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EAN : 9781091447202
Ring (16/05/2014)
3/5   12 notes
Résumé :
"Personne ne s'intéresse à ce village.Il suffirait que l'un de nous perde les pédales pour que ça change." À Saint-Amand-La-Givray, il n'y a rien à faire. Et rien à espérer. Surtout quand on est un gosse de vingt-cinq ans et qu'on a un rêve. Celui d'Otis est de devenir tatoueur. Jusque là, il s'exerce sur les chiens et les chats du village, et n'a d'yeux que pour Ella, Lolita paumée et vénéneuse dont tous les mâles des environs convoitent les formes. Entre Ella et O... >Voir plus
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Puzzle par Thilliez

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Vertige

Franck Thilliez

4.10★ (10810)

Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Saint-Amand-la-Givray, 3000 habitants; aucun rêve en perspective, quelle que soit la direction que vous prenez, quelque soit la perspective finalement... Saint-Amand, ce n'est pas la destination que vous choisirez en premier pour vous amuser, passer du bon temps ou faire des activités quelconques. Dans cette contrée, vous serez retiré du monde, au presque. Cet environnement, justement, va jouer un grand rôle dans cette histoire étouffante, qui se déroule dans une atmosphère relativement disgracieuse. Un grand rôle? Oui, justement, cet environnement va prendre une place de choix et jouer le rôle d'un personnage à lui tout seul.

Cette localité n'a pour ainsi dire aucun attrait, sauf peut-être si vous avez l'intention de vous faire tatouer et que vous habitez la région; sinon, vous irez forcément voir ailleurs.

Otis, jeune homme de la région, est tatoueur dans cette petite ville. C'est dans une remise jouxtant le bar de sa mère, "L'Indiana", qu'il élira domicile pour ses activités. Otis est issu d'un père qui s'est fait la malle juste après sa naissance et d'une mère possessive, envahissante, pourvu d'un langage qui déstabiliserait un vieux viking ou un marin hydraté au whisky. Otis a aussi une petite soeur qui ne manquera pas la première occasion de se faire engrosser.

Bref, une famille standard non? Et c'est là que c'est intéressant, car nous serons face à des gens représentant monsieur et madame tout-le-monde, qui devront se dépatouiller en cette qualité... La force du thriller est bien là; des personnes comme nous - plus facile pour s'y identifier -, dans un univers et des situations pas vraiment sympathiques, c'est vrai

Ce récit nous est transmis par la bouche d'Otis en personne. le style est particulier, franchement original, d'un froid clinique - nous sommes tout de même en montagne! -; ça passe plutôt bien. le langage est brut de coffrage, mordant et percutant; le texte est écrit au scalpel, on devinerait presque les pages déchirées s'envoler, l'auteur n'ayant pas eu d'autre choix que de les lancer en l'air et de les remplacer durant l'écriture de son manuscrit. Une écriture nerveuse et exaltée. L'interaction entre les personnages est aussi brute que l'écriture; on ne s'envoie pas des fleurs, loin de là.

L'écriture reflète bien des subtilités, rusée; Alexandra Appers maîtrise les tournures de phrases avec une grande perspicacité. Les dialogues sont surprenants, encore une fois subtiles, très noirs souvent, un régal. C'est loin d'être de la poésie, croyez-moi, quoi que... Mais alors une poésie sèche et spontanée, remplie de noirceur, de haine, mais aussi d'amour, un amour animal, instinctif, à l'état brut, mais excessif. Je pense ici à la mère d'Otis, aussi sensible qu'un buffle en rut, mais avec des attentes énormes venant du plus profond de ses entrailles. C'est vulgaire sans vraiment l'être, franchement j'ai totalement adhéré!

Le tatouage est au coeur du récit, ou plutôt dans le coeur d'Otis, voir dans les tripes. Pas un centimètre de peau ne lui échappe, voir autant de supports naturels déambuler à proximité de son centre d'action lui font rêver, afin d'un apposer son art, sa marque de fabrique, soit une signature; mais pas la sienne, celles de chacun de ses clients.

Tatouer va vite devenir une compulsion, un besoin, une nécessité. Après s'être bien entraîné sur tout ce qui bouge, ou presque, chiens, chats, et même son pote un peu attardé, il va rapidement aligner les clients, des types et des nanas pas trop regardant sur la forme, mais plutôt sur le fond, si je puis dire.

L'auteur insère dans ce récit un petit côté surnaturel, juste ce qu'il faut, très fin, un peu à la Stephen King, si j'ose cette petite comparaison. Je ne vous en dis pas plus, évidemment.

