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EAN : 9782874230912
141 pages
Mijade (01/09/2016)
3.9/5   58 notes
Résumé :
Une prof de français propose à ses élèves de lire « Rien, Nadir », un roman qui relate l'itinéraire de Nadir, un jeune réfugié syrien. Le sujet est dur, le ton du récit est réaliste. Le roman provoque le débat. Chaque lecteur reçoit le livre différemment. Justine le trouve trop classe, mais il choque son père. Tristan, grand lecteur, émet des réserves à son propos, mais la belle Amalia l'adore. Pour Philippe, ce roman est un sale livre. Les réfugiés syriens ne sont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Dès les premières pages de ce roman, j'ai été très troublé par le style utilisé par Frank Andriat. Il nous propose de vivre l'histoire d'un jeune réfugié syrien, par l'intermédiaire d'une prof de français et de ses élèves. Après un début troublant, l'immersion était totale, d'autant plus que je suis également un enseignant proposant à mes élèves la lecture de romans qui « font réfléchir ».

Parlons tout d'abord du titre de ce roman, un sale livre. C'est très troublant de se dire « Je vais lire un sale livre ». L'on pourrait s'attendre à tout avec une telle accroche. Et c'est effectivement le cas. Pourquoi ? Simplement parce que ce dernier aborde un sujet sensible qui ne devrait pas exister. Il nous parle de choses qui dérangent, qui choquent et qui, dans l'idéal, seraient à bannir définitivement. Malheureusement (et heureusement), certains auteurs sont là pour en parler.

A cause, ou grâce à mon métier, je me suis très facilement identifié à la prof de français. On apprend à (mieux) comprendre le travail indispensable de cette dernière auprès de ces élèves. Bien trop souvent, ceux-ci sont très réticents face aux lectures obligatoires et le font souvent sans le moindre enthousiasme. Peut-être qu'en leur faisant lire ce roman, ils comprendront que les enseignants n'ont pas comme unique objectif de « saouler » les jeunes lecteurs, mais bien de les amener à avoir un regard réflexif sur des valeurs primordiales (la liberté, la mort, l'abandon, …) ainsi que sur des événements d'actualités (Syrie, immigration, …).

Parlons un peu plus de l'écriture. C'est peut-être là que je vais parvenir à trouver un point faible, bien qu'il soit vite comblé. L'écriture, pendant une petite dizaine de page, troublera le lecteur, qui pourrait avoir quelques difficultés à s'y retrouver (malgré une police et couleur différente permettant de faire une distinction entre l'école et l'histoire de Nadir). Toutefois, on s'y fait très rapidement.

L'auteur vise un large public en utilisant un vocabulaire et des tournures de phrases très simples, et ce malgré des sujets très sensibles. Notons également que le talent de l'auteur est tel que l'on se retrouve totalement immergé dans la classe de la prof de français, tout autant que l'on se retrouve dans la peau de Nadir. L'écriture s'adapte à chacun des personnages, comme si le roman avait été écrit par divers auteurs, tous très talentueux.

Un dernier mot sur Frank Andriat pour finaliser cette chronique : merci. Je vous remercie de nous proposer l'histoire de Nadir sans pour autant nous imposer vos idées sur la situation actuelle en Syrie. Vous laissez le lecteur libre en lui permettant de se rattacher à divers points de vue (par les élèves de la classe). Nous sommes face à un roman qui provoque un débat, un débat ouvert.

Cette lecture, bien que destinée à un jeune public, parviendra à convaincre une grande majorité de lecteurs. Je vous conseille vivement de découvrir cette petite merveille.

Les points positifs

Un style très différent de ce que l'on retrouve habituellement.
Un sujet très sensible, la Syrie, mis en scène avec beaucoup de subtilité.
Le lecteur est libre de faire son propre opinion, à partir des débats mis en place dans cette classe de la prof de français.
Une écriture simple, subtile, …
Un sale livre, tout simplement !
Le point positif
Il faudra quelques pages au lecteur pour comprendre le fonctionnement de l'auteur.


