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EAN : 9782073013774
Gallimard (06/07/2023)
3.62/5   62 notes
Résumé :

Eirikr le Rouge, condamné au bannissement à la suite des meurtres d'Eyjolfr la Fiente et de Hrafn le Duelliste, met les voiles et part à la découverte du Groenland. Leifr, fils d'Eirikr et de Thjodhildr, part du Groenland vers la Norvège mais son bateau est détourné vers les Hébrides... Quant à Thorfinnr Karlsefni, fils de Thordr Tête-de-Cheval, il part explorer le Vinland, contrée lointaine de Terre-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Bien sûr, comme à chaque fois avec les sagas islandaises, il faut se familiariser avec le style, il faut accepter le long (ouh… trèèèès long) rappel généalogique avant la présentation de chaque protagoniste, et encore une ou deux petites conventions propre à ce type d'écrit si particulier (forme orale transcrite par écrit plusieurs siècles après les faits).

Mais lorsqu'on fait fi de tout cela, il reste des écrits particulièrement intéressants pour quiconque s'enquiert soit de l'histoire, tout simplement, soit de l'ethnologie, soit des croyances, soit de la sociologie de l'époque. Car malgré le miroir déformant des perceptions et des générations comme n'importe quel bon téléphone arabe, il y a forcément des altérations, mais certains éléments récurrents semblent avoir des fondements historiques tout à fait avérés de nos jours.

Ces deux courtes sagas, celle d'Eiríkr Le Rouge et celle des Groenlandais (qu'on désigne parfois sous l'enveloppe générique de sagas du Vinland) nous montrent d'une part comment les Scandinaves (Norvégiens et Islandais, ce qui revient, à cette époque, au même) ont d'abord prospecté plus à l'ouest et ont débarqué au Groenland.

Le personnage d'Eiríkr le Rouge ressort car il est d'abord banni de Norvège et s'installe en Islande, puis à nouveau a quelques démêlés en Islande, si bien qu'il reprend le bateau et échoue au Groenland.

Je précise, pour ceux dont la géographie nordique n'est pas extrêmement parlante que, malgré la situation particulièrement septentrionale de cette grande île, lorsqu'on part d'Islande, la pointe sud du Groenland se situe plein ouest, voire sud-ouest et donc qu'il n'est pas nécessaire de s'élever en latitude pour l'atteindre, bien au contraire.

Je signale enfin que le climat autour de l'an mille, date à laquelle se situent les faits mentionnés, était, semble-t-il, notoirement plus clément que ce qu'on a connu au XVIIIe et XIXe siècles, juste avant la grande phase de réchauffement actuel qui doit nous faire revenir à un climat assez comparable à celui qu'a expérimenté Eiríkr Le Rouge.

Le marrant de l'histoire, c'est que les sagas nous narrent de fréquents aller-retours entre le Groenland et l'Islande ou la Norvège et que c'est lors d'un de ces voyages retour qu'un fils d'Eiríkr loupe la pointe sud du Groenland à cause du mauvais temps et se retrouve encore plus à l'ouest, très probablement sur la côte de l'actuel Labrador canadien, terre nouvelle qu'ils désigneront plus tard sous le nom de Vinland car ils prétendent y avoir découvert de la vigne.

Très intéressant car on y lit encore la toute première rencontre entre des autochtones amérindiens et des explorateurs de l'ouest européen et la vision que ces derniers en donnent. Et, une fois n'est pas coutume, les Skraelingar (nom que les Scandinaves donnèrent aux autochtones, peut-être des Inuits) mirent la pâtée aux Européens, notamment en raison du nombre de combattants.

Les sagas sont peu claires sur les motifs qui ont conduit au conflit. Elles s'accordent toutefois sur le fait que c'est à la troisième rencontre que les choses ont mal tourné. Il semble que les Scandinaves, malgré le rapport qu'ils en ont fait ensuite, n'aient peut-être pas été irréprochables vis-à-vis des Skraelingar qu'ils semblent avoir très vite méprisés, tant pour leur " laideur " que pour leur mauvais sens des affaires ou encore leur méconnaissance de l'usage d'une hache, par exemple.

