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EAN : 9782752907332
361 pages
Phébus (08/11/2011)
4.04/5   269 notes
Résumé :





Bagdad : la ville dont rêvent tous les voyageurs. Ville aux fastes excessifs, aux splendeurs baroques. Ville mystère, ville songe aux palais enfouis et aux harems inaccessibles. Ruse et malice règnent sur la cité. Tout y est possible : les destinées s'y croisent, les amants s'y retrouvent, les khalifes s'y promènent, déguisés, en quête d'aventures ou de belles à enlever... Marchands, lettrés, femmes voilées, entremetteuses, ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 269 notes
Cet avis concerne le tome 1 (sur 4), soit +/- 500 pages.

Vous pensiez tout savoir sur les légendaires "Mille et une nuits" ? et bien je commence mon avis par un scoop : il s'agit d'un roman et non d'un recueil de contes.

Bien sûr, ce roman est composé de contes mais ceux-ci sont tous liés à des protagonistes récurrents que sont notamment la sultane Shéhérazade, sa soeur Dynarzad et son époux Shahryar, sultan des Indes.

Ce dernier ayant fait exécutée sa femme pour la punir de son infidélité, décide d'épouser chaque jour une nouvelle jeune fille et de l'exécuter au lendemain de la nuit de noces. S'ensuit un carnage épouvantable jusqu'à ce que la fille du grand vizir, la rusée et courageuse Shéhérazade, se porte volontaire pour rejoindre la couche du sultan. Elle demande à ce que sa soeur dorme dans la chambre et ordonne à celle-ci de lui réclamer une histoire avant que ne pointe le jour...

Ainsi commence pour Shéhérazade un défi narratif : captiver suffisamment son époux pour qu'il renonce à la faire assassiner dans le but de connaître, la nuit suivante, la suite de son récit. "Les Mille et une nuits" sont en réalité un enchevêtrement d'histoires et de contes mis en abyme et en miroir les uns des autres. Dans ces conditions, l'art de ménager le suspense prend un sens majeur et vital : celui de maintenir l'attention du sultan de manière à ce que la sultane le garde sous l'envoûtement de ses récits et lui laisse ainsi, nuit après nuit, la vie sauve.

De tradition perse et musulmane, "Les Mille et une nuits" sont une oeuvre majeure exceptionnelle de la tradition orale et du patrimoine littéraire universel. Savoureuses, cruelles, érotiques, aventureuses, parfois drôles, inventives, les histoires de Shéhérazade sont réellement envoûtantes même si on peut facilement s'y perdre. Dépaysement garanti dans le temps et l'espace. Lyrisme et imagination au rendez-vous. On apprend aussi beaucoup sur les us et coutumes, et les traditions de l'Asie mineure.

Il y a quelque chose d'homérique dans la façon de raconter, surtout dans des épisodes longs tel que celui de "Sinbad le marin" dont la figure n'est pas sans rappeler celle d'Ulysse.


Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2022
Challenge PAVES 2022
Challenge des 50 objets 2022
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Les Mille et une nuits est un ensemble de contes perses, une fiction du IIIè au VIIè siècle. « Simbad le marin » est un des contes. La princesse Shéhérazade lit chaque soir un extrait au roi de Perse pour qu'il évite de l'égorger ( je résume ).
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A un porteur qui s'est arrêté devant sa porte pour souffler, et comparant sa pauvreté à la richesse de l'homme qui habite cette demeure, Simbad l'invite à écouter les sept voyages difficiles qu'il a effectués pour devenir riche.
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Le premier voyage me fait penser ( de loin ) au bateau de pirates qui se coule pour éviter Astérix et Obélix :)
Je pense que Saint-Exupéry s'est inspiré du deuxième voyage pour dessiner le serpent qui mange l'éléphant, dans « le Petit Prince ». Il est possible aussi que Voltaire s'en soit inspiré pour placer Candide au Paradis, là où il découvre plein de diamants.
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Ces contes sont distayants, sans plus.... Mais peut être une source d'inspiration pour des auteurs ultérieurs.

