Jean Luc AMEISEN a le chic de nous passionner avec des thèmes ésotériques. Il a son style, ses mots qui nous emporte là où il veut nous emmener. le lecteur a en oreilles la voix chaude de cet admirable conteur. Elle vient nous enchanter comme dans les conteurs des mille et une nuits. Mais le livre facilite l'accès aux démonstrations de ce passeur. Il nous instruit et nous charme par son propos.
Ce livre refermé je sais maintenant comment communiquent entre eux les singes appelés "pains à cacheter", comment ils se protégent de leurs prédateurs.
Pourquoi cela nous concerne t-il? La réponse est dans le livre.
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Lire Ameisen c'est , par-delà le clapotis boueux du marigot de l'actualité, retrouver l'ample et serein murmure de l'océan. Celui des temps de nos origines , des complexités de notre esprit , des révélations et des questionnements de notre savoir . C'est croire à nouveau dans la grandeur de l'homme , science et littérature fraternellement unies . Lire Ameisen c'est retrouver le moral.
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Toujours aussi génial, mêlant science, poésie et philosophie pour nous pousse + haut, sur les épaules des géants
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Nos ancêtres : ceux-là, bien sûr, qui, il y a près de 20 000 ans, fondèrent le geste artistique sur les parois de Lascaux. Mais aussi, bien avant eux, par exemple ce cheval qui courait sur la terre il y a quelque 750 000 ans ; et encore avant lui, les insectes et leur langage sonore [...]. C'est passionnant, vertigineux, poignant, merveilleux.
Lire la critique sur le site : Telerama
Une équipe de chercheurs a fait écouter à des personnes des morceaux de musique dans lesquels ils avaient remplacé quelques mesures de musique par des plages de silence – des interruptions silencieuses de deux à cinq secondes.
Les personnes qui ne connaissent pas le morceau de musique le remarquent immédiatement.
Mais les personnes qui connaissent et aiment ce morceau ne remarquent pas ces plages de silence.
Leur conscience remplace la musique qui manque par la séquence qui est présente dans leur souvenir.
Elles n’ont pas entendu qu’il y avait eu une interruption. Elles ont entendu le morceau de musique dont leur mémoire et leur anticipation du plaisir à venir ont reconstruit en elles les passages effacés »
« Les mélodies entendues sont douces », dit John Keats. Mais celles qui ne sont pas entendues sont plus douces encore.
Dans les 'paysages de sons, dit Krause, il y a les sonorités de la nature non vivante. Il leur a donné le nom de 'géophonie' - les sonorités de la Terre. Ce sont les sons du vent, de la pluie, des rivières, des torrents, des cascades, des avalanches, des tremblements de terre.
Il y a les sonorités du monde vivant.
Il leur a donné le nom de 'biophonie'. Ce sont les voix des animaux terrestres, des animaux qui volent à travers le ciel et de ceux qui vivent dans les mers.
Depuis trente-cinq ans, il a enregistré ces paysages sonores dans plus de quinze-mille sites naturels, dont près de la moitié, dit-il, ont aujourd'hui disparu - sont aujourd'hui devenus muets.
Et il y a les sonorités d'origine humaine.
Il leur a donné le nom 'd'anthropophonie'. Ce sont les voix humaines, les sons des instruments et le vacarme produit nos innombrables machines.
Ces bruits d'origine humaine, dit-il, envahissent de plus en plus le monde, se surimposant aux chants de la terre et du vivant.
Tous les êtres vivants qui aujourd’hui nous entourent forment le peuple des rescapés de la longue histoire qui nous a donné naissance.
Aucun n’est notre ancêtre. Tous sont nos contemporains. Et ils ont tous évolué, ils se sont tous transformés, à mesure que les générations de leurs ancêtres se propageaient à travers le temps. (P102)
Toutes les cultures humaines pratiquent l'art de la musique. Mais avons-nous inventé la musique ? Ou n'avons-nous fait que développer d'infinies variations sur les chants de la nature qui nous entourent ? Jusqu'à finir par croire que cette musique de la nature n'est qu'un pâle écho de celle que nous produisons ? p202
La généalogie de nos ancêtres humains dessine la forme d'un corail.
Le corail de l'humanité.
Pouvoir distinguer, en nous, des éclats du passé qui, soudain, resurgissent de l'oubli.
Des éclats de monde depuis longtemps disparus.
Déchiffrer (3). Le déchiffrement du linéaire B. par Jean-Claude Ameisen. Émission “Sur les épaules de Darwin”, diffusée sur France Inter le 20 juin 2015. Photographie : Fresque minoenne au musée archéologique d'Héraklion, en Crète. « Seul, le divin Ulysse restait dans la grande salle à méditer la mort des prétendants. Mais déjà Pénélope, la plus sage des femmes, descendait de sa chambre, ayant pris avec elle deux de ses chambrières qui lui mirent, auprès du foyer, une chaise où la reine s’assit.
Et la reine lui dit : “Ce que je veux d’abord te demander, mon hôte, c’est ton nom et ton peuple, et ta ville et ta lignée. Car tu n’es pas sorti du chêne légendaire ou de quelque rocher.” Ulysse l’avisé lui fit cette réponse :
“Digne épouse d’Ulysse, au large, dans la mer vineuse, est une terre aussi belle que riche, isolée dans les flots. C’est la terre de Crète, aux hommes innombrables, aux 90 villes dont les langues se mêlent – côte à côte, on y voit des Achéens, des Kydoniens, de vaillants Etéocrétois, des Doriens tripartites et des Pélasges divins. Parmi elles, Cnossos, grande ville de ce roi Minos, que le grand Zeus, toutes les 9 années, prenait pour confident.
Minos est mon aïeul. Son fils, Deucalion au grand cœur, m’engendra. Et, pour frère, j’avais le roi Idoménée qui, sur ses navires, suivit, en direction de Troie, les deux frères Atrides [Agamemnon et Ménélas].
Moi, qu’on appelle Aithon, j’étais le plus jeune.
C’est chez nous que je vis Ulysse. Il s’en allait à Troie, quand il reçut mon hospitalité. Car la rage des vents, au détour de Malée, l’avait jeté en Crète et, mouillant dans les ports dangereux d’Amnissos, sous l’antre d’Ilithye, il n’avait qu’à grand peine échappé aux rafales. […]”
À tant de menteries, comme il savait, Ulysse, donner l’apparence du vrai !
Pénélope écoutait. Et ses larmes de couler, et son visage de fondre.
Vous avez vu l’Euros, à la fonte des neiges, fondre sur les grands monts, et la fonte gonfler les rivière. Ainsi ses belles joues paraissaient fondre en larmes.
Elle pleurait l’époux qu’elle avait auprès d’elle ! »
Homère. “L’Odyssée”, Chant 19.
Les références :
“Is it because i'm black ?” par Tiken Jah Fakoly (Barclay)
“Le déchiffrement du Linéaire B. Aux origines de la langue grecque” écrit par John Chadwick (Editions Gallimard)
“The Party's Over” par Dakota Staton (Le Chant Du Monde)
“Histoire des codes secrets” écrit par Simon Singh (Le Livre de poche)
“The codebrakers” écrit par David Kahn (Simon & Schuster)
“Iliade-Odyssée” écrit par Homère (Gallimard / La Pléiade)
“Juste une chanson” par Dominique Pinto alias Dom La Nena (Universal)
L'équipe :
Jean-Claude Ameisen : Producteur
Christophe Imbert : Réalisateur
Jean-Baptiste Audibert : Programmateur musical
Christophe Mager : Attaché de production
Source : France Inter
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