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Dominique Vittoz (Traducteur)
EAN : 9782867464331
123 pages
Liana Lévi (04/01/2007)
  Existe en édition audio
3.62/5   1472 notes
Résumé :
Au centre, l'héroïne: jeune Sarde étrange "aux longs cheveux noirs et aux yeux immenses". Toujours en décalage, toujours à contretemps, toujours à côté de sa propre vie... A l'arrière-plan, les personnages secondaires, peints avec une touche d'une extraordinaire finesse: le mari, épousé par raison pendant la Seconde Guerre, sensuel taciturne à jamais mal connu; le Rescapé, brève rencontre sur le Continent, à l'empreinte indélébile; le fils, inespéré, et futur pianis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (219) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 1472 notes
Sardaigne, années 40. À 30 ans, elle n'était toujours pas mariée. Non pas que les soupirants manquaient à l'appel, bien au contraire. Mais la plupart espaçait leur rendez-vous avant de disparaître. Aussi, lorsqu'en mai 1943, se présenta cet homme de plus de quarante ans, récemment veuf et travaillant aux salines de Casteddu, elle n'eut d'autre choix que de l'épouser, poussée par ses parents. Et ce, malgré le peu d'amour qu'il y avait entre eux. Lui fréquentait régulièrement les maisons closes. Aussi, afin d'économiser un peu son argent, elle lui proposa de faire les prestations. Malheureusement, quelques années plus tard, des coliques néphrétiques la firent souffrir atrocement, mettant à mal toute grossesse. Une souffrance telle qu'en 1950, les médecins lui prescrivirent une cure sur le Continent. C'est là qu'elle rencontrera le Rescapé...

La narratrice de ce roman n'est autre que la petite-fille à qui cette femme racontera, des années plus tard, son passé. La guerre, l'histoire de la Sardaigne et de l'Italie, son mariage, son mal de pierres et sa rencontre avec le Rescapé. Un mal de pierres qui s'apparente, certes, aux calculs rénaux mais aussi au sens plus large, au manque d'amour, au manque d'être aimé. L'on ressent aussitôt chez cette femme une certaine fragilité, certains pensaient qu'elle était folle. Au coeur de la Sardaigne, sous un soleil plombant, Milena Agus nous offre une histoire d'une grande sensualité, un roman empli de tendresse et de poésie, élégant et étonnant de par cette fin inattendue. Par le biais de cette petite-fille qui déroule petit à petit la vie de sa grand-mère, l'on découvre combien cette histoire d'amour, brève mais intense, aura compté pour elle. L'auteur dépeint une femme à la fois forte et fragile, complexe, lumineuse, plus que jamais libre et aimant l'Amour. Un petit roman émouvant servi par une écriture sobre et poétique.

À noter que ce roman a été adapté pour le cinéma par Nicole Garcia avec Marion Cotillard et Louis Garrel.
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Milena Agus écrit pour raconter « la vie, pitoyable et comique, misérable et merveilleuse, sans mièvrerie et avec ironie »
C'est exactement de cela qu'il s'agit dans ce « Mal de pierres ».

La narratrice parle de sa grand-mère, la fantasque, celle qui souffre d'une étrange maladie : elle n'arrive pas à être aimée, alors qu'elle est si belle, si sensuelle, et elle en souffre. Elle se taillade les bras, s'arrache les cheveux, s'enferme dans le poulailler. Elle refuse d'être comme les autres, de réagir comme ces femmes de Sardaigne de l'après-guerre qui acceptent leur sort. Elle veut vivre, aimer, être aimée. Elle écrit des lettres enflammées à ces hommes qu'elle croise et à qui elle fait peur.
Elle se mariera à un homme qu'elle n'aime pas et qui ne l'aime pas (dit-elle) mais pour qui elle effectuera des « prestations sexuelles » telles que faisaient pour lui les prostituées d'une maison close qu'il fréquentait assidûment. Ainsi, au moins, il épargnera son argent pour acheter son tabac...
Mais cette maladie de manque d'amour n'est pas la seule maladie dont elle souffre ; son mal de pierres lui arrache des larmes et lui cisaille les reins. « Grâce » à ces impitoyables pierres aux reins, elle effectuera une cure sur « le Continent » où elle rencontrera enfin l'amour, dont peut-être son enfant est le fruit.

Enfin...c'est ce que la narratrice pense. C'est ce qu'elle a peut-être inventé. Car celle-ci aime écrire et chacun sait qu'écrire, c'est mêler le réel au fantasme...
Fraicheur, humour, pathétique se mêlent dans la narration d'une vie, ou plutôt d'une famille à travers une femme.
Mais la vie d'une Sardaigne d'après 40-45 grouille aussi dans ces pages. Ces maisons, ces rues, ces voisines qui épient, cette cuisine, ces travaux ménagers. Ces hommes qui rentrent du travail, s'asseyent et fument.
La mer, toujours là, si proche et si lointaine, calme et bleue.
La musique aussi, dite « classique », où se noient plusieurs personnages.