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Lorsqu'Antoine Galland entreprend la traduction d'une compilation de contes arabes du VIIe siècle, elle-même adaptée d'une source persane perlée d'influences indiennes, il se doutais sûrement de l'effet qu'il produirait sur les lecteurs de son temps, mais certainement pas qu'il allait poser des mots sur l'idée ancienne, tenace et mystérieuse que se fait l'Occident de l'Orient, soit cet océan vague, à la fois barbaresque et raffiné, qui accule l'îlot européen contre l'Atlantique.

Ce que Galland et les nombreux traducteurs qui le suivront fabriquent, c'est l'image dorée d'un Orient fantasmé par les européens depuis les conquêtes d'Alexandre le Grand, que les arabes nommaient Alexandre Bicorne, celui qui règne sur les deux cornes du Levant et du Couchant.
Jusqu'au siècle de Galland, les européens insulaires ont admiré l'Egypte, embrassé la foi d'Israël, spéculé sur le prêtre Jean, écouté les devisements de Marco Polo, jalousé le califat de Cordoue et mené quelques croisades. Depuis longtemps déjà, l'Orient est gravé dans leur patrimoine génétique.
Jusqu'au XIIe siècle, ils dessinent des cartes pointées sur l'est, où se trouve le jardin d'Eden, habitude tardive qui nous lèguera un verbe: s'orienter.
En 1492 les espagnols achèvent leur Reconquista, tandis qu'un navigateur vénitien accostait aux Amériques, croyant trouver une route moins sinueuse vers les Indes, vers l'Orient. L'Eden, ironiquement, se déporte à l'ouest.
Les premiers contes archaïques qui se multiplieraient mille et une fois par la suite durent préférer la bonne vieille route de la soie, plus longue et plus accidentée (quoi que), mais plus fertile, car le lent voyage de ce livre collectif et anonyme lui aura certainement valu l'étonnante variété de ses sujets et de ses façons de conter.

Au corpus qu'il traduit de manière quelque peu partiale, Galland ajoute d'autres contes inspirés de sources orales différentes, qui aboutiront aux histoires de Sinbad le marin, d'Aladin et d'Ali Baba pour les plus éminentes.
Il est piquant de constater l'inaltérable renommée de ces trois-là, inlassablement cités dans la multitude des adaptations plus ou moins bien inspirées des Mille et Une Nuits; il faut dire qu'elles comptent parmi les plus mémorables, et qu'elles teintent l'éprouvante lecture des nuits de Shéhérazade d'une note de cape et d'épée rafraîchissante. Mais c'est une remarque influencée par quelques bons films, et quoi qu'il en soit, en manipulant ses sources Galland ne fait rien moins que recomposer un livre qui n'existait pas, et sauve en passant quelques pépites de l'oubli.

Une lecture éprouvante voir répétitive, ce n'est pas tout à fait exact puisque comme le suggère son titre, elle est infinie.
Il y aura toujours une histoire à raconter après la toute dernière nuit, toujours une seconde après l'éternité. Lire un de ces contes c'est suspendre un moment, qui a la forme d'une nuit et la voix d'une femme, et qui ouvre une porte vers d'autres histoires enchâssées dans le temps. Si on veut bien admettre cela, lire les Mille et Une Nuits dans l'ordre de ses pages n'apparaît pas comme une nécessité mais comme une contrainte. Autant ménager la même attente subjuguée qui étreint le Sultan cocufié, qui le convainc de rompre son serment meurtrier lorsque mille histoires et une auront fini de laver sa virilité humiliée.
Shéhérazade dilate la durée de chaque nuit en subjuguant son auditeur dans les écheveaux de la fiction; et aussi de sa voix, que l'on entend au début de chaque conte et qui ne devait laisser aucune échappatoire au sultan, à la fois statufié par l'érotisme de cette routine et rendu à son enfance.

On ne lira peut être jamais la totalité des Mille et Une Nuits, mais c'est sans importance, l'essentiel est que nous connaissons déjà ce livre artificieux, et qu'il est plaisant de le savoir à portée de main, comme une Iliade ou une Bible sous l'oreiller, comme une Divine Comédie scellée à la table de chevet, ou comme la chanson de l'Ingénieux Idalgo, locataire sans solde des rayonnages de la bibliothèque.
Des livres qui exercent une attraction persistante, et qui apparaissent comme les sommes encyclopédiques et intimidantes de ce que l'humanité à produit de pensées, de paroles et d'actes dans une région du monde où convergent les routes commerciales venues de l'est.

