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Michel Lederer (Traducteur)
EAN : 9782226220578
196 pages
Albin Michel (01/02/2011)
3.67/5   30 notes
Résumé :
Des nouvelles dans lesquelles il apparaît que les relations humaines ne sont qu’une succession de petites guerres. Les personnages sont des hommes ordinaires sur le point de connaître un grand changement : des artistes, des ouvriers, des pères, des amants, des maris, des fils… Ils changent radicalement leurs univers personnels grâce à des choix simples.
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"Il savait que j'avais été témoin/ de sa tentative de meurtre,/ mais il s'en foutait..."
écrit Sherman Alexie dans l'une des poésies virulentes qui ponctuent son recueil de nouvelles Danses de guerre.
Coup de volant meurtrier évité de justesse par un chien errant (comme ci-dessus), homicide involontaire d'un cambrioleur par un monteur de films, parcage d'Indiens en réserves, homophobie, sénateur menteur,relations père-fils ou relations de couple déséquilibrées, pendaison de Sioux par Abraham Lincoln en 1862,films culte empreints de violence (genre Les Dents de la mer), moralité discutable d'un milliardaire triste et excentrique amoureux de "chaussures Puma",banquière cinglante,solitude,capitalisme,racisme, publicité mensongère de "chien invisible" crue par un enfant naïf,violences familiales psychologiques,contraintes imposées (ex: changement de siège dans un avion)"art dénaturé transformé en marchandise", tricherie......j'agresse, tu agresses, il agresse, nous nous agressons, vous vous agressez, ils s'agressent au quotidien.
Et en réponse à cette violence il y a réaction souvent violente en retour (diffamation, hypocondrie, rupture amoureuse, tricherie,mensonges...) ou soumission mais la soumission violente aussi en mettant l'autre au pied du mur de sa honte (à moins qu'il ne s'en "foute").
Voilà le message diffusé par Danses de guerre (titre tiré d'une nouvelle éponyme un brin fantastique avec cafards bouchons d'oreilles métamorphosés).
Un message ironique qui remue car ces situations sont souvent banalisées.
Sherman Alexie, d'origine Indienne, en profite pour dénoncer la culture indienne bafouée dont les chants (d'honneur ou de mort) rituels ne sont pas tolérés tant ils paraissent ridicules.Mais ne pas admettre l'identité de l'autre n'est-ce pas le nier dans ses valeurs les plus chères?
Danses de guerre a obtenu le prix Pen-Faulkner en 2010 et Sherman Alexie, dont la plume est trempée dans du vitriol, est lauréat du National Book Award.
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Danses de guerre de Sherman Alexie
Des nouvelles et des poèmes sur des sujets variés mais qui concernent essentiellement les relations humaines qui, finalement, ne sont elles pas uniquement des petites guerres?
Illustration avec une scène de rue dans laquelle un conducteur fait un écart pour écraser un chien(qu'il rate). Au feu rouge suivant un automobiliste qui a assisté à la scène se met à côté de lui avec un regard assassin, l'autre baisse sa vitre et l'apostrophe « alors gros dur, qu'est ce que tu vas faire? »
Et il démarre sans rien dire, lâchement ?!…

Il est monteur pour le cinéma, un soir, sa famille est absente, il entend du bruit, passe par le sous sol, prend la batte de base ball de son fils( en aluminium) et découvre un jeune noir en train de lui voler ses C.D. et ses films. le voleur n'a pas de solution de repli et lui fonce dessus, il lève sa batte, le jeune homme est tué sur le coup. Légitime défense, il n'est pas inquiété mais le journal télévisé, un peu plus tard le montre sortant du commissariat de police la batte à la main, la mère est bien sûr scandalisée, l'impunité d'un blanc face à la mort d'un noir. C'est évidemment un montage grossier, et surtout l'homme n'est pas blanc, c'est un indien Spokane, est ce la guerre entre le malheur des noirs et celui des indiens?…

A l'hôpital aussi c'est la guerre, pour avoir une couverture supplémentaire pour son père qui a froid, il demande à une infirmière noire, étant indien il pense avoir plus de chance, mais est ce bien sûr?? …

Toujours à l'hôpital, c'est la guerre des chants de guérison entre son père indien Spokane et son voisin indien Lummi…

Les guerres saintes des uns contre les guerres saintes des autres…

Les récits de création du monde des Hopi contre ceux des Kiowas ou ceux des Chrétiens…

La guerre d'un pompier contre le feu…en allumant un contre feu…

La guerre en avion avec la femme qui vous demande de changer de siège pour qu'elle soit assise à côté de son mari alors que vous avez réservé cette place longtemps à l'avance en raison de vos grandes jambes…

C'est très drôle, particulièrement pertinent, quelquefois dramatique, Sherman Alexie nous ramène à notre condition humaine par des exemples issus de l'observation et de sa propre histoire.
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De Sherman Alexie j'avais lu Dix petits indiens, qui m'avait charmé de par ses petites nouvelles incisives et cinglantes. Alors quand j'ai eu vent de ce nouveau recueil de nouvelles (couronné par le prix Pen Faulkner 2010), je n'ai pas hésité un instant avant de me plonger dedans. Et retrouver la plume de cet excellent novelliste amérindien a été un vrai bonheur !

