AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782234049260
347 pages
Stock (01/02/1998)
3.85/5   27 notes
Résumé :
Qu'est-ce que la vérité, ou la réalité ?
C'est à cette question éternelle qui répond à sa façon Jorge Arnado avec les fabuleuses aventures du vieux marin, Vasco Moscoso de Aragon, capitaine au long cours. Son brevet de capitaine, celui-ci l'a largement mérité, si l'on en croit les histoires qu'il raconte à ceux qui veulent bien l'entendre, à Periperi, dans les faubourgs de Bahia, et ils sont nombreux ceux qui aiment l'écouter, qu'ils croient ou non ce qu'il r... >Voir plus
Que lire après Le vieux marinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le vieux marin, c'est ce capitaine au long court qui s'installe dans les années 1930 dans le quartier de Periperi à Salvador de Bahia, quartier habité en grande majorité par d'anciens fonctionnaires à la retraite.

Le narrateur, se fait fort de découvrir la vérité (celle qui est toute nue au fond d'un puits) et de démêler la brouille qui ne tarde pas à diviser la communauté, au sujet de la personnalité et du titre du Commandant Vasco Moscoso de Aragon.

"J'avoue que la malveillante campagne, fille de l'envie et du dépit, que déchaîna Chico Pacheco contre le commandant ébranla un peu mon admiration, auparavant inconditionnelle, pour la figure sans pareille du héros. Quelques-une de ses aventures, examinées à la lumière de la critique impitoyable de l'ex-contrôleur des contributions, me semblent un rien exagérées. Je ne dis pas ça pour influencer l'opinion, je me place ici en historien impartial et, si j'en parle, c'est que j'ai éprouvé un certain agacement à voir les retraités et retirés des affaires accorder si peu d'importance aux observations et commentaires de Chico Pacheco, être restés à tel point solidaires du commandant."

Il faut dire que le commandant ne recule devant aucun effet et ne cesse d'abreuver ses nouveaux "amis" avec des aventures toutes plus hautes en couleurs et en héroïsme les unes que les autres. Et que dire de son histoire d'amour avec la belle Dorothy, dont il porte le nom gravé sur son avant-bras ?

"Elle voyageait avec son mari, un être amorphe, propriétaire de grandes fabriques de je ne sais quoi, préoccupé de chiffres et de négoces, indifférent à la beauté de son épouse et à l'anxiété qui l'habitait. (...)
Comment avait commencé leur histoire ? Il ne le savait pas. Il était le commandant, naturellement il les avait fréquentés et l'avait remarquée, il admirait sa beauté e l'avait désirée en silence. Mais leur différence d'âge était grande, elle avait à peine vingt.cinq ans. Ils avaient de longues conversations, ça oui. Il lui parlait de la mer, des tempêtes et des temps plats, de sa familiarité avec les étoiles. Quand il descendait de la dunette, en pleine nuit, il la trouvait seule, contre la rambarde. Ils parlaient de choses et d'autres, ses yeux le fixaient comme si elle avait voulu le deviner. Et une nuit, sans savoir pourquoi ni comment, il se retrouva avec elle dans les bras. (...)
-Et vous, Commandant, vous vous l'êtes envoyée ?
La vulgarité du mot déplut au commandant. C'était l'amour, un amour sans pareil, incommensurable et absurde, qui s'était emparé de lui, le rendant fou, dès le moment où il l'avait prise dans ses bras et avait goûté la saveur de sa bouche. Mais il était le commandant, jamais dans sa carrière, ses quarante ans de navigation, la plus petite tache ne l'avait souillé, et il ne pouvait pas, il ne pouvait pas... c'est ce qu'il lui dit, les yeux humides, lui qui n'avait jamais pleuré de sa vie."



Mais Chico Pacheco, n'a de cesse de prouver que le titre de Commandant au long cours est usurpé et raconte comment le Seu Aragonzhino l'a acheté avec la complicité de ses compagnons de bamboche. Dorothy a bien existé, mais ce n'était qu'une pensionnaire de la pension Monte-Carlo dirigée par la célèbre Madame Carol.

Dans la troisième partie, la vérité semble devoir sortir de son puits, puisque le Commandant est obligé de prendre la direction d'un paquebot ! Mais c'est sans compter sur Jorge Amado, qui garde jusqu'au bout le suspens et sait recouvrir la pudeur de la vérité d'un voile de talent.

J'ai tout aimé. La gouaille, les portraits, et bien sûr les têtes de chapitres :

"Du capitaine des ports, avec ses Noires et ses mulâtresses, et Madalena Pontes Mendes, une ennuyeuse demoiselle".

"Du malheur de ne pas savoir la géographie, et de l'erreur d'abuser du bluff au poker".

"Du commandant présidant la table du bord par une mer agitée, avec des menaces de révolution intestine et intestinale".