Le livre des Mille et Une Nuits mériterait une édition à la hauteur de son objet: Un unique tome, avec une fine mèche de cheveux noirs pour marque-page, d'un format suffisant pour qu'on ne puisse pas le glisser dans la première poche venue mais pour qu'on puisse y glisser quelques miniatures un peu olé olé, avec de belles grandes pages que l'on tourne d'un geste beaucoup trop sophistiqué.
Las, nous nous contenterons de diverses éditions de poche plus ou moins fragiles, plus ou moins complètes, presque toujours basées sur la première traduction d'Antoine Galland; mais ce n'est pas très important.
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Lorsqu'Antoine Galland entreprend la traduction d'une compilation de contes arabes du VIIe siècle, elle-même adaptée d'une source persane perlée d'influences indiennes, il se doutais sûrement de l'effet qu'il produirait sur les lecteurs de son temps, mais certainement pas qu'il allait poser des mots sur l'idée ancienne, tenace et mystérieuse que se fait l'Occident de l'Orient, soit cet océan vague, à la fois barbaresque et raffiné, qui accule l'îlot européen contre l'Atlantique.

Ce que Galland et les nombreux traducteurs qui le suivront fabriquent, c'est l'image dorée d'un Orient fantasmé par les européens depuis les conquêtes d'Alexandre le Grand, que les arabes nommaient Alexandre Bicorne, celui qui règne sur les deux cornes du Levant et du Couchant.
Jusqu'au siècle de Galland, les européens insulaires ont admiré l'Egypte, embrassé la foi d'Israël, spéculé sur le prêtre Jean, écouté les devisements de Marco Polo, jalousé le califat de Cordoue et mené quelques croisades. Depuis longtemps déjà, l'Orient est gravé dans leur patrimoine génétique.
Jusqu'au XIIe siècle, ils dessinent des cartes pointées sur l'est, où se trouve le jardin d'Eden, habitude tardive qui nous lèguera un verbe: s'orienter.
En 1492 les espagnols achèvent leur Reconquista, tandis qu'un navigateur vénitien accostait aux Amériques, croyant trouver une route moins sinueuse vers les Indes, vers l'Orient. L'Eden, ironiquement, se déporte à l'ouest.
Les premiers contes archaïques qui se multiplieraient mille et une fois par la suite durent préférer la bonne vieille route de la soie, plus longue et plus accidentée (quoi que), mais plus fertile, car le lent voyage de ce livre collectif et anonyme lui aura certainement valu l'étonnante variété de ses sujets et de ses façons de conter.

Au corpus qu'il traduit de manière quelque peu partiale, Galland ajoute d'autres contes inspirés de sources orales différentes, qui aboutiront aux histoires de Sinbad le marin, d'Aladin et d'Ali Baba pour les plus éminentes.
Il est piquant de constater l'inaltérable renommée de ces trois-là, inlassablement cités dans la multitude des adaptations plus ou moins bien inspirées des Mille et Une Nuits; il faut dire qu'elles comptent parmi les plus mémorables, et qu'elles teintent l'éprouvante lecture des nuits de Shéhérazade d'une note de cape et d'épée rafraîchissante. Mais c'est une remarque influencée par quelques bons films, et quoi qu'il en soit, en manipulant ses sources Galland ne fait rien moins que recomposer un livre qui n'existait pas, et sauve en passant quelques pépites de l'oubli.