Donc, pourquoi l'Amérique s'appelle-t-elle Amérique ? Parce que, plus qu'être le premier à découvrir quelque chose, il faut être le premier à le maîtriser, or, les Scandinaves n'ont pas maîtrisé cette nouvelle terre pourtant prometteuse, ce qui fut le cas des Espagnols 500 ans plus tard.

Ensuite, plus qu'être le premier (le second en fait) Christophe Colomb ne croyait pas avoir découvert quelque chose de nouveau mais simplement une nouvelle voie pour aller dans un territoire connu, l'Inde. Il faut attendre Amerigo Vespucci pour tenir à la fois le discours de la découverte et celui de la nouveauté en plus de la maîtrise, d'où le nom d'America.

En somme, il y a la découverte et il y a la publicité faite autour de la découverte et, comme dans notre XXIe siècle triomphant, ceux qui ont la fibre commerçante et qui usent des moyens de communication recueillent les fruits des découvertes des autres. Une découverte non brevetée ne vous est pas attribuée, une découverte associée à une mauvaise campagne de com fait un flop. Bref, rien n'a changé…

Mais, revenons à notre livre, il y a encore des tas de notions abordées dans ces sagas et je me limiterai à une seule d'entre elles, celle de la position de la femme en cet an mille, époque qui correspond également à l'introduction du christianisme en Islande et, par contagion, au Groenland.

On constate sans peine que malgré (ou en vertu de, peut-être) leur statut de païens, les Scandinaves donnent notablement plus d'importance aux femmes que ce qu'on connaît en Europe médiévale continentale. Et ça aussi c'est intéressant quand on retrace l'histoire de l'émancipation des femmes, ou si l'on s'intéresse aux premiers auteurs, tels Henrik Ibsen, à promouvoir l'égalité homme-femme.

