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EAN : 9782234067165
176 pages
Stock (03/05/2006)
2.9/5   5 notes
Résumé :
« Silou est en prison. On dit que c'est un terroriste, un cousin de Ben Laden. Lui ne sait pas ce qu'il est. Il sait juste qu'il a fait un truc de mal. Sa psy lui a dit de raconter sa vie parce que ça lui ferait du bien. Alors il raconte. Comment il a grandi et comment il s'est retrouvé là après une condamnation en assises pour « actes terroristes ». C'est l'histoire d'un « jeune des quartiers », d'un gosse d'une cité avec une moitié de mère et une grosse faiblesse ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici un livre que je trouve intéressant mais pas suffisamment fouillé sur un sujet, ô combien d'actualité : le terrorisme et ses dommages collatéraux. Karim Amellal parvient à nous rendre attachant son héros, qui, vu d'ici, tranquillement assis que nous sommes dans une vie sans trop de heurts, aurait tout pour déplaire.

Ce livre a été publié en 2006, donc fraîchement après la vague de violence qui avait " enflammé " les banlieues françaises en 2005. (Tous les termes depuis " vague de violence " jusqu'à " 2005 " pourraient être mis entre guillemets tellement la présentation que j'en fais est simple et caricaturale, tellement elle nécessiterait des développements et des croisements de points de vue que je n'ai ni les compétences, ni le temps, ni la place pour faire. Ceci a juste pour but de re-situer grossièrement le contexte dans lequel ce livre a vu le jour.)

À l'époque, les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis étaient encore vifs dans toutes les mémoires et les flammes de 2005 à peine éteintes. De nos jours, suite aux événements de 2015, la question du " terrorisme " et de la " radicalisation " des " jeunes de banlieue " est plus brûlante que jamais. La question de " l'endoctrinement religieux islamique " est également un sujet porteur dans les médias dominants.

Bref, un livre à la fois tout à fait dans la thématique de l'actualité mais en même temps, à recontextualiser car on ne parlait pas d'État Islamique en ce temps-là. Donc, forts de ce modeste préambule, je m'en viens vous présenter un peu cet ouvrage.

D'emblée, nous suivons un individu qui nous dit être un terroriste, emprisonné et qui reconnaît avoir commis des choses horribles. Tout l'enjeu sera alors de " découvrir " ce qui l'aura amené à commettre ses exactions, et d'où son titre incriminant nettement un certain type d'habitat. Karim Amellal nous fait un portrait à charge du rôle mortifère des cités, notamment autour de Paris, des conditions de vie atroces et sans espoir qui y sont la règle. Il y parle du fait que cela n'excuse pas les comportements déviants mais que cela les explique grandement.

En cela, je trouve que le constat accablant qu'il dresse rejoint totalement celui de la série Sur Écoute (The Wire) qui, aux États-Unis faisait le bilan à la même époque de la situation sociologique de la ville de Baltimore, l'une des plus violentes, si ce n'est LA plus violente de ce pays durant cette période. Donc, mêmes causes, mêmes effets : concentration de personnes pauvres et d'origines étrangères dans des mêmes quartiers totalement dénués de charme et dont la vétusté rappelle chaque jour aux habitants qu'ils sont au troisième sous-sol de l'échelle sociale du pays considéré.

École inadaptée, logement défaillant, perspective de chômage quasi assurée, soupçon permanent des citoyens plus aisés vis-à-vis d'eux, langage et profil vestimentaire qui signent tout de suite l'origine des habitants, toxicomanie faute d'autre chose, sentiment d'être né avec toutes les mauvaises cartes en main (d'où un sentiment latent d'injustice), traitement discriminant réservé par la police, tous ingrédients qui mènent presque nécessairement, mathématiquement vers, au mieux, la petite délinquance, et, dans certains cas, la grande.

Rien de nouveau sous le soleil me direz vous mais c'est toujours bon de le rappeler. Autre lapalissade, mais là-encore à garder à l'esprit, l'auteur insiste sur le rôle central des médias dans la surenchère, dans la mise en scène, dans l'instrumentalisation qui sont faites de cette violence.

