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Critique de brigittelascombe


Appolinaire, poète à l'immense talent du XX° siècle, après avoir publié(entre autres) le recueil "Alcools" à l'envoutement subtil, en 1913, a écrit ses "Poèmes à Lou" qui relate sa correspondance avec Louise de Coligny Chatillon entre octobre 1914 et septembre 1915. Calligrammes à l'aventureuse esthétique, verra le jour en 1918.
André Breton disait de lui qu'il était un maître de la génération nouvelle. Je rajouterais: intemporel, il nous transporte aux portes du rêve et de visions chères aux surréalistes.
Deux recueils en un.
"Il y a", textes au charme acide des citrons verts, à la séduction insolite,aux tournures quelque peu baroques et audacieuses et "Poèmes à Lou" passionné, mon préféré sur lequel je m'attarderai.
Amour fou.
Lou ma rose, pt'it Lou, mon adorable jardinière,chère chère bien aimée,jolie bizarre enfant chérie, si belle Colombelle, Lou Démone enfant, mon coeur, mon adorée... que d'appellations! Que de dévotion!
Une passion empreinte de désir que je rapprocherai de celle de Louis Blériot pour Nora dans "La vie est brêve, le désir sans fin " de Patrick Lapeyre, car nous retrouvons un homme éperdu de désir face à la femme enfant qui tour à tour se dérobe, se prête, se détache, se laisse ..désirer.
Mais en plus c'est du vrai! de la passion pure.
Fascinante, puérile,frivole, avec ses grands beaux yeux de biche,Louise Chatillon Coligny sait jouer de son charme lorsqu'Appolinaire la rencontre en septembre 1914.Elle le provoque, spirituelle, impétueuse.
Insaisissable, elle se dérobe, lui échappe. Il part à Nimes et rejoint le 38° régiment d'artillerie en décembre. Elle le rejoint, mutine, langoureuse. Se donne, l'affole. Repart. le revoit quelques fois. Et s'en suit cette correspondance.
Elle le traite de "Toutou", qu'importe, il est à ses pieds.Spontané, vrai, il espère.
Journal dans lequel il se raconte.
"Je fume un cigare à Tarascon en humant un café".
Passion déchainée à l'érotisme violent:
"Ô mon unique amour et ma tendre folie";
"Si tu te couches Douceur tu deviens mon orgie"
Il chante la joie et la douleur des corps, l'attente et la souffrance:
"De toi depuis longtemps je n'ai pas de nouvelles"
"Chaque heure infiniment augmente sa souffrance"
Il connait cette souffrance et le prix de l'attente.
"Car ô ma chevelure de feu tu es la torche
Qui m'éclaire ce monde et flamme tu es ma force."
"Je rêve de t'avoir nuit et jour dans mes bras
Je respire ton âme à l'odeur des lilas".

Quelle femme n'a rêvé d'être l'objet de tels débordements?
Appolinaire émeut et touche de ses vers sublimes et également lorsqu'il entremèle ses poèmes enflammés de calligrammes( poèmes dont la topographie a la forme d'un dessin, tour à tour croix,fleur, tête au chapeau..) à la réelle portée esthétique comme de petits tableaux offerts à l'aimée.
Un beau portrait d'homme tendre et amoureux s'élève alors!
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