En somme, une plongée en immersion dans un mode de pensée et un mode de vie très éloigné du nôtre, très dépaysant et qui, en ce qui me concerne, m'a donné beaucoup de plaisir à la lecture, mais je conçois que ce type d'écrit ne soit pas du goût de tous. À vous de voir car ce n'est là qu'un avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Les viking en Amérique du nord ?
Oui bien sûr : Sur le sujet il faut lire les deux sagas qui sont presque les deux seules (presque) sources littéraires sur le sujet (dispo en poche chez folio ) :
- La saga d'Erik le rouge .
- La saga des groenlandais .
Ce sont deux textes agréables à lire , assez brefs et détaillés , qui se trouvent être croustillants de détails et assez émouvants si on compare la faiblesse des moyens à l'immensité de la tâche.
L'Islande ,le Groenland , l'Amérique du Nord : Terre-Neuve et les Territoires du Nord .Le moteur de cette démarche était: la curiosité sans doute , ponctuellement des contraintes politiques, la recherche d'ivoire (morse) et de bois qui manquaient cruellement en Islande et Groenland.
Le site de L'anse au Medow à Terre-Neuve a gagné des gallons d'ancienneté . La datation actuelle place les débuts de l'implantation scandinave au sud de Baffin et donc à Terre-Neuve , à 1021 ( certitude absolue).
Il y a un second site à Terre-neuve , cf les travaux de Bolender (minerais de fer des marais torréfié selon un procédé norois , et présence de graines de noyers cendrés). C'est un site daté entre le IXe et XIIIe siècle par le carbone 14. Mais principalement je trouve , il y a le site exploré par madame Sutherland (archéologue) dans la terre de Baffin.
Elle a solidement établi la constante présence occasionnelle et renouvelée scandinave sur la Terre de Baffin et en général sur le Nunavut ente le XIe et le XIIIe siècles.
Les découvertes de l'arctique canadien laissent entrevoir des rapports fructueux et réguliers entre les populations (scandinaves et amérindiennes) ,au contraire des sagas ,qui posent des conflits occasionnels et assez ponctuels entre vikings ,amérindiens et Inuits.
Le Groenland payait le denier De Saint Pierre en ivoire de Morse (cf. Musset).
La saga d'Éric le Rouge et celle des Groenlandais Parlent d'évènements situés entre le Xe siècle et le XIe siècle. Les deux textes sont conservés dans des manuscrits différents .Le texte Eric date du XIIIe et celle des Groenlandais aussi mais peut-être plus tardive car possiblement du XIVe siècle.
Les deux textes ne parlent pas tout à fait de la même chose et sur leur fond commun ils divergent quelquefois. Les textes divergent surtout autour des noms des découvreurs ou encore sur le nombre de navigations effectuées et par qui elles le furent
La route est dans les deux textes une route du nord (Helluland ,Markland ,Vinland ) La terre de Baffin (Helluland) le pays aux pierres plates , le Labrador boisé , il doit son nom Mark … aux bois et forets et le Vinland avec ses vignes (si Winland ,ce serrait des pâturages qui expliquent le nom) scandinave de Terre-Neuve.
A l'époque la limite nord de la vigne semble avoir été le New Brunswick et inciterait donc à placer le Vinland plus au sud donc. Personnellement je dis que pas forcement car les noms des territoires de ce nord encore obscure dans les consciences étaient souvent des publicités incitatives à s'y établir. Comme :
Vinland pays du vin ,Groenland (pays vert), Markland (pays boisé).
Les deux textes permettent d'imaginer la route du nord. Il reposent en fait sur des documents faisant référence à un train de plusieurs expéditions. En fait ils décrivent probablement une route du nord .Islande Groenland ,Amérique du nord. le but de navigations qui durèrent près de trois siècles ,était logé dans des besoins en bois (très importants (même en Islande)) et en ivoire également .Les tombes des dernières personnes scandinaves du Groenland au XIVe siècle sont vêtus d'étoffes en laine précieuses et de vêtements ultra contemporains et de grande qualité.
En fait le nord de l'Amérique du nord fut le lieu de fréquentations occasionnelles et régulières par les Norois (d'Islande ou du Groenland) motivées par un approvisionnement en matières naturelles d'une absolue nécessité (Le bois) et précieuses aussi (ivoire) qui permettaient de payer le denier De Saint Pierre et d'acheter des produits nécessaires (ou luxueux) pour la vie courante. On peut conclure en soulignant qu'il n'y eu pas de colonisation massive du Groenland de l'Islande et de l'Amérique du Nord à cause du faible effectif du peuplement nordique dans l'aire considérée . Aussi parce que l'Amérique du nord était partout déjà peuplée et enfin parce que l'écart civilisationnel entre les populations (natives et noroises) n'était pas très significatif en terme de rapport de force et donc, loin d'ère en faveur des faibles effectifs scandinaves qui vinrent finalement dans ces parages poussés par la nécessité finalement.
A noter je trouve que l'archéologie et les textes dessinent une route qui repose largement sur le cabotage et qui se cantonne à l'espace situé entre terre neuve et l'Amérique du nord continentale.
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Intéressante plongée dans deux sagas nordiques rédigées vers le 12eme ou 13eme siècle et qui conte pour l'essentiel des événements du tournant du 11eme siècle.

Eiríkr le Rouge, banni d'Islande, fit voile à la recherche d'une terre à l'ouest et s'installa au Groenland. Ses fils Leifr le Chanceux et Thorvaldr, suivis par Thorfinn Karlsefni, partirent à leur tour explorer des terres encore plus à l'ouest : le Vínland. Ils s'installèrent quelques hivers dans des régions du Labrador ou de Nouvelle Angleterre, commercèrent et combattirent les Skraelingar qui pourraient être des esquimaux, mais ils ne restèrent pas et revinrent tous au Groenland ou moururent sur place.
Si vous en doutiez encore, ces sagas prouvent que les vikings étaient de remarquables explorateurs qui ont fait la nique à Christophe Colomb (bon, c'était peut-être plus simple pour eux car l'Islande et le Groenland leur ont permis de faire le voyage en plusieurs étapes).

