Je n'ai pas bien saisi l'intérêt de ce texte publié une première fois en 1931, même en admettant que les archaïsmes (de l'orthographe « roidie » à la conception de l'homosexuel dans la peau d'une « femme manquée », …) n'en étaient pas alors : le personnage fuit quand l'occasion se présente toute nue, la taille de son membre, loin d'être l'origine de fantasmes « démesurés », est au contraire un handicap qui empêche les pratiques désirées - et quand la jouissance se produit, il est maladroitement question de rire et de moelle, termes et réactions qui ne m'ont pas spontanément semblé favoriser le développement du plaisir (de lecture s'entend).
Par ailleurs, je m'interroge sur l'opportunité de démarrer un roman qui se voudrait érotique par le soulignement insistant de petits organes laidement décrits. Tout cela fait douter, sans nier la crudité occasionnelle du vocabulaire, de la visée fondamentalement érotique du récit - ou alors, par le ridicule, le rire moqueur, l'humiliation de refus brutaux et la fuite accompagnant les instants de rapprochements intimes, ce serait un érotisme teinté d'un sado-masochisme spirituel.
Sinon c'est le témoignage douloureux d'une sexualité souffreteuse.
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Etrange petit texte "érotique" qui aura quelque peu perdu de sa substance sulfureuse. A l'heure actuelle, où l'érotisme envahit nos médias et où les normes ont changé, difficile de réellement plaindre ce pauvre homme au membre gigantesque, surtout quand on pense que certains seraient prêts à payer cher pour posséder une telle virilité.
Néanmoins, à lire, par curiosité pour ce point de vue inhabituel, pour un témoignage de l'histoire.
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l'ouvrage, aujourd'hui, a perdu le caractère érotique qui faisait scandale à l'époque, et c'est avec un certain amusement que l'on peut découvrir ces quelques pages qui en leur temps défrayèrent la chronique
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Une fois la lampe allumée, Albert put considérer Armand plus à son aise. Celui-ci avait, bien qu'il semblât avoir atteint déjà la trentaine, un corps d'adolescent, mince et jouant sous ses vêtements qui paraissaient élimés comme à dessein, pour que la main qui s'y posait pût saisir plus vite sous leur trame presque transparente la nudité maigre et musclée, immatérielle à force d'être nerveuse, qui s'y dérobait.
Chacun, de son côté, avec cette volontaire lenteur qui hésite, tâtonne, s'attarde, recommence, s'irrite et finit par une voluptueuse brutalité, chacun défaisait l'autre, dans un rapprochement de plus en plus étroit, ou Albert sentit peser contre le sien ce membre énorme, splendide, démesuré, droit et rond comme une colonne, déjà parcouru de vibrations insensibles comme un battant de cloche prêt à se mettre en branle, et qui frémissait le long de son ventre et presque à hauteur de sa poitrine, d'une pulsation sourde et saccadée.
« Tourne-toi que je t’encule. – Merci, avait répondu Albert en riant, je n’en ai pas la moindre envie. »; et le petit cocher, bon garçon, n’avait pas insisté.
Encore, à choisir, préféré-je ton énormité, queue formidable qu'un Centaure envierait, puisque si les couilles sont un des organes nobles de l'homme, c'est de toi du moins, sainte queue, c'est de toi que nous vient, bien que tu ne sois qu'un instrument de transmission, l'invincible, l'indicible volupté.
-Vous dites juste, dit pensivement Albert; nous sommes tous des femmes manquées, et nous ne nous en consolons pas.