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4,18

sur 1951 notes
Magnifique roman très bien écrit, avec une vraie et belle histoire.
Les personnages de temps à autre imaginaires, quelquefois très réalistes ne nous abandonnent plus et les suivre m'a été très agréable, tout comme ce voyage au Chili et la découverte de son Histoire.
Saga familiale à lire et à relire absolument.
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Ce livre est comme un torrent. Dès les premières phrases, tu es emporté par une verve torrentielle, un déchainement de mots, d'images, de couleurs, d'odeurs. Tu en prends plein la figure. On t'embarque sur une montagne russe ou tu passes brutalement d'un sentiment à un autre : franche hilarité, colère fulgurante, haine vive, amour passionné, ambition démesurée, folie de revanche, insouciance et gaieté des enfants, souffrance du coeur et du corps… le rythme est ébouriffant, tonitruant, et puis d'un seul coup, sans crier gare, il passe à la petite musique douce qui te serre le coeur, et à l'infini tristesse qui te fait pleurer. Ça n'arrête pas durant 530 pages.
Ce n'est pas une lecture de tout repos. À chaque fois que tu fermes le livre, tu as des étoiles plein les yeux, tu as le tournis, ou tu renifles, c'est selon ! Et pourtant, tu en redemandes, parce qu'une symphonie pareille, ce mélange de force, de vigueur, d'amour plein, de tendresse, d'incroyables loufoqueries, tu n'en rencontres pas beaucoup dans ta vie de lecteur…
On est dans un pays andin qui ressemble furieusement au Chili. « Plusieurs générations de toqués capables des pires extravagances » vont raconter son histoire durant les deux premiers tiers de ce XXème siècle furibond et sanguinaire. Ces légions de paysans presque esclaves et ces puissants hobereaux fiers et méprisants ; l'arrivée de la voiture et de l'électricité, les guerres et la libération des moeurs… le petit peuple misérable qui prend soudainement conscience de son nombre et de sa puissance, les terroristes de bistrot, les manoeuvres sournoises des grands propriétaires terriens, le train de la victoire, et au bout du compte l'élection d'un président de gauche reconnaissable grâce à ses grosses lunettes aux verres épais. Un pays qui se divise, qui se déteste, au bord de jours atroces. On connait la suite.
Je ne suis pas prêt d'oublier tous ces personnages haut en couleur qui croquent la vie à pleine dent. Clara ! La belle, la douce, l'ondoyante, la diaphane Clara. Clara l'extra lucide, un pied dans le monde des vivants, un autre dans celui des revenants. Esteban Trueba, avec sa grosse voix rugissante, sa canne au pommeau d'argent, son ambition démesuré, sa violence aveugle et son amour inconditionnel. Jaime le Saint, et l'autre Esteban, plein de fiel et fou de vengeance. D'autres encore que je ne cite pas. Une famille qui se déchire et finit par se haïr, à l'image de son pays.
Et pour finir Alba, l'aimante et héroïque Alba, unique survivante de cette famille de foldingues, qui prend le relais après avoir fermé leurs yeux, à toutes et tous.
Le livre commence et s'achève par ces mots : « Barrabas arriva dans la famille par voie maritime... »
Si tu ne l'as pas déjà lu, fais-le sans tarder ! le tourbillon est vertigineux, mais tu peux y aller sans crainte.
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La Maison aux esprits serait presque un pléonasme pour certains. Parfois les maisons nous habitent, celle-ci m'a habité durant ces 540 pages... Et continue encore, lorsque j'y reviens, comme ce soir en vous écrivant cette chronique...
La Maison aux esprits fut cette première fois où je suis entré dans l'univers d'Isabel Allende. Son nom est déjà un étendard et aussi une douleur, celle d'un Chili ensanglanté par la dictature de Pinochet... La Maison des esprits est le premier roman de la nièce de l'ancien président du Chili, Salvador Allende, dont le gouvernement fut renversé par la junte militaire un certain 11 septembre 1973 ; il se suicida tandis que l'aviation des putschistes bombardait le palais de la Moneda dans lequel il était réfugié.