Ces sagas assènent l'information de manière concise et directe, en prose parfois entrecoupée de passages en vers. Elles alignent les longues généalogies dont la sonorité (traduite) à l'exotisme nordique n'est pas sans véhiculer un effet hypnotique — comment ne pas sourire à ces noms éclatants tels Thorfinnr Fendeur-de-Crâne, Eyjólfr la Fiente ou Bjõrn Beurre-en-Boîte ? Elles baignent dans la magie prophétique tout en rappelant que le christianisme s'est à l'époque largement implanté.
Elles sont aussi un peu redondantes dans la mesure où l'on retrouve peu ou prou les mêmes événements dans les sagas d'Eiríkr le Rouge et des Groenlandais. Ce n'est pas un mal car cela permet de les fixer plus robustement dans ma mémoire de poisson rouge.

Le style est-il trop sec et trop austère ? Bof ! C'est sûr que ce n'est pas de la prose contemporaine mais pour qui lit des récits antiques cela n'a rien de particulièrement indigeste.
Bref je suis plutôt conquis, paré à me confronter à d'autres sagas et surtout prêt à lire la version hommage écrite au 20eme par un descendant des grands navigateurs : Poul Anderson et sa saga de Hrolf Krakí.
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J'adore !

« La Saga d'Eiríkr le Rouge et la Saga des Groenlandais font partie des sagas du Vínland qui racontent la découverte et la colonisation du Groenland. Elles sont plus connues sous le nom de « Sagas du Vínland ». Cette région est en fait Terre-Neuve. » (note de l'éditeur)

Nous sommes proches de l'An 1000. Suite à un meurtre, Eiríkr le Rouge est condamné à l'exil pendant 3 ans. Il profita de ce temps pour découvrir et explorer le Groenland, puis de s'y installer définitivement en invitant ses relations à l'y rejoindre. Ses fils poursuivront ces explorations encore un peu plus loin en allant jusqu'au Vinland (région de Terre-Neuve), allant même au contact de populations autochtones nord-américaines.

Je ne peux m'empêcher d'être impressionnée et admirative en lisant ces sagas. La chance que l'on a d'avoir ces récits qui racontent les périples et explorations de ces vikings !
Je ne sais pas si c'est du courage ou de la folie qu'ils avaient en eux, peut-être un peu des deux, mais ces hommes et ces femmes ont tout mon respect de s'être lancés dans ces expéditions si hostiles par les températures et si dangereuses en mer.

Régis Boyer, grand spécialiste de la littérature et de la civilisation scandinave, a traduit et annoté ces textes. J'ai grandement apprécié toutes ses annotations qui ont complété et guidé mes allers-retours sur internet pour en apprendre un peu plus.

On a davantage l'impression de lire un journal de bord qu'un roman, car la forme est plutôt neutre et résumée. Mais elle est riche de détails sur les habitudes et traditions vikings (leur hospitalité, le commerce, les croyances…).

C'est également très détaillé au niveau des généalogies des personnages cités, sans doute une mine d'or pour les historiens, mais un peu indigeste pour des profanes comme moi, je l'avoue. J'ai renoncé à mémoriser les noms imprononçables à voix haute, mais d'autres m'ont bien fait sourire :

« Il y avait un homme appelé Thórdr, qui habitait Höfdi dans les Höfdaströnd. Il avait épousé Thorgerdr, fille de Thórir le Paresseux et de Fridgerdr, fille de Kjarvalr roi des Irlandais. Thórdr était le fils de Björn Beurre-en-Boîte, fils de Hróaldr le Triste, fils d'Áslákr, fils de Björn Flanc-de-Fer, fils de Ragnarr aux braies velues. »

Mais que cet extrait ne dissuade pas de futurs lecteurs, les deux sagas ne sont vraiment pas longues à lire et se complètent.
Pour ma part, ce fut l'occasion d'en apprendre beaucoup sur ces vikings du Groenland en seulement une centaine de pages.

Lecture incontournable pour qui s'intéresse à ce sujet !
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J'ai adoré. Je ne sais pas si je suis très objective, mais j'ai adoré.
La filiation et les surnoms, qui sont quand même drôlement marrant, et pas aussi longs que dans la Bible, puisqu'on s'arrête à 3 ou 4 générations maxi.

J'ai également été impressionnée par les descriptions des découvertes des côtes nord (très très au nord) américaines. Il est vrai qu'ils y sont allés "par escales" mais c'est quand même dingue de penser qu'ils sont allés là-bas dans leurs coquilles de noix.
Je suis encore en train de me demander ce que sont les "vers de mer". Sans doute des trucs qui bouffent la coque ? ou bien est-ce autre chose ?