Ma note pour cette lecture : 19/20


Cette lecture, bien que destinée à un jeune public, parviendra à convaincre une grande majorité de lecteurs. Je vous conseille vivement de découvrir cette petite merveille.
Lien : https://leparfumdesmots.blog..
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Qu'est-ce qu'un sale livre ? C'est en parlant de ces mots, prononcé au sujet d'un de ses livres, que ce questionnement a jailli, pour l'auteur.
Le « sale livre » dont il est question dans ce roman, c'est Rien, Nadir, un roman qu'une professeur de français propose à ses élèves. Une professeur de français peu ordinaire puisqu'elle ose partager ces coups de coeur avec ses élèves, et elle a bien raison ! Pourtant, le livre n'a rien pour plaire de prime abord à une enseignante : une auteur inconnue, un sujet qui fâche et un style au plus près du réel. Bref, de quoi se fâcher avec pas mal de monde.
Et c'est ce qui se passe ! Ou presque. Si Justine, qui a une situation familiale compliquée, adore, si Amalia est touchée par certaines pages, au point d'oser défier sa propre professeur de français qui ne ferait jamais lire un tel ouvrage, pas assez littéraire à ses yeux, Tristan, futur critique littéraire, analyse le livre posément, manière pour moi de le tenir à distance, et Philippe… Il est sans doute le personnage le plus intéressant, puisque nous savons qu'il a lu et aimé le livre, et attaquera frontalement l'auteure lors de la rencontre finale. Quelle est véritablement la position de Philippe ? Lui seul le sait !
Les parents aussi s'en mêlent, les pères surtout. Celui de Justine, qui passe son temps à rabaisser chaque membre de sa famille, est outré qu'on puisse appeler un chat, un chat. Celui de Nawal ne veut pas que sa fille lise UNE auteur, arabe de surcroît.
Les mots choquent, il est des faits bien plus choquants, que personne ne relève, et qui sont, hélas, le reflet du réel. La violence n'est pas seulement là-bas, en Syrie, elle est tout autour de nous. Comment en est-on arrivé là ? le livre pose des questions et a le mérite de laisser le lecteur chercher les réponses lui-mêmes. Pas de discours moralisateurs policés, ce n'est pas de mise ici.
Un sale livre a aussi le mérité de nous montrer la réception d'une oeuvre, les débats qu'elle peut susciter. Les mots dérangent, les images dont on est gavé, jeunes ou moins jeunes, moins. Et l'on se prend à rêver, pour tous les Nadir du monde, un dénouement comme nous l'offre ce livre.
S'il croise votre route, n'hésitez pas à le rencontrer !
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Le "sale livre" est raconté au fil du récit : l'histoire des personnages s'entremêle à la sienne, pour constituer un ouvrage double, fort, bouleversant.
Chacune des personnes découvrant le "sale livre" a son mot à dire sur des sujets aussi divers que les religions, la famille, les guerres, l'adolescence, les deuils, la scolarité, l'intégration, les difficultés sociales, la littérature... C'est un livre poignant, riche d'enseignements et de questions.
Les visions des protagonistes s'enchaînent et ouvrent la voie à des réflexions profondes sur la littérature, les façons d'accueillir les mots, les différentes attentes liées à la lecture, les rapports paradoxaux aux livres...

Avec un style simple et direct, l'auteur se permet plusieurs mises en abîmes audacieuses et pertinentes. J'ai trouvé cet ouvrage extrêmement bien écrit, la structure est parfaitement maîtrisée et j'ai beaucoup apprécié le talent de l'auteur pour adapter son écriture à chaque situation et à chaque lectrice et lecteur.
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Drôle de titre, fait pour provoquer les lecteurs et le débat. Tout comme les différents personnages du livre qui réagissent très différemment à la lecture du livre contemporain que la prof de français, madame Latour, a déniché et proposé à ses élèves : l'élève qui d'habitude pompe ses résumés sur internet et se laisse happer par l'histoire de Nadir, l'élève bon lecteur qui n'apprécie pas le style (ou l'absence de style, selon sa mère, autre prof de français très classique), certains parents, le principal à qui ces derniers font part de leur inquiétude devant une telle lecture, la documentaliste qui soutient sa collègue et organise le débat… jusqu'à l'auteure qui viendra rencontrer les élèves.

La richesse de ce roman, c'est qu'il propose divers niveaux de lecture et de nombreux sujets de débat, liés notamment à l'histoire de Nadir, réfugié syrien scolarisé en France, et à la lecture scolaire, sujet délicat s'il en est. Frank Andriat présente également des personnages bien marqués (il le faut pour l'intérêt de la discussion) qui vivent des valeurs parfois diamétralement opposées. A chacun de poser ses choix, d'en être responsable, de les assumer jusqu'au bout ou de se laisser bousculer.

