Colón, Panamá, 1923.
Au début, nous avons
Varamo, 50 ans, vieux garçon, obscur petit fonctionnaire dans un ministère quelconque. C'est jour de paie, mais à la banque on lui verse son salaire en faux billets. Il n'ose rien dire, persuadé de s'attirer des ennuis inextricables s'il faisait mine de se plaindre.
A la fin, douze heures plus tard,
Varamo, qui n'avait jamais songé à la littérature et encore moins à l'écriture, a écrit un texte, d'une seule traite, qui sera bientôt, et pour les siècles des siècles, considéré comme un chef-d'oeuvre de la poésie d'Amérique centrale.
Entre ces deux événements, un enchaînement de causes et d'effets absurde et délirant, où l'on observe
Varamo se tracasser à cause de sa fausse monnaie, acheter un bonbon au marché, rentrer chez lui et s'occuper de sa mère et de taxidermie (sans qu'il soit pour autant question d'empailler celle-ci, hein), jouer aux dominos tout seul, aller au café comme tous les soirs et en route entendre des voix, assister à une course de voitures improvisée puis à un accident peut-être pas si accidentel, faire la connaissance de vieilles dames malicieuses puis de trois messieurs commerçant dans l'édition.
Soit 130 pages où les péripéties d'une journée expliquent la création d'un chef-d'oeuvre. A moins que ce ne soit ledit chef-d'oeuvre qui reconstruise rétrospectivement ces petits événements, anodins et isolés, en une chaîne extravagante de coïncidences ? Quoi qu'il en soit, l'oeuf ou la poule, le serpent qui se mord la queue, causes et conséquences n'existeraient pas les unes sans les autres.
Je ne suis pas certaine d'avoir tout bien compris, mais
Varamo, à travers la trajectoire d'un illustre inconnu devenant du jour au lendemain un auteur culte, propose une réflexion ironique et décalée sur la création littéraire, émaillée de réalisme magique, d'humour et d'originalité.
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