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EAN : 9782070178018
240 pages
Verticales (07/01/2016)
3.74/5   21 notes
Résumé :
«Je regarde ce clochard étalé au centre de la pièce. Son sommeil lui donne un air de bâton. J'ai l'impression qu'il se changerait en poussière si je le fixais trop longtemps. Le soleil et la terreur ont dû le momifier. Tout son être pue à des kilomètres à la ronde ou peut-être est-ce l'odeur même des kilomètres quand on les prend de face. L'odeur de la fuite, l'odeur de l'épuisement. Le peu qu'il m'a raconté de son histoire ressemble à un jeu de cache-cache avec le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Sur fond d'amour désespérément platonique de la part du beau clodo qu'elle a hébergé, Melitza, raconte sans tabou et d'une jolie écriture, la barbarie des flics de Guadalajara et la fuite vers Oaxaca au gouverneur fasciste.

Mais c'est également un bel hommage à un adorable père un peu bobo et au Mexique, ses coutumes et son peuple opprimé.
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Bien belle surprise de littérature belge que ce livre. Il s'agit du premier ouvrage de l'auteur, originaire de Namur, parti vivre au Mexique. C'et dans ce pays qu'il va situer son roman.

Le père d'une jeune fille femme nous offre les trois carnets qu'elle a écrits durant sa fuite en compagnie de son père et de l'énigmatique jeune homme Evo. Vous découvrirez, si vous lisez le livre, le motif de cette fuite, bien que certains commentaires dévoilent malheureusement l'intrigue.

Le style est nerveux, coloré et plaisant jusqu'au bout. Une belle réussite pour un premier roman.
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Danse de la vie brève est un récit sous la forme de carnets intimes d'une jeune fille de 23 ans, Melitza, commentés par son père, après la mort de celle-ci. le récit débute quand, un soir de janvier 2006, Melitza rencontre, dans le bar où elle travaille, un huichol (indigène aztèque du Mexique) aux yeux « trop bleus ». Il est sale et malodorant, mais elle lui propose néanmoins de venir passer la nuit chez elle. Oui, c'est la première et principale invraisemblance du récit, mais après tout, on découvrira vite que Melitza a été éduquée dans le respect de ses désirs plutôt que dans celui de la raison prudente. Il ne se passe néanmoins rien entre eux, et le lendemain, la vie de Melitza tourne au cauchemar car, lors d'une promenade vespérale avec son père et son nouvel ami, elle est victime de la violence de policiers mexicains. Sauvée par le bel Evo (c'est le prénom de l'indigène) qui tue ses bourreaux, ils doivent alors fuir tous les trois. D'abord au bord de la mer, puis à Oaxaca, où ils arrivent en pleine révolte insurrectionnelle. Durant cette cavale, Melitza tombe amoureuse de l'aztèque adorateur de cactus hallucinogènes qui semble pour sa part ne pas éprouver de désir charnel à son égard, au grand désarroi de l'héroïne.
Ce résumé peut donner l'idée d'un roman à l'eau de rose, mais pas du tout. Hubert Antoine aborde par ce récit la réalité mexicaine, violente, multiraciale et multiculturelle, et nous plonge dans une atmosphère très particulière, parfois très vaporeuse, entre la consommation d'alcool et de substances hallucinogènes, et parfois très intellectuelle, quand il s'agit de libérer le Mexique de ses démons. Un premier roman bien écrit et émouvant.
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L'auteur
Antoine Hubert est un auteur wallon (Namur). Il aime beaucoup le Mexique. le livre porte sur la beauté du pays, mais aussi sur les abus. Ils sont encore pires que ce que je imaginais.
Pourtant, il ne faut pas oublier que malgré tout ce qui va très mal au Mexique, Antoine Hubert continue de choisir d'y vivre. Il vit à Guadalajara, où se déroule une partie de l'histoire, au pied du volcan Tequila. Il a reçu le prix Rossel pour son premier roman "Danse de la vie brève".