Si vous appréciez Jorge Amado vous ne serez pas déçus, si vous ne le connaissais pas, vous pouvez tout aussi bien commencer par celui-ci, même si ce n'est pas le titre le plus célèbre de cet auteur prolifique.
Lien : http://meslecturesintantanee..
Commenter  J’apprécie          20
Ce qui fait la qualité d'un roman est davantage la façon dont il est écrit que ce qu'il raconte. Ici, Jorge Amado nous raconte une histoire avec un enthousiasme et un brio qui nous réjouissent. Ce commandant Vasco Moscoso de Aragao, est-ce, comme il le prétend, un marin aguerri, rompu à toutes les expériences, qui a connu le meilleur et le pire sur toutes les mers du globe, ou bien un vantard habile à mentir aux autres comme à lui même? Le lecteur le saura vite, mais il voudra croire à la plus belle de ces deux possibilités tant le personnage qu'il nous présente, pour mystificateur qu'il est, est sympathique, chaleureux, humain..... Passé une certaine complexité un peu gênante au début du livre - tant de personnages, où allons-nous? -, le tout s'éclaircit, et, dans la deuxième moitié du livre, l'aventure commence. Conduira-t'elle l'aventurier au triomphe, ou bien à la catastrophe? Jorge Amado saura nous faire attendre et ménagera le suspens jusqu'aux toutes dernières pages, pour notre plaisir bien entendu. Voilà donc une bien plaisante lecture, un roman qui rend joyeux. Jorge Amado est incontestablement un maître.
Commenter  J’apprécie          30
« le vieux marin » est un des meilleurs romans de Jorge Amado.
Intelligent, brillant, roublard et tendre, ce roman narrant l'histoire d'une imposture majuscule pour exister socialement, se termine en apothéose par la réhabilitation heureuse du personnage principal, une canaille qu'on finit par trouver attachante.
Tout Amado est ici condensé : exotisme et tranquillité des villages côtiers du Nordeste, affairisme (et corruption) des hommes grandes villes, puissance de la sexualité permettant aux femmes de s'affirmer…et toujours ce style si beau et plaisant.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
C’était l’amour, un amour sans pareil, incommensurable et absurde, qui s’était emparé de lui, le rendant fou, dès le moment où il l’avait prise dans ses bras et avait goûté la saveur de sa bouche. Mais il était le commandant, jamais dans sa carrière, ses quarante ans de navigation, la plus petite tache ne l’avait souillé, et il ne pouvait pas, il ne pouvait pas… C’est ce qu’il lui dit, les yeux humides, lui qui n’avait jamais pleuré de sa vie.
Commenter  J’apprécie          50
Et l’impudente, sans se soucier de l’amour de son mari, de l’innocence de ses enfants, de l’honneur de son foyer, des serments de fidélité devant le curé, traînait le nom honorable de son mari dans le lit de la trahison… Là, c’était bien… Il savourait la phrase, s’attendrissait lui-même, son nom était célèbre, un des plus grands avocats de l’État, on le citait dans les conversations, des éloges sans compter : « Quel talent ! quelle éloquence ! il arrache des larmes même d’un cœur de pierre ! aucun juré ne lui résiste ! »
Commenter  J’apprécie          40
Son espoir de guérir Vasco reposait sur Dorothy, dans ces yeux de braise, dans ces lèvres faites pour les baisers, une femme assoiffée d’amour (« il suffit de la regarder pour le voir »), à qui il fallait un mâle capable de la chevaucher dans les champs de la nuit et de galoper jusqu’aux frontières de l’aurore, au-delà du sommeil et de la fatigue.
« Elle oui, elle mérite qu’on se casse la tête… Mais souffrir pour une péronnelle pleine de soi, c’est idiot. »
Commenter  J’apprécie          30
Qui peut, dans ce monde, échapper aux envieux ? Plus un homme se distingue dans l’esprit de ses concitoyens, plus sa situation est élevée et respectable, plus il est une cible facile pour le venin de l’envie, les océans de la calomnie se dressent contre lui, en des vagues d’infamie. Aucune réputation, si immaculée soit-elle, n’est inaccessible, aucune gloire, si pure soit-elle, n’est intouchable.
Commenter  J’apprécie          30
À commencer par les dates, insuffisantes : on ne parvient pas à savoir quand se passent les événements évoqués, le temps qui s’écoule entre eux, le jour, le mois et l’année de naissance des principaux personnages. Un livre d’histoire sans dates, ça n’existe pas. Car, qu’est-ce que l’histoire, sinon une succession de dates qui rappellent des faits et gestes ?
Commenter  J’apprécie          20

Video de Jorge Amado (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorge Amado
Adriana Brandão auteur de "Les brésiliens à Paris, au fil des siècles et des arrondissements" vous parle d'un texte et d'un auteur important pour elle : "Dona Flor & ses deux maris" de Jorge Amado.
autres livres classés : littérature bresilienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (103) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}