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EAN : 9782070447909
592 pages
Gallimard (13/06/2013)
4.17/5   138 notes
Résumé :
Entre l'apparition du jeune conscrit Hanson, quittant l'université pour servir au Vietnam, et celle de son double infernal, le sergent Hanson, membre des Forces Spéciales, il ne s'est guère passé que deux ans. Deux ans qui expliquent comment la devise de l'armée américaine, In God we trust, peut se transformer en Sympathy for the Devil.

Kent Anderson a été les deux Hanson. Son livre n'est pas un livre de plus sur la guerre, mais un des rares reportage... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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En France, on connaît surtout la guerre du Vietnam à travers le cinéma et les nombreux films cultes qui lui ont été dédié mais on connaît beaucoup moins la littérature romanesque sur le sujet. C'est d'autant plus dommage qu'elle est souvent le fait des vétérans et de ceux qui ont vécu cette guerre en son coeur. Sympathy for the devil est de ceux-là. Son auteur Kent Anderson était sergent-chef au sein des Forces Spéciales, il se base sur sa propre expérience pour donner vie à son personnage principal et alter ego Hanson et écrire ce roman en partie autobiographique.

Kent Anderson retrace alors le parcours de Hanson depuis son incorporation. Fraîchement sorti du lycée, Hanson est plutôt un intellectuel, il aime particulièrement la littérature et la philosophie. Mais son tempérament et sa robustesse physique lui permettent de passer sans dommages l'étape des classes là où d'autres subissent un véritable calvaire. La première sélection est impitoyable, il n'y a pas de place ni de répit pour les faibles soumis à l'humiliation et les persécutions de leurs camarades.
Hanson prend rapidement goût à l'art du combat. Il se découvre même une passion pour la discipline au point de rejoindre l'entraînement spécial réservé aux Bérets Verts : le voilà à présent membre des Forces Spéciales.

« Hanson ignorait encore qu'il venait de décider de faire ce que l'armée attend précisément de certains de ses hommes, des meilleurs des siens – tenter de la battre à son propre jeu. Guerre était le nom de ce jeu et, lorsqu'on frôle la guerre de trop près, qu'on la regarde au fond des yeux, elle peut vous entraîner tout entier, muscles, cervelle et sang, jusqu'au plus profond de son coeur, et jamais plus vous ne trouverez la joie en dehors d'elle. Hors d'elle, amour, travail et amitié ne sont plus que déboires. »




L'année de préparation s'achève et c'est l'heure d'affronter le terrain et les tirs à balles réelles.
Kent Anderson nous décrit alors l'arrivée de Hanson au Vietnam. D'abord destiné à être affecté au renseignement ( donc dans un bureau), Hanson se débrouille pour y échapper et obtient d'aller au feu. Car c'est cela qu'il veut, faire la guerre pour de vrai et combattre. L'accueil qui lui est réservé n'est pas des plus chaleureux. Considéré comme un des innombrables bleus sans expérience catapulté ici par une armée peu regardante sur la psychologie et les facultés de ses recrues, Hanson doit faire ses preuves mais obtient rapidement la considération et le respect de ses camarades.
Son baptême du feu et sa première sortie en intervention le font douter, la peur est si violente qu'il pense à renoncer. Mais il persiste, l'adrénaline le dope et il commence à y prendre goût.
Son premier retour au pays est un désastre. Il se rend compte qu'il est à présent inadapté et en décalage complet avec la vie et les préoccupations des civils. Conditionné pendant son séjour à la guerre, habitué à être sans cesse sur ses gardes, à survivre, il prend chaque interaction avec un autre être humain comme une agression.

« Tout en marchant, ses yeux furetaient, de droite et de gauche, et de haut en bas, épiant le moindre mouvement. Simultanément, il repérait toutes les planques possibles susceptibles de le mettre à couvert. […] Son regard cherchait des objets qui pourraient lui servir d'arme : pierres, briques, poubelles, tessons de bouteille […] Lorsqu'il croisait quelqu'un sur le trottoir, sa main se refermait en poing, le long de son flanc, prête à frapper. »


Cette peur le pousse à la violence, elle est instinctive et il n'hésite pas à cogner à la moindre occasion.

