Ce roman se situe à l'époque où Ingres n'a plus d'inspiration ni envie de peindre. Il va quitter Paris pour se ressourcer à la campagne. Avant son départ, il fera la rencontre improbable de Lady de Montagu (improbable, puisqu'elle a vécu plus d'un siècle avant) grande voyageuse et spécialiste de l'orient, pour laquelle il aura une grande attirance.
la première moitié de ce livre consiste à décrire leur état d'esprit, leur relation et leurs rencontres, avec de riches échanges sur l'art, l'amour, l'enfance, les femmes ou
encore le comportement des hommes. C'est riche, intelligent et très documenté, en particulier la visite du Louvre où Ingres présente à la voyageuse ses modèles : David, Raphaël, Giotto.
En revanche, moins passionnant, le récit d'une visite de Delacroix à Ingres et un dîner chez le peintre avec des invités prestigieux comme Beaudelaire,
De Nerval, Gautier, Delacroix dont les dialogues sont un peu courts et insignifiants.
Mais, pour moi, tout l'intérêt de ce livre repose dans la confrontation imaginaire entre le peintre qui à peint l'Orient sans jamais y avoir été et Lady de Montagu, grande voyageuse,"spécialiste" de l'orient. Tout est dit dans cette phrase p 148 :
" vous n'êtes jamais allé en Orient et pourtant, vous vous êtes autorisé à le peindre. Pour parler de l'orient, il faut voyager et y avoir été".
Suivra le récit de son
voyage en Orient, la description tout en finesse et délicatesse du Harem et du Hammam, symbole d'une culture raffinée et intelligente . Pour la voyageuse, Istambul avec Byzance, extension de la culture grecque et romaine, est le berceau de notre culture classique.
Finalement, ce récit sera pour le peintre en manque d'inspiration, le déclic du processus de création de l'oeuvre connue sous le nom du "bain turc"
Ce premier roman nous fait voyager de Venise à Paris en passant par la Turquie.
C'est aussi une réflexion sur la représentation de la femme dans la peinture, et la vision décalée de l'occident sur l'orient.