AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782365692069
304 pages
Editions Les Escales (25/08/2016)
3.57/5   485 notes
Résumé :
Aaliya Saleh, 72 ans, les cheveux bleus, a toujours refusé les carcans imposés par la société libanaise. À l'ombre des murs anciens de son appartement, elle s'apprête pour son rituel préféré. Chaque année, le 1er janvier, après avoir allumé deux bougies pour Walter Benjamin, cette femme irrévérencieuse et un brin obsessionnelle commence à traduire en arabe l'une des œuvres de ses romanciers préférés : Kafka, Pessoa ou Nabokov.
À la fois refuge et " plaisir a... >Voir plus
Que lire après Les vies de papier Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (163) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 485 notes
Aaliya, ancienne libraire et passionnée de livres vit seule dans son appartement. À 72 ans, elle en a vécu des choses. Répudiée par un mari impuissant, issue d'une famille traditionaliste où l'homme possède plus de droits qu'une femme, Aaliya a vu la société libanaise se détruire via des guerres, évoluer, se reconstruire. La seule chose qui lui a permis de tenir toutes ses années... ce sont les livres. Elle prend chaque année la résolution de traduire un livre en arabe.. Et cette lubie dure depuis maintenant 50 ans !
Ses lectures lui permettent d'appréhender le monde et de le contempler via les citations de grands auteurs.


Acheté sur un coup de tête après avoir lu la quatrième de couverture, j'avoue avoir été conquise par le début du roman, très drôle : nous entrons dans le monde d'Aaliya et son erreur de coloration capillaire. Au fil du récit, l'auteur nous offre une découverte de la vie de Beyrouth via les souvenirs et les citations d'auteurs. Nombreuses sont les digressions où un élément active un souvenir du passé.
Ce roman est poétique, étrange, drôle, complexe, innocent, complexe. Il est tout et pourrait faire fuir le lecteur en raison de son côté "brouillon" voulu.


À lire sans modération.📘
Commenter  J’apprécie          1194
En flânant en librairie, j'ai lu par hasard le quatrième de couverture du deuxième roman traduit de cet écrivain-peintre libanais... Comme vous pouvez le deviner aisément ce sont les thématiques qui ont capté mon intérêt, et fait me précipiter pour acquérir cet ouvrage , à la couverture
affriolante (un désordre coloré de livres empilés ! )
Un roman attachant, étonnant, prodigue en digressions, références littéraires. Cette fiction met en scène dans un Beyrouth en guerre, une septuagénaire célibataire, répudiée et divorcée depuis des lustres, qui vit seule ; jusqu'à sa retraite , son existence se déroulait entre son travail
de libraire, sa passion de la lecture, qui lui permet de voir écouler le temps avec plus de douceur...

Nous accompagnons Aalya Saleh, 72 ans, ancienne libraire, qui se retrouve à la retraite, vivant seule dans son appartement, où elle continue à suivre un rite immuable le 1er jour de chaque nouvelle année ; elle choisit un texte d'un écrivain qu'elle affectionne particulièrement (dont Sebald, Pessoa, Kafka qui ont une place de choix, dans son Panthéon personnel) pour en faire une traduction en arabe...Contradiction apparente: elle s'implique à chaque traduction mais se moque éperdument de se faire publier,ou connaître de quiconque !

Ce travail de traductrice , ses lectures nombreuses l'aident à trouver un sens à son quotidien, ou du moins adoucissent son existence, dans un Beyrouth en guerre... Aalya vit dans une sorte de bulle, où elle se sent de plus en plus loin des autres, en dehors de ses souvenirs heureux avec
son amie, Hannah, à part quelques visites en solitaire au musée national de Beyrouth, où le gardien lui manifeste une attention affectueuse...

Je parlais précédemment de digressions, car il est bien sûr question avant tout des livres, d'hommages multiples à la Littérature, à la lecture mais aussi au travail des plus complexes du traducteur...Mais moult autres sujets s'entrecroisent dans des mini-histoires imbriquées: Une histoire familiale difficile dans un pays , où même les mères préfèrent les fils aux filles,
la guerre, le temps qui passe, les effets paniquants du vieillissement, qui engrangent plus de solitude et d'isolement, lorsqu'en plus, en tant que femme on a vécu la majeure partie de son existence en dehors du parcours traditionnel d'une femme libanaise, qui se doit de se
marier et de faire des enfants !!