Par rapport à la lecture en classe, personnellement j'essaye de donner le goût de la lecture avant tout, il faut certes travailler un peu autour des livres choisis mais je suis assez vieille ancienne pour ne pas me culpabiliser si je ne respecte pas le programme à la lettre. Et comme les étudiants du roman, si tout va bien, mes élèves et moi aurons la chance de rencontrer l'auteur en classe cette année.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Une prof à Mulhouse. Elle a un coup de coeur pour un roman sur la guerre en Syrie et sur l'exode d'un père avec ses deux enfants. Sa femme est morte, abattue par Daech. Ils ont vécu l'indicible. Ils redressent la pente dans le pays de Diderot et Voltaire, mais c'est aussi le pays de Marine et de Vichy... Et vu qu'elle a un coup de coeur, elle le fait lire à ses élèves mais suscite une controverse parmi ses élèves et les parents de ceux-ci.

Frank Andriat nous offre une mise en abyme, un roman dans le roman. Rien, Nadir, c'est le titre de ce roman. Nadir a du mal avec quelques skinheads. Tout comme la prof a du mal avec quelques fortes têtes qui ne veulent pas d'étrangers "chez eux". Nadir séduit aussi. Une romance se noue.

N'en disons pas plus.

Frank Andriat maîtrise fort bien les émotions. Il joue de ce registre. Il est pétri de bons sentiments aussi. Cela rend son court roman très attachant.

Mais, mais, mais...

Cela ripe quand même. Cela me gêne aux entournures. Pourquoi? D'une part parce que Frank Andriat essaie sur 150 pages de faire rentrer un nombre trop élevé de thèmes. La guerre, l'exode, l'amour d'ados, le livre dans le livre, le racisme, le totalitarisme, mais aussi que peut-on dire dans un livre, qu'est-ce que la littérature, peut-on parler de faits divers, et dans n'importe quels termes? On sent l'Andriat prof... qui règle ses comptes avec "l'éducation nationale" et les profs élitistes qui ne veulent faire lire que les classiques aux élèves.

Cela fait trop à mon goût. Et un peu trop de violons. Surtout avec ce coup de théâtre final... qui frise l'improbable. Clairement, j'ai un souci de taille de roman. Un tel thème requiert au moins 2 fois plus de longueur. Il faut développer le racisme. Développer le roman au centre du roman. Développer le débat sur ce que l'on peut dire dans un livre. Développer les romances entre ados...

Bref, un goût de trop peu. Et un sentiment de facilité de la part de l'auteur. J'ajouterai que l'on sent souvent le parti pris de l'auteur, et même si je partage sa subjectivité, je trouve cela dommage quand même.
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critiques presse (1)
Actualitte
13 février 2017
Jeunes et adultes pourront apprécier cette lecture sans fioritures et au rythme soutenu et se laisser captiver par les aventures de Nadir comme s’empresser de découvrir qui en a pensé quoi.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
J'ai été confrontée à des gens qui tuent leurs prochains sans le moindre état d'âme, sans réfléchir. Des adeptes de la mort brute. Pour les dénoncer, j'ai utilisé leurs mots dans mon roman. S'ils te choquent, c'est bon signe, mais tu dois réussir à prendre cette distance dont je parlais tout à l'heure. Pour passer à un niveau supérieur où la délicatesse et le respect de l'autre sont mis à l'honneur. Cherche la lumière partout où tu avances et tu trouveras le bonheur.
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En Syrie, depuis le début de la situation chaotique, je ne me déplaçais plus sans lui. S'il arrivait quelque chose, il désirait que nous mourions ensemble. Je l'ai aimé plus fort quand il a dit cela, mais, en même temps, sa phrase m'a rendue très triste. Comment notre pays avait-il pu tomber si bas? Au point que la préoccupation de chacun fût non plus de vivre, mais de ne pas mourir sous les bombardements d'un présidents sanguinaire ou persécutés par les fous de Daech. Il n'y a, en Syrie, plus d'endroit où déposer sa peine : la nation a été transformée en un grand cri de désespoir.
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Quand on vit dans l'aisance, on se rit de l'ombre sans pour autant se tourner vers la lumière. J'aimerais qu'ils apprennent que, sur la même planète que la leur, certains ne possèdent plus rien, vivent dans le noir et, malgré cela, cultivent l'espérance.
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Karine Latour songe que nos vies sont posées dans la main des anges. Si elle s'était doutée de cela quand elle a saisi "Rien, Nadir", sur une table de la librairie de son amie Maryline. Elle observe ses élèves encore sous le choc.
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Le sujet du roman, c'est la liberté d'expression et l'ouverture à l'autre. Des thèmes bateau depuis les horribles attentats de janvier et novembre 2015 à Paris, un sujet que chaque enseignant se sent obligé d'aborder pour faire la morale aux ados et pour les mener à construire une société meilleure que celle que ces mêmes adultes ont créée. (p.11)
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Videos de Frank Andriat (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frank Andriat
Livre-toi- Frank Andriat - 11 juin 2013
Ker Editions
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