« Alors voyons voir. Cette raison », dit-il, la sueur dégoulinant sur ses joues. Il engloba la salle d'un bref coup d'oeil circulaire. « Je me réveille la trouille au bide, poursuivit-il, baissant la voix et se rapprochant du gosse, et d'avoir la trouille me fout en rogne, si bien que je crève d'envie de botter son cul à quelqu'un. Je ne fais plus la différence entre avoir la trouille et être en rogne. Tout est lié, tout communique. »


Le constat est sans appel : il aime se battre, il aime tuer. A présent, une unique chose compte pour lui : retourner au combat. La guerre le rend heureux, elle est devenue son unique raison de vivre.

« Hanson avait été entraîné à tuer, c'était là le grand art qu'avait su maîtriser sa jeune vie et, lorsqu'il se sentait bien, une partie de lui-même aspirait à tuer quelqu'un, comme d'autres mouraient d'envie de courir, de skier, de danser ou de déclencher une bagarre dans une rade. »




Kent Anderson nous explique clairement dans quel état d'esprit sont les jeunes soldats envoyés au casse-pipe. Toutefois, il faut quand même reconnaître que Hanson était un cas particulier et donc pas forcément représentatif mais Anderson passe en revue les différentes catégories d'hommes qu'on retrouvait au sein des rangs de l'US army. L'auteur nous détaille également tout le processus de recrutement et de préparation, les relations avec les autres recrues et avec les instructeurs, les exercices et les différentes méthodes de combat enseignées, les trucs et astuces indispensables pour assurer sa survie. Sur le terrain, tout se passe comme on peut le voir dans les films mais Kent Anderson insiste surtout sur la rancoeur des soldats, d'abord la haine envers l'ennemi puis le mépris et la colère envers les civils, le gouvernement et les gradés qui ne cherchent qu'à satisfaire leurs propres ambitions et intérêts.

« Les gradés et les officiers généraux de l'armée régulière qui souhaitaient voir mettre fin à toutes les activités des Forces Spéciales – ils constituaient la majorité, l'armée régulière s'étant toujours méfiée des unités d'élite – se heurtaient aux mêmes difficultés que les sénateurs. N'ayant qu'une seule année à passer au Vietnam, il leur fallait consacrer la quasi-totalité de leur temps à l'improvisation d'une tactique suffisamment nouvelle et brillante pour justifier leur promotion, ou bien orchestrer une opération assez sanglante et spectaculaire pour faire la une de tous les journaux, leur garantissant ainsi, dans le même temps, promotion et décoration. »


Il dénonce aussi sans détours l'hypocrisie d'un gouvernement qui prône un certain discours tout en faisant le contraire sur le terrain. La moralité n'est qu'une préoccupation de façade et si par malheur un manquement vient à leur être reproché, on s'empresse d'en détourner la responsabilité. Il faut renvoyer au monde une image propre et vertueuse de l'Amérique.

Sympathy for the devil est le roman de ces soldats, simples jouets de politiques irresponsables, d'une guerre qui aura abattu la confiance et le sentiment de supériorité d'une nation qui n'avait encore jamais connu un tel échec. Kent Anderson a su nous transmettre son vécu et son sentiment avec une grande force, odeurs, couleurs, bruits, il retranscrit tout avec précision, on s'y croirait. Son amour pour la littérature et la culture transparaît à travers son style, tour à tour cru à l'image du langage vulgaire des combattants et poétique dans son évocation des paysages et des sensations. On y trouve même une référence au contrat social de Rousseau. A la guerre, le droit et les lois qui fondent une société n'existent plus, c'est le retour à l'état de nature : seule compte la survie.
On peut parfois être horrifié par le manque de moralité dans ce récit mais la grande force de Kent Anderson est d'être parvenu à nous faire comprendre la mentalité de ses soldats et toute l'absurdité d'une guerre qui n'est pas la leur.
C'est dans l'écriture que Kent Anderson a réussi son retour à la vie civile. Il est dommage de constater que son expérience, son témoignage et celui de nombreux vétérans n'aient pas servi de leçon.


