La majorité gouvernementale est constituée par le parti gaulliste et par un groupe moins important : celui des Républicains indépendants animé par Valéry Giscard d'Estaing. Qu'une seule voix « indépendante » manque à Georges Pompidou et c'est – théoriquement – la chute. En 1968, Giscard est la bête noire du premier ministre. Il a été, jusqu'en 1966, le plus jeune ministre des Finances depuis Poincaré en 1894. C'est un aristocrate gourmé, au crâne en forme d’œuf, fasciné par l'Amérique et par Kennedy. Il a été écarté du gouvernement pour avoir affiché, avec une insolente candeur, ses ambitions présidentielles. Depuis, les écrans de la télévision sont pratiquement fermés au benjamin des « grands premiers rôles » de la politique française. Mais, élu président de la commission des Finances de l'Assemblée, il darde un œil vigilant sur Pompidou.
2900 – [Le Livre de poche n° 3108, p. 113]
[Pompidou] exhume le plan « Stentor » de protection de l'O.R.T.F. qui, permet au gouvernement de faire fonctionner la radio et la télévision avec l'aide de quelques techniciens indispensables – plan qui avait été établi au moment du « putsch » des généraux d'Alger, lorsqu'on craignait de voir Paris envahi par les parachutistes.
2896 – [Le Livre de poche n° 3108, p. 94]
Jusqu'en 1967, il n'y a pas de parti gaulliste : le seul mot ferait frémir le Général. Il y a une cohorte de vieux briscards blanchis sous le harnais gaulliste de Londres et d'Alger, du R.P.F. de 1950 ou de mai 1958. La porte est ouverte à tout le monde : aux libéraux, aux jacobins, aux maurrassiens et aux socialistes. De Gaulle lui-même s'accommode de ces contractions. Chemin faisant, des compagnons s'égarent, d'autres rejoignent le cortège. La petite troupe n'a pas de chef ; seulement un guide.
2905 – [Le Livre de poche n° 3108, p. 116]
[BIOGRAPHIE] LA CHRONIQUE DE GERARD COLLARD - CLEMENTINE CHURCHILL