Un fils de (très) "bonne famille", comme on dit, jaloux de son frère jumeau, se met en tête de pourrir un bal donné au château en l'honneur de ce dernier et de sa fiancée. Et, idéalement, d'humilier publiquement la jeune femme.
Pour cela, il y invite une jeune et naïve danseuse de condition modeste et lui demande, sous une fausse identité, de suivre ses instructions qui, il l'espère, feront tomber son frère sous le charme.
Une pièce qui aurait pu tenir du vaudeville à travers les effets de scénario et de scène mais dont l'atmosphère est un savant mélange de comédie et de drame avec, parfois, un flirt avec le tragique.
Le propos est lui-même une satire particulièrement féroce de la grande bourgeoisie et d'une aristocratie sur le retour, la première imbue de sa fulgurante réussite matérielle et la seconde désespérément accrochée à la certitude de sa condition.
Le sujet sert une dénonciation incisive du mépris de classe qui en résulte.
Le tout est une analyse assez approfondie de ce qu'est la vie, l'humanité, de ce qui rend heureux ou non, le rapport à l'argent et aux sentiments, la balance des émotions ou du pratique.
La grande scène de l'acte IV entre Isabelle (la danseuse) et Messerschmann, richissime industriel, est à ce titre remarquable.
Au final,
Anouilh fait preuve d'optimisme sur le genre humain en faisant aussi de ce bal une soirée qui révélera chacun à son humanité.