AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782369350040
96 pages
Le Passager Clandestin (15/02/2014)
3.91/5   35 notes
Résumé :
En 1950, Poul Anderson imagine l’anéantissement de la diversité culturelle par un impérialisme intergalactique.
Que lire après La Main tendueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,91

sur 35 notes
5
3 avis
4
7 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Deuxième livre que je lis de la collection Dyschroniques des éditions du Passager Clandestin ; définitivement une mine de courts textes d'anticipation palpitants découverts dans le cadre du Club Imaginaire du forum Babélio (allez-y jeter un oeil, votre PAL ne s'en remettra pas). Chaque novella – écrite par un cador de la SF – vient discuter et extrapoler un fait de la société de son temps. Elle est complétée par une courte biographie et un contexte historique lié au sujet du récit, très utile pour comprendre la raison de l'auteur pour l'écrire.

Poul Anderson extrapole ici à partir des aides fournies par les États-Unis pour la reconstruction de l'Europe après-guerre, en imaginant les conséquences sur la culture des populations aidées. Les humains, devenus la première puissance de ce secteur de la Galaxie, proposent leur aide à deux civilisations extraterrestres qui se sont presque entretuées : Cundaloa et Skontar. La première est belle, aimable ; elle a toutes les faveurs des humains. La seconde est composée d'êtres qui, de manière atavique, évoquent de dangereux prédateurs ; les humains s'en méfient. L'une des deux n'aura pas d'aide.
Ce sont les conséquences qui sont intéressantes : les humains ne proposent pas leur aide par simple humanité mais aussi par intérêt. L'aide arrive en même temps que les moeurs, la culture, la technologie et même la religion du « bon samaritain ». La génération suivante est « humanisée » comme l'Europe occidentale a été américanisée suite au plan Marshall.
Je ne vous parlerai pas de ce qui arrive à la civilisation qui ne gagne pas l'aide humaine. Mais on peut comparer à la réaction du Général de Gaulle prenant son indépendance vis-à-vis des USA avec la bombe A et le retrait de l'OTAN : un refus de soumission totale (cependant la novella a été écrite avant l'action de De Gaulle. Si quelqu'un a influencé l'autre, c'est Anderson^^).

Je reste stupéfait par la perspicacité de Poul Anderson concernant les conséquences de l'aide, en particulier sur le risque d'être réduit à une nation-musée, un parc d'attraction géant pour touristes américains (formulée par un américain, cette vision ne manque pas de sel). Cependant, il semble qu'il n'avait pas prévu la réaction culturelle, nationaliste, voire religieuse qui s'est parfois produite à des degrés divers face à l'étendue de la culture américaine dans le monde. Certaines nations ont conservé les principes commerciaux mais gardé des modes de gouvernements qui leur sont propres (plus autoritaires que démocrates d'ailleurs) ; d'autres ont tout rejeté en bloc (Daesh & Co).

Un texte très agréable à lire, qui fait la part belle aux points de vue et à la culture extraterrestres et qui fait réfléchir. Ne vous en privez pas.
Commenter  J’apprécie          3916
Voilà une petite histoire qui en dit long...

Je ne suis pas douée pour lire entre les lignes (cfr le contexte historico-politique) mais personnellement j'y ai plutôt vu une réflexion intéressante sur les desseins cachés des mains qui se tendent.

Il y a quelques années j'ai traversé une période difficile et de l'aide m'a été proposée. Bien évidemment il avait une contrepartie : les "mains tendues" voulaient s'arroger le droit de mettre le nez dans mes affaires.

Morale de l'histoire : quand une aide apportée vous prive de liberté mieux vaut s'en passer!

Challenge Poul Anderson / Ursula le Guin
Challenge multi-défis 2017 (11)

Pour découvrir les autres nouvelles de Poul Anderson :
https://www.babelio.com/liste/8433/Poul-Anderson-la-traque-aux-nouvelles
Lien : http://aghadiozynk.blog4ever..
Commenter  J’apprécie          484
Chapeau et merci à la collection Dyschroniques des éditions le Passager clandestin. Elle offre des novellas signées de grands noms de la science-fiction. Ces plumes visionnaires datent souvent des années 1950-1960. Pour reprendre la formule de Philippe Lécuyer, la volonté des éditeurs est de montrer "lorsque les futurs d'hier rencontrent notre présent..."