Le fantastique est présent, avec les "unipèdes", qui "courent", les morts qui se relèvent, ah ben oui, c'est fantastique ou ça l'est pas, hein.

J'ai lu ça assez facilement, et j'ai été absolument fascinée par la description des femmes chamanes, femmes de grand pouvoir à l'époque, et riches, vu leurs habits. C'est amusant car clairement la saga est "chrétienne" et très orientée "apport de la bonne parole", mais nous conte quand même des choses très mystérieuses. Preuve qu'ils n'ont pas toujours été aussi obtus qu'ils semblent aujourd'hui, lol.

Le plus pénible, à dire vrai, ce sont les types qui s'appellent pareil (notamment autour de Gudrir, la femme de Thorsteinn, un fils d'Eirikr si je me souviens bien (mais pas sûr) ça demande un peu plus d'attention que "la normale" pour arriver à suivre...

Les vikings étaient en fait, tels que décrits dans ces sagas, surtout des commerçants. L'hospitalité était extrêmement importante, et ça se conçoit sous ces climats, mais il y avait toujours des "cadeaux" à la clé, marchandises précieuses ou partages de denrées alimentaires. On n'arrivait jamais les mains vides (hors naufrage, bien sûr, ce qui arrivait, beaucoup disparaissaient en mer...). Toujours à la recherche de terres à coloniser, ils exploraient les côtes dans l'espoir de pouvoir s'installer. Mais manifestement les indiens déjà présents en Amérique de Nord les ont dissuadés...

Bref, j'ai adoré. :)
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait dans les forêts grande quantité de bêtes de toutes sortes. Ils passèrent un demi-mois là à s'amuser, sans avoir vent de personne. Ils avaient leur bétail avec eux.
Un matin de bonne heure, alors qu'ils regardaient alentour, ils virent une grande multitude de kayaks, on agitait des bouts de bois sur ces bateaux, des bouts de bois qui ressemblaient à des fléaux, et on les agitait dans le sens de la marche du soleil. Alors, Karlsefni dit : « Qu'est-ce que cela signifie ? » Snorri fils de Thorbrandr lui répondit : « Il se peut que ce soit là un signe de paix, prenons un bouclier blanc et arborons-le en échange. » C'est ce qu'ils firent. Alors, les autres ramèrent à leur rencontre et montèrent à terre. C'était des hommes noirs et hideux qui avaient de vilaines chevelures. Ils avaient de grands yeux et des pommettes larges. Ils restèrent là un moment, s'émerveillant des gens qu'ils avaient devant eux, puis s'en allèrent et doublèrent le cap à la rame.

SAGA D'EIRÍKR LE ROUGE, Chapitre X.

N. B. : Il y a quelque chose d'émouvant à cette évocation de ce qui a dû être la toute première rencontre de l'histoire entre les populations de l'extrême est avec celles de l'extrême ouest des mondes connus.
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Après cela ils prirent la mer et trouvèrent un second pays ; de nouveau, ils s'approchèrent et jetèrent l'ancre, lancèrent ensuite une barque et débarquèrent. Ce pays était plat et couvert de forêts, avec des étendues de sable blanc un peu partout où ils allèrent, et des côtes plates. Alors Leifr dit : « On appellera ce pays d'après son état, on l'appellera Markland. » Ensuite, ils retournèrent au bateau au plus vite.
De là, ils prirent la mer par vent du nord-est et passèrent deux jours et deux nuits avant de voir une terre sur laquelle ils se dirigèrent et arrivèrent à une île qui se trouvait au nord de la terre ferme : là, ils montèrent et regardèrent alentour par beau temps découvrant qu'il y avait de la rosée sur l'herbe et comme il leur arriva de mettre les mains dans cette rosée et de la porter à leur bouche, il leur parut n'avoir rien goûté d'aussi suave. Puis ils allèrent à leur bateau et naviguèrent dans le chenal qui sépare l'île et le cap qui s'avançait de la terre ferme vers le nord. Ils doublèrent ce cap, vers l'ouest. À marée basse, il y avait de grands hauts-fonds et leur bateau s'échoua. Vue du bateau, la mer paraissait loin. Ils étaient si curieux d'aller jusqu'à la terre qu'ils n'acceptèrent pas d'attendre que la marée vienne soulever leur bateau, ils coururent vers la terre à un endroit où une rivière sortait d'un lac ; mais dès que la mer souleva leur bateau, ils prirent la barque, ramèrent jusqu'au bateau et lui firent remonter la rivière, puis le lac. Là, ils jetèrent l'ancre, sortirent du bateau leurs hamacs et firent là des baraques ; ils prirent ensuite le parti de se préparer à passer l'hiver et érigèrent une grande maison. Il ne manquait pas de saumon ni dans la rivière ni dans le lac, et des saumons plus grands que ceux qu'ils avaient jamais vus. Le terrain était d'une telle qualité, à ce qu'il leur sembla, que le bétail n'aurait aucun besoin de fourrage en hiver ; il ne gela pas en hiver et l'herbe ne flétrissait guère. Le jour et la nuit étaient de longueurs plus égales qu'en Groenland ou en Islande. Il y avait du soleil à neuf heures du matin et à trois heures et demie de l'après-midi aux jours les plus courts.

