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EAN : 9782246110637
381 pages
Grasset (16/10/1985)
4.05/5   30 notes
Résumé :

Pour éviter la nationalisation des étangs de Brière, il faut retrouver des lettres patentes qui en donnent la jouissance aux riverains.

La mission est confiée à l'Aoustin, don Quichotte brutal traversé par une énergie sacrée. Le lyrisme sensuel du bocage breton.

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Un magnifique roman, poétique, très bien rédigé, riche en vocabulaire. L'auteur possède une très belle plume et nous offre de superbes descriptions des paysages de la Brière. Alphonse de Chateaubriant est un de ces auteurs maudits, déclassé à la suite de ses idées et montré du doigt parce que rangé du côté des collaborateurs proches des Allemands (voir la belle liste constituée par Moravia : "Les écrivains et la collaboration".) Ceci étant, je pense qu'il est bon de tout lire, de tout découvrir sans à priori ni préjugé. Dans cette oeuvre écrite bien avant la seconde guerre mondiale, il n'est pas question de politique. Alphonse de Chateaubriant nous offre simplement son talent d'écrivain et de conteur, et force est de constater que ce livre est une réussite et que l'auteur fut un grand littérateur.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Un roman magnifique!
Les mots prennent des tournures un peu complexes pour parvenir à notre compréhension, ça reflète toute la beauté de la langue française, on est charmé par la description de la Brière, de ses matins et ses nuits calmes qui consolent l'âme solitaire de Aoustin, de ses petits vents qui apaisent l'esprit téméraire de Aoustin, de sa tourbe qui fait en même temps sa fierté et son calvaire. On est marqué par les coutumes des différents villages de la Brière, s'ils partagent la même beauté de la nature, ils ne s'acceptent pas pour autant, de sorte, l'amour entre Theotiste de Fedrun et Jeanine de Mayun va en subir un grand coup. Le personnage de Aoustin m'a beaucoup impressionné par son caractère complexe, intransigeant, il m'a fasciné par sa perspicacité, sa force de se révéler de ses cendres...sa capacité de fléchir, et à exprimer encore de l'amour devant un naufrage...
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Les marais de la Brière sont la propriété indivise des 17 communes riveraines selon un statut reconnu par le duc de Bretagne en date du 8 août 1461.

Mais dans le roman, on veut leur reprendre ! Les copies du décret avaient été distribuées aux communes.
Une seule franchise peut sauver la Brière de la mainmise de l'état aux fins d'aménagement. Encore faut-il la retrouver !

C'est Aoustin qui se met en quête du précieux document avec persévérance. Il a la tête dure comme le mortas, ce chêne fossile de 5000 ans d'âge.

Le style lyrique de ce roman de 1923 utilise de nombreuses tournures de phrases choisies ainsi qu'un vocabulaire inconnu de Word (voir citation).
Du coup, on se détache parfois de l'histoire pour apprécier le texte surtout lorsque les passages sont de haute volée comme celui de la récolte de la tourbe.

Alphonse de Châteaubriant nous raconte la Brière avec une verve poétique qui sert une histoire dont ce marais est le héros principal.

Lire ce “vieux” livre dans les marais de la Brière en a accru le charme.
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La Brière /Alphonse van Bredenbeck de Chateaubriant (1877-1951)
Grand Prix du roman de l'Académie française 1923

