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Bernard Hoepffner (Traducteur)Catherine Goffaux (Traducteur)
EAN : 9782070781997
288 pages
Gallimard (17/04/2008)
3.31/5   47 notes
Résumé :
Sibérie, 2004. Tandis que résonnent les rumeurs de la guerre en Tchétchénie, un viel homme revient sur les lieux de son passé, au goulag, où il fut interné pendant dix ans, même s'il s'était "illustré" dans les rangs de l'Armée rouge. Parmi ses milliers de codétenus, il y avait son frère, aussi idéaliste que lui-même était cynique. Mais un lien particulier les unissait : une femme, qu'ils aimaient tous les deux. Et c'est au camp, à la veille de la déstalinisation, q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Une terrible histoire d'amour de deux frères pour la même femme dans la Russie de Staline j'usquà celle de Poutine. le livre débute d'ailleurs le jour de prise d'otage de l'école de Beslan. le narrateur revient sur les terres de Sibérie ou il fut interné pendant dix années avec son frère Lev. Et leur amour commun pour la belle et indomptable Zoya. Il décide de conter leur histoire à sa fille.
Amis décrit l'horreur d'un régime concentrationnaire au sortir de la seconde guerre mondiale. Staline au pouvoir c'est tout un peuple qui se retrouve écrasé par une dictature, une vie de souffrances, de survie, de malheur.
Si l'on peine à rentrer dans le roman, (je me suis même demandé si j'allais poursuivre), Amis peu à peu impose son style sec, glacial nous émeut avec le fragile Lev alors que son frère est d'un cruel cynisme. Un hommage aux millions de russes victime de la folie d'un régime.
Amis mets de côté son côté sulfureux et provocant pour nous offrir un roman convaincant sur la tragédie du peuple russe.
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Ce roman russe, écrit par un anglais, commence le 1er septembre 2004, jour de la prise d'otages à l'école de Beslan, en Ossétie du Nord, par des terroristes tchetchenes. Un vieillard de 86 ans, misanthrope et aigri, remonte le fleuve sibérien pour revenir au goulag où il fut déporté de 1946 à 1957. Il occupe le temps de la croisière en écrivant le récit de sa vie à sa belle-fille qui, parce qu'elle est noire, « sait ce que ça signifie d'être esclave ».

En 1946, un jeune homme de 25 ans qui a combattu les fascistes, violé beaucoup de femmes, bref un vrai héros de guerre, se retrouve déporté au goulag.
C'est l'époque de la Terreur, lorsqu'un certain Joseph, jamais complètement nommé par le narrateur , décida d'accuser une part non négligeable de la population de trahison envers le régime communiste. Rapidement, Lev, son jeune frère le rejoint dans le même camp.
On peut s'étonner qu'un écrivain britannique choisisse le thème du goulag mais pour lui « le problème chez l'homme, c'est la violence ».  En décrivant cet espace concentrationnaire, il a montré l'ampleur de cette violence , « cette ferme des animaux », où les hommes s'avilissent les uns les autres jusqu'à aboutir à une totale aliénation. Martin Amis veut montrer toute l'horreur de cet endroit dont on ne peut sortir indemne qu'on soit pacifiste comme Lev ou aguerri dans la violence comme le narrateur.
" Ils ont fait plus que nous priver de notre jeunesse. Ils ont également fait disparaître les hommes que nous allions être."
L'arbitraire du système et la mise en place d'une hiérarchie entre les porcs, les urkas , les serpents, les sauterelles et les bouffeurs de merde participent à une vision très sombre de l'humanité. Ici, aucune place pour la solidarité si ce n'est celle entre les deux frères.

Les liens du sang ne sont pas les seuls liens entre les deux hommes. Tous deux sont amoureux de Zoya, une jeune femme juive pleine de vie et de sensualité. Mais Zoya a choisi d'épouser Lev et lorsque, après la mort de Staline, les conditions de détention s'améliorent, le couple peut se retrouver pour une nuit d'amour dans la Maison des Rencontres.
Cette nuit sera déterminante pour les deux frères. Lev sera rongé par la dépression et racontera à son frère " être passé de l'autre côté de sa vie", alors que celui-ci sera rongé par la jalousie.

