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EAN : 9782742797769
254 pages
Actes Sud (04/05/2011)
3.57/5   91 notes
Résumé :
S’arracher à son pays est un chemin difficile. Ce livre est le récit de cette sorte de souffrance. Le héros, un jeune Badawi, un homme du désert, blessé par sa famille, lassé de la vie de misère et des humiliations, écartelé entre l’existence qu’on lui impose et celle qu’il voudrait vivre, part pour la France réaliser son rêve: devenir quelqu’un, quelqu’un d’autre. Désirant à tout prix oublier son passé, croyant être devenu cet “autre”, il reviendra pourtant sur les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman basé sur la propre histoire de l'auteur Mohed Altrad nous fait vivre le désert puis les douleurs du déracinement, de l'exil.
Le jeune Maiouf nait d'une femme qui sera répudiée, son père le délaissera et n'aura que très peu de rapport avec lui si ce n'est de l'humiliation. Ce jeune Badawi (homme du désert) aura alors pour ambition de s'instruire et de quitter la Syrie pour devenir autre. Il comprend que sa liberté ne peut advenir qu'au prix de l'excellence scolaire. Malgré sa réussite dans les études, il aura toujours du mal à se faire accepter, il se sentira toujours à côté, étranger. Il obtiendra finalement une bourse et partira en France, là il changera de nom, de Maiouf qui signifie « abandonné » il choisira Quaher « victorieux ». Il obtiendra un poste d'ingénieur en pétrochimie dans les Emirats du Golfe Persique.
Il retournera dans son pays et retrouvera Fadia, son amie qu'il a quittée pour aller en France mais à qui il a promis de revenir. La distance géographique qui les a séparés et le cheminement intellectuel et émotionnel de Maiouf viendront perturber ces retrouvailles .
L'exil, la crise identitaire, la liberté, que de thèmes forts traités avec pudeur . Il y a une impression de chuchotements, tout est décrit avec douceur même si cela peut parfois être dur.
C'est un roman tout en délicatesse, finesse et émotions.
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A quel prix se paye la conquête de la liberté ? Cette dernière doit-elle passer par l'effacement de sa vie, de ses origines, de ses racines ?

Mohed Altrad, dans son roman : « Badawi » pose cette question, sans que celle-ci ne revête jamais un caractère inactuel ou passéiste.
Un jeune bédouin, Maïouf, est en butte aux contraintes imposées par sa famille, qui lui interdisent l'accès à l'école, une liberté de mouvement minimale, le libre choix de sa conjointe.

Pour conquérir cette liberté, Maïouf fréquente l'école presque clandestinement, se joue de l'influence néfaste exercée par sa grand-mère, personnage habité par la volonté de nuire et de répandre le mal autour d'elle .Cette libération passe pour le jeune Maïouf , par l'excellence scolaire .Il l'atteint , se fait remarquer par ses enseignants, qui lui offrent une place dans un pensionnat , à Raqqah, localité de Syrie pas comparable à Damas ou Alep dans ses dimensions , mais qui lui ouvre les portes vers le monde extérieur . Sa situation de fils d'une femme répudiée entretient également sa révolte intérieure.
A Raqqah, il fait la connaissance d'une jeune fille, Fadia, dont il peine à reconnaître la nature des véritables sentiments qu'il éprouve à son égard : il en est amoureux, un peu comme le personnage principal du Grand Meaulnes d'Alain Fournier, promettant à cette jeune fille de l'attendre, de réaliser avec elle une union aboutissant à la naissance d'un enfant, le tout situé dans un futur indéterminé.

Après avoir obtenu une bourse du gouvernement syrien, Maïouf, qui a changé son prénom pour se faire appeler Zaher, « le victorieux » fait des études en France, y devient ingénieur en pétrochimie, et obtient un poste à dans les Emirats du Golfe Persique. Durant son séjour, il est fasciné par la puissance de ces infrastructures, puissance dont il croit, un instant, être une composante : « Il n'était plus à Raqqah, il n'était plus le petit Badawi dont on pouvait se moquer .C'est juste, la puissance le fascinait .Mais déjà, lorsqu'il était enfant, elle l'avait fasciné, et intimidé aussi, surtout parce qu'elle lui paraissait inaccessible. »

Le mérite de ce livre est de poser les questions relatives au danger, toujours omniprésent, de se renier pour épouser la modernité, d'oublier et de délaisser des éléments constituants de nos identités .C'est un roman d'apprentissage, doublé de la description d'un amour impossible car trop absolu, entre Zaher et Fadia.

C'est aussi un hommage discret, mais pertinent et actuel, à la maîtrise de l'esprit critique pour un être humain digne de ce nom .Une allusion est faite dans le livre à des contacts que Zaher, alias Maïouf, a avec les Frères Musulmans : « IL avait puisé dans leurs exhortations une force nouvelle, celle des certitudes. Mais tout ne l'avait pas convaincu dans ce qu'ils affirmaient .Il avait eu l'occasion de connaître quelques juifs, et l'idée que le judaïsme était le mal lui était apparue bien étrange .Il ne les avait pas rejoints, mais avait pris chez eux un regard critique sur le monde et les moeurs qui l'entouraient. »
Peut-on mieux dire ? Roman à découvrir, en raison de sa tonalité générale, alliant sincérité, justesse, et profondeur.

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Syrie, le désert, et un grand fleuve, l'Euphrate ; dans un village isolé, un petit garçon est né d'une très jeune femme, répudiée et chassée de son foyer à cause des manigances de la première épouse ; la jeune mère meurt alors que l'enfant est encore petit et celui-ci est élevé par sa grand-mère qui le destine à devenir berger.