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"Hanson ignorait encore qu'il venait de décider de faire ce que l'armée attend précisément de certains de ses hommes, des meilleurs des siens - tenter de la battre à son propre jeu. Guerre était le nom de ce jeu et, lorsqu'on frôle la guerre de trop près, qu'on la regarde au fond des yeux, elle peut vous entraîner tout entier muscles, cervelle et sang, jusqu'au plus profond de son coeur, et jamais plus vous ne trouverez la joie en dehors d'elle (...) Hanson ne s'en rendait pas encore compte, cette nuit-là, mais un jour viendrait où il réaliserait qu'il est impossible de fraterniser avec les seuls hommes libres d'une armée, avec les meilleurs de ses assassins, sans devenir soi-même l'un d'entre eux." (p.209-210). Guerre du Vietnam. le commando des Green Berets (bérets verts) composée de Hanson, Quinn et Silver, accompagné de Minh le montagnard, est affectée aux dangereuses et délicates opérations de ratissage. Seules les forces spéciales de l'US Army sont habilités à débusquer le VC (Viet-cong). Car il s'agit d'une mission périlleuse qui exige stratégie, hablité et coriacité. Hanson ne se destinait pourtant pas à intégrer cette unité d'élite de l'armée américaine. Avant d'intégrer le commando des durs à cuire, il faisait des études au lycée. Comme beaucoup de jeunes de son âge, il décide de s'engager dans l'armée avant d'être appelé au front. Mais la réalité, loin des discours patriotiques, a un goût amer. Alors que l'opinion publique américaine commence à se mobiliser contre cette guerre absurde, les autorités qui maintiennent leurs positions sur son issue victorieuse, compte parmi ses hauts dirigeants des opportunistes dont l'intérêt n'est autre que d'obtenir une place au soleil. Hanson vomit l'administration militaire et son ingérence. Dès lors, il décide de mener une guerre très personnelle dont l'ironie est désarmante. de la devise In God we trust à Sympathy for the devil, Hanson fait le plus grand écart de sa vie : il choisit d'être un homme libre...

Platoon, Full Metal Jacket, Good Morning Vietnam... Sympathy for the Devil reprend toutes les images véhiculées par ces films : la drogue, l'alcool, la peur, la violence, la mort... La jungle moite et ses dangers, le croisement des tirs bleus et rouges des M-16 et AK-47, l'odeur âcre des poudres d'artillerie, celle de la terre rouge et celle du sang... le bourbier vietnamien décrit par Kent Anderson transpire le vécu : les détails sur Mai Loc (base d'appui feu), sur les embuscades des VC, les altercations entre les militaires, la précision des descriptions des missions commandos, les combats, l'auteur convie son lecteur à un véritable Voyage au bout de l'enfer. En compagnie de Hanson et sa fine équipe, on pénètre au coeur de la jungle, on sent les vibrations des hélicoptères, on est assourdi par les explosions, on est aveuglé par les tirs, on se prend à vouloir tirer sur tout ce qui bouge tant l'histoire est captivante et bouleversante. Puis on termine sa lecture sur un sentiment étrange. Réglant peut-être ses comptes avec sa propre guerre, Kent Anderson remet en cause la perception que l'Amérique a d'elle-même en prêtant ces quelques mots à son héros rebelle : "Les américains étaient des dilletantes, plus préoccupés par leur propre vie que motivés pour tuer l'ennemi. La plupart d'entre eux n'avaient pas appris que c'est dans l'agression qu'il faut chercher le salut, et non dans la prudence." Et la force du récit tient dans ce constat vertigineux que l'ennemi n'est parfois autre que nous-mêmes. Décriant l'absurdité bureaucratique de l'armée et l'hypocrisie du gouvernement américain, Kent Anderson, qui a servi comme sergent aux forces spéciales, rapporte de son séjour au Nam un roman d'une profonde portée... Génial !
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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J' HALLUCINE

Nous sommes le 20 septembre 2022 sur Balelio à 23 heures. Kent Anderson, un écrivain américain de roman policier majeur, même un écrivain tout court avec un grand E, fait l'objet de seulement 52 critiques.