Il faut savoir que pour les habitants des marais de la Brière situés non loin De Nantes, le droit de chasse, de pêche, de coupe de la tourbe et des roseaux, remonte à une ordonnance du duc François II de Bretagne en 1461. Droit et titres confirmés par Louis XVI en 1784 dans des lettres officielles.
Quand ce droit va être contesté en raison d'un projet de nationalisation de la Brière, Aoustin, personnage principal du roman, va tout faire pour retrouver les lettres patentes nécessaires pour la défense des franchises du pays, missionné et mandaté par M. Moyon, le maire du village.
Aoustin, habitant de la petite commune de Fédrun avec sa femme Nathalie dite Aoustine et sa fille Théotiste, est garde dans le marais de Brière. Il a aussi un fils qui a préféré s'installer à Nantes avec une épouse choisie contre le gré de son père. La réputation d'Aoustin , le grand despote, n'embaume guère le marais : il est redouté et n'a point d'amis et on lui souhaite dans son jardin plus de chardon que de boursette. Pourtant, une certaine confiance s'attache à ses entreprises, et présentement il est l'homme nécessaire, l'homme de la situation, fouilleur comme pas deux.
le cadre et les personnages d'abord : Aoustin, appelé Lucifer par ses voisins, garde depuis 40 ans au coeur de la terre de misère et de vasières qu'est la Brière dont il connait les plus vieux secrets, habite au lieudit le Chat-Fourré une pauvre masure entourée d'un petit courtil et plus loin d'une jungle grillée de roseaux parsemée de javelles de tourbe découpée. Aoustin toujours surveille obliquement ses louves : Nathalie et Théotiste, son entourage proche :
Nathalie, dite l'Aoustine, avec son petit serre-tête, son caraco noir et son jupon noir, « blonde comme ventre d'araignée au soleil, plus mauvaise que la pire d'entre ses pareilles, rapace sur les sous, pleine de détours, savante comme pas une à cacher son vice entre chair et peau ». Quant à Théotiste, sa fille, en lutte contre l'autorité patriarcale, elle est amoureuse de Jeanin, un jeune homme du hameau voisin de Mayun, et Aoustin refuse qu'elle l'épouse.
Et puis il y a Julie, une vague cousine amiteuse au passé aventureux chez qui Aoustin se plait à passer un moment, une femme dont tous les mouvements près de l'âtre ou de la maie, le bercent comme une romance. Elle vit avec Marie sa nièce et son Cendron et a un locataire, M. Ulric.
Sur fond de vie briéronne traditionnelle, le roman déroule les vicissitudes des habitants des tourbières, des habitants farouches, intraitables et rancuneux, pris entre traditions et défis de la vie moderne. Chez les Aoustin, les soirées s'écoulent invariablement silencieuses et mornes.
Alors Aoustin filant à travers le marais sur son chaland en évitant les bourbes traîtresses, visite sans lanterner villages et lieudits, les moindres chaumières de notables susceptibles de détenir les lettres patentes. Et quand il rentre le soir au logis, les scènes cocasses entre lui et sa femme se succèdent avec un regain de tension au fil des soirées. Les dettes contractées par sa femme, sa fille qui veut épouser un homme qui ne lui convient pas car il n'est pas de Fédrun, tout cela fait monter son courroux. Jusqu'au jour où las de cette vie conjugale si mal assortie, il casse sa longe pour aller s'appartenir dans son petit logis, une vieille mazière où il avait grandi jadis, plantée au milieu des hautes herbes à l'autre bout du village. Menant une vie de solitaire, libre avec son huis et son âtre à lui, il va poursuivre sa quête, cependant que Julie lui conseille de retourner auprès de sa femme suite à une visite de l'Aoustine éclatante de jalousie du fait que son homme mange la soupe tous les soirs chez Julie.
Dès cette première partie du roman, on remarquera la qualité du style poétique enrichi de termes régionaux imagés dont on devine le sens, étant le plus souvent une altération locale d'un terme plus courant.
« « C'était un matin de léger brouillard duvetant les contours des prairies, de fine brise retroussant la feuille d'argent des saules, de petits foyers de soleil couvant dans le sein profond des tourbières…Et le chaland filait, s'en allait par les curées dormantes, immobiles dans leurs herbes, le long des basses prairies éventrées, toujours plus affaissées sous leurs noires blessures. »
Poursuivant de façon obsessionnelle sa quête des lettres patentes, Aoustin est aussi tourmenté jusque dans son dormir par l'existence de Jeanin, le beau « merle » de Mayun, le prétendant de Théotiste dont la haine va être attisée par les agissements d'Aoustin, ce père qui par ailleurs marqué par le désappointement de ses recherches vaines des lettres, se rend féroce à l'encontre des fraudeurs de tourbe et autres braconniers. La guerre est déclarée entre le garde et Jeanin au grand désespoir de Théotiste. Et l'inquiétude brûle dans son âme lorsqu'un soir Jeanin reste introuvable au terme de son errance et sa recherche au coeur de la Brière.
Et Aoustin de poursuivre ses recherches des lettres dans tous les lieudits et hameaux, objet de moqueries lorsque, au bout de plusieurs mois, il n'a rien trouvé.
C'est en sauvant la vieille Florence des mains des mauvaises gens du village qui la houspillaient et la frappaient parce que souvent ivre, qu'Aoustin va trouver une piste.
La disparition de Jeanin, l'agression subie par Aoustin, l'action vengeresse des villageois justiciers, autant de drames qui constituent la trame de la seconde partie du roman.
Quant à la troisième partie, elle nous décrit les malheurs et autres angusties de Julie, d'Aoustin qui ab irato broie du mauvais chanvre et que rien ni personne ne peut accoiser, de Théotiste qui va connaître l'indignité avec les consomptions de son amour, et de Jeanin banni. Un rayon de soleil luit avec l'idylle entre M. Ulric le gentil et une Marie alliciante qui vient d'avoir ses dix-sept ans, au printemps de sa vie qui vient de lâcher ses tourterelles comme on dit au pays.
le ressentiment et la vengeance planent au-dessus de la Brière jusqu'à la démence pour une fin de récit hallucinante. le dicton briéron dit : Tu ne peux charger l'ombre du roseau d'aucun poids qui l'empêche de tourner avec la fin du jour. » Ainsi sera-t-il !
Un roman magnifique nous décrivant admirablement et dans un style et un vocabulaire, riches, poétiques et éblouissants, les us et coutumes des habitants des marécages de la Brière, tout en nous offrant l'histoire saisissante et fascinante de personnages rudes, vivant au seul rythme de la nature et que leurs certitudes aveuglent.
Ce merveilleux et passionnant roman de terroir publié en 1923 connut un immense succès avec 26 rééditions et révéla un grand écrivain poète d'une région de France : Alphonse van Bredenbeck de Chateaubriant.

