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EAN : 9782874230080
136 pages
Mijade (13/03/2008)
3.73/5   77 notes
Résumé :
Loïc est mort. Loïc s'est suicidé parce qu'il n'acceptait pas son homosexualité. Dans sa classe, c'est la consternation. Personne ne se doutait de rien. Sauf Philippe à qui Loïc a parlé quelques jours avant de se pendre, à qui Loïc a fait promettre de ne pas dévoiler son secret. Tabou. Il y a des sujets qu'on hésite à aborder. Parce que c'est plus facile. Plus lâche aussi, mais ça, on préfère l'oublier. Tabou. Quand on est différent, c'est difficile, mais c'est auss... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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""L'homosexualité est un élément parmi tant d'autres." Rien ne me paraît plus juste que cette phrase. Je me demande pourquoi on oublie tous les autres aspects d'une personne lorsqu'on apprend qu'elle est homosexuelle."

Au vu des débats houleux qui se sont déroulés en France à l'occasion du vote de la loi pour le mariage pour tous, j'ai eu envie de relire ce titre de 2003 de Frank Andriat.

Il y a plus de dix ans, le 30 janvier 2003, la Belgique est devenue, sans heurt, le deuxième pays au monde à reconnaitre le mariage homosexuel. Depuis le 30 juin 2006, les homosexuels peuvent non seulement se marier mais également adopter en toute légalité.

Bien évidemment, si les mentalités ont évolué, les agressions homophobes sont malheureusement toujours présentes et il n'est toujours pas facile d'avouer son homosexualité, a fortiori lorsqu'on est adolescent et qu'on se cherche encore.

Tel est le point de départ de cette histoire. Même si cette loi n'a suscité que peu de remous chez nous, le thème de l'homosexualité chez les adolescents était plus que tabou à l'époque en littérature jeunesse et, avec ce titre, Frank Andriat, a fait figure de pionnier.

Ce récit débute par le suicide de Loïc. Situation traumatisante pour ses camarades de classe qui ne comprennent pas son geste. de fil en aiguille, ils en découvrent la raison : le jeune homme n'a simplement plus supporté vivre dans le mensonge et taire son homosexualité. de ce drame va naitre la réflexion et l'évolution des mentalités...

"Je ne cherche (donc) pas à prouver quelque chose en écrivant, je ne donne pas de leçon de morale, je me contente de décrire les hommes tels que je les éprouve, avec le plus de justesse et le plus de respect possible."

nous confie l'auteur sur son site. Et c'est bien le cas ici où l'on suit le cheminement de trois camarades de classe. Entre rejet, questionnement, doute, acceptation, compréhension, le débat se veut contradictoire certes mais, au final, serein et respectueux.

D'un côté, il y a Réginald qui, de prime abord, rejette tout d'un bloc, déchiré entre ses amitiés sincères et son aversion pour les homos. de l'autre, il y a son meilleur ami, Philippe, qui s'enferre dans les mêmes mensonges destructeurs que Loïc. Entre les deux, Elsa, une jeune fille bien dans ses baskets, qui leur tient le discours de l'ouverture et de la tolérance. Toutes les questions sont posées, sans tabou !

"Une fois de plus, le cortège habituel de questions sans réponse défilait cruellement dans ta tête : pourquoi devient-on homo, comment le devient-on, est-ce une maladie comme l'affirment certains, est-ce le fruit de l'éducation qu'on reçoit, est-ce dû à une modification génétique, en guérit-on et d'ailleurs, faut-il guérir ? (...) Peut-on vivre heureux quand on est homo ? (...) peut-on être homosexuel au quotidien, tout simplement ou faut-il nécessairement le revendiquer lors de manifestations carnavalesques ? Si tu suis le modèle de ces gens-là, tu as l'impression que tu t'excluras de la société, que tu t'enfermeras dans un ghetto, mais, lorsqu'on se découvre homo, ne découvre-t-on pas en même temps que l'on est définitivement minoritaire ? Ces défilés ne sont-ils pas avant tout une manière qu'ont les homos pour dire leur fierté d'être tels, une manière de s'assumer dans la joie ?"

Pour encadrer leur réflexion et tenter de répondre à leurs interrogations, il y a la figure bienveillante de l'oncle d'Elsa. Grâce à son expérience et son métier de psychologue, il arrive à dédramatiser les choses et à leur faire comprendre que, même s'il n'est pas simple de s'assumer différent, "ce n'est pas une tare", l'avenir n'est pas nécessairement noir et le bonheur est toujours à portée de main.

Du côté narration, on retrouve avec plaisir le style de l'auteur : à la fois simple et empreint de bon sens mais également plein de poésie et de délicatesse. Dans la deuxième partie, "Philippe", il renoue avec la narration en "tu" qui m'avait surprise et énormément plu dans "L'amour à boire".

En bref, un titre fort, encore et toujours d'actualité, à lire et à faire lire !

Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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Ce roman de Franck Andriat, c'est mon fils cadet de 16 ans qui a dû le lire pour l'école, vu le sujet traité, je trouve que c'est un bon choix de lecture, après tout, encore aujourd'hui c'est un sujet qui porte à débat. Alors que franchement, je n'y vois aucune raison de mener encore et encore des discussions, le principal étant que les personnes dans le cas puissent tout simplement s'aimer. J'ai eu très tôt un ami homosexuel, par la suite des amies lesbiennes, je n'y ai jamais vu un problème, bien au contraire, et à la rigueur, j'étais beaucoup mieux avec eux qu'avec des personnes hétéros que je côtoyais.

Je trouvais intéréssant que si ce livre était en lecture scolaire, que je le découvre moi aussi. J'ai donc attendu que mon fils le termine pour pouvoir le faire. Ce que je trouve des plus intéréssant ici, c'est la construction de l'histoire. L'auteur a choisi de diviser son roman en trois parties. le même sujet selon trois vues différentes.

La première est celle de Réginald qui apprend l'homosexualité de son ami après son suicide. S'en suit toute une réflexion en lui-même, mais le suicide de Loïc soulève beaucoup de choses. Ensuite, nous avons la vision de Philippe, la seule personne à qui Loïc c'est confié quelques jours avant de passer à l'acte. le jeune garçon est d'autant plus touché par l'annonce du suicide de son ami car il savait et n'a rien pu faire pour l'aider, bien qu'il ne savait pas qu'il avait en tête de se donner la mort, mais uniquement qu'il était homosexuel. Philippe va se poser énormément de questions, il va sombrer petit à petit, n'entrevoyant pas d'issues. Jusqu'à Elsa, qui est elle-même le troisième point de vue du roman. Un point de vue totalement différent car elle, eh bien elle a un oncle homosexuel, elle sait donc le calvaire que vivent les personnes « différentes », c'est une jeune fille très ouverte d'esprit et j'ai franchement aimé sa manière de voir les choses.