SAGA DES GROENLANDAIS, Chapitre III.
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Alors qu'ils s'occupaient des marchandises, une femme passa devant les portes de la dépendance. Einarr demanda à Ormr qui était cette belle femme qui passait là devant les portes, « je ne l'ai encore jamais vue ». Ormr répondit : « C'est Gudrídr, ma fille adoptive, la fille de Thorbjörn de Laugarbrekka. » Einarr dit : « Ce doit être un bon parti, des hommes sont-ils déjà venus la demander en mariage ? » Ormr répondit : « Certes, on l'a déjà demandée en mariage, mais la chose n'est pas facile ; la difficulté, c'est qu'elle est regardante sur le choix d'un mari, et son père aussi. — Bien, dit Einarr, étant donné que voici la femme que j'ai l'intention de demander en mariage, je voudrais que tu t'enquières de ce parti auprès de Thorbjörn, son père, et que tu t'appliques avec ardeur pour que cela se fasse. Si j'obtiens ce parti, je te revaudrai cela de mon entière amitié. »

SAGA D'EIRÍKR LE ROUGE, Chapitre III.
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Karlsefni et ses hommes portèrent leurs boucliers du côté rouge et marchèrent ainsi contre eux. Les Skraelingar (= les amérindiens indigènes) sautèrent de leurs bateaux, puis ils s'affrontèrent et se battirent. Il y eut rude bordée de projectiles, car les Skraelingar avaient des frondes. Karlsefni et ses hommes virent alors que les Skaelingar montaient en haut d'une perche une boule énorme, à peu près comparable à une panse de mouton, de couleur toute noire, et, de la perche, ils la lancèrent par-dessus la troupe de Karlsefni et des siens : elle fit un bruit affreux quand elle arriva par terre. À ce bruit, une grande terreur saisit Karlsefni et toute sa troupe, si bien qu'ils n'eurent plus d'autre envie que de fuir et de battre en retraite en remontant le long de la rivière, la troupe des Skraelingar leur semblant affluer sur eux de tous côtés, et ils ne s'arrêtèrent pas qu'ils ne furent arrivés à quelques rochers escarpés d'où ils firent une vive résistance. Freydís sortit et vit que Karlsefni et ses hommes battait en retraite. Elle cria : « Pourquoi fuyez-vous en courant ces misérables bonshommes, des hommes de valeur comme vous, alors qu'il me semble que vous pourriez les abattre comme du bétail ? Et si j'avais des armes, j'estime que je me battrais mieux que n'importe lequel d'entre vous. » Ils ne prêtèrent aucune attention à ses propos. Freydís voulut les suivre, mais elle fut distancée car elle était enceinte. Elle entra pourtant dans la forêt derrière eux, et les Skraelingar la suivirent. Elle trouva devant elle un homme mort : c'était Thorbrandr fils de Snorri qui avait une pierre plate enfoncée dans la tête. Son épée nue gisait auprès de lui ; elle la ramassa et se prépara à se défendre. Les Skraelingar arrivèrent alors sur elle ; elle sortit ses seins de son vêtement et frappa du plat de son épée. À cette vue, les Skraelingar prirent peur, ils battirent en retraite vers leurs bateaux et s'en allèrent à la rame.