Histoire
Dans son journal intime, une jeune femme (Melitza, 23 ans) raconte ses expériences, ses sentiments et ses réflexions qu'elle vit depuis environ un an, en compagnie de son père, et d'un personnage mystérieux, probablement chaman, ou du moins issu de cet environnement. Les entrées du journal intime ont été publiées et annotées par son père. Pendant la période qu'elle écrit ce journal, Melitza raconte ce qui lui est arrivé et pourquoi ils ont dû s'enfuir par la suite. Ils se retrouvent dans un endroit paradisiaque. Mais plus tard, ils se retrouveront dans une grande révolute insurrectionnelle qui a lieu à Oaxaca.


Style
L'auteur se met à la place d'une jeune femme, et sait parfaitement saisir ce ton. Même lorsqu'il laisse le père écrire, cela ressemble exactement au style d'un père de fille. le ton est poétique, un peu philosophique, parfois avec de très belles pensées philosophiques.
L'auteur a bien fait de faire connaître toutes les facettes du Mexique au lecteur. le livre débute par l'horreur, qui est suivie d'une longue période dans une nature merveilleuse, où l'on peut lire sur la beauté du Mexique, puis, retour à l'horreur...
Mais même dans les pages horribles, on remarque que l'auteur aime beaucoup le Mexique. Comme le livre est écrit par un Namurois qui vit au Mexique. l'auteur sait très bien ce que nous connaissons et ne connaissons pas de ce pays.

Et le père donne sa fille Melitza une éducation libre : elle apprendra à connaître la vie tout en la vivant. C'est ce que fait Melitza, elle nous en parle et nous apprenons ensemble.


Sage mais naïf
Le père de Meltiza est philosophe et lui, ainsi que sa fille, ont une vision tendre et humaine du monde et de l'autre, mais en même temps de nombreuses réflexions profondes - celles-ci ne submergent pas le lecteur, elles ne surgissent qu'occasionnellement.
Mais j'ai aussi constaté que la philosophie devient parfois de la naïveté. le Mexique, pays de la drogue et des chamans, a produit de nombreuses recherches sur le cerveau qui étaient intéressantes. Mais cela ne signifie pas que "chaman" est automatiquement synonyme de "bon" et de "grande sagesse". Ici et là, je sens que l'auteur est un peu plus enclin (ou juste désireux ?) que moi à la foi, bien que de façon très modérée. Il semble aussi être partisan d'une éducation libre. Pour cette histoire, cela donne un beau résultat : le lecteur peut apprendre avec Melitza. Mais dans la vie réelle, une éductation libre ne donne que des enfants difficiles...


Le Mexique, waw !
L'histoire nous fournit une description du Mexique merveilleusement beau, de la nature, mais aussi des Indiens, des chamans, des traditions.


Mexique la république bananière
Cela contraste fortement avec l'autre facette qui nous est présentée : le république bananière qu'est le Mexique. Les cartels de la drogue, et les cartels de la police, la cruauté dans les deux (je savais que c'était mauvais, mais je ne savais pas que c'était si mauvais), les mauvais soins médicaux, le soulèvement populaire (qui ne mène à aucun changement) dans lequel les gens ont des idéaux, mais que les autres utilisent pour se venger et tuer qui ils veulent dans la confusion... Les lynchages du peuple.
À la fin du livre, vous savez que vous ne pouvez faire confiance à personne : ni aux criminels, ni à la police, ni à la politique, ni aux idéalistes, ni aux révolutionnaires, ni au "peuple", et même le chaman a un rôle douteux.
Il y a encore la belle nature, dont nous savons qu'elle est détruite par ceux qui détiennent le pouvoir et l'économie.


Ce livre est dédié aux journalistes
Les journalistes sont assassinés tout le temps au Mexique. Ce livre est dédié à un journaliste qui voulait filmer le soulèvement populaire d'Oaxaca, mais qui a été assassiné pendant le tournage.

Actualisation
N'oublions pas que depuis que le livre a été écrit, la situation a déterioré encore au Mexique : d'abord le coup dur des sanctions économiques établies par Trump.
Et maintenant en plus, le coronavirus qui sévit fortement.
Décidément, cela ne semble jamais s'arrêter pour ce pays tellement beau.
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J'ai hésité. Trois étoiles, quatre ? Trois et demi sans doute. Ou alors quatre pour la poésie, trois pour tout le reste. Un livre un peu compliqué à noter, pour moi.