J'ai adoré ce roman, tout en éprouvant des émotions extrêmes: une sorte de jubilation de s'immerger dans l'univers "papivore" d'Aalya, accaparée par ses lectures, ses acquisitions, et ses choix de traduction, qu'elle range méticuleusement , une fois terminés , dans des cartons, avec le livre en langue originale. Dans un même temps, une sorte de forte mélancolie
d'une vie solitaire, en marge des autres vivants, en dehors de "ces vies de papier", qui l'habitent heureusement!!

"Je me suis depuis bien longtemps abandonnée au plaisir aveugle de l'écrit. La littérature est mon bac à sable. J'y joue, j'y construis mes forts et mes châteaux, j'y passe un temps merveilleux. C'est le monde à l'extérieur de mon bac à sable qui me pose problème.Je me suis adaptée avec docilité, quoique de manière non conventionnelle, au monde visible, afin de pouvoir me retirer sans grands désagréments dans mon monde intérieur de livres. Pour filer cette métamorphose sableuse, si la littérature est mon bac à sable, alors le monde réel est mon sablier- un sablier qui s'écoule grain par grain.
La littérature m'apporte la vie, et la vie me tue." (p. 15)

Un très fort moment de lecture dont je suis très heureuse , qui provoque ma curiosité à lire l'ouvrage précédent de cet écrivain libanais, "Hakawati", où l'écrit, le romanesque, l'art de raconter des histoires occupent de nouveau, de façon différente, une place primordiale...

Lien à voir : http://www.lemonde.fr/livres/article/2009/10/29/hakawati-de-rabih-alameddine_1260083_3260.html

Commenter  J’apprécie          959
Les vies de papier : un livre sur les livres. Mais pas que...

Un livre touffu, roboratif, que j'ai trouvé passionnant ; des digressions déroutantes, des réflexions avisées, des anecdotes cocasses ; au final, une histoire émouvante, mais qui ne plaira pas à tout le monde. Un roman pour les amateurs de littérature, une lecture qui exige de la patience.

La narratrice, Aaliya, soixante-douze ans, vit à Beyrouth depuis toujours, dans des conditions modestes. Elle vit seule dans un vieil appartement défraîchi.

Unique employée pendant cinquante ans d'une petite librairie, elle est entrée en littérature comme on entre dans les ordres. Elle a tenu entre ses mains des oeuvres d'écrivains du monde entier – certains dont je n'avais jamais entendu parler, d'autres dont je connaissais le nom mais dont je n'ai rien lu –. Aaliya n'a pas beaucoup vendu, mais elle a tout lu et elle en parle ; une érudite de la littérature...

Elle parle aussi de la vie quotidienne à Beyrouth, le Beyrouth des quartiers populaires, en état de guerre permanent depuis sa jeunesse : guerre civile, guerre de religion, guerre tout court, bombardements, attentats, décombres, cadavres, rues barrées, incendies, coupures d'eau et d'électricité, restrictions alimentaires... Continuer à vivre !

Elle parle de la vieillesse ; le corps qui se délite, les douleurs qui s'installent, les frustrations de l'enfance qui, en dépit du temps, laissent des cicatrices mal refermées ; les menaces de l'inattention – laquelle peut se traduire par une couleur de cheveux inhabituelle !... Elle parle de l'isolement, de la solitude, qui n'en est pas le remède, car elle conduit à s'exclure, à s'enfermer.

Mais quel est le sens de tout cela, me direz-vous ? On ne fait pas un roman passionnant avec des considérations cérébrales aussi démoralisantes !... Patience, vous ai-je dit !

Aaliya est un roman à elle seule. Elle est traductrice. Mais qui le sait ?... Aaliya travaille selon un rituel et des règles propres à elle, qu'elle s'impose sans atermoiement. Elle traduit en arabe classique des ouvrages littéraires ... qui ne doivent en aucun cas être des oeuvres originales écrites en français ou en anglais !... Mais elle ne connaît que l'arabe, le français et l'anglais ; elle ne comprend pas l'allemand, ni le russe, l'italien, le serbe ou que sais-je ! Elle travaille donc à partir des traductions françaises et anglaises des textes originaux !... Aaliya a ses raisons – ne comptez pas sur moi pour vous les dévoiler ! – Et c'est aussi « en toute logique » qu'une fois achevées, les traductions sont placées dans des cartons et entreposées chez elle, dans une ancienne salle d'eau...

Un jour, un incident technique conséquent la contraindra à se dévoiler à ses voisines – trois sorcières ! Catastrophe ou libération ?... Émotion.

Aaliya s'étend sur de multiples sujets. La musique classique, qu'elle connaît parfaitement. Les conditions de vie des femmes en Orient, leurs espoirs, leurs fantasmes, leurs amitiés. A ce propos, elle déclare avoir aimé deux femmes : Hannah, une amie, et Anna... – Karénine, bien sur. Étonnante homophonie.

