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EAN : 9782710381419
128 pages
La Table ronde (08/06/2016)
  Existe en édition audio
3.9/5   7354 notes
Résumé :
Après Sophocle, Jean Anouilh reprend le mythe d'Antigone. Fille d'Oedipe et de Jocaste, la jeune Antigone est en révolte contre la loi humaine qui interdit d'enterrer le corps de son frère Polynice. Présentée sous l'Occupation, en 1944, l'Antigone d'Anouilh met en scène l'absolu d'un personnage en révolte face au pouvoir, à l'injustice et à la médiocrité.
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Critiques, Analyses et Avis (416) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 7354 notes
Intéressante, dérangeante et très pertinente cette réécriture de Sophocle avec l'éclairage de cette autre tragédie qu'est la période de guerre et les compromissions qui la gangrènent.
Évidemment, poser Antigone en allégorie de la Résistance et Créon en allégorie du pouvoir veule et asservi de Vichy est tentant pour l'auteur, ou nous autres lecteurs.
Mais si l'on extirpe l'oeuvre de sa gangue historique, si on la lit pour ce qu'elle est aujourd'hui, j'entends par là, si on la lit dans sa lettre et hors de tout contexte, le personnage le plus intéressant et qui nous donne le plus à réfléchir sur nous-même et sur la vie est bien celui du vieux roi Créon.
En effet, lui, sorti des espérances fleuries avec les boutons d'acné, sait qu'une vie d'homme est faite de compromissions et de sacrifices, faite d'apparences et de sauvetage d'apparences.
Antigone apparaît magistralement inadaptée à l'existence, une sorte de caricature, une manière d'enfant gâtée, qui ne sait malheureusement pas bien ce que c'est que la vie, que les choses ne sont jamais simples ni monolithiques.
Pour Antigone, il n'existe que deux engeances, le blanc brillant et le noir opaque. Créon essaye de lui faire sentir, qu'il peut exister des nuances et qu'il nous est toujours difficile de les nommer "gris" et que, dans la sagesse de l'âge nous devrions plutôt les évoquer comme étant " apparemment gris ".
Selon lui, il n'existe pas de différence fondamentale entre le traitre et le héros, si ce n'est l'utilisation politique et réfléchie qu'on peut faire de la mort de tel ou tel. La vérité est enfouie très, très en-dessous des apparences et des discours politiques et bien peu peuvent espérer gratter suffisamment profond pour la découvrir pleinement un jour.
En ce sens, je trouve que si l'auteur veut faire l'apologie de la résistance, en tant qu'idéal auquel chacun devrait avoir envie de se raccrocher, il rate un peu sa cible et fait d'Antigone une caricature, un véhicule kamikaze et non un symbole de la vraie force et de la vraie résistance telle qu'a pu l'incarner le Mahatma Gandhi, par exemple. (Et bien d'autres authentiques résistants qui ne se sont jamais pliés et qui n'ont pas choisi l'expédient facile de la mort pour autant. Dans le domaine littéraire, on pourrait citer, entre autres, le courageux et intrépide Dashiell Hammett, poursuivi lors de la Chasse aux Sorcières, Mikhaïl Boulgakov sous Staline, etc., etc.)
J'ajoute que le tour, parfois légèrement burlesque, qu'imprime Jean Anouilh à sa pièce, peuvent parfois nous évoquer qu'il a écrit plus une parodie de la tragédie de Sophocle qu'une mouture moderne.
Décidément, rien n'est simple, et je suis bien en peine de dire si cette pièce est un chef-d'oeuvre, un habile tour de passe-passe ou un pâle reflet du joyau rutilant dont elle est issue.
La question posée reste la même que chez Sophocle, à savoir celle de l'obéissance aveugle à l'ordre émanant d'une hiérarchie, même si cet ordre va à l'encontre de nos propres convictions. Dit autrement, doit-on exécuter un ordre s'il nous apparaît immoral ?
Chez Sophocle, il y avait une dimension tragique qui remuait les tripes, ici, mes émotions ondulent mollement, comme sous l'action d'une brise légère, alors qu'elles avaient été secouées comme un jour de bourrasque par le vieil antique.
C'est une pièce intelligente, qui nous pousse à réfléchir et à nous positionner, mais scéniquement parlant, mais émotionnellement parlant, ce n'est pas du très grand théâtre à mon goût, d'où mes 4 étoiles et non 5 comme la richesse du propos pourrait m'y inciter.
Cependant, n'oubliez jamais que ce que j'exprime là n'est que mon avis, c'est-à-dire, une once de ressenti brut, autant dire, pas grand-chose.
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Comment reprendre le mythe antique grec, la tragédie de Sophocle, et déstructurer la pièce de manière à se l'approprier et à en faire le symbole de la période dans laquelle vit le dramaturge ? Voilà le pari osé mais ô combien réussi de cet auteur de talent, Jean Anouilh, qui retranscrit cette histoire en lui donnant un côté résolument moderne. Exit le côté divin, Antigone se confronte à la justice des hommes. Elle n'est plus la belle jeune fille que l'on pouvait trouver chez Sophocle. Il n'y a qu'à lire le prologue pour s'en rendre compte :

"Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout... "

Avez-vous remarqué l'écriture très simple, presque familière, tranchant bien évidemment avec la tragédie grecque qui s'exprimait plutôt en ces termes-là :

"Clarté splendide ! La plus belle des lumières qui aient lui sur Thèbe aux sept portes, tu as enfin paru au-dessus des sources Dirkaiennes. Oeil du jour d'or ! Tu as repoussé et contraint de fuir, lâchant les rênes, l'homme au bouclier blanc, sorti tout armé d'Argos, et qui, levé contre notre terre pour la cause douteuse de Polynice, et poussant des cris aigus, s'est abattu ici comme un aigle à l'aile de neige, avec d'innombrables armes et des casques chevelus.! (Première entrée du choeur)".

Anouilh a voulu que cette pièce soit accessible à tous. Il l'ancre dans notre époque, dans notre quotidien. Bien entendu, la date de parution,1944, y joue beaucoup dans le symbole de la jeune fille. Elle deviendra très vite une héroïne qui représentera tous les actes de rébellion visant à sauver sa patrie.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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J'ai du lire ce roman quand j'étais au collège.... c'est maintenant au tour de ma fille. de ce fait, il était logique que je me plonge a nouveau dans cette pièce de théâtre.

J'en gardais un bon souvenir, ce qui est encore le cas aujourd'hui. Par contre ma vision et mon ressentit sont complètement différents.
A 14 ans j'avais complètement pris parti pour Antigone et je détestais et méprisais Créon.
Aujourd'hui, je suis plus tempérée sur le cas de Créon. Il me fait pitié, de ne pas laisser parler son coeur et de se tenir a une décision qui lui fait mal , mais qui le diminuerait politiquement parlant.

Disons que pour être honnête a 14 ans , j'étais une version d'Antigone, ou tout était noir ou blanc. Sans connaître tous les paramètres je montais au créneau et prenais parti fonction de mon coeur.
Aujourd'hui, je serais plutôt Créon ou effectivement la vie n'a pas que deux couleurs.. des nuances se mêlent à ce noir et au blanc , mes décisions et avis sont plus réfléchis. L'expérience de la vie fait que... néanmoins je n'en suis pas au point de prendre une décision immorale pour plaire au plus grand nombre. Je reste encore avec ce fond d'Antigone qui crie a l'injustice parfois et qui dit haut et fort ce que je pense..... et comme Antigone je m'attire parfois des ennuis.