En soi, la délinquance (au sens des vols directs, des violences réservées aux personnes, etc.) a, de tous temps, été plus forte chez les pauvres que chez les riches et elle n'a rien à voir avec l'origine ethnique. Victor Hugo en parlait déjà au XIXème siècle alors qu'il n'y était question que de Français dits " de souche ". Ensuite, dans la première moitié du XXème, on a calomnié tant qu'on a pu les Italiens. Dans les années 1960-70, les Italiens ont passé la main aux Maghrébins, puis les peuples d'Afrique sub-saharienne sont venus grossir les rangs des populations " à risque ". Désormais, on va trouver les pires vices aux migrants venant de Syrie ou d'ailleurs…

Ce qui est intéressant, c'est qu'en fonction du pays considéré, les " populations d'origines à risques " sont différentes. Au Royaume-Uni, il n'y a probablement pas pire que les Indiens et les Pakistanais, aux États-Unis on n'en peut plus des Mexicains, en Russie, les Tchétchènes sont redoutables, il n'y a pas si longtemps, c'étaient les Finlandais qui effrayaient les Russes. La vérité dans tout cela, c'est que ce sont toujours les plus pauvres qui, de par leur pauvreté même, sont les plus enclins à la délinquance. Donnons-leur un travail et une situation convenable et ils ne seront, du jour au lendemain, plus délinquants du tout bien qu'on essaie de nous faire accroire que la délinquance est inscrite dans leurs gènes.

Souvenons-nous de ce que Malcolm X a si bien exprimé : « Si vous n'êtes pas vigilants, les journaux arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment. » ou encore « Les médias sont les entités les plus puissantes sur terre. Ils ont le pouvoir de rendre les innocents coupables et de faire des coupables des innocents. Et c'est ça le pouvoir. Parce qu'ils contrôlent l'esprit des masses. » Mince alors ! Malcolm X c'était encore un musulman ! Donc à l'heure actuelle, le seul vrai grand problème de la planète semble être les musulmans et pas du tout la répartition injuste des richesses.

D'ailleurs, très intelligemment, l'auteur nous dépeint un jeune complètement paumé et totalement athée dont les problèmes personnels sont tellement présents qu'ils l'empêchent de se consacrer à quoi que ce soit d'autre, religion comprise.

Le parti pris littéraire de Karim Amellal de reproduire la façon de s'exprimer des jeunes de banlieue se défend et arrive presque naturellement. Vous dire que c'est ce que j'ai préféré, là, honnêtement non. J'ai trouvé aussi que le propos aurait pu être un peu plus fouillé, qu'on aurait pu sortir de cette espèce d'angélisme qui fait que le brave petit gars n'aurait pas pu faire autrement, qu'il avait de généreuses dispositions mais que la vie de la cité l'a rattrapé et qu'il s'est transformé en bouc-émissaire du mal de toute une société. De même, les politiques, les " bourgeois ", les policiers, les juges et les journalistes sont tous mis dans le même sac et sans nuance aucune. Là je trouve que la vision non manichéenne développée dans la série Sur Écoute est très supérieure et beaucoup plus proche de ce que je connais de l'humain, contaminé tant par la grandeur d'âme que par la pourriture.

En tout cas, une expérience littéraire qu'il peut être intéressant de mener, juste histoire d'entendre l'autre voix, l'autre point de vue, celui de ceux qui ne font pas le journal. Bien évidemment, ceci n'est qu'un avis, même pas cité et qui peut paraître con, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Moi la vérité, j'en ai rien à branler des Feujs. […] Le seul truc qui me fout en l'air, c'est que les Feujs se tapent tous des cartons pendant que nous on se tape des bâtons. C'est clair ils nous cassent un peu les couilles parce que y en a pas mal qui réussissent et que nous on gloutonne le bitume. Mais tant mieux pour eux s'ils réussissent. […]
Ce qu'il y a de marrant avec les Feujs, c'est quand ils se la racontent style on est les élus. Là ils sont super forts pour faire croire à tous les guignols comme nous que s'ils sont au top, c'est parce qu'ils sont élus. Et puis nous on y est pour rien dans toutes les merdes qu'ils ont eues avant, la Shoah et tout ça. […]
Alors les Feujs ils me font ni chaud ni froid. […] C'est juste qu'au bout d'un moment y en a ras le bol de les entendre se la ramener avec des trucs qui datent de la préhistoire. S'ils arrêtent pas de zyeuter le rétroviseur y a des chances pour que toute cette histoire se finisse dans le mur. […]
Là-bas ils disent qu'ils ont construit leur mur pour se protéger des autres qui veulent rentrer pour foutre le dawa parce qu'ils en ont ras le cul de se faire traiter comme des chiens dans leur pays natal qui existe plus. C'est compliqué tout ça mais j'essaye de comprendre. Putain j'y connais rien dans l'histoire du monde moi mais y a pas eu des moments déjà où des keums étaient tellement sûrs d'être les plus beaux les plus forts et les meilleurs du monde entier qu'ils traitaient les autres comme des chiens ? C'est pas parce qu'on se croit élu qu'on peut cracher sur la gueule des recalés. Voilà ce que je pense.

