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Critique de Parthenia


L'Âne d'or, récit de onze livres, constitue l'ancêtre du roman picaresque. C'est également un témoignage sur l'intérêt de l'époque pour tout ce qui touche au mystique et au merveilleux ainsi qu'un témoignage sur les activités des classes inférieures.
De plus, sur l'histoire principale, racontée par Lucius lui-même, viennent se greffer une foule d'autres récits, plus ou moins longs, rapportés par les protagonistes que Lucius rencontre au cours de ses péripéties (l'histoire de Socrate, l'histoire de Thelyphron, le conte de Cupidon et Psyché, l'histoire de la cuve, l'histoire du mari jaloux, l'histoire de la femme du foulon, l'histoire de la marâtre empoisonneuse, l'histoire de la femme condamnée aux bêtes)...

L'intrigue tourne autour de la curiosité de Lucius et de sa fascination pour la magie.
Cette curiosité se manifeste dès les premières pages quand Lucius supplie un marchand rencontré sur le chemin d'Hypata, ville de Thessalie, réputée pour sa magie et ses magiciennes, de reprendre pour lui l'histoire qu'il était en train de raconter à son compagnon de voyage dubitatif. Cette histoire est celle de Socrate, qui est victime des maléfices de Méroe, une sorcière ayant l'habitude de transformer en animaux ceux qui ont le malheur de lui déplaire, et qui inflige à cet amant qui la délaisse une mort en deux temps. Cette histoire est un premier avertissement à l'encontre de Lucius pour le mettre en garde contre les dangers de la magie, mais notre héros (ou devrais-je dire notre anti-héros) n'en tient absolument pas compte.
Car sa curiosité est à nouveau éveillée quand il apprend que Pamphile, la femme de son hôte, est versée dans l'art de la magie. Il séduit Photis, la servante de son hôtesse, dans l'espoir d'en apprendre davantage sur ces pratiques.
Le deuxième avertissement a lieu lors d'un banquet chez sa tante où Thélyphron raconte sa propre histoire : il perd son nez et ses oreilles, morceaux de corps recherchés par les sorcières pour leurs incantations, lors d'une veillée funèbre.
Le troisième avertissement survient immédiatement après le banquet avec l'épisode des trois supposés brigands que Lucius transperce de son épée; Lucius, victime en fait de la magie de Pamphile, est assigné à comparaître devant un tribunal, ce qui donne lieu à une scène extrêmement burlesque.
C'est à la suite de cette mésaventure que Lucius, nullement rebuté, convainc Photis de lui permettre d'assister en cachette aux pratiques surnaturelles de sa maîtresse. Mais la satisfaction de sa curiosité ne fait qu'enflammer son désir de pratiquer la magie par lui-même. Profitant de l'absence de Pamphile, Lucius avec la complicité de Photis s'enduit d'un baume magique, mais au lieu de se transformer en hibou, il se métamorphose en âne (livre III) !
Lucius est ainsi puni pour sa curiosité.
Il régresse de l'état d'homme à celui d'animal, et quel animal ! Un âne qui, comme nous l'apprend une note de Grimal, est réputé pour sa lubricité et sert de monture à Silène, le dieu de l'Ivresse...
Les circonstances vont l'entraîner à travers le pays où il passe successivement de maître en maître : des brigands, des esclaves fugitifs, des prêtres de la déesse syrienne, un meunier, un jardinier, un soldat, un pâtissier et un cuisinier puis leur maître... ce qui donne l'occasion à l'auteur de nous brosser une série de tableaux très vivants sur la vie quotidienne, où la violence, le sadisme et les crimes sont omniprésents !
Actes de brigandage sur les routes et jusque dans les villes, attaques de bêtes sauvages ou de chiens domestiques, capture de jeune fille noble pour rançonner sa famille, adultères, infanticide... Il est à noter que les femmes ont un bien méchant rôle : quand elles ne trompent pas leur mari, elles ont des désirs incestueux, ou se livrent à des tentatives d'assassinat sur leur mari devenu encombrant. Seules Plotine et Charité sont présentées comme des femmes honorables et fidèles.
Lucius traverse tous ces destins brisés en gardant son esprit humain et critique, se trompe parfois sur les apparences, ne résisite jamais à sa curiosité même en de périlleuses circonstances. Il fait également l'apprentissage de la misérable condition des animaux dont les forces sont exploitées jusqu'à ce que mort s'ensuive, qui sont brimés, battus, torturés même; d'ailleurs, notre pauvre Lucius pense plusieurs fois à se suicider pour échapper à son triste sort.
Ses vicissitudes font d'ailleurs penser à celles de Psyché, dont la touchante histoire constitue une part importante du roman puisque qu'elle occupe les livres IV, V et VI. Psyché est elle aussi punie pour sa curiosité lorsque Cupidon se rend compte de sa trahison et l'abandonne; elle va traverser toute une série d'épreuves, penser également à mettre fin à ses jours, avant de retrouver l'Amour.
Rassurez-vous, Lucius, riche de ses expériences, finira par retrouver forme humaine !

Et nous, nous refermerons ce livre dense en ayant souri, frémi d'horreur, éclaté de rire parfois face aux trouvailles burlesques ou aux jeux de mots de l'auteur, dont le goût pour les histoires et la satire (voire pour la gaudriole) nous fournissent un agréable moment d'évasion. Il y a bien quelques longueurs, notamment avec les processions religieuses, mais dans l'ensemble, cette quête initiatique est véritablement captivante. de plus, les notes de Grimal forment un support complémentaire très intéressant. Dommage que quelques erreurs sur certains mots se soient glissées çà et là...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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