Les nuits
incrustées dans les murs
ne font pas oublier
les herbe d'impatience
qui boivent le soleil.
Ces herbes aux doigts brûlés
comme cette écriture
qu'à chaque nuit les murs
émiettent sur terre.
p.38
Nichée sous le grenier
dans l'angle le plus haut
la conscience de la maison
celle où la poutre
attend la paille
où la poulie
monte au plus juste
son poids de sombre
et de soleil.
*
Le soleil
on l'entend gratter
et plus près encore
au cœur de l'armoire
où les morts
ont saigné debout.
Il pèse dans le dos
quand les hommes descendent
vers les estaminets
pour reprendre et couper
la parole qui soigne.
p.9
Tiré à quatre épingles
le papillon
sur l'églantier
pareil que sur la langue
le poème attisé
par l'épine intérieure.
p.29
Pierres immobiles
devant le ciel
ayant perdu
l'eau consentante.
Ayant — on ne sait plus —
derrière la montagne
des sentiers à écrire.
Pierres aux angles brisés
au cœur pris dans les herbes.
Entre elles on ne sait plus
qui les tient sur le vide
de la terre ou du vent.
Qui les pousse à tenir
peut-être ce silence
comblé de profondeur.
p.47
Les mains coupantes
du donneur d'as
dans l'estaminet
tendu de silence.
Là-bas contre le mur
l'écriture des mouches
le couteau de l'horloge
et le hasard
qui veille
à poings fermés.
p.10