Chapitre 8.
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Ma profession c'est terroriste et ma vie elle se termine comme ça. Par une coupure dans les journaux :
« UN TERRORISTE RECONNU COUPABLE DE LA MORT DE DOUZE PERSONNES DANS UN ATTENTAT À LA BOMBE À PARIS.
Un jeune intégriste, sans doute d'origine algérienne, fortement soupçonné d'appartenir au réseau Al-Qaïda et à l'entourage proche d'Ousama Ben Laden, a été jeudi reconnu coupable d'avoir participé à un attentat à la bombe dans le XVIe arrondissement de Paris. […] Il a été condamné à la prison à perpétuité. »
On n'apprend pas assez aux enfants ce que c'est qu'un terroriste, je trouve. Du coup tout le monde croit que c'est qu'un enculé, en général un Rebeu qui fait que buter des gens. Peut-être que c'est vrai mais comme dit le dico je trouve que c'est un peu réducteur. Le dico il dit aussi qu'un terroriste c'est quelqu'un qui sème la terreur partout où il passe. Comme le Petit Poucet avec ses cailloux qu'il balance par terre, quoi. Je suis exactement comme ça moi. Un putain de Poucet.

Chapitre I : incipit.
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Je me suis demandé si elle était pas feuj elle aussi par hasard. Mais je crois pas. Elle s'appelle Isabelle il paraît. Mais bon ça veut rien dire les noms. Y en a plein qui en changent parce qu'ils veulent pas qu'on les reconnaisse. Y a des Rebeus qui font pareil. Pour les Renois c'est un peu plus dur parce que même s'ils attrapent d'autres noms au passage, ça se verra toujours qu'ils sont renois. Bref. Donc la psy peut-être qu'elle est feuj et que c'est pour ça qu'elle veut pas me répondre. Putain j'ai oublié qu'on avait pas le droit de demander à quelqu'un s'il est feuj parce que c'est puni par la loi.

Chapitre 8.
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J'ai la racaille dans les veines, le poison dans la chair et de la merde partout ailleurs, c'est clair. Ça m'habite comme le cœur ou les poumons, ça me lâche pas. La vermine pond ses œufs au fond de moi comme dans Alien. C'est moi l'Alien de la France, je suis là, quelque part au fond du trou. Je fais flipper les vieilles dames mais j'habite là moi aussi. Je suis pas un extraterrestre. C'est tout ce pays qui m'a enfanté.

Chapitre 1.
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Avant la bombe, le feu, les étincelles, les morts et la télé, les gens dans la rue ils me regardaient pas, ils me calculaient pas. Ils m'évitaient ou alors ils passaient à côté comme ils font avec ceux qu'ont le sida, les bâtards. Une fois, une vieille meuf a ancré ses yeux dans mon style et elle a pas lâché mon survêt pendant au moins cinq minutes. C'était à Paname, je sais plus où exactement. Elle était avec une cousine à elle. Une autre vieille ridée comme une couille. Et ensuite elles se sont regardées toutes les deux et puis elles se sont marrées. J'avais jamais vu deux vieilles couilles se marrer. Et moi je suis resté planté devant elles, comme un crevard.

Chapitre 2.
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