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EAN : 9782070358045
320 pages
Gallimard (25/10/2012)
3.8/5   25 notes
Résumé :
Dans un château, vers 1900, un bal va servir de cadre au traquenard tendu par Horace, jeune homme cynique et amer, car Diana, dont il est secrètement épris, semble lui préférer Frédéric, son propre frère jumeau. Il décide de convier à la soirée une jeune et gracieuse danseuse de l'Opéra, qui aura pour seule mission de séduire ce dernier et de le détourner de Diana.
L'Invitation au château (1947), pièce noire déguisée en rose, renoue avec la tradition de la co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Frédéric et Horace sont jumeaux et tous les deux amoureux de la même Diana Messerschmann, qui est très riche. Si Frédéric est un amoureux transi, Horace est plus froid et distant, ou plutôt plus coureur. Lady India, cousine des Desmermortes a une liaison avec Patrice Bombelles, le secrétaire de Messerschmann père. Madame Desmermortes a invité tout ce beau monde dans son château. Lady India essaye également de ruiner Messerschmann par la dépense, ce qui s'avère impossible. Horace corrompt Isabelle, une jeune et belle danseuse, pour le bal, afin qu'elle séduise Frédéric. Horace va jusqu'à l'embrasser pour rendre Frédéric jaloux. Il rend Diana jalouse aussi. Elle se bat avec Isabelle et la renvoie. Frédéric en est outré et renonce à elle au profit d'Isabelle. On reçoit des télégrammes sur la ruine de Messerschmann : par conséquent, Lady India l'aime à nouveau et Diana peut aimer Horace. Tout est bien qui finit bien.
Une pièce optimiste, rien à voir avec «Antigone» pour le dénouement. On retrouve les ressorts apparents, la mise en abyme (les personnages disent à la fin que tout doit bien finir). L'effet comique vient du paradoxe sur les valeurs : l'utilisation de la jalousie, l'ironie sur l'argent, considéré comme un fardeau, mais pas sérieusement bien entendu, car dès qu'il est parti, il faut le récupérer, d'ailleurs, on n'a fait que semblant de le perdre.
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« L'Invitation au château » est une pièce de théâtre en cinq actes de Jean Anouilh qui tient du vaudeville ou, comme le dit l'auteur lui-même, de la comédie d'intrigue.

Diana aime Horace qui ne veut pas se dévoiler par orgueil. Elle va donc se fiancer avec son frère jumeau, Frédéric, qui est fou d'elle mais dont elle aime seulement l'image. Mais Horace s'ennuie trop au château pour la laisser faire. Il va inventer une machination sans pitié pour faire tomber les masques et bousculer le bal organisé par sa tante, Mme Desmermortes, une vieille dame riche.

Ce qui est intéressant, ce sont les jeux de miroir entre les jumeaux et les filles qui en sont amoureuses. Horace et Frédéric qui, s'ils se ressemblent physiquement, n'ont rien de commun en caractère, l'un est cynique et vaniteux, l'autre tendre et timide. C'est la même chose pour les deux jeunes filles, Diana et Isabelle, l'une est une enfant gâtée, fille d'un banquier, l'autre douce et sans le sou.
Ce qui peut être également noté c'est le rapport à l'argent avec une confrontation entre riches et pauvres et la critique de la société mondaine. Jean Anouilh montre que l'argent ne fait pas le bonheur et ridiculise les argentés.
Mais ce qui a été reproché à l'auteur c'est d'avoir caricaturé le banquier, père de Diana, en puissant financier juif nommé Messerschmann. A la lecture, cela ne m'a pas vraiment choquée, mais quand on pense que la pièce est sortie en 1947 ça fait un peu moins rire.


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Un fils de (très) "bonne famille", comme on dit, jaloux de son frère jumeau, se met en tête de pourrir un bal donné au château en l'honneur de ce dernier et de sa fiancée. Et, idéalement, d'humilier publiquement la jeune femme.

Pour cela, il y invite une jeune et naïve danseuse de condition modeste et lui demande, sous une fausse identité, de suivre ses instructions qui, il l'espère, feront tomber son frère sous le charme.

