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EAN : 9782707150073
224 pages
La Découverte (18/08/2006)
3.55/5   11 notes
Résumé :

Qu'est-ce qu'une nation, et qu'est-ce que le sentiment national qui fait que des individus s'identifient corps et âme à d'autres individus qu'ils ne connaissent pas et ne connaîtront jamais ? Dans ce classique de l'historiographie anglo-saxonne, Benedict Anderson montre que l'adhésion à l'idée de souveraineté nationale n'a rien de naturel. Les sociétés traditionnelles étaient bien incapables de la concevoi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voilà le premier livre que j'ai lu dans le cadre de mon apprentissage des arcanes de la science politique. du fait de la fin de mes partiels, je reviens avec plaisir sur babelio !
Le nationalisme m'apparaissait un concept intéressant à étudier, puisque la nation est toujours la matrice dans laquelle nous évoluons.

L''idée principale de Anderson est de faire des nations des communautés imaginées qui sont des fictions volontairement admises pour rassembler les individus sous une entité politique cohérente.

Avant d'aller plus loin, je souhaite préciser que ce que je vais développer après est ce que j'ai compris de la position d'Anderson, mais mon analyse est celle d'un néophyte, elle peut donc être erronée !

Anderson , pour développer sa thèse principale, utilise plusieurs approches de la science politique. Il utilise l'école comportementale en montrant que le nationalisme se développe par l'action d'un groupe qui s'autonomise et prend conscience de ses particularités qu'il traduit par la défense d'une entité nationale regroupant une communauté d'individus aux destins et caractéristiques similaires ( Ce qui fait la synthèse des approches conflictuelles et traditionnelles de Renan et Gellner sur la formation d'une nation ). Il le montre en prenant l'exemple du processus d'indépendance en Amérique latine, ou celui de l'Indochine qui voit peu à peu émerger la formation d'élites indigènes en faveur de l'indépendance face au constat des discriminations que le colonisateur qui a promu ces élites les refrène désormais.
Le nationalisme fut aussi dans l'Europe le moyen pour la bourgeoisie de prendre le pas sur l'aristocratie en se faisant le défenseur de cette idéologie et en y ralliant les masses.

Le nationalisme fut aussi utilisé par les institutions au pouvoir, pour réaffirmer leur autorité par la prise en main de ces mouvements nationalistes, comme l'ont fait les monarchies en Europe en se faisant les rois de nations( Autriche Hongrie et son système de monarchie dyarchie ) et non plus les seigneurs de droit divin, ou certains pouvoirs en Asie comme le Siam ou le Japon pour défendre leur pouvoir face à la menace coloniale. Les institutions se font ainsi le principal promoteur du nationalisme, par l'école et l'enseignement d'une antiquité de la nation qui est un artefact historique.

Un dernier grand facteur retenu par Anderson est la langue : la décadence de langues civilisation qui incluaient des personnes différentes en servant de liaison entre ces peuple par la maîtrise par une élite d'une langue sacrée qui permettait de pratiquer la religion est due à l'invention de l'imprimerie qui développe les instincts capitalistes des imprimeurs, le incitant à produire des oeuvres vernaculaires pour toucher un plus grand public, ce qui à terme se caractérise par l'avènement de langues d'Etat vernaculaires, futurs langages nationaux. Anderson donne ici l'exemple du déclin progressif du latin au profit des langues vernaculaires.

J'espère que ces quelques mots donneront à lire ce livre captivant et assez facile d'accès du fait des nombreux développements historiques qui illustrent parfaitement les propos théoriques.

PS : certains passages me semblaient plus complexes, mais le raisonnement principal de l'auteur n'est jamais perdu de vue.
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Un livre dense mais très intéressant, qui propose le point de vue d'un américain, marxiste qui plus est, sur la question de la création de l'idée de nation et de l'imaginaire qui s'y rattache.

J'ai beaucoup aimé ma lecture, même si elle fut plus longue que j'aurais cru (et plus difficile aussi). L'auteur n'écrit pas pour être lu du grand public, ça se sent, et le tout sent plus l'exposé ou l'article précis que la démonstration grand public comme peuvent l'être d'autres livres sur le sujet (cf ceux de William Blanc ou de Nicolas Offenstadt). Mais l'ensemble est passionnant, notamment parce qu'il parle d'une façon de considérer la naissance de l'idée de nation non pas au travers du prisme d'une histoire nationale (comme on le fait très souvent en France) mais en le faisant à l'échelle du monde. C'est d'autant plus intéressant que ça donne lieu à une réflexion non dénuée d'intérêt autour de l'apparition de l'imprimerie, du langage et de la considération d'appartenance à un groupe identifiée soudainement autour de valeurs véhiculées par ces deux premiers points.

