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EAN : 9782213598666
186 pages
Fayard (29/04/2006)
3.33/5   15 notes
Résumé :
J'ai toujours écrit pour exorciser mes craintes. J'ai besoin de tenir un crayon come j'avais besoin naguère de tenir la main de ma mère. Ces nouvelles répondent à des questions absurdes en apparence: Peut-on continuer d'être jaloux d'une femme après sa disparition? [...] Et moi? Que dois-je faire, lorsqu'au bois de Vincenne, un enfant que je ne connais pas s'approche de moi et me dit "J'ai froid. Je veux rentrer à la maison, papa"?
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après avoir livré des romans à la veine autobiographique, Vassilis Alexakis revient aux nouvelles dont quelques unes plairont aux amateurs de 'gore', mais risquent de heurter les âmes sensibles. Fidèle à ses origines , l'auteur franco grec campe ses protagonistes tantôt en France: en passionné de football , il ne manque pas une finale au Parc des Princes tantôt en Grèce avec son komboloï, ses kiosques à journaux , ses îles, la place Colonaki,à Athènes, déplorant les grèves et les faillites.
Dès la première nouvelle: Papa, éponyme au titre du recueil, le narrateur sait piquer notre curiosité. Que va-t-il faire de ce gosse égaré, fatigué, affamé, qui le prend pour son père? Que cachent ces mots « pauvre Jean! »? la souffrance, le désarroi d'une épouse ? Pourquoi le tutoie-t-elle? Se jouent-ils la comédie?La photo, les clés mettent fin à ce mystère. En filigrane, on sent rôder Miss Alzheimer et la vieillesse. La fille de Jannina qui a retrouvé ses traces serait-elle sa fille?
Les femmes fascinent le narrateur, attisent son désir et inspirent sa plume érotique et sensuelle. Leurs corps, la peau blanche ou « un petit bout de tissu noir » le font chavirer et fantasmer. Ne rêve-t-il pas de laver les pieds de Zoë ou de « baiser la face intérieure de ses cuisses », son regard étant toujours aimanté par de jeunes et charmantes créatures. « A croire que les yeux ne vieillissent pas », en déduit-il! N'est-t-il pas en proie au doute quant à l'amour de Despina? Il drape de tendresse sa Belle Hélène dans une lettre à l'absente, implorant son pardon, tant il est rongé de remords .
Dans le taxidermiste,une des plus truculentes nouvelles, riche en rebondissements, l'auteur revisite le mythique catalogue Manufrance. Au fil des pages, au gré de son imagination fertile , le narrateur exhume des êtres statiques, les transplante dans son récit d'action, leur donne vie, en dispose à sa guise, leur invente des parentés, des idylles, les équipe D D objets hétéroclites, dont des pièges broyeurs. Il y distille humour , jalousie et pulsions vengeresses , machiavéliques. Quel plaisir pour le lecteur d' être plongé dans les coulisses de la création!d'autant qu'il forge parfois un destin extraordinaire à ses personnages. Si certains font don de leurs organes, lui se verrait bien tronçonné, dépecé , servi en mezzés avec un verre d'ouzo!et finir dans la bouche d'une fille ou dans sa soupe « pour lui faire de l'oeil », n'ayant pas déposé les armes de la séduction. Pour pimenter le tout , l'auteur nous rappelle qu'en 1977, la peine de mort n'était pas abolie. La camarde est en embuscade. le narrateur tente de l'apprivoiser: « en n'attachant pas plus d'importance qu'au point final d'une phrase »mais s'interroge sur l'au-delà. L'auteur excelle à modifier les tonalités, sait ménager le suspense,nous tenir en haleine jusqu'au dénouement cruellement comique, absurde, déjanté, la justice divine n'ayant pas dit son dernier mot !Il s'éclipse à bord d'une montgolfière, régnant en maître sur l'océan des mots, évoluant en totale liberté, invitant le lecteur à prendre aussi du recul.
Vassilis Alexakis signe des nouvelles qui flirtent avec le roman noir,offrant quelques scènes sordides, insoutenables,écoeurantes, où s'échouent des êtres au bout de leur destin. Toutefois,
rien à craindre , le recueil bénéficie des bons auspices de cet oeil de verre bleu vif, le kalo mati.
Un recueil étrange , réjouissant , aux détails terrifiants à faire frissonner comme un thriller.
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les nouvelles Papa, la belle Hélène et le coup franc de Platini sont celles que j'ai le plus aimé. Bien écrites le sujet est fameux et on les lit comme des petits romans. A lire.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
J’aime beaucoup les spaghettis. Si l’on faisait un tas de tous les spaghettis que j’ai jamais mangés, il serait aussi grand que la Butte Montmartre. La neige qui tombe quelquefois sur la Butte me fait songer à du parmesan râpé. Je souhaiterais avoir des spaghettis comme garniture si je devais être mangé.
Mais je peux aussi bien m’imaginer dans une soupe, car j’aime bien les soupes aussi. Les morceaux de ma chair flottant à la surface du liquide ressembleront sans doute aux îles de la mer Egée, où, comme on le sait, j’ai passé mon enfance. Il ne me déplairait pas, en effet, que ma fin rappelle mes débuts. J’aurais ainsi l’illusion d’avoir accompli un tour complet dans l’existence.
Je ne suis pas sûr, cependant, d’être bon à manger. Chaque fois que je me mords la langue, j’ai envie de cracher. C’est plutôt par dégoût que j’ai arrêté de me ronger les ongles. J’ai tant fumé que même mes orteils doivent sentir le tabac. Mon cerveau ne doit pas être dans un très bon état non plus. Il a si souvent baigné dans des idées noires qu’il doit avoir un goût plutôt amer. En outre, je perds la mémoire. Or, comme le dit Anaximène, Les souvenirs c’est le persil de la pensée . On me trouvera peut-être un peu fade.
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Tout compte fait, c’est au bord de la mer que je préfère être mangé. Les enfants pourront utiliser mes os pour consolider leurs châteaux de sable, les adultes mes genoux pour jouer aux boules, et tout le monde pourra se servir de ma tête comme d’un ballon de foot. J’aimerais bien faire mes adieux à la vie par un dernier joli but.
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Les femmes trop belles me faisaient peur quand j’étais jeune, je n’avais aucun espoir de les conquérir et me désintéressais d’elles. Je ne tentais ma chance qu’auprès de femmes moyennement jolies, ou presque laides, que je considérais comme abordables. Je devenais amoureux de femmes qui ne me plaisaient pas vraiment.
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Telle une ombre, la jalousie suivait ma passion pas à pas. Elle me procurait parfois un sentiment relativement agréable, un genre de langueur, comme si j’avais la nostalgie d’un malheur très ancien. Mais la plupart du temps elle embrouillait mes idées, elle m’épuisait.
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Il n’avait pas assez d’humour, ni assez de cœur. Il a cette intelligence ennuyeuse des gens qui ne comprennent que leur intérêt.
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« La langue maternelle » de Vassilis Alexakis, c'est à lire chez Folio.
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