En d'autres termes, c'est l'expérience intérieure et indirecte qui assure la cohérence intuitive des sciences traditionnelles et non pas l'observation extérieure et directe des phénomènes.
Dans ces conditions, ces connaissances archaïques sont évidemment étrangères à l'analyse critique positive et à nos critères rationnels.
(...)
Les progrès de l'archéologie et de l'anthropologie contemporaines permettent de porter un jugement plus équitable sur ce qu'un étroit rationalisme a nommé les "fausses sciences".
La magie, l'alchimie et l'astrologie ont exercé une influence durable et profonde sur l'histoire des sociétés. A ce titre, elles méritent de retenir toute notre attention.
Ne révèlent-elles pas, en effet, l'importance universelle d'une logique de l'imaginaire dont l'étude critique constitue l'une des tâches fondamentales de l'humanisme moderne ?
(introduction)
Cela ne signifie point que les sciences traditionnelles soient subjectives absolument, car les structures de l'esprit humain possèdent aussi un certain degré d'objectivité universelle et de réalité. C'est, en fait, pour cette raison que les alchimistes, les astrologues et les magiciens de tous les temps et de tous les pays peuvent communiquer entre eux par l'intermédiaire de leur langue symbolique qui est aussi la plus ancienne de l'humanité.
Mais les alchimistes observent leur matière et non pas la matière ; les astrologues fondent leurs déductions analogiques sur leur zodiaque et non pas sur le ciel visible dont ils transforment analogiquement les événements avant d'étudier leurs correspondances dans le microcosme ou "petit univers" qui n'est lui-même qu'une "image" du macrocosme ou "grand univers".
(introduction)
Les sciences traditionnelles ne séparent jamais le psychisme de l'observateur de son intelligence des phénomènes observés.
Elles les unissent au contraire intimement dans la vision intuitive de symboles associés à un raisonnement déductif de type analogique et à des opérations rituelles. Ce sont ainsi de sciences intérieures de la nature telle que l’esprit humain la contemple à travers des archétypes expérimentaux et non pas telle que l’intelligence la conçoit rationnellement à partir de l’expérience objective des phénomènes. (page 6)
On a pu reconstituer le rite d’envoûtement pratiqué par les chasseurs du Paléolithique supérieur.
Ils dansaient autour de la statue dans laquelle ils enfonçaient leurs lances.
L’accomplissement présent de l’acte équivalait ainsi à la réalisation future.
La contraction du temps, réalisée par la cérémonie magique, rassemblait en un seul faisceau l’énergie psychique de tous les désirs de la communauté.
On nomme, dans le langage technique de la magie, ce faisceau un égrégore.
(Page 18)
Dans un paysage désolé, près d'un fleuve qui coule entre des ruines, l'antique Dragon (l'ouroboros), maître des eaux du devenir, se mord la queue. Tout se transforme mais rien ne meurt, enseigne la philosophie hermétique. Chaque fin constitue un nouveau commencement.