J'avais déjà lu A voté d'Isaac Asimov dans cette collection, sur les évolutions du système électoral. Avec La main tendue, je découvre Poul Anderson, que je ne connaissais que de nom. A partir du contexte du plan de reconstruction européenne américain dit Plan Marshall, l'auteur crée une intrigue où la guerre a concerné non plus simplement des États mais des planètes de trois systèmes solaires différents. La Terre - les Soliens - se posent en sauveur grâce à sa confédération prête à aider financièrement,  techniquement et d'un point de vue d'éducation les deux grands belligérants. L'un d'eux, Skorrogan, représentant Skontar, froisse par ses paroles le comité et sa planète sera privée des subsides promis.
Ce qui pourrait passer au départ pour une maladresse de l'envoyé, présenté comme une sorte de barbare rude, poilu et rétrograde, se révèle une décision sensée. A son peuple furieux de son échec, il donne rendez-vous dans cinquante ans...

Poul Anderson démontre avec ce très court texte comment l'acceptation des subsides et de l'aide proposée (imposée ?) par les États-Un... pardon la Confédération solienne conduit à une acculturation et une mise sous tutelle aussi bien technologique que mentale. La Terre impose son culte du progrès et son "solian way of life" à la planète Cundolea.
Dans le contexte historique de base à cette histoire, on peut même remonter plus haut puisque très longtemps l'Occident européen imposa sa vision du monde au gré de ses processus de colonisation.

En tout cas, La main tendue offre une lecture aussi intéressante que réflexive. Et montre le talent visionnaire de Poul Anderson. Parue en 1950, la nouvelle n'a pas perdu de son actualité.
Commenter  J’apprécie          362
Sous un fond de space opera, Poul Anderson aborde le thème de la colonisation, non pas celle, forcée par la violence, militaire et expansionniste, mais celle plus sournoise du prétexte de l'apport de la civilisation à des fins purement lucratives, du système économique et social d'apparence idéale imposé en douceur.

Deux peuples, deux planètes, viennent sur terre négocier des accords d'aide pour leur développement, les Cundaloiens obtiendront le soutien de la fédération terrienne, alors la plus puissante civilisation de la galaxie, les Skontariens repartiront bredouille. On va suivre l'évolution de ces civilisations primitives en deux périodes, vingt et cinquante ans plus tard. On se positionne dans chaque partie d'un point de vue différent, celui des terriens qui proposent leur aide, bienveillant, paternalistes, puis celui de la civilisation qui a obtenu l'aide, accordant quelques concessions, surtout d'ordre idéologiques et sociétales, et enfin celui de la civilisation qui n'a pas obtenu d'aide, jugeant son concurrent cinquante ans après.

C'est une critique ouverte sur la société occidentale, sur le paternalisme des peuples vis-à-vis de celui qui est moins avancé, sur le système économique et social qui fait perdre leur âme aux peuples embrigadés dans la vision du colonisateur, sur un bénéfice trompeur, sur le tourisme et le folklore : « Cundaloa n'a pas perdu ses vieilles maisons, son folklore, sa musique, tout ce que sa culture compte de pittoresque : mais elle est devenue consciente, précisément, que c'est pittoresque, ce qui est pire. »

C'est court, alors c'est direct, l'écriture est concise, efficace, c'est une nouvelle dont le but n'est pas caché, il s'agit de développer une critique sur notre société, sur l'arrogance de la civilisation sur les peuples dits primitifs, et sur le cynisme de vouloir aider dans un objectif en réalité totalement intéressé. C'est une fable qui se lit avec délectation, elle m'a fait penser aux débuts d'Enki Bilal avec ses “Mémoires d'outre espace”, je ne serais pas étonné que cette nouvelle de Poul Anderson lui ait apporté l'inspiration. Écrite en 1950, “La main tendue” n'a rien perdu de sa justesse, de sa critique, et l'aspect science fiction la rend encore plus grinçante, délectable et vraiment amusante.
Commenter  J’apprécie          270
Âpres avoir découvert Poul Anderson dans le registre fantasy avec son Épée brisée, je me suis lancée dans la science fiction avec cette nouvelle intitulée La main tendue.
Alors la, je dis bravo. La nouvelle n'étant pas à la base mon genre préféré, je ne peux qu'être admirative quand l'auteur réussit en peu de pages à faire passer un message au travers d'une histoire. Et l'histoire de la main tendue est fort édifiante...
Dans un futur fort éloigné, une confédération nommée Sol, dominée par les terriens est amenée à proposer son aide ( financière ) à deux planètes qui sortent d'un conflit armé de cinq ans. Les premiers, habitants de Cundaloa sont beaux, poètes , rêveurs et ne peuvent manquer d'attirer la sympathie de tout le monde. Les habitants de l'autre planète, les skontariens, sont d'un autre registre. Sur le plan physique assez effrayants, et en plus encore plus poilus que les klingons, leurs manières sont frustes et leurs adeptes terriens sont rares.
Finalement la confédération va accorder son aide à devinez qui ?
C'est seulement après cette étape de l'histoire que l'on mesurera toutes les conséquences de cette aide finalement pas si innocente et bienveillante que cela. Cundaloa va payer le prix fort de cette aide en devant renoncer à son identité....
Je ne m'étendrais pas sur le lien historico politique de l'époque de la rédaction de cette nouvelle, Relax l'a déjà très bien fait