Poids des traditions et révolte à travers la folie ou du moins ce que les autres appellent la folie.
Milena Agus sème le doute et récolte la tendresse.
Une tendresse qui reste, longtemps après que la dernière page se soit refermée.
Oui, je souris en écrivant ces lignes.
L'auteure a donc bien réussi à atteindre son but...
« La vie, pitoyable et merveilleuse, racontée sans mièvrerie et avec ironie ». Exactement.
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Comme tous les fiancés qui avaient filé, les enfants avaient fui son ventre après qu'elle s'était mariée. Un grand malheur que celle-ci attribuait à son esprit qu'elle pensait dérangé. En fait, le problème venait plus sûrement de ses calculs rénaux. Un mal de pierres si douloureux qu'une cure fut nécessaire. Loin de son époux, qu'elle respectait sans l'aimer, naquit alors pour un curiste un amour aussi incontinent et furtif qu'inoubliable. Après quoi l'enfant inespéré vint au monde.

Poétique et mystérieux est ce récit d'une petite fille à l'écoute des secrets de sa grand-mère sarde, une femme libre qui n'ayant pu se forcer à aimer a trouvé le chemin de l'amour. Un cheminement amoureux sensuel et lumineux que la narratrice ne découvrira vraiment qu'après la disparition de son aïeule. Mais est-ce là toute la vérité ? Pouvons-nous tout connaître des autres quand on sait qu’il revient à chacun de vivre ou d’imaginer l'amour ?

" Grand-mère pensait que c'était à cause de la mer, et du ciel bleu, et de l'immensité qu'on voyait du haut des remparts, dans le mistral, tout était si infini qu'on ne pouvait pas s'arrêter à sa petite vie. "

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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J'ai eu beaucoup d'émotions en lisant ce livre.
La narratrice raconte la vie de ses grands parents et particulièrement celle de sa grand mère qui est considérée comme une personne ayant un petit brin de folie.
La difficulté d'aimer et d'être aimé est au centre de ce petit livre teinté de mélancolie, de tristesse et parfois même quelques touches de cruauté.
Je me suis laissé embarquer par l'histoire d'amour entre la grand mère et le Rescapé... et ai été séduite tout simplement par ce petit voyage en Sardaigne.
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Très souvent gardée pas sa grand-mère, la narratrice de ce roman emprunt de douceur, de poésie et de mystère raconte son aïeule, sa famille et les amours de cette grand-mère avec qui elle semble avoir tissé des liens et vécu quelque chose de très fort.

Elle décrit sans aucun jugement la vie de celle qui ne se sentait pas aimée, que les prétendant abandonnaient et que des parents voulurent « caser » à tout prix et marièrent contre son gré avec un homme certes bon et doux, mais pour lequel elle ne ressentait pas de sentiment amoureux. Certainement différente des autres semble-t-il, elle rencontra le grand amour au cours d'une cure pour soigner ce « mal de pierres » qui la terrassait.

Elle raconte par le détail, une vie de femme en Sardaigne d'après-guerre, une vie de femme à part puisque qualifiée de « folle », sans doute dépressive, peut-être parce qu'on lui demandait d'emprunter les chemins qu'on lui avait tracés, et qu'elle subissait cette pression de la communauté.

Elle raconte son autre grand-mère, femme rigide dont le passé explique sa relation avec son entourage…

Elle raconte ses origines et son identité, éléments si importants dans la vie d'une personne. Elle se fait le témoin d'événements adoucis par le souvenir. Elle y met son amour, son humour, sa naïveté, ses questions.

Un beau récit aux senteurs de Sardaigne, avec pour témoins les pierres des maisons, les fleurs qui ornent les balcons, offrant le bonheur d'une lecture ou l'on se sent bien. Elle raconte ses origines et son identité, éléments si importants dans la vie d'une personne. Elle se fait le témoin d'événements adoucis par le souvenir. Elle y met son amour, son humour, sa naïveté, ses questions.

Un bel écrit qui vous laisse un goût de soleil, de chaleur, de douceur.

Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Citations et extraits (142) Voir plus Ajouter une citation
D'après maman en effet, dans une famille, le désordre doit s'emparer de quelqu'un parce que la vie est ainsi faite, un équilibre entre les deux, sinon le monde se sclérose et s'arrête. Si nos nuits sont sans cauchemars, si le mariage de papa et maman a toujours été sans nuages, sij'épouse mon premier amour, si nous ne connaissons pas d'accès de panique et ne tentons pas de nous suicider, de nous jeter dans une benne à ordures ou de nous mutiler, c'est grâce à grand-mère qui a payé pour nous tous. Dans chaque famille, il y a toujours quelqu'un qui paie son tribut pour que l'équilibre entre ordre et désordre soit respecté et que le monde ne s'arrête pas.
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"Cette maison n'est pas restée vide, d'autant que nous venons ici, mon fiancé et moi, je pense toujours qu'elle garde l'énergie de grand-mère et que si nous faisons l'amour dans un lit de la rue Manno, dans cet endroit magique où l'on n'entend que la rumeur du port et le cri des mouettes, nous nous aimerons toujours. Car au fond, en amour, il s'agit peut-être au bout du compte de se fier à la magie, on ne peut pas dire qu'on puisse trouver une règle, quelque chose à suivre, pour que tout se passe bien, par exemple obéir à des commandements.

Et au lieu de faire le ménage, de lire les nouvelles sur la situation en Irak avec ces Américains dont on ne comprend pas s'ils sont une armée de libération ou d'occupation, j'ai écrit, sur le cahier que j'ai toujours sur moi, le récit de grand-mère, du Rescapé, de son père, de sa femme, de sa fille, de grand-père, de mes parents, des voisines de la rue Sulis, de mes grands-tantes paternelles et maternelles, de ma grand-mère Lila, de mesdemoiselles Doloretta et Fanni, de la musique, de Cagliari, de Gênes, de Milan, de Gavoi."



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[Incipit.]

Grand-mère connut le Rescapé à l'automne 1950. C'était la première fois qu'elle quittait Cagliari pour aller sur le Continent. Elle approchait des quarante ans sans enfants, car son mali de is perdas, le mal de pierres, avait interrompu toutes ses grossesses. On l'avait donc envoyée en cure thermale, dans son manteau droit et ses bottines à lacets, munie de la valise avec laquelle son mari, fuyant les bombardements, était arrivé dans leur village.

Elle s'était mariée sur le tard, en juin 1943, après les bombardements américains sur Cagliari, à une époque où une femme pas encore casée à trente ans était déjà presque vieille fille. Non qu'elle fût laide, ou qu'elle manquât de soupirants, au contraire. Mais un moment venait où les prétendants espaçaient leurs visites, puis disparaissaient de la circulation, toujours avant d'avoir demandé officiellement sa main à mon arrière-grand-père. Chère Mademoiselle, des raisons de force majeure m'empêchent ce mercredi, ainsi que le prochain, defai visita afustetti*, comme c'était mon vœu le plus cher, mais hélas irréalisable.

Ma grand-mère attendait alors le troisième mercredi, mais chaque fois se présentait une pipiedda, une fillette, qui lui apportait une lettre repoussant encore, et puis, plus rien.
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Il aimait sa mère, mais elle lui était étrangère et quand elle lui demandait comme ça s'était passé, il répondait: "normalement, m'man." Alors grand-mère lui disait que cela n'existait pas, normalement, que les choses étaient forcément d'une façon plutôt que d'une autre, on voyait qu'elle en faisait une maladie, qu'elle était jalouse quand après, attablés tous les trois avec grand-père, les choses du monde prenaient cette façon que grand-mère avait indiquée.
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Si grand-mère avait trouvé le Rescapé, elle serait partie avec lui, de but en blanc, en n'emportant que ce qu'elle avait sur elle, son manteau neuf, son bonnet en laine enfoncé sur ses cheveux attachés, son sac à main et ses chaussures spécialement achetées pour être élégante quand elle le rencontrerait.
Tant pis pour papa et grand-père, même si elle les aimait et qu'ils lui manqueraient terriblement... Tant pis pour Cagliari, pour les rues étroites et sombres du quartier du Castello s'ouvrant soudain sur une mer de lumière, tant pis pour les fleurs qu'elle avait plantées et qui inonderaient de couleurs la terrasse de la rue Manno, tant pis pour le linge étendu au mistral. Tant pis pour la plage du Poetto, long désert de dunes blanches face à une eau limpide où l'on s'avançait sans s'enfoncer jamais tandis que des bancs de poissons vous passaient entre les jambes. Tant pis pour les étés à la cabine de plage rayée blanc et bleu clair, tant pis pour les assiettes de malloreddus à la sauce tomate et saucisse après le bain. Tant pis pour son village, avec ses odeurs de cheminée, de cochon, d'agneau et d'encens à l'église, quand ils allaient chez ses soeurs les jours de fête.
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