Ce que je trouve vraiment "drôle" c'est ce changement d'opinion face à une oeuvre, qui elle ne change pas.
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« Et voilà. Sans la petite Antigone, c'est vrai, ils auraient tous été bien tranquilles. Mais maintenant, c'est fini. »
Un « « voilà » qui tombe comme un soupir désespéré, comme un couperet ; un « voilà » annonciateur de drames et de grands chagrins. Aussi, quelle emmerdeuse cette Antigone, cette « maigre jeune fille, noiraude et renfermée », cette petite garçonne au regard sombre qui inquiète et envoute ! Un mot, un geste, et la voilà qui bouleverse le bon ordonnancement du monde et des choses. Qu'est ce qui la pousse à toujours vouloir aller plus loin, à refuser de se contenter de ce qu'on lui offre, à dire non, toujours non ? Est-ce le refus obstiné de la médiocrité ? La recherche illusoire, impossible d'une certaine pureté ? Une force qui échappe à la compréhension des responsables, des réfléchis, des raisonnables ?
Face à son destin, Antigone dira non à la face du monde, non au roi Créon, non à la petite vie de femme aimante qu'on lui assigne, non à la foule haineuse, aux gardes veules, à l'homme qui l'aime, à toute sa famille. Elle préférera accepter la mort honteuse plutôt que de céder d'un pouce, contraignant le roi Créon à endosser dans cette histoire le mauvais rôle. Ce n'est pourtant pas un mauvais bougre, ce Créon. C'est un roi besogneux, un tâcheron sans envergure qui « s'emploie à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde ». Il essaiera bien de la raisonner, il la suppliera même d'arrêter ses gamineries, mais face à son intransigeance, à ce feu intérieur qui la consume, il ne pourra rien faire et devra la mener à la mort, acceptant bravement de porter cette « plaie au côté, pendant des siècles ».
Il y eut une multitude « d'Antigone » qui ont traversé l'Histoire avec leurs étendards flamboyants. Des bonnes et des mauvaises « Antigone ». Parmi les bonnes, j'en retiendrai deux : Jeanne d'Arc et De Gaulle ! De Gaulle et son cri du 18 juin 40 lancé dans un immense désert : un non total, viscéral, échappant à toute raison.
La pièce fut jouée à Paris en 1944. Anouilh vint chercher l'Antigone de Sophocle, vieille de deux millénaires, pour magnifier la résistance face à l'occupant. Elle n'eut pas les effets escomptés. Les collabos applaudirent Créon, celui qui dit oui, qui « sue et retrousse ses manches, qui empoigne la vie à pleines mains et s'en met jusqu'aux coudes », tandis que les résistants vénérèrent Antigone et sa soif d'absolue, sa pureté, sa révolte incandescente.
Une pièce bien sombre, abandonnant ses acteurs au doute, à l'échec, aux regrets. Un récit intemporel comme je les aime, celle de l'individu contre l'état, contre un pouvoir arbitraire même s'il prend les traits d'un vieil homme débonnaire.
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Antigone est la fille d'Oedipe et Jocaste. Elle a deux frères Etéocle et Polynice et une soeur Ismène. Elle doit épouser Hémon fils de Créon.
Tout semble se dérouler comme prévu. Elle est un peu surprise qu'Hémon l'ai préférée à Ismène, plus jolie qu'elle.
Ses frères Étéocle et Polynice se sont entre-tués lors de la guerre des Sept Chefs. Leur oncle, Créon, devenu roi de Thèbes, organise des funérailles solennelles pour le premier et refuse que le corps du second soit enseveli et expose son corps à l'air sous la garde des vigiles pour que son ordre soit exécuté comme il l'a exprimé.
Seulement, Antigone refuse la décision de Créon et bravant l'interdit, recouvre de terre le corps de Polynice geste qui ne sera pas sans conséquences puisqu'elle se fait arrêter.

Ce que j'en pense :