L'ensemble du livre est structuré par différents chapitres décortiquant les aspects de cette idée de nation. C'est pas joli, c'est même souvent triste de découvrir comment se crée cette idée d'union d'un groupe qui n'existait pas au préalable (et n'as d'ailleurs aucune cohérence réelle). Ce livre démontre l'absurdité de la nation sous toute ses formes, quelle que soit sa naissance. Et surtout, la façon dont elle récupère et instrumentalise L Histoire à son propre profit.

J'ai bien aimé cette incursion dans un domaine différent de mon champ habituel de recherche sur la nation. Et franchement, j'ai beaucoup aimé la façon dont c'est mené, l'organisation des chapitres et ce qui en ressort. C'est un excellent complément aux livres d'Histoire sur le Roman national et la façon dont ces idées nous empoisonnent. Revenir aux sources de cette horreur nous permets aussi de généraliser : ce n'est pas un mal français, c'est un mal universel, qu'il faudra expurger de partout.
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Ce livre a remis en cause certaines idées reçues que je pouvais avoir sur le développement des nationalismes dans le monde, et permet d'éviter une pensée trop simpliste sur le sujet.
L'auteur est clairement situé politiquement, ce qui évite une fausse neutralité. La chute de l'URSS et les nombreux changements des dernières décennies rendent caduques certaines analyses mais le fond est intemporel et pertinent.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il serait plus exact de dire que le nationalisme est apparu comme une fâcheuse anomalie pour la théorie marxiste et que, pour cette raison précisément, on a largement préféré se dérober à la question plutôt que de l'aborder de front. Sans quoi comment expliquer que Marx n'ait su expliciter l'adjectif crucial de sa mémorable formulation de 1848: "Naturellement, le prolétariat de chaque pays doit en finir avant tout avec sa propre bourgeoisie"? De même, comment rendre compte autrement de l'usage, plus d'un siècle durant, du concept de "bourgeoisie nationale" sans qu'aucun effort sérieux n'ait été consenti pour justifier théoriquement la pertinence de l'adjectif? Pourquoi cette segmentation de la bourgeoisie - classe universelle, pour autant qu'elle se définisse en termes de rapports de production - est-elle théoriquement significative?
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On retrouve quelque chose de la nature de cet amour politique dans la façon dont les langues décrivent son objet: soit dans le vocabulaire de la parenté (alma mater, Vaterland, patria), soit dans celui du foyer (Heimat ou tanah air, "terre et eau", l'archipel). Les deux idiomes dénotent quelque chose à quoi on est naturellement attaché. Comme on l'a vu plus haut, dans tout ce qui est "naturel", il y a toujours quelque chose qu'on n'a pas choisi. Ainsi, l'existence nationale est assimilée à la couleur de la peau, au sexe, au parentage et au lieu de naissance - à toutes ces choses auxquelles on ne peut rien. Et dans ces "lien naturels", on sent ce qu'on pourrait appeler la "beauté de la Gemeinschaft". Pour dire les choses autrement: précisément parce qu'on ne choisit par ces liens, ils ont une aura de désintéressement.
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A une époque où les intellectuels cosmopolites et progressistes (surtout en Europe?) insistent si volontiers sur le caractère quasi pathologique du nationalisme, son enracinement dans la peur et la haine de l'Autre, et ses affinités avec le racisme, il est utile de nous rappeler que les nations inspirent l'amour, et un amour qui va souvent jusqu'au sacrifice. Les produits culturels du nationalisme - la poésie, la fiction en prose, la musique et les arts plastiques- témoignent très clairement de cet amour sous des milliers de formes et de styles différents. Par ailleurs, il est extrêmement rare de trouver des produits nationalistes analogues exprimant la haine et l'abomination. Même chez les peuples colonisés, qui ont des raisons de haïr leurs maîtres impérialistes, il est frappant de voir combien l'élément de haine demeure insignifiant dans ces expressions du sentiment national.
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Dans un esprit anthropologique, je proposerai donc de la nation la définition suivante: une communauté politique imaginaire, et imaginée comme intrinsèquement limitée et souveraine.
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