AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782848410258
72 pages
Editions Tanibis (16/11/2013)
3.59/5   16 notes
Résumé :
Que se passe-t-il quand la virtuosité du dessin de Lucas Varela se mêle à l'imagination prolifique de Diego Agrimbau ?

Fruit de la rencontre de ces deux argentins dans le cadre d'une résidence à la Maison des Auteurs d'Angoulême, Diagnostics rassemble six histoires courtes qui revisitent la tradition du récit de genre en suivant un fil conducteur singulier : la représentation de troubles mentaux à travers l'exploration des codes du neuvième art, les d... >Voir plus
Que lire après DiagnosticsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Agnosie. Claustrophobie. Synesthésie. Aphasie. Akinétopsie. Prosopagnosie.
Comment faire comprendre ces troubles cérébraux sans pathétique ni froideur médicale ? En usant de ce qui est peut-être leur origine –un malheur et un exploit : la maîtrise du langage et des symboles, la perception d'un temps malléable jusqu'à ce que déclin s'ensuive.


Sont-ils des exceptions morbides ou nous révèlent-ils une extension de la nature métaphysique de notre présence dans l'univers ? Si une drogue pharmaceutique permet à un agnosique de quitter son monde de pure abstraction pathologique alors, pourquoi ne serions-nous pas nous aussi guidés à notre insu de l'incohérence à une impression de matérialité et de logique chronologique ? L'aphasique qui devient étranger à la communication orale, puis à la communication écrite, et qui se replie dans un monde où : « Ils disent tous ce qui est dans ma tête » est-il plus ou moins proche de la réalité que nous ? le dysfonctionnement sert de révélateur à la fragilité de nos certitudes.


Six Diagnostics proches de la science-fiction et pourtant fondamentalement biologiques pour nous faire comprendre que notre cerveau n'est qu'une pauvre petite machine vicelarde à construire des songes bien ordonnés. Sauf lorsque les rouages s'enraillent…
Commenter  J’apprécie          175
(Mal ?) Heureux celui qui connaîtra les affections du vagabondage en vésanie. Psychonaute ébahi, fuguant au contrepoint désenchanté du sans issue, bringuebalé selon les six mouvements fulgurants d'une sonate graphique polymorphe. Les sens dessus dessous.

[Agnosie…] Assailli d'images aberrantes, hagard sous l'entrelacs mouvant du pandémonium rétinien d'Éva. [Claustrophobie…] Reclus de passage, empruntant l'oppression et le désespoir tandis que Soledad lui fera la visite chaotique et vertigineuse de sa prison séquentielle, infrangible. [Synesthésie…] Les yeux ivres du bruit, des onomatopées rémanentes ; hystérèse de sons matérialisés qui impriment la vue, envahissent l'esprit longtemps après leur genèse : un don ou peut-être une damnation pour Lola. [Aphasie…] Et puisque parler ne signifiera rien, lire. Lire avec Miranda. Lire encore. de toute part, dans tous les coins. Abreuvé à l'abondance des mots, de ses maux ; inondé d'écrits asphyxiant une histoire sans paroles et sans fin. [Akinétopsie…] Dans une sensation paradoxale de course figée, poursuivre. le regard floué, comme pris au piège d'un kinétoscope capricieux corrompant la cinétique, hoquetant les trajectoires jusqu'à ne percevoir qu'un brouillard de sillages pointillés. [Prosopagnosie…] Pour se noyer, bouffé dans un anonymat universel. À l'instar d'Olivia, ne plus reconnaître personne au milieu de cette humanité kidnappée, banalisée par l'unie forme des voix, par ces visages qui délèguent les émotions à de chiches smileys basiques, ridicules. Maintenant, untel n'est qu'un jumeau perpétuel, et terrifiant…

Glossaire exotique. Barbarie eurythmique de connexions au réel pathologiquement biaisées, habilement offerte au coeur de ces quotidiens opprimés et peu réjouissants. Des landerneaux profilés, incarnés par l'acte de scénographie, déconstruits selon la dynamique interne d'un tissu narratif transfigurant les fils de son langage. Lorsque le ramdam explose en bulles, que les sages cases muent en cages agitées, quand l'idiome bâillonne le récit en usurpant tout l'espace ou que les objets violent les frontières iconiques, la sémantique du Neuvième campe son meilleur rôle. Affranchi de ses carcans, le signifiant entre en résonnance avec le signifié. Les motifs expérimentaux rapportent, donnent corps aux symptômes, restituent visuellement chaque trouble mental, extériorisent un énoncé limpide de l'invisible qui éclaire instantanément la perception.