Sherman Alexie nous parle d'Indiens, de ceux qui tentent de trouver leur place dans la société américaine. Et ce n'est pas sans mal qu'ils se fraient un chemin et entrent dans le moule. Pour preuve, cet assassin à la peau ni blanche, ni vraiment brune. C'est un Indien de la tribu Spokane, qu'on ne parvient pas à catégoriser. C'est pourtant l'identité de ce meurtrier qui fait débat. Qui est-il? Pourquoi a-t-il tué un Noir? N'est-ce pas toujours les Blancs qui se confrontent aux Noirs?
Il y a aussi cet autre Indien, parcourant les couloirs d'un hôpital à la recherche d'une bonne couverture épaisse (comme celles que font les Indiens) pour couvrir son père opéré. Et la rencontre d'un Indien d'une tribu différente va montrer la solidarité entre ces petites ethnies vivant selon leurs rites.
Mais Alexie ne se borgne pas à décrire des Indiens et uniquement des Indiens. Tous les hommes sont par essence reconnaissables dans ces portraits d'hommes ordinaires tiraillés par les tracas de la vie quotidienne. Tout est sujet à la discussion : la guerre des races, l'alcool et la drogue mais aussi aussi la guerre ou bien la société de consommation. Et les hommes qui prennent place dans ces histoires sont tour à tour des pères, des maris ou des fils. Ils ont cela de commun qu'ils s'interrogent sur l'existence ou sur un élément déclencheur qui bouleverse leur vie. Avec Sherman Alexie on est dans l'instantanéité, dans la description concise de rapports humains. le fait est qu'il esquisse des histoires (sur)prenantes sur le ton de la blague voire de l'information purement factuelle.

Une fois de plus été happée, embarquée par ces petits récits qu'on se verrait se faire raconter au coin du feu. Car la confrontation de deux êtres engendre tout un lot d'inconnus. S'agirait-il en fait de petites guerres arbitrées par les conventions modernes?
Les récits se succèdent avec un même plaisir, celui de la découverte perpétuelle de ces gens qui ont tant à nous apprendre. Certaines nouvelles se placent sur une ou deux pages, découpées de telle manière qu'on les engloutit comme un encas. D'autres sont plus longues et s'étalent sur des dizaine de pages. Ce style propre à Sherman Alexie, j'y adhère les yeux fermés. Il ne transforme certes pas la réalité mais nous en donne une vision éclairée du point de vue d'un Amérindien lucide et toujours extrêmement droit dans ses positions.
Un petit bonheur de lecture !
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Alternance de prose libre et de nouvelles, "Danses de guerre" met en scène des hommes embourbés. Que ce soit dans leurs traditions, leur religion, leurs habitudes, leur mariage... Ils se sont laissés coincer dans une situation qui leur pèse et dans laquelle il se débattent.

Cela pourrait être morne ou triste. Mais c'est écrit par Sherman Alexis. Son recul et son humour font mouche, d'autant que ses personnages sont suffisamment attachants et lucides pour échapper (parfois d'un cheveu) au pathétique. L'auteur a l'intelligence de ne pas prendre ses personnages de haut et d'éviter de les juger ; et invite au passage à une petite introspection.