C'est en lisant le livre Sorj Chalandon « le quatrième mur » que j'ai eu envie de lire cette pièce de Jean Anouilh.
Je n'ai pas encore lu celle de Sophocle, donc je ne pourrai pas comparer mais ce sera une prochaine lecture car Anouilh m'en a donné l'envie.
Antigone est un personnage intéressant. C'est une rebelle qui refuse d'obéir à Créon. Elle est persuadée d'avoir raison, son frère mérite une sépulture, Créon n'a pas le droit de laisser le corps se décomposer. Elle va défendre son opinion avec entêtement jusqu'au bout. Elle sait ce qui va lui arriver, Créon essaie de la mettre en garde, il lui tend des perches pour qu'elle échappe à son funeste destin mais elle reste inébranlable.
Pour elle le monde est tout noir ou tout blanc et il n'y a pas de place pour les nuances, pour les compromis. Ce n'est pourtant pas faute de lui expliquer qu'on doit réfléchir, que l'entêtement est stérile et que sa décision va faire le malheur de tout le monde car elle entraîne les autres avec elle : Hémon, Ismène.
Créon est têtu aussi, plein d'orgueil comme Antigone : aucun des deux ne veut transiger, mais il a du recul, de la sagesse, et essaie de démontrer qu'entre les extrêmes une autre voie est possible. Il doit jouer son rôle de chef d'état sans se dérober et ne pas céder devant Antigone.
Mourir pour des idées c'est bien mais à condition, qu'il y ait des valeurs à défendre, or Antigone veut que son frère soit enterré pour respecter les traditions, alors qu'en poussant la réflexion, elle ne l'aime pas, et ne le respecte pas. Elle s'oppose pour s'opposer. Je ne veux pas comprendre. C'est bon pour vous. Moi, je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et mourir. P 82
Cette pièce a été jouée pour la première fois en 1944 sous l'Occupation, donc il y a une autre analyse, un parallèle qui se fait. On peut considérer que la rébellion d'Antigone représente la Résistance à l'ennemi, la désobéissance au Maréchal Pétain est symbolisée par la lutte d'Antigone contre les ordres de Créon, la mort sans sépulture, sans respect évoque aussi toutes les personnes mises à mort au nom d'une idéologie.
Par contre, c'est un pâle reflet de la Résistance, qui est une révolte certes mais une révolte qui a un sens, qui est fait au nom d'un idéal, la libération du joug, la rébellion d'Antigone est une révolte d'adolescente effrontée qui pense qu'elle a tous les pouvoirs, et qu'elle a raison contre tous, alors que la Résistance est une lutte d'adulte, réfléchie tournée vers un but altruiste : libérer la nation.
Hémon est un personnage intéressant aussi. Amoureux d'Antigone, il l'admire pour son courage et sa rébellion, il s'oppose à son père à cause d'elle et le dialogue entre les deux hommes est très intéressant car pour devenir un homme il faut désacraliser le père, ce qu'il va faire quoi qu'il lui en coûte.
Ismène est plus raisonnable qu'Antigone, moins fougueuse. Elle essaie de la raisonner. Même le personnage de la nounou est fort, elle sert de mère de substitution, elle est la voix de la raison, de la tempérance.
Anouilh ne met pas Antigone sur un piédestal, rappelons-nous ce que dit le choeur au début de la pièce. « Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde… » P 9
Une pièce très intéressante, où chaque personnage a son importance et qui permet une réflexion sur la volonté, la révolte, l'orgueil et aussi la modération qui vient avec l'âge et l'exercice du pouvoir… Evidemment, c'est une lecture que je vous recommande vivement.
note : 8/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Citations et extraits (471) Voir plus Ajouter une citation
Dans la tragédie on est tranquille. D'abord, on est entre soi. On est tous innocents en somme ! Ce n'est pas parce qu'il y en a un qui tue et l'autre qui est tué. C'est une question de distribution. Et puis, surtout, c'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ; qu'on est pris, qu'on est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu'on n'a plus qu'à crier - pas à gémir, non, pas à se plaindre, - à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire, ce qu'on n'avait jamais dit et qu'on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien, pour se le dire à soi, pour l'apprendre, soi.
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Tu l'apprendras,toi aussi,trop tard, la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. Tu vas me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c'est la consolation dérisoire de vieillir ; la vie, ce n'est peut-être tout de même que le bonheur.
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"
Comprendre... Vous n'avez que ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau, à la belle et fuyante eau froide parce que cela mouille les dalles, à la terre parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille. (Elle achève doucement.) Si je deviens vieille. Pas maintenant. "
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Vous me dégoutez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite ou mourir !
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ANTIGONE

Je ne me moque pas. Cela me rassure ce matin, que tu sois belle. Quand j'étais petite, j'étais si malheureuse, tu te souviens ? Je te barbouillais de terre, je te mettais des vers dans le cou. Une fois, je t'ai attachée à un arbre et je t'ai coupé tes cheveux, tes beaux cheveux… (Elle caresse les cheveux d'Ismène) Comme cela doit être facile de ne pas penser de bêtises avec toutes ces belles mèches lisses et bien ordonnées autour de la tête !


ISMÈNE, soudain.

Pourquoi parles-tu d'autre chose ?


ANTIGONE, doucement, sans cesser de lui caresser les cheveux.

Je ne parle pas d'autre chose…


ISMÈNE

Tu sais, j'ai bien pensé, Antigone.


ANTIGONE

Oui.


ISMÈNE

J'ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle.


ANTIGONE

Oui.
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Vidéo de Jean Anouilh
Le voici, le deuxième épisode de notre série Dans Les Pages avec le grand romancier et journaliste Sorj Chalandon.
Merci à lui d'être venu nous parler de ses livres préférés, de G. Simenon, de F. Aubenas, De W.B. Yeats, d'Anouilh et de J. Vallès.
Tous les livres sont disponibles à la librairie et "l'enragé", le dernier roman de Sorj Chalandon est édité @editionsgrasset7893!
Bon épisode !
Arthur Scanu à la réalisation au montage et à la prise de son et Antoine Daviaud au mastering
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