Martin Amis rend un hommage vibrant à la littérature russe en se référant à Dostoïevski ou Tolstoi, mais il m'a parfois semblé qu'à chercher la folie et la démesure propres à cette littérature, il s'est parfois perdu dans les méandres de son récit.
Il n'en reste pas moins que cette conclusion sonne juste : si le goulag c'est l'enfer, "ce qui est drôle, c'est que c'est exactement comme partout ailleurs".
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Un roman très dur, sous la forme de Mémoires d'un vieil homme. le récit commence en Sibérie, au moment de la prise d'otages dans une école d'Ossétie. le narrateur revient sur sa déportation dans les camps staliniens. le roman intrique le destin d'une nation, L Histoire et ses horreurs avec l'histoire de ses personnages, la rivalité de deux frères amoureux de la même femme. le narrateur se dévoile sans complaisance, revenant froidement sur ses actions durant la Seconde Guerre (qui lui valent d'être reconnu Héros de la Nation...) et ses doutes, sa jalousie, les accommodements avec le Régime. Pas de héros manichéen ici. Amis parvient à toucher du doigt la question: comment être un homme ?
Finalement, avec ce narrateur antipathique ( que n'a t-il été jugé pour ses crimes de guerre?) et victime de la terreur stalinienne, le roman est infiniment plus convaincant et humain.
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Un homme russe a fait la seconde guerre mondiale … puis s'est retrouvé ensuite au goulag. Il en sort meurtri, désespéré, et la folie le guette. le délire est si fort que les mots, voire les phrases sont difficiles à comprendre. Nous le retrouvons à la fin du vingtième siècle lors de son retour à la maison des rencontres, celle où il avait le droit de passer exceptionnellement une soirée et une nuit avec sa femme, lors de son incarcération.

Ce récit nous montre avec finesse que le peuple russe n'a pas eu droit à son pardon, à ses pleurs. Ils en ont été incapables ou pire, ces retours sur le passé ont été interdits. Combien de gens ont été enfermés arbitrairement ? Ont eu faim, froid, peur ? Ont-ils eu droit à leur parole ensuite pour être entendus pour leurs souffrances ?

Comment construire une société sur autant de terribles histoires individuelles ? La folie du despote Staline a duré trente ans. Comment cela a été possible ?

La question est très bien posée dans ce livre et je me demande si il y aurait une autre façon de la poser …. Pas si sûr car cette destruction de l'humanité ne peut être traitée que de cette manière : hallucinée et dérangeante, avec un petit coup de canif pour notre société qui se rassure et évite de se poser trop de questions à coup de consumérisme et de bien-pensance … Assez dérangeant.