La Maison aux esprits, c'est bien une saga qui retrace la vie d'une famille des années 1920 aux années 1970. Entre ces deux périodes, c'est comme un immense pont reliant les traditions ancestrales rurales tenaces jusqu'aux bouleversements politiques et l'horreur des tyrannies modernes dont je viens de vous évoquer un épisode tragique.
Les années 1970 sont sans doute les pires années qu'est connu le Chili. L'auteure ne pouvait pas en faire l'impasse.
Si le nom du Chili n'est jamais explicitement évoqué dans les pages de ce roman, on le devine pour autant. Ce n'est pas un roman engagé, militant, du moins au premier abord...
Mais la tyrannie peut être aussi familiale. Cette famille, c'est la famille Trueba tenue d'une main de maître par son chef de clan Esteban Trueba, riche propriétaire parti de rien, tyran familial et sénateur musclé, tandis que sa femme Clara est hypersensible et dialogue volontiers avec les esprits. C'est un peu le mariage du lièvre et de la carpe...
Ici, nous voyageons entre féérie et cauchemar...
Nous faisons leur connaissance quand ils sont jeunes... Nous allons suivre leur itinéraire durant quatre générations.
C'est une fresque sentimentale, politique et sociale sur l'amour, la famille, la mort, les fantômes, les promenades, la révolution, la politique, l'idéal et le merveilleux...
Mais le personnage central est bien celui de Clara... Tout part d'elle, tout commence aux prémices de sa vie... Celle qui sait bouger les objets d'un seul regard, celle qui a le don pour lire l'avenir, m'a envoûté...
Autour d'eux et se promenant comme une farandole parmi les pages enchantées, c'est une foule de personnages, enfants légitimes ou non, employés, paysans.
Nous voyageons entre réalisme et imaginaire, tel est le parti pris de l'auteure, tel est le parti pris de certaines familles aussi. Ne vous imaginez pas qu'une famille d'Amérique du Sud, étalée sur quatre générations, est un long Amazone tranquille.
On reconnaît là l'esprit, - si j'ose m'exprimer ainsi, propre à une certaine littérature d'Amérique du Sud qui m'a souvent jeté de l'ivresse dans les yeux et le coeur : il y a quelque chose forcément qui rappelle ici l'univers onirique de Cent ans de solitude de ce cher Federico Garcia Marquez, où le fantastique est souvent à fleur de peau, pour ne pas dire qu'il s'invite parfois comme une trappe qui s'ouvre devant les pas des personnages...
Ici c'est un cri d'amour. C'est bien connu, les fantômes reviennent souvent sur les lieux de leur amour.
C'est un roman tissé d'amours impossibles, comme souvent dans la vie.
L'histoire de cette famille m'a transportée durant quatre générations, mais également ô combien bouleversée.
Ne vous effrayez pas, oui c'est un long roman, mais il y a une féérie qui vous tirera par la main et vous montrera des chemins improbables pour entrer dans le coeur de cette maison et la visiter presque dans ces moindres recoins.
Ici j'ai trouvé un souffle qui porte cette famille jusqu'aux dernières pages. Parfois, j'aimerais tant retrouver Clara...
Ce roman est un long et retentissant cri d'amour qui se perpétue comme un écho crié dans un grotte sans fond.
C'est une famille qui ressemble un peu à l'océan ; pour celles et ceux qui savent regarder la mer, cela vous parlera peut-être. Et encore je ne parle pas des vagues. Mais il y a des remous, des tangages, le ressac qui efface et recommence les gestes, efface les pas sur le sable. Regarder la mer, c'est aussi vivre un moment parfois magique...
La Maison aux esprits est une île tourmentée, prise d'assaut par les eaux.
Je suis ressorti de cette lecture, comme un lecteur enchanté, habité par des voix, transformé peut-être le temps d'une lecture.
À présent, je vous transmets les clefs de cette maison, c'est à votre tour de vous laisser habiter...
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Je vais commencer par remercier infiniment Gwen 21 et son équipe pour leur invitation à lire un titre d'Isabel Allende dans le challenge solidaire. Je ne connaissais absolument pas cette autrice, et j'ai eu grand plaisir à découvrir ce roman.