Si habituellement je ne suis pas très adepte des nouvelles, le ton de celles-ci m'a bien plu.
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Sherman Alexie est entré sur ma liste des chouchous....
Dabord parce qu'il fait bcp de nouvelles et que c'est une forme que j'aime bien. Ensuite parce que c'est un homme qui s'interroge et qui nous fait partager avec bcp de sensibilité ses contradictions. A la fois caustique voir cynique sur l' autre, ses resistances tombent d'un coup et il reconnait chez l'autre ce qui le rend touchant, proche de lui et surtout dans la même merde.
Toujours en toile de fond un questionnement sur son identité Spokane mais pas que. Je trouve qu'il a un petit qq chose à la Woody Allen ds son écriture., un léger désespoir qu'il tourne à la rigolade tel un enfant dansant d'un pied sur l'autre afin de cacher son malaise...
A travers ses nouvelles, nous rencontrons des personnages incroyables. Il y a une scène formidable qd un homme se retrouve à l'hopital pour son père, celui ci a froid et cet homme part ds l'hopîtal à la recherche d'une couverture pour son père, je ne raconte pas la suite mais pffffffffff c'était vraiment beau ...
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
- Pourquoi moi ? demandai-je au rédacteur en chef. C’était un ventre à pizzas et à bière monté sur un manche à balai.
- Je ne sais pas, répondit-il. C’est ce qu’elle voulait.
- Mais je ne la connaissais même pas.
- C’était un drôle d’oiseau.
J’aurais aimé qu’il m’explique la différence entre un drôle d’oiseau et un oiseau normal ? Mais c’était un blanc dépourvu d’humour qui détenait le pouvoir, tandis que je n’étais qu’un jeune indien des réserves et un stagiaire. On m’admirait peut-être pour ma ténacité liée à mon ethnie, mais on me tolérait à peine pour mon arrogance liée à ma jeunesse. »
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Mon père, ouvrier du bâtiment à mi-temps, est mort en mars 2003 d’alcoolisme à plein temps. Sur son lit de mort, il m’a demandé : “Eteins la lumière, s’il te plaît.
– Quelle lumière ?
– Celle du plafond.
– Il n’y a pas de lumière, papa.
– Elle me brûle la peau, fils. Elle est trop vive. Elle me fait mal aux yeux.
– Papa, je t’assure qu’il n’y a pas de lumière.
– Ne me mens pas, fils, c’est Dieu qui prononce son jugement sur la Terre.
– Papa, tu es athée depuis 1979. Tu te souviens simplement de ta naissance. A ton dernier jour, tu reviens à ton premier.
– Non, non, fils, c’est Dieu qui me dit que je suis condamné. Il se sert des lumières les plus brillantes de l’Univers pour me montrer le chemin de ma tombe envahie de flammes.
– Pas du tout, papa, ces lumières-là se trouvaient dans la chambre où tu es né.
– Si c’est vrai, fils, alors éteins le ventre de ma mère.”
Nous avons enterré mon père dans le petit cimetière catholique de notre réserve. Et comme je porte son nom, il m’a fallu contempler une pierre tombale sur laquelle figure mon nom.
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« Je n’avais pas chanté depuis des années, rien de tel en tout cas, mais je joignis ma voix à la sienne. Je savais que ce chant ne ramènerait pas les pieds de mon père. Ni ne réparerait sa vessie, ses reins, ses poumons et son cœur. Il ne l’empêcherait pas de vider une bouteille de vodka dès qu’il serait capable de s’asseoir dans son lit. Il ne vaincrait pas la mort. Non, songeais-je, ce chant est temporaire, mais en de pareilles circonstances, le temporaire suffit. Et c’était un bon chant. Nos voix résonnaient dans le couloir. Les malades et les bien- portants s’arrêtèrent pour écouter. Les infirmières, y compris la Noire à l’air distant, firent inconsciemment quelques pas vers nous. La Noire soupira et sourit. Je lui rendis son sourire. Je savais ce qu’elle pensait. Parfois, même après toutes ces années, il lui arrivait encore d’être surprise par son travail. Elle s’émerveillait encore devant la foi infinie et ridicule des gens. » (p. 44)

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"Elle est partie, partie." Paul fredonna le refrain de la chanson de Hall & Oates. Il le faisait sans ironie, car il était un Américain du XXIe siècle à qui l'on avait appris à pleurer ses petites et grandes pertes en chantant des tubes du Top 50.
Il y avait des codes à respecter : un homme repoussé par une belle inconnue doit chanter de la blue-eyed soul ; un homme grisé par la solitude des incessants voyages en avion doit chanter du Mississippi Delta blues ; un homme qui cherche à se venger doit siffler la bande-son du "Bon, la brute et le truand" ; un homme dont le père et la mère sont morts à trois mois d'intervalle doit chanter "Oklahoma ! Oklahoma Okay !" de Rodgers et Hammerstein.
Malgré tous les discours sur la diversité et la division - États républicains et démocrates, Blancs, Noirs et Latinos, riches et pauvres, homos et hétéros -, Paul trouvait les Américains terriblement semblables. Comment pourrions-nous être différents, songeait-il, alors que nous connaissons tous les paroles du même millier de chansons ? (p.114)
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Chaîne alimentaire

Ceci est mon testament :

Enterrez-moi
Dans une fourmilière.

Après une semaine
De ce festin,

Brûlez les fourmis.
Faites de moi un bûcher funéraire.

Que ma fumée monte
Dans les yeux

De ces corbeaux
Sur le fil du téléphone.

Qu'effarouchés ils
S'envolent

Emportant mes dernières paroles :
J'aimais ma vie. (p.197)
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Video de Sherman Alexie (1) Voir plusAjouter une vidéo

Sherman Alexie : Dix petits indiens
D'une forêt de conifères de la presqu'île de Cape Cod (le cap aux morues), Massachusetts, Olivier BARROT présente l'écrivain indienSherman ALEXIE, ainsi que son dernier recueil de nouvelles qui vient d'être traduit en français, "Dix petits indiens". Il résume l'une d'entre elle "Moteur de recherche" dont il lit un extrait.
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