Challenge Poul Anderson / Ursula Le Guin
Commenter  J’apprécie          263

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
- Mais ce sont des initiatives telles que... eh bien telles que votre proposition d'aide actuelle, et ce, pour relever de leurs ruines des planètes situées à des années-lumière de chez vous, en insufflant dans nos foyers votre propre génie et vos propres ressources, alors que nous offrons si peu en retour, ce sont des initiatives comme celles-là, dis-je, qui font de vous la première race de la galaxie.
- Nos motifs ne sont pas totalement désintéressés, comme vous le savez, souligna Dalton un peu gêné. Loin de là. Certes, nous agissons aussi par simple humanitarisme : nous ne pourrions laisser des races si proches de la nôtre connaître le besoin alors que le système solien et ses colonies ont de la richesse à revendre. Mais le sang avec lequel a été écrite notre propre histoire nous a appris que des projets tels que ce plan d'aide économique s'avèrent en fin de compte très profitables à leur instigateur.
Commenter  J’apprécie          260
Si la Grande Maison nous permet d'amener quelques missionnaires, nous pourrons les convertir, par exemple, au néopanthéisme - religion qui, soit dit en passant, apporte à mon avis bien plus de réconfort sur le plan individuel et contient certainement bien plus de vérité scientifique que votre mythologie. Si votre peuple doit continuer à avoir une foi, celle-ci ne doit pas entrer en conflit avec des faits que l'expérience, dans le cadre d'une technologie moderne, fera bientôt apparaître comme incontestables.
Commenter  J’apprécie          180
Ce phénomène s’est déjà produit, vous savez. J’ai étudié l’histoire de Sol. Bien avant que la race humaine ait atteint les autres planètes de son système, il existait de nombreuses cultures, souvent radicalement différentes les unes des autres. Mais en fin de compte, une seule, celle de ce qui s’appelait la Société Occidentale, est parvenue à acquérir une supériorité technologique tellement écrasante .que… eh bien, qu’aucune autre n’a pu coexister avec elle. Pour être concurrentielles, elles ont dû adopter les techniques de l’Occident. Et quand l’Occident les a aidées à rattraper leur retard, il les a évidemment aidées selon le modèle occidental. C’est ainsi qu’avec les meilleures intentions du monde l’Occident a fait disparaître tous les autres modes de civilisations.
Commenter  J’apprécie          70
- J'ai étudié l'histoire de Sol. Bien avant que la race humaine ait atteint les autres planètes de son système, il existait de nombreuses cultures, souvent radicalement différentes les unes des autres. Mais en fin de compte, une seule, celle de ce qui s'appelait la société occidentale, est parvenue à acquérir une supériorité technologique tellement écrasante que..., eh bien, qu'aucune autre n'a pu coexister avec elle.
(Skorrogan à Thordin)
Commenter  J’apprécie          60
La religion de Mauiroa représentait quelque chose autrefois, expliqua-t-il. Elle reposait sur une noble foi, même si elle comportait certains aspects peu scientifiques. Ces aspects auraient pu être changés… mais il est trop tard maintenant. La plupart des Cundaloiens sont ou bien néopanthéistes, ou bien agnostiques, et ils célèbrent les anciens rites pour de l’argent. Comme un spectacle !
Cundaloa n’a pas perdu ses vieilles maisons, son folklore, sa musique, tout ce que sa culture compte de pittoresque : mais elle est devenue consciente, précisément, que c’est pittoresque, ce qui est pire
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Poul Anderson (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Poul Anderson
http://www.librairiedialogues.fr/ Annaïs de la librairie Dialogues nous propose ses coups de c?ur du rayon Science-Fiction : Tau zero de Poul Anderson (Pocket), Omale de Laurent Genefort (Folio SF) et Le vivant de Anna Starobinets (Mirobole). Réalisation : Ronan Loup. Questions posées par : Marion le Goascoz.
autres livres classés : science-fictionVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (72) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4870 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}