Je ne m'attendais pas à ce livre. Nulle part il n'est précisé le point de départ de la cavale, tournant du livre pourtant : 4 policiers violent Melitza, et l'homme (Evo) rencontré depuis peu, va les tuer. Leur fuite (avec le père de Melitza, présent lors du drame) se pose là, dans ce décor de violence et de douleur. Melitza se reconstruit dans le silence de ses carnets (que nous lisons), comme elle peut, à travers une existence devenue contemplative : elle est dans le mouvement des vagues. Sur un autre fond de violence, la ville (Oaxaca) qui les accueille est en pleine révolte, les armes sont prises contre le gouvernement : la révolution éclate et avec elle ses bavures. A partir de cet instant là, nous assistons davantage à la vie au Mexique, son insurrection, la répression policière, violente et belle de désir de liberté et de respect. Nous ne faisons plus qu 'apercevoir Evo (une vague présence), ce que je regrette. Dans son respect du corps de Melitza et dans son désir de prendre le temps avec elle (sans jamais communiquer malheureusement), c'est un personnage magnifique et envoûtant. Il tente de lui faire prendre conscience de l'attente des sens, qu'elle-même ai récupéré la reconnaissance de ce corps qu'elle habite. Cette femme libre d'entrave se reconstruit en attendant que l'homme qu'elle aime la regarde, sans comprendre pourquoi il ne la touche pas...

Un très beau livre, une poésie touchante, dans un pays que ne connais qu'assez peu et que j'ai aimé découvrir malgré cette terrible violence qui le secoue. J'aurais juste aimé lire davantage encore de ce lien particulier qui unissait les deux protagonistes.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En face de moi, les nuages déchirent leurs barbes lentement. Le sable si blanc cet après-midi devient café au lait. Une immense tache mauve avale le ciel bleu clair avec douceur. Cette blessure éthérée est un incendie qui m’intime de rentrer dans le sujet. La mer apporte le calme nécessaire à l’ouverture de souvenirs que je voudrais n’avoir jamais vécus. Le soir tombe sur la plage, la nuit envahit ma page.
Il y a quinze jours déjà. Il y a quinze jours seulement…

[J’ai toujours prétendu qu’il vaut mieux fixer ce que l’on veut oublier, afin de ne pas laisser de morceaux dans le cerveau qui risquent de provoquer des associations dangereuses. Recomposer patiemment le puzzle, le ranger dans sa boîte puis l’enfermer au fond de l’armoire à poussières, c’est là une manière de progresser.
Il n’y a pas de consolation à ce que vécut Melitza cette nuit-là. Quand l’horreur vous tombe dessus, aucune méhtode n’explique comment s’en sortir. Ce ne sont pas les paroles qui apaisent les cris à l’intérieur de la tête. Face à cette barbarie, je me sentais complètement désarmé. (…) C’est plutôt par impuissance qui je lui conseillé d’écrire.]
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J’ai plus ou moins compris que sur les deux jours de marche, il n’avait mangé qu’un vautour qui avait peut-être lui-même dévoré les restes d’une famille assassinée par des narcos, ce qui rendrait mon dormeur un peu cannibale et non moins attractif.
[I lest peu probable que cela soit vrai, les vautours ne sont pas comestibles. La chair de ce charognard à crâne chauve et socquettes blanches est dangereuse pour l’homme. Melitza avait peut-être mal entendu ou, ce qui semble plus plausible, en proie à une certaine excitation, elle s’est laissée aller à une peinture romanesque du héros du jour…]
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De manière assez surprenante, le vagabond recueilli dort toujours, le visage nettement moins crispé qu’hier. Une sérénité d’énfant. On devine même la naissance d’un sourire dans la tranquillité des joues et la détente du menton. Il ne me passerait pas par la tête de le réveiller.
Chela (le chat, note de Malavella) a eu plus de chance que moi. En quête de chaleur, elle a dormi sur le ventre de mon invité tandis que moi j’ai dormi seule.
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Papa n’est pas retourné chez lui parce que l’uniforme de son boulot avait dû fournir aux enquêteus l’adresse de l’entreprise et, de là, la sienne. Nous ne sommes pas en sécurité dans mon appartement non plus. On doit déguerpir au plus vite, sans rien planifier.
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On ne se reconstruit pas dans l'effacement.
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