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Critique de michfred


Elle est petite, maigrichonne, toute noiraude et renfrognée, sa robe est chiffonnée, déchirée, ses genoux griffés...

Elle est toujours en colère: contre les adultes, contre les puissants, contre les trop belles, contre les trop tendres, contre les règles qu'on lui impose, contre les compromis qu'on lui propose, elle est CONTRE, CONTRE, CONTRE

Antigone d'Anouilh c'est une ado qui ne veut pas vieillir, pas grandir. Quitte à mourir, là, tout de suite, pour ne jamais sacrifier un seul bout de sa terrible volonté d'enfant idéaliste, toute arc-boutée contre le monde ...

Anouilh a eu cette force-là: sans reprendre le mythe de Sophocle, si écrasant -celui d'une vraie héroïne tragique, qui refuse au nom des lois sacrées et non-écrites des dieux de se plier aux lois circonstancielles et politiques des hommes,- sans emboîter le pas à son illustre prédécesseur, il a eu , dis-je, la force de créer à son tour un nouveau mythe, qui a fait pleurer et frémir des générations d'adolescents: celui de l'ado éprise de pureté et d'absolu, pleine de terreur à l'idée de changer, de mûrir, de composer avec les autres.

Et il a aussi joué avec les codes: il faut relire le merveilleux prologue d'Antigone: c'est la meilleure explication de texte des théories d'Aristote sur la catharsis et le poids du destin dans la tragédie grecque!

Bref, une pièce majeure d'Anouilh, la plus grande de son théâtre, que personnellement je n'apprécie pas beaucoup. On compte les forgeurs de mythes contemporains sur les doigts d'une main..Anouilh avec Antigone est de ceux-là: il a réussi ce tour de force...
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