Une pièce qui aurait pu tenir du vaudeville à travers les effets de scénario et de scène mais dont l'atmosphère est un savant mélange de comédie et de drame avec, parfois, un flirt avec le tragique.

Le propos est lui-même une satire particulièrement féroce de la grande bourgeoisie et d'une aristocratie sur le retour, la première imbue de sa fulgurante réussite matérielle et la seconde désespérément accrochée à la certitude de sa condition.

Le sujet sert une dénonciation incisive du mépris de classe qui en résulte.
Le tout est une analyse assez approfondie de ce qu'est la vie, l'humanité, de ce qui rend heureux ou non, le rapport à l'argent et aux sentiments, la balance des émotions ou du pratique.

La grande scène de l'acte IV entre Isabelle (la danseuse) et Messerschmann, richissime industriel, est à ce titre remarquable.

Au final, Anouilh fait preuve d'optimisme sur le genre humain en faisant aussi de ce bal une soirée qui révélera chacun à son humanité.
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Deux jumeaux au tempérament diamétralement opposé, des prétendantes pas toujours claires sur celui qu'elles aiment réellement, de l'argent, du pouvoir, et un bal au château. le temps de ce bal, les intrigues se nouent, se dénouent, l'amour sort vainqueur, l'argent perdant, ou peut-être que non finalement… Une pièce à la fois cynique et amusante.
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J'ai eu le plaisir d'interpréter dans un spectacle amateur, le rôle des jumeaux Horace et Frédéric. Autant l'un est dominateur et sur de lui, autant l'autre est timide et sensible. C'est au second que va se fiancer la belle et richissime Diana Messerschmann, qui semble pourtant préférer le premier. Celui-ci invite alors une jeune danseuse à un bal afin que son frère en tombe amoureux… Une comédie légère en apparence, qui prend parfois des airs de vaudeville, mais révèle sa nature complexe au fur et à mesure que se dévoile l'intrigue. En effet, chaque personnage est obligé de se positionner par rapport à une société cynique qui n'apporte de l'importance qu'au pouvoir et à l'argent. Des dialogues ciselés, une certaine finesse, une mécanique implacable, beaucoup d'humour, certaines libertés prises avec les conventions théâtrales et un regard sur le monde finalement assez désabusé. Pas de doute, ce petit bijou ne mérite pas le relatif oubli dans lequel il demeure.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
DIANA
Je ne l'aime pas. J'aime Horace et mon argent le dégoûte. Et je pense qu'il a raison.

ISABELLE
Devenez pauvre.

DIANA
Si vous croyez que c'est facile!

ISABELLE
Je vous assure que je n'ai fait aucun effort.

DIANA
Vous n'avez pas un père comme moi! Vous n'avez pas dix ans de mauvaises habitudes derrière vous. Vous croyez que c'est amusant toutes ces robes? Je ne les aime plus, je ne les vois même plus. C'est comme cela qu'on s'habille voilà tout. Et la saison prochaine ce sera autrement. Ce serait si bon de n'en avoir qu'une et de l'aimer.

ISABELLE
Ce serait bon jusqu'à ce qu'on vous la déchire.

DIANA
Un petit accroc de rien du tout! Et vous aller encore en faire vos beaux soirs. Ah! vous ne savez pas votre chance... Regardez ce tulle comme il est blanc, comme il est léger, comme il est beau. J'essaie de le voir avec vos yeux, avec les miens c'est impossible. Je ne vois plus rien. Cette bague, j'en ai dix autres, je ne la vois plus, ce n'est qu'une bague, je ne sais même plus quand ni pourquoi mon père me l'a donnée. Ce château, il doit être très agréable, mais tous mes amis ont des châteaux, j'en ai aussi, c'est là que nous habitons, ce n'est plus le château, c'est une maison comme les autres. Je sais que c'est très irritant pour les pauvres ce genre de raisonnement, mais essayez de comprendre tout de même - je ne serai plus jamais, plus jamais, quoi que je fasse, « invitée au château » !
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Isabelle regarde Horace.