Interprétations bien sûr ! Processus attaché à son irrésistible subjectivité, épargné d'une investigation rigoureuse, trop médicale. Au liseré de la psychanalyse, une bourlingue noologique et un exposé nosologique, évidents, (dé)figurés dans des tableaux provisoires, à vivre intensément. Cette esquisse de la démence ausculte, apostrophe, et hypnotise à travers son chromatisme changeant, d'un froid psychiatrique. Corsetant ses rares tonalités dans un gris étouffant. Des roses, bleus, jaunes aseptisés : vision dépolie. le voile interposé, comme une ultime intention pudique, lorsque les victimes seront « foutues à poil » - littéralement si l'on s'en tient à l'introduction de chaque chronique (je vous laisse la surprise) -

L'audacieux poussera loin, tenté aux hasards du décryptage métaphorique. Trop loin ? On s'accordera le droit d'esquiver cet exercice, quoique gratifiant, souventefois gonadoclaste. Il y a tant. « Diagnostics » sillonne son univers propre, conjugue les thèmes (fantastique, science-fiction, polar, intimisme…) et les styles, sous une signature artistique labile, aux cousinages de l'Indé métissé Nouveau Continent. En éprouvant les codes, la grammaire du médium, son laboratoire de papier aiguise le plaisir par l'introspection de la mécanique bande dessinée. Au-delà d'éventuels alibis pour triturer la lexicologie des planches, dans l'exploration de ces déséquilibres, il caresse la folie, tout simplement : relatant six héroïnes et leurs difficultés à exister, dévalant des routes à sens unique, irrémédiables. Une dramaturgie retenue et intelligente, belle à faire tressaillir la moelle épinière… Et à la clôture de ces évocations percutantes et désemparées, s'étonner à sourire.

Singulier. Brillant.
Commenter  J’apprécie          21
Quel projet artistique génial : utiliser les facultés du neuvième art pour approcher au plus près la maladie mentale ! En un jeu malicieux et très intelligent entre le fond et la forme, les auteurs se proposent en effet avec « Diagnostics », d'inviter le lecteur à une plongée directe au sein d'une série de troubles psychiques où ses repères seront mis à mal de diverses manières puisque grâce aux talents ingénieux de Diego Agrimbau et Lucas Varela, il découvrira l'histoire du point de vue des malades, à travers leurs yeux et leurs perceptions, déformées et démentes, cela va sans dire…

A travers six histoires, comme six petites nouvelles ou plutôt six tranches de vie désaxées et aberrantes, nous découvrons dans ce recueil très particulier, six désordres mentaux des plus bizarres telle l'aphasie, qui perturbe l'utilisation des règles nécessaires à la production du langage, ou l'akinétopsie, qui empêche la perception du mouvement, et j'en passe et des meilleures… le génie de la Bd consiste à nous faire découvrir ces affections comme si nous en souffrions nous-mêmes puisque le lecteur suit le point de vue du malade. Au delà de l'intérêt scénaristique qu'il offre, ce stratagème habilement mis en scène nous permet non seulement de nous faire une idée de ces pathologies, mais bien plus encore, il nous amène à nous questionner sur nos propres perceptions et sur la façon dont nos sens nous poussent à appréhender le monde, car comme nous l'apprendrons bien vite grâce nos six héroïnes et leurs calvaires, si notre perception change, le monde change…

Malheureusement, si j'ai trouvé l'idée excellente et si je reconnais sans peine que le dessin de « Diagnostics » est de grande qualité, j'ai néanmoins été moins charmée par la BD en elle-même que par le projet artistique et les critiques très intéressantes que j'ai pu lire à son sujet. Comme si le concept à la base de l'oeuvre était plus abouti que son résultat, ce qui m'a un peu déçue…

Par ailleurs, l'oeuvre est un peu trop sombre à mon goût et elle m'a laissée comme un sentiment de malaise et une sensation de déroute pas des plus agréables… Cela dit, si j'en garde un mauvais souvenir, il faut sans doute aussi voir là une preuve supplémentaire du talent des auteurs car pouvait-on vraiment ressortir autrement que confuse d'une plongée dans l'esprit aliéné ?
Commenter  J’apprécie          60
Découpé en six petites histoires, toutes indépendantes les unes des autres, Diego Agrimbau et Lucas Varela explorent les frontières de notre subconscient.

Agnosie, claustrophobie, synesthésie, aphasie, akinétopsie prosopagnosie… Derrière ces mots peu communs se cache le fil conducteur de troubles mentaux remarquablement représentés ici par la métaphore du dessin.

Si la plupart des femmes représentées subissent la maladie, d'autres ont fait le choix d'en faire un atout, à l'image de Lola qui décide d'utiliser sa synesthésie pour entendre les sons d'une scène de crime après les faits. Ces histoires ont pour socle commun la translittération d'une perte de sensation toujours mêlée avec un code propre à la BD. C'est une lecture extrêmement enrichissante, tissée d'habileté, qui nous fait prendre conscience de notre propre langage concernant la névrose.

J'ai tout de suite été sous le charme de l'intelligence peu commune des auteurs argentins venant bousculer les codes de la Bande dessinée occidentale comme jamais auparavant. Ils sortent littéralement les personnages des planches où s'amusent à les y enfermer comme Soledad la claustrophobe, qui rêve de s'échapper de ces cases qui l'étouffent en s'adressant directement au lecteur pour lui exprimer toute l'étendue de sa détresse.

Je trouve l'idée personnellement remarquable. C'est inventif et desservi par un trait maîtrisé. L'esthétique de chaque thème se métamorphose au fil des troubles psychologiques pour nous transporter et ainsi mieux renouveler notre plaisir dans chaque univers. de la science-fiction au polar, la qualité du dessin de Lucas Varela est éblouissante, il n'a de cesse de jouer avec les ambiances, les références et le lettrage pour notre plus grand plaisir.