"Nous, les badawis, les Bédouins" dit l'auteur ; le petit garçon qui s'appelle Maïouf est très conscient d'être un bédouin et ne renie pas ses origines ; ce qu'il veut, c'est aller à l'école. Il en a entendu parler par les autres enfants, mais la grand-mère ne veut pas, il doit travailler, s'occuper des troupeaux. Alors, il se sauve, il suit les autres de loin, il marche pieds nus le matin sur la terre gelée ; et un jour enfin il est accepté, il entre dans la classe et il travaille très bien. Malgré sa pauvreté, la jalousie des autres enfants qui supportent mal que Maïouf, le fils d'une femme répudiée, soit le meilleur, et surtout malgré l'indifférence ou l'opposition de sa famille, il s'obstine et réussit à faire des études. Cette première partie du livre est très belle et émouvante.

Avant de partir en France avec une bourse, il a fréquenté plusieurs années, à Raqqah, une jeune fille dont il est tombé amoureux, Fadia. Mais rejoindre l'occident, laisser le désert et Fadia pour de longues années, ne va pas être sans conséquence pour sa vie personnelle...

C'est un parcours incroyable que l'ascension de ce petit bédouin qui devient ingénieur en pétrochimie ; une histoire hors norme, mais ne risque-t-on pas de se perdre dans cette quête de liberté ? de devenir quelqu'un d'autre que soi ? C'est ce que semble dire l'auteur et la deuxième partie du livre est bien sombre : si l'enfant était malmené, il se battait pour sa survie et une certaine revanche ; arrivé à ce qu'il a ardemment souhaité, l'adulte lui, a beaucoup de regrets.
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Quel plaisir de lire ce livre certainement une bibliographie. Un départ dans la vie difficile mais il s'extrait du misérable chemin qu'on lui infligeait. Sa mère obtient le divorce mais est répudiée de sa famille. Son fils devient après sa mort le fils de la celle qui a apporté la honte. Il est hébergé chez sa grand-mère qui en veut pas qu'il apprenne à lire encore moins aller à l'école. Les gens comme lui deviennent de misérables bergers de chèvres. Mais lui par la ruse malgré son jeune âge résiste et fini par sortir de se carcan qu'on lui infligeait.
J'ai adoré ce livre, rapide à lire et plein de courage. Les questions existentielles sont pertinentes et ne se résolvent pas en tout blanc ou tout noire.
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Badawi raconte l'histoire d'un jeune bédouin orphelin dont la mère décédée a été répudiée par son père. Fardeau de la famille, il est très vite laissé à lui-même, et, doué d'une volonté sans bornes, décide d'être le meilleur à l'école, qu'il fréquente contre l'avis de tous.

Cumulant les "tares", l'adolescent grandit dans la rancoeur et le besoin de dépasser sa condition, sa naissance, son identité, qu'il ira jusqu'à changer lors de ses études en France.

De retour au pays, il ne parvient à renouer avec son amour de jeunesse pour lequel il n'éprouve plus rien, avant de se rendre peu à peu compte qu'il n'éprouve plus grand chose du tout.

Récit d'une aventure humaine, d'un enfant qui décide de se construire tout seul, Badawi est un roman très dur, puisqu'il montre l'isolement d'un homme qui ne parvient à s'extraire de sa condition d'homme du désert, quoiqu'il fasse. Finalement très noir, cet ouvrage permet de mettre en partie en exergue le mépris qu'ont la plupart des habitants des pays du Moyen-Orient pour les Bédouins ; mais aussi de montrer comment on peut se rendre compte, après une vie, de toutes les erreurs que l'on a commises, et de toutes les opportunités que l'on aurait dû saisir.

À ne pas lire si vous êtes dans une période mélancolique !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
" Tu es un Badawi. Comme ton père, et le père de ton père, et tout ceux qui, avant lui, ont traversé le désert. Si tu n'écoutes pas ton histoire, tu seras aussi léger qu'un nuage dans le ciel, tu ne pourras jamais te poser, aussi léger qu'une plume que le vent emporte au loin. "
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Il découvrit alors, à sa grande surprise, que ce n'était pas Fadia, à proprement parler, qui s'était éloignée de son coeur, mais bien tout son passé et, avec lui, le pays qu'il avait sous les yeux, le désert dont il apercevait la lisière, au loin.
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Tandis qu'elle continuait de rappeler le passé, tout en faisant des projets d'avenir, il éprouva un malaise grandissant : l'impression confuse d'être un étranger chez lui.
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Sans regarder l'enfant, sans même s'en préoccuper, sans douces paroles, il avait délivré son message. Par sept fois il lui avait dit qu'il ne voulait plus d'elle pour épouse. Par sept fois il avait lancé une pierre sur la terre battue devant les témoins qu'il avait convoqué. il avait respecté les règles. Sa mère était répudiée, pour toujours. Comme cela, sans raison.
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En France, il avait acquis, en quelque sorte, les manières d'être et de penser des Occidentaux, et de retour sur sa terre, c'est elles qui lui parlaient à l'oreille, lui murmuraient qu'il y était étranger. Il pensait à tous les immigrés qu'il avait rencontrés en France, aux illusions qu'ils avaient pu entretenir, à leurs rêves aussi.Il n'en connaissait pourtant pas beaucoup qui avaient envie de revenir dans leur pays d'origine.
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Video de Mohed Altrad (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mohed Altrad

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