MADAME DESMERMORTES
Et pas avec ce regard perdu-la. Il n’en vaut pas la peine l'animal. Soyez très impartiale. Vous le trouvez si beau? C'est un assez joli portrait de jeune homme, certes, quand il ne pense à rien.
On se laisserait prendre à ces yeux clairs, à ce nez pur, à cette bouche. Mais que la moindre de ses vilaines petites pensées se coule dedans - tenez, en ce moment nous l'agaçons, il a envie de nous étrangler - et voilà que l'image se déforme. Regardez bien. C'est imperceptible mais c'est effrayant. Le nez se pince, un petit pli rageur tire la bouche, les yeux se mettent en vrille, et ce menton! Est-ce qu'on ne dirait pas tout à coup une très jolie vieille dame méchante?
On n'est jamais si beau que cela, mademoiselle, quand on n'est pas très humain en même temps.
Ce n'est pas tout d'avoir de jolis yeux, il faut qu'une petite lampe s'allume derrière. C'est cette petite lueur qui fait la vraie beauté.
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LA MÈRE
Oh toi, bien sûr! Toujours terre à terre! Le beau rêve brise, tu repars. Tu es une insensible.
Il ne t'aimait donc pas et moi qui avais cru?
Pourquoi, pourquoi t'aurait-il fait venir ici ce soir, s'il n'avait pas été amoureux de toi ?

ISABELLE
Pour s'amuser ?

LA MÈRE
Non. Non. Tu ne m'ôteras pas de l'idée qu'il y avait autre chose et que c'est toi qui n'as pas su manœuvrer. Tu veux que je te parle franchement? Tu es trop fière, ma petite. Jolie comme tu es, tu as ta chance, il ne faut pas la faire attendre trop. Les hommes vous supplient, on se croit la plus forte, et c'est vrai, pendant tout le temps qu'ils vous désirent, on peut tout. Leur argent, leur honneur, leur famille, tout leur paraît vain. Mais si on laisse passer le bon moment, si on les laisse penser une seule fois, pendant une toute petite minute, qu'après tout ils pourraient vivre sans vous, c'est fini ma belle! Ils se retrouvent tout d'un coup avec leurs millions, leurs bonnes vies, tranquilles et toutes les autres jolies filles du monde, pour beaucoup moins cher, à leur disposition. Et il y en a tu sais ! Autant que des fourmis dans tous les recoins des villes, ouvrant des yeux comme des soucoupes devant les jolis magasins, reniflant les bons parfums au passage sur les vraies femmes riches, dressées sur leurs hauts talons, d'une arrogance, d'un chic suprême, avec une seule robe propre sur le dos et prêtes à se coucher tout de suite si un monsieur riche veut bien leur enlever, enfin, l'horrible poids de leur envie. Et si tu leur vois l'air traqué comme cela, c'est qu'il faut faire vite, ma petite. Cela vieillit tu sais, d'être une jolie fille sans un sou.
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Il faut tout de même bien qu'il tienne ses promesses, sans quoi les justes, comme vous, qui ont tout misé là-dessus, seraient volés comme dans un bois.
(Mme DESMERMORTES)
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HORACE
Ce qui prouve que les riches n'y ont jamais trop cru au coup de la restitution céleste, c'est qu'ils ne donnent toujours aux pauvres que des pièces de dix sous et des ragoûts de bas morceaux. S'ils étaient certains du système, croyez bien qu'ils leur feraient de solides rentes et qu'ils leur combineraient des petits menus soignés tout à fait comme pour eux.

MADAME DESMERMORTES
Bien sûr, mon petit, mais que veux-tu? C'est comme à ces tombolas où il y a trop de numéros et où on prend seulement une petite chance, sans trop y croire, pour ne pas désobliger les organisateurs.
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Vidéo de Jean Anouilh
Le voici, le deuxième épisode de notre série Dans Les Pages avec le grand romancier et journaliste Sorj Chalandon.
Merci à lui d'être venu nous parler de ses livres préférés, de G. Simenon, de F. Aubenas, De W.B. Yeats, d'Anouilh et de J. Vallès.
Tous les livres sont disponibles à la librairie et "l'enragé", le dernier roman de Sorj Chalandon est édité @editionsgrasset7893!
Bon épisode !
Arthur Scanu à la réalisation au montage et à la prise de son et Antoine Daviaud au mastering
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