Dans le même temps :
Thilliez - 9500
Fred Vargas - 3300
Giebel - 5800

Trouvez l'erreur. Serait-ce le résultat d'une lobotomisation médiatique ?
Cela me fait peur.



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Je persévère dans ma lecture de livres sur la guerre du Vietnam, sujet qui me passionne. Ici on suit particulièrement le soldat Hanson, qui fait partie des Bérets verts.
La chronologie est assez originale, il y a des allers-retours. Après la première partie se déroulant au Vietnam, on est transporté dans le passé, au moment où Hanson s'engage dans l'armée et effectue sa formation. Cette partie sur la préparation à la guerre est probablement l'une de mes préférées. Si vous avez vu Full Metal Jacket de Kubrick, vous verrez les similitudes !
Il y a également un passage où Hanson revient au bercail après avoir servi au Vietnam, et il est tout simplement incapable de s'intégrer à la société et de revenir à son ancienne vie. En fait, j'ai beaucoup aimé tout l'aspect périphérique au Vietnam, l'avant et l'après. Sinon, les passages parlant du Vietnam en lui-même m'ont moins marquée, par rapport aux autres oeuvres que j'ai déjà lues.
Cependant, intéressante est la rivalité entre les différents corps de l'armée. On voit également que les américains ont bien du mal à intégrer les vietnamiens - ceux qui sont de leur côté, j'entend - à la guerre. Il y a une vraie atmosphère de folie aussi, les soldats perdent carrément les pédales et se révèlent assez violents. J'ai beaucoup aimé le trio Hanson, Silver et Quinn, leur amitié est très belle.
Enfin, j'ai adoré les dernières pages. Je ne vais pas vous spoiler, mais j'ai trouvé ça très original et la description de cette dernière scène de combat est à couper le souffle.
Mention spéciale au style, il faut s'y habituer mais je l'ai trouvé assez recherché. Je vous conseille ce livre si vous voulez un aperçu brut et très réaliste de la guerre, et plus spécialement du Vietnam.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Moi j'appellerais ça "La guerre du Vietnam d'un jeune américain", c'est certes moins flashy que le très stonien "Sympathy for the Devil" mais plus représentatif de ce qu'on y trouve.

Kent Anderson ne nous raconte pas la guerre du Vietnam, il nous raconte sa guerre, comment il l'a perçue, subie, intériorisée, vécue.
Point de géostratégie ni d'idéologie ici, ou si peu, mais la transformation radicale d'un intellectuel en une sorte de machine à tuer.
L'appareil militaire, vite relayé par le baptême du feu, amorce comme il se doit cet embrigadement aveugle mais la mutation échappe progressivement à tout contrôle hiérarchique.

Le personnage central, fort de caractère, plongé dans des situations de tension et de violence extrêmes, soumis à l'indifférence hostile de ses compatriotes et sidéré par l'incroyable gabegie qui régit la chaine de commandement, trouve une forme de refuge psychologique auprès de ses frères d'arme.

Ce groupe d'hommes, quasiment livré à lui-même, ne participe pas à la guerre officielle des état-majors dont il se considère d'ailleurs comme chair à canon. Il mène une existence autonome faite d'abjecte rapine et de course aux trophées les plus macabres. L'ennemi n'est pas plus craint que l'allié sud-vietnamien qui l'est moins que les initiatives ubuesques du commandement suprême.

Presque rien sur la population autochtone qui n'apparait qu'à l'état de cadavres ou soupçonnée de "cinquième colonne" lorsqu'elle vit encore. Pas plus sur le pays si ce n'est quelques considérations sur la dureté du climat et la vigueur de la flore.

Ces soldats n'y prêtent aucune attention, en ont-ils eu le loisir d'ailleurs ? eux qui, jusque là, ne connaissaient que leur bourgade de l'Iowa ou de l'Illinois, le breakfast bacon oeufs brouillés et la cuite hebdomadaire à la bière.
Eux qu'on à parachutés dans ce show effroyablement ridicule après une formation militaire symbolique, pour une spécieuse mission de sauvetage du monde libre.