Remerciement à Babelio qui m'a permis de découvrir l'étonnante originalité des Editions Tanibis que j'ai découvert au travers de cette excellente BD que je classe déjà comme une oeuvre indispensable.
Commenter  J’apprécie          60
Tout d'abord je souhaite remercier Babelio et les Editions Tanibis pour cet ouvrage !

Je ne suis pas une grande fan de BDs... étant tombée dedans en étant petite, j'ai plutôt tendance à éviter les bulles plutôt que de m'y plonger !

J'ai fait néanmois une exception pour ce masse critique spéciale BD.

J'ai eu plutôt raison de choisir ce livre parmi tant d'autre car il bouscule tous les clichés de la BD : Les cases bien alignées, les bulles pour les dialogues, etc...

Au lieu de cela j'ai découvert un univers complétement décalé, fou, dérangé.... des cases qui bougent dans tous les sens... qui forment des cubes, des fenêtres vers l'intérieur de la tête d'une des femmes racontant leur histoire... Je me retrouve à lire des étiquettes, des affiches plutôt que des dialogues... et ce foisonnement de détails dans les dessins ... impossible de passer à toute vitesse au travers de cette BD... S'arrêter sur chaque page, chercher les petits détails, se retourner la cervelle et se demander qui est folle ici... moi ou elles ?

Une jolie manière de mettre en image les quelques troubles mentaux décrit.

Je déplore juste un "rangement" de chaque maladie un peu trop carré par rapport aux histoires racontées... cela casse un peu le trip mais cela permet aussi de bien situer la maladie et surtout de comprendre de quoi on parle grace à l'explication au début de chaque histoire.

Alors voilà jolie surprise ! Contente d'avoir pu lire cette BD !

Merci encore à Babelio pour cette découverte !
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (5)
BoDoi
04 septembre 2019
Les thèmes de science-fiction choisis par Diego Agrimbau sont dans l’air du temps et exploités de manière fine, dans un scénario à rebondissements. [...] La ligne claire de Lucas Varela, fine, lisible, et d’une froideur volontaire parfois assez flippante, rehaussé de teintes rougeâtres, emballe tout du long.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BoDoi
23 décembre 2013
L’ensemble fait naître un vrai malaise, autant qu’il fascine et attire. Vertigineux et brillant.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
10 décembre 2013
Avec un dessin qui n’est pas sans rappeler celui de Charles Burns, Diagnostics est une véritable curiosité graphique et scénaristique. À découvrir.
Lire la critique sur le site : BDGest
BulledEncre
09 décembre 2013
oujours très bien dessiné par Lucas Varela, dont la qualité se reflète déjà au travers de la couverture, chaque intrigue – car, dans ces cas de figures, les maladies deviennent des intrigues – est construite avec talent et possède une présentation.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Sceneario
12 novembre 2013
Un album qui sort très discrètement, malheureusement, mais qui pourtant mériterait franchement d'être découvert, dévoré et relu, encore et encore !
Attention, album indispensable !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Mon problème est simple : je ne comprends pas ce qu’on me dit, seulement ce qui est écrit. Pour une étudiante en littérature comme moi, c’est un soulagement. Quelle ironie ! je suis en fac de philo et de lettres. Je ne peux m’empêcher de penser que ce détail renferme un sens caché. Mais je sais bien que c’est idiot.
Commenter  J’apprécie          140
Pour moi, une petite chambre ou un grand terrain vague, cela revient au même. La claustrophobie me suit partout. Où que je sois, elle est là, aussi concrète que les pavés sous mes pieds. Soudain, je comprends la véritable nature de mon enfermement.
Commenter  J’apprécie          50
Aphasie s. f. (angl. Aphasia).
Trouble acquis du langage consécutive à une lésion cérébrale le plus souvent de l’hémisphère gauche qui perturbe l’utilisation des règles nécessaires pour la production et/ou la compréhension d’un message verbal.
Commenter  J’apprécie          40
Je saute. Mais il est déjà trop tard. Une seconde trop tard. Me voici figée et inanimée... Pour l’éternité... Ou en tous cas jusqu'à ce que vous décidiez de tourner cette page. Et s'il vous plaît... Ne relisez jamais cette histoire.
Commenter  J’apprécie          30
Synesthésie s. f. (angl. Synesthesia).
Trouble de la perception des sensations, caractérisé par la perception simultanée, en plus de la sensation normale, d’une sensation secondaire dans une autre région du corps.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Diego Agrimbau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Diego Agrimbau
1916, quelque part sur le front de l'Est, entre Pologne et Russie, trois orphelins sont les seuls survivants dans un orphelinat...
Et vous, jusqu'où iriez-vous pour survivre ? Les Yeux Perdus, de Diego Agrimbau et Juan Manuel Tumburus, un conte horrifique au rayon bande dessinée : https://www.dargaud.com/bd/les-yeux-perdus-bda5395330
autres livres classés : argentineVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (38) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5224 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}