cette auteure. J'ai lu les sept livres précédents ainsi que La Datcha (le 9e), et vraiment, malgré le style superbe, la qualité de narration et de description des ressentis et des émotions, je suis restée sur ma faim.

Certes, vivre de l'intérieur le bouleversement de la vie d'Ava suite à l'accident de la circulation dont son mari Xavier a été victime a été intéressant. L'introspection y est particulièrement bien décrite... ainsi que les incompréhensions d'Ava face au détachement progressif de son mari, ses colères, ses renoncements, ses tentatives de retour à la vie... mais comment dire, moi qui ai beaucoup lu l'auteure, j'ai un peu le sentiment que c'est toujours un peu la même chose : l'histoire d'un couple qui s'aime, se déchire, se découvre, s'éloigne, se redécouvre, dans un contexte sociétal où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : un métier de galériste pour elle, un métier de vétérinaire pour lui. Deux enfants en bonne santé et sans problèmes, une belle maison, une nounou et une amie toujours prêtes à prendre le relais, un papa qui reprend au pied levé les rênes de la galerie... bref un milieu particulièrement privilégié.

Et puis, la vie place Ava face à un homme qui vit le même traumatisme qu'elle (un chef d'orchestre particulièrement célèbre) - il est le mari de la femme (violoniste de son état) que son mari a renversé avec sa moto - qui, lui aussi subit la difficulté de celle-ci à survivre au traumatisme de l'accident, tant la culpabilité l'étouffe.

Donc, l'intrigue est d'entrée de jeu cousue de fil blanc : d'un côté, les deux accidentés qui ont beaucoup perdu physiquement et psychologiquement étouffés par la culpabilité et qui ne sont pas très pressés de se reconstruire et d'aller de l'avant et, de l'autre, les deux conjoints, délaissés, dans l'incompréhension totale de ce qu'il se produit, torturés par l'attraction qu'ils ressentent l'un pour l'autre alors même que leurs époux respectifs sont sur leur lit d'hôpital. Jusqu'à la faute prévisible, souhaitable, assumée mais dont on verra qu'elle n'aura pas les suites escomptées.

Car, comme l'indique le titre, on sait d'emblée que ce dont il est question ici est de survivre à un traumatisme vécu, en transcendant l'expérience et en allant vers un nouveau vécu renforcé par l'adversité mais enrichi de cette expérience (définition même de la résilience). Cela vaut pour l'accident (pour lui), comme pour l'adultère (pour elle).

Tout le propos m'a semblé être une trop belle histoire de roman ou un trop bon synopsis de film pour être véritablement crédible. Ou alors, effectivement, chez des personnes d'un niveau intellectuel supérieur pas trop préoccupés par la satisfaction des besoins primaires et la gestion des affaires courantes.

Donc, en conclusion, je suis contente de l'avoir lu (car j'ai à coeur d'avoir la collection complète de ses titres), mais pour ma part ce n'est pas le livre d'Agnès Martin-Lugand que j'ai préféré, bien que j'aie conscience qu'il n'a sans doute pas été simple à écrire. Peut-être s'inspire-t-elle d'un traumatisme vécu ? J'attends aujourd'hui de cette auteure qu'elle sorte de sa zone de confort et qu'elle me surprenne vraiment !
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}