Mais voilà, quelques jalousies et frustrations, tout cela noyé dans l'alcool, seront le point de non-retour. Les jeux sont faits; un bête accident sera l'élément déclencheur d'une belle emmerde, une situation peu enviable. Pas une escalade, mais plutôt un état stationnaire au plus bas de l'échelle qui mène au bonheur et à la sérénité! Un violent retour d'ascenseur pour Otis - facile je sais... - qui a, il faut le dire, bien provoqué la chose. Mais Alexandra Appers ne va pas s'arrêter là, c'est certain.

Un secret de famille bien empoisonné va naître dès cet instant; il s'agira dès lors d'être bien coordonné, autant moralement que stratégiquement, pour pouvoir continuer à vivre plus ou moins normalement. Car la normalité et la monotonie sont bel et bien une marque de fabrique dans ce coin du cul du monde.

Pas facile pour ce gamin qui va crever sous le poids de l'amertume, mais qui pourra tout de même compter sur une mère prête à tout pour le couvrir, dans tous les sens du terme.

L'auteur nous démontre jusqu'où peut aller une mère pour son fils. Cependant, nous sommes face à une mère qui a passé à l'acte, un acte intolérable, à la limite de la folie. Ce récit, qui nous surprend énormément par son aboutissement, nous laisse pantois, interdits et relativement interrogatifs face à cet égoïsme poussé jusqu'à son paroxysme, à la limite du dégoût. Quel bluff et quelle dureté!

Alexandra Appers fait naître dans cette histoire un sentiment très particulier qui est un énorme paradoxe à lui tout seul, mais qui n'est, après réflexion, absolument pas acceptable et supportable. Je vous laisserai le soin de vous faire votre propre petite idée sur la question.

L'auteur nous laisse aussi quelques notes de musique, plutôt rock dans l'ensemble, que nous apprécions d'écouter, d'imaginer, tout au long de ce récit déstabilisant. Ces quelques notions musicales démontrent clairement l'importance que donne l'auteur pour cet art qui passe tellement bien lorsque nous avançons dans une histoire comme celle-ci.

Un dernier point. L'endroit où se joue les actes de ce huis-clos est tout un paradoxe en lui-même; sensation d'étouffement, de suffocation, on se croirait plutôt dans une contré retiré d'une Amérique profonde, très profonde, sous la chaleur et l'oppression, alors que nous sommes en fait en montagne, lieu qui devrait plutôt dégager de l'air pur et procurer une sensation de liberté! Nous sommes en montagne, on l'oublierait presque, sauf peut-être lorsque la neige fait son apparition pour recouvrir, le temps d'un instant, ce paysage où déambulent une mère et un fils unis par un lien très préoccupant.

Bonne lecture.
Lien : http://passion-romans.over-b..
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Un mort de trop est un premier roman, mais ne vous y trompez pas, c'est un premier roman extraordinaire. Il nous plonge dans le monde des tatoueurs, ou du moins nous montre un garçon qui, un jour, se rêve tatoueur dans un petit village français paumé sur la carte.

A Saint Amand La Givray, il n'y a rien à faire. On se fait chier. Otis est un jeune garçon, flanqué de son ami de toujours Marvin, un peu demeuré. Il vit chez sa mère, Nina depuis que son père est parti. D'ailleurs, il ne l'a jamais connu. Sa mère tient un bar, L'Indiana, où tous les paumés du coin viennent noyer leur ennui dans l'alcool. Otis a une soeur aussi, Patti, enceinte jusqu'au cou d'un loubard du coin, et si elle veut garder le bébé, il n'est pas sur que le père reste …

Otis a un rêve de grandeur dans ce paysage si petit qu'il tiendrait dans une bouteille. Il veut devenir tatoueur. Il est doué pour faire des dessins, et à l'idée de reproduire cela sur une peau humaine devient son obsession. Alors il décide avec son pote Marvin de s'entrainer … sur les animaux du voisinage. Que ce soient des chats ou des chiens, il les endort puis les rase et enfin leur fait des tatouages magnifiques. Jusqu'au jour où un des propriétaires s'en aperçoit alors que son chien devait concourir pour un concours de beauté.

Alors, Marvin accepte de se faire tatouer, puis en fait de la publicité. Et tout le monde du coin débarque chez la mère d'Otis pour se faire tatouer. Si sa réputation ne dépasse pas le département, il a quand même droit à un sujet sur la télé locale. Un soir de beuverie, un homme ivre l'énerve, et dans un geste brusque, il bouscule sa petite amie, l'amour de toujours, Ella, qui part à la renverse et se fracasse la tête. Quand il se réveille, il ne se souvient plus des détails mais doit vivre avec un corps enterré dans la cave par sa mère.