Une lecture éprouvante voir répétitive, ce n'est pas tout à fait exact puisque comme le suggère son titre, elle est infinie.
Il y aura toujours une histoire à raconter après la toute dernière nuit, toujours une seconde après l'éternité. Lire un de ces contes c'est suspendre un moment, qui a la forme d'une nuit et la voix d'une femme, et qui ouvre une porte vers d'autres histoires enchâssées dans le temps. Si on veut bien admettre cela, lire les Mille et Une Nuits dans l'ordre de ses pages n'apparaît pas comme une nécessité mais comme une contrainte. Autant ménager la même attente subjuguée qui étreint le Sultan cocufié, qui le convainc de rompre son serment meurtrier lorsque mille histoires et une auront fini de laver sa virilité humiliée.
Shéhérazade dilate la durée de chaque nuit en subjuguant son auditeur dans les écheveaux de la fiction; et aussi de sa voix, que l'on entend au début de chaque conte et qui ne devait laisser aucune échappatoire au sultan, à la fois statufié par l'érotisme de cette routine et rendu à son enfance.

On ne lira peut être jamais la totalité des Mille et Une Nuits, mais c'est sans importance, l'essentiel est que nous connaissons déjà ce livre artificieux, et qu'il est plaisant de le savoir à portée de main, comme une Iliade ou une Bible sous l'oreiller, comme une Divine Comédie scellée à la table de chevet, ou comme la chanson de l'Ingénieux Idalgo, locataire sans solde des rayonnages de la bibliothèque.
Des livres qui exercent une attraction persistante, et qui apparaissent comme les sommes encyclopédiques et intimidantes de ce que l'humanité à produit de pensées, de paroles et d'actes dans une région du monde où convergent les routes commerciales venues de l'est.

Le livre des Mille et Une Nuits mériterait une édition à la hauteur de son objet: Un unique tome, avec une fine mèche de cheveux noirs pour marque-page, d'un format suffisant pour qu'on ne puisse pas le glisser dans la première poche venue mais pour qu'on puisse y glisser quelques miniatures un peu olé olé, avec de belles grandes pages que l'on tourne d'un geste beaucoup trop sophistiqué.
Las, nous nous contenterons de diverses éditions de poche plus ou moins fragiles, plus ou moins complètes, presque toujours basées sur la première traduction d'Antoine Galland; mais ce n'est pas très important.
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Les contes des Mille et Une Nuits reposent avant tout sur l'histoire de Shahrazad. Elle vivait dans un royaume d'Inde où le sultan Shahriyar a été trahi par son épouse qui l'a trompé avec l'un de ses esclaves. Pour se venger, il lui fait couper la tête et se jure d'épouser une femme vierge chaque jour, la tuant le matin suivant pour se garder de toute trahison.
Dans ce livre, il s'agit de trois histoires contées chaque nuit par Chahrazâd, fille du vizir, au sultan Chahriyar et dont la suite est habillement reportée au lendemain afin d'échapper à son sort. Ainsi, l'exécution est retardée de jour en jour par le sultan afin de connaître la suite du récit commencé la veille.

Le premier est prélude du recueil, l'histoire du roi Chahriyar et son frère Chahzaman, qui raconte la tragédie à l'origine des Mille et une nuits, c'est-à-dire comment le roi trahi et déçu par l'infidélité de son épouse conduit Chahrazad à conter tant d'histoires surprenantes.
Le second intitulé Histoire du calif haroun El Rachid et de Mohammad Ali fils de Ali le joaillier, raconte une histoire d'amour dans la splendide et majestueuse Baghdad Abbasside.
Le dernier, raconte l'Histoire d'Abou Qir et Abou Sîr, respectivement teinturier incarnation du Mal et barbier incarnation du Bien. Deux compagnons originaires d'Alexandrie qui partent en quête de fortune
Ces histoires sont tout simplement captivantes, parsemés de vers, elles abordent des thèmes récurrents tels l'amour, le voyage, l'aventure, la trahison et le pardon. Je vais rapidement me procurer le reste des contes !
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
— Jeune homme, une fois que tu seras engagé dans cette aventure, il n'y aura plus pour toi aucune possibilité de revenir ici demeurer en notre compagnie.
Voyant que ma décision était irrévocable, ils prirent un bélier, qu'ils abattirent puis, quand ils l'eurent écorché, ils fabriquèrent une outre de sa peau. Ils me recommandèrent alors :
— Arme-toi de ce couteau et pénètre à l'intérieur de l'outre. Nous allons la coudre sur toi et te laisser seul en ce lieu. Un oiseau géant, celui qu'on appelle " rokh ", fondra sur toi, saisira l'outre de ses griffes et toi dedans, puis prendra son vol. Lorsque, un long moment plus tard, tu sentiras qu'il t'aura déposé sur le sommet de la montagne et se sera un peu éloigné de toi, tu fendras la peau de l'outre à l'aide de ce couteau, et tu en sortiras. L'oiseau prendra peur en te voyant, il s'envolera. Aussitôt tu te mettras en route pour atteindre un palais qui s'élève bien haut dans les airs, à une demi-journée de marche de là. Il est recouvert de plaques d'or rouge, avec des incrustations de pierres précieuses, émeraudes et autres. Le bois qui entre dans la construction de ce palais est de santal et d'agalloche. En voyant cet édifice, tu ne pourras pas t'empêcher d'y entrer, et ce sera pour ton plus grand malheur : sache que c'est en y entrant que chacun de nous a perdu son œil droit et que, depuis, il se trouve dans la nécessité de se noircir chaque nuit le visage avec de la suie et des cendres. Quant à te raconter en détail ce qui est arrivé en cette occasion, nous ne le pouvons pas : le récit en serait trop long, chacun ayant eu une aventure particulière. Ce qu'il y a de sûr, c'est que la conséquence néfaste a été la même pour tous : la perte de l'œil droit. Mais puisque tu es décidé à courir à ta perte, allons, entre dans la peau du bélier.