Curieux roman, à l'écriture originale, avec deux fils conducteurs : la famille del Valle dont les parents seront à l'origine de descendants nombreux, dont Clara qui mettra à son tour des descendants qui deviendront les héros, le temps venu, et Esteban Trueba, parti chercher fortune dans les mines d'or, heureux propriétaire d'un filon qui lui permettra de se lancer dans la vie. Il se marie à Clara, non sans une pointe de regret que je ne pourrais expliquer sans divulgâcher.

Un roman qui dévoile la situation d'un pays, en prenant garde de ne fournir aucun renseignement sur la période durant laquelle se déroule l'histoire, ni sur les noms des acteurs de la politique intérieure, pour laisser le soin au lecteur de les deviner, car les événements cités rappellent fortement l'actualité du Chili et la violence qui s'y est déployée.

Ce roman, je l'ai bu comme du petit lait, de lecture aisée malgré la longueur du récit, Isabel Allende a su moduler l'ambiance des chapitres : certains longs passages possèdent un fond humoristique qui rendent le récit léger et plaisant, d'autres laissent amer, en fonction des personnages qui interviennent et selon leur tempérament.

La narration peut paraître surprenante, tantôt à la troisième personne du singulier, tantôt à la première, on comprendra que le personnage narrateur qui emploie le « je » n'est autre qu'Esteban qui livre son histoire et son ressenti. La transition entre ces deux narrations survient souvent brutalement, de façon surprenante au début.

On découvrira les personnages grâce aux contrastes qu'offrent leurs portraits, les calmes et les coléreux, les mystiques et les matérialistes, les gens de droite ou les communistes, les fragiles et ceux qui foncent tête baissée, les charitables, les originaux…

Un roman riche en action que j'ai eu bien du mal à refermer, et après les terribles événements cités, un apaisement tant pour les protagonistes que pour la lectrice que je suis , même si cet apaisement, on le sait, a lieu dans un contexte dramatique. Un roman qui marque parce que le récit repose sur des faits réels.

Je le recommande vivement !

Challenge Multi-défis
Challenge pavé
challenge solidaire
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Adolescente, j'ai fait la connaissance d'un Chilien qui m'apprit qu'il était exilé politique de son pays. Je me souviens bien de ma réaction du moment ; je ne comprenais pas bien comment on pouvait quitter son pays tout simplement parce qu'on n'avait pas les mêmes idées que le gouvernement en place. Un nom m'était resté en tête, un nom proféré comme on crache un venin : celui de Pinochet.

Isabel Allende est la nièce de Salvador Allende, premier président socialiste en Occident élu dans un état de droit. Allende devra faire face à une grave crise politique, financière et économique mais sera toujours soutenu par les masses populaires. En 1973, le coup d'Etat de Pinochet met fin à son mandat et met en place une cruelle dictature.

Sans jamais vraiment mettre de noms historiques sur les personnages ayant réellement existé, Isabel Allende retrace la vie d'une famille des années 1920 aux années 1970 en proie aux traditions ancestrales rurales tenaces, aux bouleversements politiques et aux affrontements fratricides qui en ont découlé.
Cette magistrale saga familiale repose bien sur l'évolution des relations entre les personnages et les événements politiques mais elle est aussi un retentissant cri d'amour et d'appel à l'humanité.
Le lecteur suit avec passion les remous amoureux et familiaux qui ne cessent de troubler les personnages diablement attachants. Et des personnages dignes d'intérêt, il y en a une flopée dans cette histoire et notamment le couple formant le socle familial : Clara la douce qui communique avec les esprits et son fougueux mari, Esteban Trueba, violent conservateur et patriarche d'une famille qui ne cessera de s'opposer à ses idées.

Ce roman ne se dévore pas ; il est comme un de ces interminables fleuves qui sillonnent le sud de l'Amérique, ample, riche d'une biodiversité sans pareille, majestueux et fier au milieu des paysages magnifiques qu'il traverse.
« La maison aux esprits » tourmente, certes, mais rappelle, à chaque instant, que dans la vie, il convient de prendre la mesure des choses et de prendre son temps.
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Il y a 35 ans, voir un peu plus, je lisais La maison aux esprits d'Isabel Allende pour la première fois. J'en ai gardé peu de choses en mémoire, juste qu'un des personnages avait des cheveux verts et le réalisme magique de l'histoire ! Mais je me souviens surtout que ce livre avait été un formidable coup de coeur et c'est bien pour ça qu'il est resté dans ma bibliothèque : pour le relire tôt ou tard !

Et ce jour est arrivé...

On comprend très vite que cette histoire est racontée par un jeu de ping-pong entre deux narrateurs et qu'elle débute à peu près en même temps que la première guerre mondiale.