L'auteur met en scènes ces souvenirs de guerre de façon convaincante sauf pour le combat final ou son double romanesque, dans une geste à la Rambo règle en littérature les comptes qui lui pèsent depuis sa démobilisation.

A lire évidemment.

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Les chars et les APC étaient pis qu'inutiles, dans la fluide guérilla de la jungle mais lorsque les militaires disposent d'un matériel donné, ils doivent impérativement s'en servir et justifier, par cet usage, la production proliférante dudit matériel. C'était bon pour l'Economie. Les sénateurs devaient veiller à maintenir le niveau de l'emploi dans leur district, et même l'accroître, s'ils tenaient à être réélus, et le Pentagone, de son côté, désirait ardemment entretenir la bonne volonté des sénateurs à son égard, pour qu'ils continuent de lui voter les budgets militaires appropriés. Et si un brigadier général comme Frédéric Hart voulait sa seconde étoile, il avait intérêt à utiliser le matériel, et même avec enthousiasme.
Résultat, on assistait à ce spectacle de quatre mômes tout juste sortis du lycée montés sur un char d'un million de dollars et traquant quatre mômes en pyjama noir.
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Le trajet jusqu'à la salle de classe, effectuée au pas cadencé, impliquait de traverser un petit point d'acier qui franchissait le cours d'eau pollué. Un panneau à l'entrée du pont précisait bien de "rompre la cadence pour traverser les pont", mais vingt-cinq bidasses des Forces Spéciales mettaient un point d'honneur à désobéir à cet ordre. Ils continuaient d'avancer au pas cadencé, à l'unisson et le pont pliait sous leurs bottes et vibraient en se balançant follement. C'était la leur façon de marquer le coup, le petit geste qui soulignait le mépris qu'ils nourrissaient pour les règles, panneaux et consignes diverses, la prudence en général, l'armée régulière, et pour tous les soldats qui n'étaient pas comme eux des fonceurs, de vilains emmanchés pleins de poils, botteurs de fesses, énucléeurs sans merci et couillus fabricants de veuves et d'orphelin.
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Le trajet jusqu'à la salle de classe, effectué au pas cadencé, impliquait de traverser un petit pont d'acier qui franchissait le cours d'eau pollué. Un panneau à l'entrée du pont précisait bien de "rompre la cadence pour traverser le pont", mais les vingt-cinq bidasses des Forces Spéciales mettaient un point d'honneur à désobéir à cet ordre. Ils continuaient d'avancer au pas cadencé, à l'unisson et le pont pliait sous leurs bottes et vibrait en se balançant follement. C'était là leur façon de marquer le coup, le petit geste qui soulignait le mépris qu'ils nourrissaient pour les règles, panneaux et consignes diverses, la prudence en général, l'armée régulière, et pour tous les soldats qui n'étaient pas comme eux des fonceurs, de vilains emmanchés plein de poils, botteurs de fesses, énucléeurs sans merci et couillus fabriquant de veuves et d'orphelins.
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Les recrues qu’on leur balançait était de plus en plus souvent des criminels analphabètes ou des drogués incapables d’obéir aux ordres. Les gradés n’avaient d’ailleurs rien à leur envier. Certains de ces jeunes sous-lieutenants appelés n’avaient même pas les compétences suffisantes pour gérer un magasin 7-Eleven, pour ne rien dire d’une unité combattante.
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Courir avec la compagnie, c'était devenu l'une des briques de ce mur volant lancé à pleine vitesse, qui pouvait broyer tout ce qui s'opposait à sa progression, des kilomètres de rangers gauche s'abattant en cadence, courant au delà de toute endurance humaine ; ne faisant strictement jamais appel au processus du raisonnement, mais fondé sur la seule certitude - si longtemps nourrie et confirmée par chaque fracas, chaque lourd piétinement de cette botte de saut de parachutiste, montante, criée et polie à la graisse de salive, qu'il n'était même plus besoin de la formuler à l'aide de mots, ni encore moins question de la mettre jamais en doute - qu'aucun d'entre eux ne mourrait jamais.
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