En revanche, Aaliya entretient des rapports compliqués avec sa mère, très âgée. Elle raconte une histoire de pieds – un lavage et un massage de pieds – qui m'a dégoûté. (Non pas que je manque de compassion, mais personnellement je n'aime pas les pieds et j'ai horreur que l'on touche les miens, à la différence de ma femme qui ne jure que par la réflexologie plantaire.)

L'immanquable débat : la traduction doit-elle privilégier la fidélité littérale à l'original ou au contraire en adapter l'esprit. Cela me rappelle les polémiques soulevées, il y a une vingtaine d'années, par les publications d'une nouvelle génération de traducteurs de Dostoïevski et de Kafka.

La lecture de Les vies de papier est fluide et agréable, mais je me suis longtemps demandé où la narratrice cherchait à m'emmener. Tout s'assemble logiquement vers la fin. Il n'est pas inutile de relire certaines pages pour boucler la cohérence de l'ouvrage ; je veux dire : pour comprendre la cohérence d'Aaliya dans sa propre incohérence. Vous me suivez ?

Performance impressionnante de l'auteur, Rabih Alameddine. Cet homme parvient à se fondre totalement dans son personnage de femme, car quels que soient son mode de vie et ses bizarreries, Aaliya est bien une femme, avec des souvenirs de femme, des manies de femme et des problèmes de femme.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          822
Cela m'a embêtée toute ma vie de ne pas être comme tout le monde.
J'aime les hommes et les femmes qui ne trouvent pas leur place dans la culture dominante, les étrangers ici comme partout, accidentés de la vie et de l'âme.
J'apprécie la nostalgie.
J'apprécie aussi l'ironie.
Je suis emplie d'une solitude byronique sans avoir aucun des deux exutoires du poète : le génie et l'adultère.

Voilà ce que – entre autres – proclame Aaliya, 72 ans, ancienne libraire et libre traductrice depuis cinquante ans.
Femme tout à fait à part, mal mariée (« le crétin que j'ai épousé, bénie son âme rance. Vous pouvez ajouter le manque implicite de sens de l'humour et de l'honneur, l'incapacité de gagner un revenu, l'art de se satisfaire de son analphabétisme manifeste et d'être un pleutre congénital ») puis répudiée.
Mal-aimée par sa mère et ses demi-frères.
Grande amie d'Hannah, l'attachante Hannah.
Amoureuse des livres qu'elle chouchoute, lit à haute voix à son amie, traduit pour elle-même et remise dans la salle d'eau.
Grande amatrice de musique classique.
Un peu (beaucoup) asociale.

Elle est vieille, maintenant, et elle nous raconte avec verve et vérité ses passions, ses emportements, sa tendresse pour sa ville, Beyrouth, maintes et maintes fois blessée par ces conflits qui l'ont traversée (« J'aime beaucoup la citation de Mark Twain : L'histoire ne se répète pas, mais elle rime »), ses colères envers son ex-mari et sa mère, le tout entrecoupé d'anecdotes de sa vie quotidienne, entre les maux de dos, les problèmes de coiffure et les relations avec ses voisines.
Humour, autodérision, enthousiasme et coups de cafard se mélangent pour former un cocktail détonant où la sagesse prédomine : « La fiabilité renforce-t-elle notre illusion de contrôle ? Si c'est le cas, je me demande si dans les pays développés (je n'utiliserai pas le terme détestable de « civilisés »), le processus de vieillissement perfide et briseur d'illusions, n'est pas plus difficile à supporter ».

J'ai savouré en prenant tout mon temps chaque ligne de cette relation sans détours d'une vie remplie de désillusions mais envisagée avec sagesse. Voici d'ailleurs ce qui le prouve, et je vous laisserai à votre tour déguster les propos de cette vieille dame inventée par Rabih Alameddine :
« J'ai lu un poème sur le bonheur d'Esward Hirsch qui se termine par ces vers : « Ma tête est comme une lucarne, mon coeur est comme l'aube ». Je pense que parfois, pas tout le temps, quand je traduis, ma tête est comme une lucarne. Sans effort de ma part, je suis visitée par le bonheur. Parfois je me dis que cela suffit, quelques moments d'extase, dans une vie d'un ennui à la Beckett.
Durant ces moments, je ne suis plus comme d'habitude, cependant je suis totalement moi-même, de corps et d'esprit. Durant ces moments, je suis guérie de toute blessure. Je suis où il faut que je sois. Mon coeur se distend avec délice. Je me sens sacrée ».
En lisant ce roman, c'est exactement ce que j'ai ressenti.
Commenter  J’apprécie          7417
Une vie entière parmi les papiers, voilà la vie d'Aaliya qui, avant d'être à la retraite, est la seule employée d'une librairie de Beyrouth où elle vend peu de livres, commande uniquement ceux qui l'intéresse, pour les lire et les garder. Ce n'est pas très honnête, mais elle s'en moque. D'ailleurs pour le propriétaire, ce lieu n'est qu'un faire valoir vis à vis de ses amis intellectuels, pas une source de revenus.