En ce début de vingtième siècle, les mines de nitrate qui ont fait la fortune du Chili ont fermées et on ressent les prémisses d'une instabilité sociale et politique. La campagne chilienne vit encore sous le joug des propriétaires terriens qui règnent en maîtres et n'ont pas plus de considération pour les hommes et les femmes de leurs domaines que pour les chiens, tout en violant sans remords les filles de ces "êtres inférieurs" !

Parenthèse : On retrouve ce même comportement de prédateur dans l'autobiographie de Pablo Neruda où il avoue avoir violé une femme de chambre à Ceylan en 1929 pendant son poste de Consul là-bas... mais rien n'a vraiment changé au vu d'une certaine affaire qui s'est passée en 2011 à New-York avec un protagoniste politique français bien connu. Fin de la parenthèse !

Le contexte politique est laissé en arrière-plan pendant les trois-quarts du livre et il faut faire attention aux détails qui ne sont jamais anodins.
Mais à partir du dixième, voir du onzième chapitre, l'histoire s'intensifie et la violence, qui jusque là avait un côté "gentillet", montre sa véritable cruauté.

La lectrice d'aujourd'hui n'est plus la même que celle que j'étais il y a 35 ans. Je suis devenue plus exigeante et j'attendais autre chose de ce livre...

Il y a effectivement un personnage aux cheveux verts, deux même, et le réalisme magique est bien présent dans l'histoire... mais je n'ai pas retrouvé ce formidable coup de coeur que j'avais eu. Peut-être à cause du côté "années 80" qui imprègne le livre ? Ou peut-être parce que j'ai lu Gabriel Garcia Márquez depuis ?

À mon goût, il manque une certaine complexité intellectuelle au profit d'un plus large lectorat. Par exemple le rôle des États-Unis dans le putsch est montré du doigt mais sans entrer dans les détails... et j'en aurais voulu beaucoup plus !
Mais il s'agit aussi du premier livre d'Isabel Allende et je n'ai rien lu d'autre d'elle alors je veux garder une certaine indulgence.

En revanche, j'ai adoré le côté trouble et shocking d'un des narrateurs. À notre époque lisse où un certain wokisme impose de changer le titre de certains livres, voir d'en réécrire d'autres, ce petit côté sulfureux fait du bien et vaut une demi étoile supplémentaire à ma note !

La maison aux esprits a été censuré au Chili pendant de nombreuses années, notamment à cause des liens de parenté entre l'autrice et Salvador Allende et du portrait de l'évolution des classes sociales (Wikipedia).


La maison aux esprits d'Isabel Allende
Traduit par Claude et Carmen Durand
GF : Éditions Fayard
Poche : Éditions le LIVRE de Poche
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Isabel Allende est une auteure que j'adore et j'ai a nouveau été conquise par ce magnifique roman qu'est "La maison aux esprits".

Elle retrace ici, une fresque familiale sur plusieurs générations. Tout commence quand Clara est enfant puis on l'a suite adulte et enfin grand-mère. Elle retrace la vie de sa famille, ses parents, son frères et soeurs, son mari, ses enfants et sa petite fille au travers le Chili qui connait des grands changements. Changement politique, car bien sur la dictature et les différents gouvernements sont en toile de fond, mais on découvre aussi le mouvement des suffragettes, l'arrivée des automobiles....

Le réalisme magique est présent et donne beaucoup de charme au roman : les cheveux verts de Rosa et Alba, les objets qui bougent d'un seul regard de Clara, les dons pour lire l'avenir.....

J'ai prolongé le plaisir de ma lecture en regardant le film de 1993. Forcément, difficile de rendre plus de 500 pages en seulement 2h de film. Beaucoup de détails sont donc passer à la trappe.

Malgré tout le casting est à la hauteur : Meryl Streep, Jeremy Irons, Antonio Banderas, Glenn Close..... Bref que des grands noms du cinéma.

Je vous conseille les deux si vous ne connaissez pas encore La maison aux esprits.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Avec les carnets écrits par Clara, Esteban Trueba réussit à nous restituer l'histoire de sa famille sur plusieurs générations. Esteban est un riche propriétaire. Tyrannique, il règne sur les paysans de son exploitation agricole, sans ne leur laisser aucune chance de travailler comme des hommes. Il aimerait couvrir de l'ombre de son pouvoir sa famille, mais il ne peut s'opposer aux forces invisibles qui émanent de sa femme ou de ses enfants, malgré ses crises de violence.