LE PORTEFAIX ET LES DAMES, Histoire du troisième derviche qalandar.
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Il remua le vase en tous sens : la matière pesante qu'il semblait contenir n'était animée par aucun mouvement. Comme le plomb bouchait hermétiquement le goulot, il se dit : « Le mieux est encore d'ouvrir ce vase, si je veux pouvoir le transporter ; dès que j'en aurai versé le contenu, je n'aurai plus qu'à le faire rouler jusqu'au marché des vendeurs de cuivre. » Il tira donc un couteau de sa ceinture, incisa profondément le pourtour du bouchon en enfonçant bien la lame, et parvint à faire sauter celui-ci. Il le ramassa et, le tenant entre ses dents, inclina des deux mains le vase vers le sol. Mais il eut beau le secouer, à son grand étonnement, rien n'en sortit.
Il attendit un instant et fut alors surpris de voir s'échapper du récipient une fumée épaisse qui s'éleva telle une colonne dans le ciel, laquelle se mit soudain à se déplacer à la surface du sol. Prenant rapidement du volume, elle se répandit bientôt sur la mer, s'éleva jusqu'à atteindre la voûte du ciel et ne tarda pas à intercepter jusqu'à la lumière du soleil. Au bout d'une heure de temps, le vase ayant fini de dégorger tout son contenu, on put voir la nuée se condenser jusqu'à former une masse compacte agitée de violentes turbulences, d'où finit par émerger la forme d'un ifrite dont les pieds foulaient le sol alors que sa tête se perdait dans les nuages. Il arborait une tête semblable à celle d'un loup ; ses canines, qu'on eût prises pour autant de grappins, garnissaient une bouche vaste comme une caverne, les autres dents pouvant se comparer à des sortes de meules ; deux narines s'ouvraient par là-dessus telles des trompes taillées dans des cornes, encadrées par des oreilles larges comme des boucliers de cuir ; l'encolure qui soutenait cet édifice avait la largeur d'une rue ; et pour couronner le tout, deux yeux aussi brillants que les feux d'une lampe ! Bref, c'était là l'assemblage le plus hideux et le plus hétéroclite dont un monstre pût rêver.