Pour un premier roman, pour un coup d'essai, c'est un sacré coup. Alexandra Appers doit être le genre de femme à avoir des couilles (excusez moi l'expression). Car quoi de plus ennuyeux que la vie dans un petit village paumé dans lequel il ne se passe rien. Eh bien, croyez-moi, ce roman psychologique est passionnant. D'ailleurs, ne vous arrêtez pas à ce qui est écrit sur la couverture, ce n'est absolument un thriller mais un vrai roman psychologique.

Le principe du roman, c'est de faire la narration à la place de Otis, un jeune sans grand avenir et qui vit avec une certaine rage. de l'extérieur, c'est un jeune qui ne montre aucune émotion, mais qui laisse transparaitre une rage froide. C'est peut-être la seule mise en garde que je peux faire à ce roman : il faut rentrer dedans, se mettre à la place d'Otis, se laisser entrainer par ses mots froids, ses phrases froides, son style chirurgical qui ne laisse rien transparaitre.

Otis est un jeune qui rêve, qui se rêve le meilleur tatoueur que la Terre ait portée. de ces dessins sur des bouts de peau, malgré qu'ils soient l'image de la personnalité de ses clients, il arrive à sortir de son cauchemar quotidien, de son enfermement. Et c'est redoutablement bien vu de montrer ce jeune homme qui a peur à chaque fois qu'il doit tatouer quelqu'un. Et puis survint ce drame, cette mort involontaire de la seule personne qui aurait pu le sortir de lui-même, de sa prison.

Dès la deuxième partie, le ton change. Si Otis ne se rappelle que difficilement ce qui s'est passé, sa mère prend une place prépondérante dans l'histoire. On voit apparaitre son vrai visage de dominatrice, de mère castratrice. Des pans du passé viennent faire leur apparition, on se demande pourquoi elle a élevé seule ses enfants. La personnalité de Otis évolue aussi avec plus de rage, plus de frustration, et même si le style est toujours aussi froid, la tension monte, monte …

La troisième partie voit apparaitre la grand-mère, ce qui ne peut que dégrader la situation, jusqu'au bouquet final qui est plus subtil qu'il n'y parait. Si on ajoute à cela des titres de chapitres qui font appel à ce qui se fait de mieux en terme de rock ou de blues, je peux vous dire que ce roman là, il vous faut le lire absolument, pour peu que vous appréciiez les romans stylisés.
Lien : https://blacknovel1.wordpres..
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Alors là, je ne comprends pas pourquoi ce livre me tombe des mains, pourquoi je ne réussis pas à m'intéresser à l'histoire d'Otis. Tout est là pour me plaire et en premier lieu la langue d'Alexandra Appers, enfin quand je dis sa langue, comprenez sa manière d'écrire évidemment et non point son "corps charnu, allongé, mobile, situé dans [sa] cavité buccale et qui est un des organes principaux de la parole" (merci Larousse). Des personnages totalement perdus et barrées, avec des prénoms de soulmen (women) états-uniens : Otis, Marvin, Ray, Patti, Aretha, Ella, qui font venir des airs dans la tête, un village où rien ne peut être caché bien longtemps. "Personne ne s'intéresse à Saint-Amand-La-Givray". (p. 11), ainsi débute le roman. Des dialogues bien torchés, des réparties vives, drôles, cinglantes. Eh bien malgré tout cela, il y a un truc qui ne fonctionne pas avec moi, je ne sais pas quoi et j'en suis d'autant plus marri que franchement, encore une fois, tout était là pour que ça marche ! Tant pis, désolé M. Ring et désolé Alexandra Appers !
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Un bon thriller qui met en scène un tatoueur en herbe dans un village perdu ,le langage argotique est plein d'humour.
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Saint-Amand-la-Givray. Otis rêve de devenir tatoueur et n'a d'yeux que pour Ella, une lolita très convoitée. Sa mère, très protectrice, est la patronne de l'Indiana, un bar local. Un soir, Otis boit plus que de raison : des bagarres, des cris, et Ella chute. Sa mère décide de cacher l'accident et place le corps de la défunte dans la cave du bar.
Un putain de choc. L'auteur, parait-il, se nourrit de littérature anglo-saxonne, de rock et de cinéma. Et, elle a du drôlement digérer les choses, car sa prose les restitue avec brio. Humour noir et atrocités se marient parfaitement sous sa plume. Chaque chapitre porte un titre de chanson, ce qui donne le ton voire le rythme du roman. Ainsi... Alexandra Appers dissèque les relations mère- fils avec un détachement et un recul qui font froid dans le dos. Une écriture aride, sèche voire abrupte renforce l'austérité des relations de cette cellule familiale sous tension qui ne peut que se dissoudre dans une tragédie programmée.  A découvrir de tout urgence.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Personne ne s'intéresse à Saint-Amand-La-Givray. (p. 11)
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