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La Brière est indiscutablement l'oeuvre littéraire d'un grand écrivain français quant au style, d'ailleurs - comme chacun sait - couronnée par le Grand prix du roman de l'Académie française du temps où ça signifiait encore quelque chose.

Mais Alphonse de Châteaubriant est un proto-nazi, un vrai, un pur et dur, nazi avant que ce mot n'existe, nazi déjà du temps de La Brière. 200% nazi. Et ceci infuse absolument toute son oeuvre dès l'entre-deux-guerres. Germaniste accompli, vétéran de 14-18 qui n'a pas supporté cette "guerre civile européenne", cette "boucherie fratricide" organisée par la "finance cosmopolite", il porte comme une culpabilité personnelle les conditions (inhumaines, c'est vrai) imposées à l'Allemagne par l'armistice de 1918.

Dès 1925, c'est à dire à peine deux ans après la parution de La Brière (Châteaubriant a 48 ans), il est déjà l'un des très rares lecteurs de Hitler dans le texte, et c'est une révélation. Le "Führer", ce nouveau roi Arthur, est devenu pour lui le foyer qui concentre tous les rayons de sa vie, l'accomplissement de toutes ses aspirations profondes depuis toujours. Châteaubriant se signalera rapidement comme le prototype du fanatique hitlérien. Seulement, il présente cette petite idiosyncrasie, cette coquetterie par rapport à ses collègues issus de la veine völkisch incarnée dans les SS allemands de Himmler: c'est un nazi catholique. Ce sera en effet l'"originalité" des nazis francophones, et notamment des SS belges (28e division, "Wallonie", dirigée par Degrelle, le "fils spirituel de Hitler") et français (22e division, "Charlemagne", dont l'aumônier combattant est Mgr Jean de Mayol de Lupé).

Pourquoi tout ceci est-il crucial? Mais parce que La Brière reflète effectivement la pensée proto-hitlérienne d'un écrivain qui sera l'un des plus engagés dans le national-socialisme militant, et qu'elle l'illustre à fond. Même si Châteaubriant attend la "lumière" de "Dieu" au terme de l'épopée hitlérienne du Graal, contrairement aux nationaux-socialistes ultrarhénans qui font dans le matérialisme historique et mettent au centre la technologie industrielle, militaire et biologique, c'est exactement la même vision de l'homme: l'homme est mauvais, il est intérieurement laid, tous ses mouvements naturels sont détestables.

La solution? Himmler répond: l'homme nouveau par la sélection raciale et la grande forge de l'héroïsme guerrier. Châteaubriant répond: la rédemption par "Dieu" au terme d'un parcours moral qui s'apparente à une quête du Graal, à une purification de l'âme par le fer, le feu et l'eau bénite. Mais la vision est la même: elle est d'un pessimisme et d'un cynisme noirs.