Chose étrange, chaque premier janvier, cette beyrouthine de soixante douze ans commence la traduction en arabe de livres déjà traduits en anglais et en français. Plus étrange encore, son travail achevé, elle le range dans des cartons qu'elle entrepose dans une chambre de bonne. Oui, vous avez bien lu, elle ne fait rien pour être publiée ! Elle accomplit un long travail inutile. Elle s'en explique, mais je ne vais pas spoiler (divulgâcher comme disent nos amis canadiens), je vous laisse le découvrir par vous-même dans ce livre intrigant.

J'ai d'abord cru que l'auteure était une femme. Les vies sont écrites à la première personne, d'où ma confusion. Mais ce n'est pas la seule raison. L'autre raison est que Rabih Alameddine se glisse magiquement dans la peau de cette vieille femme - cultivée, obsessionnelle, négligée, irrévérencieuse, ironique et tellement vraie dans sa franchise et parfois sa crudité qu'elle possède une existence tangible.

Aaliya, une femme qui est capable de tout, même de sortir dans la rue titubante et débraillée. Le plus souvent elle résiste à l'empiètement dans sa vie de celles qu'elle appelle les trois sorcières, de sa vieille mère et de ses demi-frères. Il est vrai qu'elle aime peu la compagnie de ses semblables. Mais une chose est sûre, elle parle si bien de littérature et de musique, de l'histoire de Beyrouth et de ses guerres que jamais l'envie de l'interrompre ne vous effleure.

Vous qui aimez les livres, comme moi laissez-vous porter par le charme oriental et l'érudition d'Aaliya, vous ne le regretterez pas.
Commenter  J’apprécie          670


critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
16 janvier 2017
Cet écrivain a un talent fou pour adopter le point de vue d’une femme d’âge mûr, pour partager ses connaissances de la littérature et adopter un ton à la fois léger et grave pour évoquer le Beyrouth en temps de guerre.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaPresse
16 novembre 2016
Émouvant et inspirant, ce roman émaillé de phrases parmi les plus belles qui n'aient jamais été écrites laissera des traces indélébiles chez tout passionné de littérature.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (297) Voir plus Ajouter une citation
Dans la mort, Éros triomphait, alors que dans la vie Thanatos avait triomphé. Mon mari était un dyslexique freudien.
la mort est le seul poste d'observation à l'aune duquel une vie peut véritablement être évaluée. De mon poste d'observation, en regardant des hommes que je ne reconnaissais pas emporter le cercueil de mon ex-mari, j'ai évalué sa vie et estimé qu'elle avait laissé à désirer.
page 27.
Commenter  J’apprécie          30
Il existe deux sortes de gens en ce monde : ceux qui veulent être désirés et ceux qui veulent tellement désirés qu'ils font semblant de ne pas s'en soucier.
page 320.
Commenter  J’apprécie          70
Nulle perte n'est ressentie avec autant d'acuité que celle de ce qui aurait pu être. Nulle nostalgie fait autant souffrir que la nostalgie des choses qui n'ont jamais existé.
page 178.
Commenter  J’apprécie          50
_ Vous avez payé cette place et il en était d'accord, dit-il. Seule une fripouille revient sur ses engagements. La parole d'un homme est la seule qui,le sépare de la bête.
le charmant lieutenant la regarda alors dans les yeux et termina sa pensée en disant :
- Je tiens toujours parole.
page 164.
Commenter  J’apprécie          20
Quand on écrit sur le passé, on ment à chaque lettre, à chaque graphème, et même à chaque satanée virgule.
Mémoires, souvenirs, autobiographie - mensonges, mensonges, ce ne sont que des mensonges.
page148.
Commenter  J’apprécie          20

Video de Rabih Alameddine (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rabih Alameddine
Lecture des "Vies de papier", par l'auteur, dans la langue d'origine, en anglais
autres livres classés : libanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (1152) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3166 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..