SAGA D'EIRÍKR LE ROUGE, Chapitre XI.
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On entendit un soir la nouvelle qu’un membre de l’équipage manquait : C’était Tyr kir le sudiste. Ceci déplut grandement à Leif, car Tyrkir était un ami de longue date de la famille. Leif prépara les recherches avec une douzaine d’hommes .Ils venaient de partir lorsqu’ils virent Tyrkir marcher vers eux et ils l’accueillirent chaleureusement. Leif réalisa vite que Tyrkir était d’excellente humeur .Leif lui dit : Pourquoi êtes-vous si en retard mon père adoptif ? Comment vous êtes-vous séparé de vos compagnons ? D’abord, Tyrkir parla longuement en allemand, et personne ne comprit ce qu’il disait. Puis, il parla en islandais .Je ne suis pas allé beaucoup plus loin que vous, dit-il. J’ai des nouvelles. J’ai trouvé des vignes et du raisin .Est-ce vrai, père adoptif ? demanda Leif Bien sûr que c’est vrai, répondit-il .Là où je suis né, il y a beaucoup de vignes et de raisins .
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Vidéo de Régis Boyer
Lors de la neuvième éditions de Saint-Maur en Poche qui s'est déroulée les 24 & 25 juin 2017, Gérard Collard a reçu sur le plateau de la Griffe Noire deux auteurs françaises Peggy d'Hahier et Janine Boissard pour parler de leurs derniers ouvrages...
Les petites histoires de Mademoiselle Peggy : Brèves de vies ordinaires de Peggy d' Hahier et Régis Boyer aux éditions Digobar
Peggy est infirmière libérale. Elle exerce son activité au sein de son cabinet infirmier qu'elle a créé il y a maintenant 10 ans et se déplace également à domicile. Peggy a bien les deux pieds dans la vie. Elle n?est pas qu?infirmière, elle est aussi mère de famille et épouse. Les brèves de vie que vous allez lire viennent de l?expérience vécue au quotidien. Parfois avec bonheur, parfois avec douleur. Cette expérience dans laquelle vous allez plonger est profonde.
» La maladie frappe n?importe qui, à tous les âges, tous les milieux, l?objectif est de ratisser large. j'utilise souvent une artillerie lourde en vue d?une destruction massive, qui tue en quelques semaines, quelques mois, détruit des familles, abrège prématurément des histoires? et chacun d?entre nous est une cible potentielle. J'utilise les moyens qui me sont donnés pour aider ces victimes, au-delà de la maîtrise des gestes et de la technicité, l?empathie et l?humanité sont mes meilleures armes. »
La lanterne des morts de Janine Boissard aux éditions Fayard
Lila et Adèle sont s?urs. Belle, brillante, passionnée, Lila ne rêve que de mener la grande vie. Hélas elle est victime de bipolarité, cette terrible maladie où le meilleur côtoie le pire. Adèle est douce, tendre, responsable. Les années passant, de lourds soupçons pèsent sur Lila. Autour d?elle, plusieurs événements tragiques, toujours liés à des affaires d?argent. Mais sans jamais la moindre preuve. Voyant sa s?ur s?attaquer à celui qu?elle aime, les yeux d?Adèle s?ouvrent enfin. Menant une discrète enquête, elle découvre la vérité. Mais cela suffira-t-il à sauver Vivien ? C?est dans les beaux paysages du Périgord Noir, où flottent les arômes de truffe et de bon vin, que se passe cette histoire de famille comme Janine Boissard excelle à les raconter, mêlée d?un suspense qui ne faiblit jamais. Janine Boissard est l?une des romancières françaises les plus populaires. Elle a signé plus de quarante romans qui ont été autant de succès.
http://www.lagriffenoire.com/75247-divers-polar-la-lanterne-des-morts.html
Vous pouvez commander Les petites histoires de Mademoiselle Peggy sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
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