Trois manières de ressentir la cruelle vérité, trois manières d'accepter, trois manières de voir les choses telles qu'elle le sont. Certaines réflexions m'ont totalement mise en rogne, je ne comprend pas comment on peut réagir avec une telle violence en apprenant l'homosexualité d'une personne, je ne comprend pas le plaisir que prennent certaines personnes à dénigrer et rabaisser. La société est malheureusement ainsi faite et l'homosexualité, malgré l'ouverture d'esprit de plus en plus de monde, restera malgré tout un sujet toujours tabou.
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Une question m'a toujours taraudé l'esprit : l'homophobie relève-t-elle de l'acquis ou de l'inné ? Je connais déjà la réponse mais songez à tous les gays qui ont dû répondre à la même question mais vis-à-vis de leur identité sexuelle ! le roman de Frank Andriat est à ce propos dans le ton juste : il n'est pas trop militant (ce n'est pas Jean Genet), ni trop esthétique (ce n'est pas Dominique Fernandez). Non, en abordant ce thème si brûlant ces derniers temps, il me semble avoir trouvé le juste équilibre entre les protagonistes de cette histoire. Premier chapitre : l'homophobe, celui qui rejette par ignorance ou par tradition (familiale, culturelle ou religieuse). Deuxième chapitre : le gay dans le placard avec ses doutes, ses angoisses et la honte créée de toutes pièces par son entourage. Troisième chapitre : le gay sorti du placard, qui s'assume, qui écoute, qui conseille, qui aide... Seul reproche : le texte se veut un équilibre entre les différentes visions et en devient parfois un peu démonstratif, à cet égard. Et je dois aussi reconnaître que le suicide d'un ado à la base de l'histoire, est une très dure réalité, mais une réalité malgré tout. Les chiffres sont accablants. La stigmatisation de leur sexualités conduit les adolescents gays et les jeunes lesbiennes à se suicider 6 à 10 fois plus que les jeunes se sentant hétérosexuels. Cet état de faits pourrait changer s'il y avait plus de structures d'accueil, d'écoute, d'aide et de protection. Et la loi ne suffit pas, quand ses représentants sont parfois eux-mêmes homophobes...
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Un livre court mais choc qui traite du suicide chez les jeunes et de la découverte de l'homosexualité ! Franck Andriat balaie toutes les idées reçues sur ce dernier sujet de façon très directe, humaniste et intelligente. Ce roman adressé aux collégiens parle à leur coeur tout autant qu'à leur cerveau ! En nous confrontant à nos idées reçues et aux répercussions qu'elles peuvent avoir sur la vie d'un enfant qui découvre son identité sexuelle, il fait avancer les choses !
Franck Andriat ne prend pas ses lecteurs pour des imbéciles. Sans vulgarité mais sans édulcorer non plus, il utilise les mots justes et parle « vrai » aux jeunes.
J'ai été un peu « choqué » de lire les mots « sodomie », « tante », fiote » dans un ouvrage pour la jeunesse ! Mais, en y réfléchissant, ce sont des mots que l'on entend dans les cours de récréation ! Autant ne pas les nier, les écrire en leur donnant leur sens exact. Finissons-en avec les tabous, les idées reçues et les jugements qui empoissonnent les vies. La différence est une richesse, quelle qu'elle soit, le romancier nous le rappelle avec courage !
D'autre part, j'ai aussi apprécié la structure originale du texte qui change de point de vue et permet au lecteur de se confronter à d'autres pensées. le procédé déstabilise d'abord mais est très habile.
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Ce livre m'a été conseillé par une amie, jeune fille de 15 ans ne lisant absolument pas. Elle a été passionnée et ébranlée par cette lecture, au point de vouloir en parler après, alors qu'elle est allergique à tout ouvrage en temps normal !
Tabou de Frank Andriat s'ouvre sur une classe d'ados de 16 ans subitement endeuillée. Loïc s'est suicidé, pendu. Ca fait l'effet d'une bombe. Quelques semaines plus tard, deuxième bombe avec la raison de son suicide : il est homosexuel, et le vit mal. L'écosystème scolaire en est perturbé, entre les virulents homophobes, leurs défenseurs, et les homosexuels qui se reconnaissent en Loïc et se posent autant de question. S'engage alors le débat autour de l'acceptation ou non de l'homosexualité, des différences, et les divers points de vue sont représentés par Réginald, Philippe et Elsa.
Pour avoir appris une nouvelle similaire (suicide) il y a peu, je trouve que les réactions (ou absences de réaction), sont extrêmement bien décrites : choc, silence, incompréhension, volonté de comprendre, les seuls mots qui viennent sont ridicules (surtout vu la situation).
Quant au sujet de l'homosexualité, peut-être que je suis plus ouverte que je le pensais, mais je trouve les réactions homophobes trop virulentes, comme exagérées. Et ce point m'a gêné, j'y ai vu comme une volonté de l'auteur d'accentuer le pathos.
A contrario, le point de vue des homosexuels est bien retranscrit, et très intéressant.
Donc avis quelque peu mitigé par rapport à l'histoire. Mais je suis unanime au sujet du style : ce récit embarque, on a du mal à interrompre la lecture. C'est bien écrit, simple mais efficace.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
- Cela paraît si simple lorsque vous en parlez. Pourquoi l'homosexualité soulève-t-elle tant de rejet alors ? Pourquoi, dans certains pays, met-on les homos en prison ?
- Parce que beaucoup de gens jugent avant de tenter de comprendre, parce qu'il est plus simple de classer les choses de la vie en mauvaises et en bonnes actions, parce que les différences font peur, Philippe, parce qu'on considère les autres avec sa tête au lieu de les accepter avec son coeur. Et les homos ne sont pas les seuls à faire les frais de cette attitude : les réfugiés politiques, les immigrés, les pauvres, les handicapés et j'en passe. On en veut même parfois à ceux qui réussissent trop bien ; on tente de trouver de mauvaises raisons à leur succès.
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"L'homosexualité est un élément parmi tant d'autres." Rien ne me paraît plus juste que cette phrase. Je me demande pourquoi on oublie tous les autres aspects d'une personne lorsqu'on apprend qu'elle est homosexuelle.
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En tout cas, il y a une chose que je veux te promettre : je ne dévoilerai jamais à personne ce que j'ai découvert à ton propos. Mon oncle m'a fait comprendre combien il est difficile de s'assumer différent. Il m'a raconté ce qu'il a vécu quand il était adolescent ce qu'il a vécu quand il était adolescent. Les autres, qui se croient normaux, peuvent parfois se montrer dégueulasses. Alors promis, Philippe, je me tairai.
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Tu t’es dit que, bientôt, tu ne pourrais rien dissimuler à personne, qu’il était inscrit en grand sur ton visage que tu étais une tapette ; ta discrétion, tous les efforts que tu faisais pour paraître normal ne suffirait plus à dissimuler la réalité aux autres. Faudrait-il que tu agisses comme Loïc, que tu inventes sur les homos des blagues ignobles dont tu rirais plus fort que tout le monde ?
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- Cela paraît si simple lorsque vous en parlez. Pourquoi l'homosexualité soulève-t-elle tant de rejet alors ? Pourquoi dans certains pays, met-on les homos en prison ?
- Parce que beaucoup de gens jugent avant de tenter de comprendre, parce qu'il est plus simple de classer les choses de la vie en mauvaises et en bonnes actions, parce que les différences font peur, Philippe, parce qu'on considère les autres avec sa tête au lieu de les accepter avec son coeur. Et les homos ne sont pas les seuls à faire les frais de cette attitude : les réfugiés politiques, les immigrés, les pauvres, les handicapés et j'en passe. (p.136)
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Livre-toi- Frank Andriat - 11 juin 2013
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