Qui a aidé les russes à s'en sortir ?
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Un vieil homme d'origine russe émigré aux Etats-Unis raconte à sa fille adoptive certains éléments de son passé. Une trame classique pour une immersion dans la Russie de la deuxième moitié du vingtième siècle, du goulag à la Russie des années 2000 et la guerre. Celle-ci est omniprésente, que ce soit la seconde guerre mondiale et son lot de viols comme arme de guerre, la guerre en Afghanistan où meurt le fils de son frère, ou celle de Tchétchénie qui se profile.
le héros du livre se retrouve peu de temps après la guerre au goulag, en Sibérie. Suit une description dantesque de ce monde clos où la guerre pour la survie se perpétue jour après jour, avec ses catégories d'individus clairement identifiées :
Lien : http://n.giroud.free.fr/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Voilà comment le pouvoir était distribué dans notre ferme des animaux. Tout en haut on trouvait les porcs – la conciergerie d’administrateurs et de gardes. Ensuite venaient les urkas : désignés comme « éléments socialement amicaux », ils avaient le droit à un régime de faveur et, en outre, ils ne travaillaient pas. En dessous des urkas, on trouvait les serpents – les informateurs, les un-sur-dix – et en dessous des serpents, les sangsues, les escrocs bourgeois (faussaires, arnaqueurs et autres individus de la même engeance). Plus bas dans la pyramide se trouvaient les fascistes, les anti, les cinquante-huitards, les ennemis du peuple, les politiques. Et puis il y avait les sauterelles, les juvéniles, les petits calibans : fruits de la révolution, des déportations et de la terreur, ils étaient les orphelins sauvages de l’expérience soviétique. Sans leurs lois et leurs protocoles absurdes, les urkas auraient été exactement pareils aux sauterelles, en un peu plus gros, et pour finir, tout en bas, dans la poussière, il y avait les bouffeurs de merde, les foutus, les faiblards ; ils ne pouvaient plus travailler, et ils ne pouvaient plus supporter la souffrance de la faim, de sorte qu’ils n’avaient pas vraiment la force de se disputer les eaux sales et les ordures. Comme mon frère, j’étais un « élément socialement hostile », un politique et un fasciste. J’étais un communiste. Et je suis resté un communiste jusqu’au début de l’après-midi du 1er août 1956. Il y avait des animaux, de vrais animaux, dans notre ferme des animaux. Des chiens.
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Tu sais ce qui nous est arrivé, mon frère? Ce n'était pas seulement un compendium de très mauvaises expériences. La faim, et le froid, et la peur, et l'ennui et la lassitude océanique - tout ça, c'était général, c'était la norme. Du prêt-à-porter.Ce dont je parle est le destin sur-mesure. Quelque chose qui a été conçu en nous, qui se mêle à ce qui était déjà là. pour chacun de nous, de diverses manières, avec des décors différents, le pire des résultats possibles, et un prix à payer, pas en cuillerées ou en pelletées, mais à la journée, à l'année à la vie. Ils ont fait plus que nous priver de notre jeunesse. ils ont également fait disparaître les hommes que nous allions être.
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Gogol, Dostoïevski, Tolstoï : chacun d’eux insista sur l’existence d’un Dieu russe, un Dieu russe spécifique. Le Dieu russe devait être comme l’Etat russe, mais il sangloterait et chanterait alors même qu’il châtie.
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Minuit arriva puis passa. Je partis me coucher. Quand on arrive au camp, les sept péchés capitaux s'organisent en une nouvelle configuration. Les pivots de la liberté, orgueil et avarice, sont instantanément abandonnés et remplacés, sous forme d'obsessions endémiques, étincelantes de délices insoupçonnés, par les deux péchés auxquels on ne pensait jamais auparavant : la gloutonnerie et la paresse. Tandis que mon esprit patrouillait la Maison des rencontres, où Lev était couché avec une femme qui ressemblait à une femme, j'étais couché, seul avec les trois autres - l'envie, la luxure et la colère.
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Vidéo de Martin Amis
https://www.laprocure.com/product/458979/amis-martin-la-zone-d-interet https://www.laprocure.com/product/374972/merle-robert-la-mort-est-mon-metier
La Zone d'intérêt - Martin Amis - le livre de poche La Mort est mon métier - Robert Merle - Folio
Quel est le lien entre “La Zone d'intérêt” de Martin Amis écrit il y a quelques années, et “La Mort et mon métier” écrit par Robert Merle en 1952 ? On évoque un sujet d'une grande lourdeur. On est pendant la guerre dans le milieu concentrationnaire. Ce n'est pas un témoignage de la vie dans un camp de concentration, c'est presque pire que cela. C'est le quotidien de celles et ceux qui participent à faire en sorte que ce terrible rouleau compresseur qu'est le monde concentrationnaire, ils fonctionnent au quotidien (...). Des lectures qui semble nécessaire. Martin Amis, “La Zone d'intérêt” au Livre de poche. “La Mort est mon métier”, Robert Merle, chez Folio. Stéphane, libraire à la Procure Paris
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