Dans La Brière, tout le monde est sale, lâche, sournois, retors, méchant et moche: les habitants de Fédrun, les habitants de Mayun, Aoustin, sa femme, sa fille, son gendre indésiré Jeanin, le syndic... Seuls un ou deux personnages caricaturaux évidemment censés illustrer l'idéologie de Châteaubriant échappent à cette règle générale: Julie, parangon de vertu chrétienne, et Ulric - un nom super-bretonnant et au-dessus de tout soupçon (Ulrich, ach! Mont a ra paotr?) - qui rachètent toute cette boue humaine.

Au-dessus de la Brière, comme une obligation de noblesse, plane le souvenir de la duchesse Anne de Bretagne incarnant la volonté triomphante, la pureté ("Plutôt la mort que la souillure"!), l'identité, l'honneur et la fidélité.

Non, vraiment. D'une part les ficelles sont trop grosses, d'autre part la noirceur forcée, la viscosité de cette histoire rendent la lecture trop pénible, et ce roman à thèse - car c'en est un - est vraiment lourd à digérer. Zola pouvait faire passer les Rougon-Macquart grâce au rythme formidable de sa grosse machine. Saint-Simon ou Daudet, bien qu'ils ne prennent jamais de loisir dans la vindication, arrivent à nous faire rire aux éclats des imperfections des autres (ou des nôtres) grâce à leur génie comique. Mais là, c'est de l'enlisement désespéré. Et un enlisement qui trop souvent sent l'artifice.
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
La terre est toute blanche, elle a vieilli cette nuit. La petite herbe de Brière, la landèche, chevelure de furie, et l’étoile d’argent de l’oreille d’ours dégouttellent de rosée. C’est le premier frimas, qui coïncide avec les vignes rouges sur les coteaux, tandis que se répercutent, dans l’air sonore de ce matin d’automne, les cahots et les abois de chiens, les beuglements, les grelots de carriole, et la rumeur de plus de deux mille hommes noirs arrivant pour le grand piétinement. Les blins, par flottille, à la voile, à la perche, les chalands dans les curées, chargés de monde, chacun comme une noce embarquée dans le même bateau, dégorgent leur peuple sur les platières. Par les chéraux, entre les bosses des buttes, les charrettes à boeufs rampent comme des tortues. Tout cela, sous le rayon, sous le trèfle rouge du soleil levant, arrive à la hâte, aborde par les roseaux, par les coulines, par les piardes, décachant les hérons, les judelles, tous les oiseaux nichés, qui s’épouvantent, s’envolent et tourbillonnent...
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C'était un dimanche bien doux, tout émaillé dans les chemins de la fleur blanche des coiffes et de la tranche dorée des missels. La Brière ensoleillée ressemblait à une plaine de froments mûrs. Partout, sur l'eau bleue bordée de ses bouquets d'iris, se promenaient les canards. Un mâle, ça et là, coulait sous le ressort de son beau cou d'émeraude sa petite femelle grise, ensuite se baignait, et l'eau brillante qu'il se renvoyait dans un rapide plongeon glissait en gouttes de cristal sur le vernis de ses ailes.
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Parfois, le soir, quand le moulin allait son train, il se mettait à la lucarne, d'où la vue embrassait l'étendue des tourbières, et là, comme du haut d'un nuage, il regardait au loin les prairies, les nappes d'eau, toutes les îles dans la ceinture des chalandières. Il reconnaissait Fédrun à ses lumières, sans éprouver nulle envie de dérober un chaland pour s'y rendre en fraude, croyant toujours voir là-bas un jet de feu jaillir d'une touffe de tamaris, et sentir l'odeur de poudre qui de ce souvenir lui remontait mêlée à d'ignominieux relents de vase putride.
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Cette fin de jour était froide, mais belle; on entendait le doux cri des courbejeaux; des bancs de brume s'élevaient le long des curées, tandis que dans le ciel mourant passait le frisselis des volées du soir.
Les vieux étaient plongés dans la contemplation de leur Brière, où rien ne bougeait, où, sous le grand ciel rose, tout baissait vers le crépuscule, suivaient du regard, sans se parler , un petit point noir qui s'éloignait dans le sud, qui cheminait du côté de Rozé, qui peu à peu disparaissait.

I. Chapitre IV
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C'était une belle fin de jour, où la dentelle des ormeaux se découpait sur le ciel rose. Derrière les confins de la Brière, le grand disque d'or du soleil plongeait dans l'Océan; et sa lumière apaisée s'en venait mourir ici, dans les trous de vase de la rive, et jusqu'en la vitre de la masure.
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