La clairvoyante Clara, sa femme, gardera cependant toujours la fraicheur de sa jeunesse, se détachant parfois de la réalité, pour mieux l'analyser. Grâce à son regard divinatoire, elle déchiffre la toile qui se tisse, au fil des évènements. Elle comprend bien avant Esteban, les tragédies qui secoueront son pays d'Amérique latine, les enjeux politiques qui sont en marche, et qui irrémédiablement conduiront la nation vers une dictature impitoyable.

Une pointe de réalisme magique, sans trop nous embrouiller. Une joyeuse folie, des filles aux cheveux océan, légères, presque irréelles, pour atténuer l'ambiance qui vient se noircir au fil des années.

À un moment donné, lorsque ma fille est venue m'interrompre dans ma lecture, j'ai voulu finir ma phrase avant de lui prêter toute mon attention, et c'est là que je me suis rendu compte que les phrases étaient très longues. On se laisse happer par la narration, sans jamais s'ennuyer, ni se perdre dans ce tourbillon à la fois magique mais aussi, malheureusement, tellement sombrement réel.

Une histoire tragique d'hommes et de femmes, de passion, de révolution, de dictature, au sein de laquelle on les voit réagir, se tromper, puis comprendre que certains mots ont plus de poids que d'autres. Peuple, liberté, amour, plutôt que le pouvoir, la violence et la haine.
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Dans un pays que l'on devine être le Chili, la maison aux esprits va voir évoluer trois générations de femmes avec Clara, une jeune fille qui a le don de sentir l'avenir et faire se déplacer les objets qui s'avérera combattive et une femme aspirant à l'émancipation en devenant occasionnellement suffragette, Bianca, sa fille, qui amoureuse du fils du régisseur du domaine familial au grand dam de son père, sera mariée de force et n acceptera jamais ce mariage, et Alba, la petite fille, qui vivra l'expérience plus politisée, avec le putsch militaire qui renversera le Président socialiste légitime, laissant la place au gouvernement dictatorial des militaires. Et la maison aux esprits, c'est également Esteban Trueba, le mari de Clara, qui s'est fait seul et qui représente l'évolution économique et politique du pays, en ressuscitant le domaine des trois Marias, puis en devenant député, mais c'est surtout un homme qui, fou amoureux de sa femme Clara, ne la comprend pas, et devient violent avec elle, avec sa fille Bianca, seule sa petite fille Alba, parvient à l'attendrir et le rendre plus humain.

Quel roman et quel talent de conteuse que celui d'Isabel Allende, avec cette saga familiale riche et touffue, mettant en présence des personnages hauts en couleurs, croisant les destins de personnages secondaires, mais qui, tapis dans l'ombre, reinterviennent dans le destin des personnages de seconde ou troisième génération tel les instruments d'un anathème qui marquerait la famille. Et c'est un roman qui s'inscrit dans l'histoire avec un grand H, une fresque historique qui dépeint une société sud-américaine, violente, fière et résiliente, qui connaîtra pauvreté, corruption et surtout une dictature cruelle et écrasante.
Isabel Allende offre avec son premier roman, une histoire foisonnante tantôt drôle, tantôt cruelle et magnifie avec brio la petite histoire de cette famille fantasque avec l'histoire avec un grand H.
Un roman dense et marquant.
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Plongés dans un lieu sans nom mais qu'on imagine être le Chili, racontée dans les cahiers de l'étonnante Clara, nous suivons l'histoire d'une famille sur plusieurs générations indissociable de celle d'un pays.

Alors que Clara n'est plus, son mari très âgé, Esteban Trueba, explique comment pour la conquérir il a dû reprendre et exploiter les terres de ses ancêtres au prix d'une lutte acharnée, et retrace une vie qui leur a donné trois enfants, les a rendus riches mais ne leur a pas épargné les drames. Une existence dont la douce Clara s'est évadée par ses dons extralucides, des prédispositions par lesquelles elle a échappé à la réalité d'un mariage avec un homme emporté et autoritaire.

Depuis une histoire particulière pleine de fantaisie, Isabel Allende, qui se révèle une conteuse exceptionnelle, montre subtilement les évolutions de son pays, celles qui ont fait qu'elle a dû un jour s'exiler. C'est foisonnant, au point que l'on s'y perd parfois, coloré et fou, léger et dramatique, c'est l'histoire de sa patrie qu'elle ne nomme pas.
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