LE PÊCHEUR ET LE DJINN.
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Apercevant au loin une silhouette noire, il décida d'aller dans sa direction. […] Il lui fallut marcher longtemps avant de s'apercevoir que la silhouette en question n'était autre que celle d'un palais entièrement bâti de pierres noires scellées entre elles par des crampons de fer. […] Il franchit le seuil.
Parvenu dans le vestibule, il […] se mit à explorer le reste du palais. Il regarda à droite, il regarda à gauche : il ne vit personne. Les salles étaient toutes tendues de grandes pièces de soie, de tapis royaux, de vastes tentures déployées du sol au plafond, de rideaux d'étoffe légère. Partout étaient disposés meubles et coussins. Au cœur de l'édifice s'ouvrait une cour cernée, sur chacun des côtés, par quatre arcs de pierre reposant sur des piliers, commandant quatre salles surélevées qui se faisaient face deux à deux. Dans chacune de ces salles, entourées l'une comme l'autre par une banquette courant tout au long des murs, se dressait une estrade surmontée d'un banc de pierre ; de même chacune était-elle meublée d'une armoire ménagée dans l'épaisseur du mur. Au centre de tout cela avait été creusée une piscine dans laquelle quatre lions d'or rouge crachaient par leurs gueules des gerbes d'eau, comme autant de flots de perles et de pierres précieuses. Enfin, dans chaque salle, des oiseaux tournoyaient sous les plafonds, prisonniers des grillages d'or qui fermaient les ouvertures, et leurs chants se laissaient écouter avec plaisir.

LE PÊCHEUR ET LE DJINN.
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Ayant épuisé tous ses arguments pour la dissuader de son projet et lassé à la fin par tant d'entêtement, le ministre se rendit donc au palais. Il se fit introduire en présence du roi Chahriyâr, baisa la terre à ses pieds, présenta la requête de sa fille et annonça à son souverain son intention de lui offrir les faveurs de celle-ci pour le soir même. Le roi s'en étonna et dit :
— Comment as-tu consenti à me céder ta fille ? Sache, par Dieu ! par le prix de Celui qui a élevé le ciel au-dessus de la terre ! que demain, à peine le jour aura-t-il paru, je te donnerai l'ordre de la tuer… et que si tu refuses, je veillerai à ce que tu sois exécuté pareillement.
— Ô sultan, notre maître, répondit le vizir, j'ai essayé de lui faire abandonner son projet en lui rappelant le sort qui l'attendait. Je l'ai avertie en termes clairs de son destin. Malgré cela, elle a maintenu sa décision ; elle désire se trouver chez toi cette nuit même.
Ces mots eurent l'air de fort réjouir le roi.
— Va lui préparer tout ce qui est convenable, ordonna-t-il au vizir, et amène-la-moi au début de la nuit.
Le vizir s'en alla porter la nouvelle à sa fille :
— Que Dieu me garde, dans l'avenir, de regretter ton absence ! déclara-t-il en conclusion de toutes ses paroles.
Chahrazade ressentit une très vive joie en apprenant la réussite de son projet. Elle fit ses préparatifs, disposa tout ce dont elle avait besoin pour ses noces ; puis elle s'en vint trouver sa sœur Dounyazade et lui dit :
— Ma sœur, retiens bien les conseils que je vais te donner. Lorsque je serai chez le roi, il te fera demander. Tu viendras le trouver aussitôt, et lorsque tu constateras que nos ébats auront pris fin, tu me diras : « Ô ma sœur, si tu ne dors pas, raconte-moi une petite histoire. » Alors je commencerai un récit… dont l'issue coïncidera avec ma délivrance et avec celle de toute la communauté ! Oui, entends-tu, c'est ainsi que je compte faire oublier au roi ses habitudes sinistres…

LA TISSERANDE DES NUITS.
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À le voir pleurer ainsi encore et toujours, le roi ne lui cacha pas son étonnement :
— Quelle est donc, ô jeune homme, la cause de ces larmes ?
— Seigneur, se borna à répondre l'autre, comment pourrais-je ne point pleurer en l'état où je me trouve ?
Étendant alors sa main vers le bord inférieur de son vêtement, il le releva jusqu'à la ceinture, et ce que découvrit le roi, à ce geste, le plongea dans le dernier degré de la stupéfaction : tout le bas du corps du malheureux jeune homme n'était qu'un bloc de pierre noire, et ce depuis le nombril jusqu'à la pointe des pieds. Il n'appartenait à la race des fils d'Adam qu'entre le nombril et la tête.
Lorsqu'il eut pris conscience de l'état auquel se trouvait condamné le bel adolescent, le roi se sentit étreint par la douleur et par la tristesse et ne put réprimer un soupir.

LE PÊCHEUR ET LE DJINN.
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