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Alain Jouffroy (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070300129
156 pages
Gallimard (25/03/1970)
3.62/5   71 notes
Résumé :
Aragon a réuni la plupart des poèmes écrits entre 1919 et 1925/26.
Le livre est précédé de la dédicace suivante:
"Je dédie ce livre à LA POÉSIE et merde pour ceux qui le liront"

Listes les poèmes :
"Sommeil de plomb"
"Un air embaumé"
"Isabelle"
"Samedis"
"Le chien qui parle"
"Une fois pour toutes"
"Louis"
"Les barres"
"Poésie"
"Serrure de sûreté"
"Boué... >Voir plus
Que lire après Le Mouvement perpétuel, précédé de 'Feu de joie'Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Paru en 1925, tout comme « Feu de joie » (1920) qui le précède, « le mouvement perpétuel » est une illustration de la période surréaliste d'Aragon, lorsque, avec Eluard, Breton, Soupault et quelques autres, il était à l'avant-garde de cet extraordinaire élan poétique. Nous sommes au tout début du mouvement, à peine sorti de l'aventure dadaïste, et tout récemment codifié par André Breton dans son « Manifeste du surréalisme » (1924).
Aragon est sans doute le plus classique des surréalistes, il maîtrise parfaitement toutes les formes de versification. Mais ici, au tout début de sa carrière poétique, il se veut, comme ses amis surréalistes, partisan d'une liberté totale qui laisse s'exprimer la pensée en dehors de toute intervention de la raison, de l'esthétique ou de la morale.
Au niveau de la poésie, cette résolution (révolution ?) ne peut que passer par une déstructuration, un bouleversement des valeurs, une refonte, une re-création, en quelque sorte de la tradition. C'était déjà ce que faisait Apollinaire. Les surréalistes y ajoutent l'idée de la pensée libérée.
Alors bien sûr, une théorie aussi révolutionnaire ne peut qu'être provocatrice, insolente, et même transgressive :
Scène de la vie cruelle
Je crois qu'elle m'oublie
A la folie
J'attends qu'elle m'embrasse
Avec grâce
Mais si elle me trahit
Oui
Bien qu'aussi bellE qu'unE statuE
Je la tuE

Provocation sur la forme comme sur le fond, mais cela n'enlève rien à la poésie. Aragon montre qu'il sera – qu'il est déjà – un très grand poète :

Les approches de l'amour et du baiser :

Elle s'arrête au bord des ruisseaux
Elle chante
Elle court
Elle pousse un long cri vers le ciel
Sa robe est ouverte sur le paradis
Elle est tout à fait charmante
Elle agite un feuillard au-dessus des vaguelettes
Elle passe avec lenteur sa main blanche sur son front pur
Entre ses pieds fuient les belettes
Dans son chapeau s'assied l'azur
Le surréalisme, c'est aussi le pouvoir de l'image : des poètes comme Eluard et Aragon (entre autres) ont le pouvoir de faire naître les images à partir des mots, il y a une sorte de magie qui s'élève du poème :
Isabelle :
J'aime une herbe blanche ou plutôt
Une hermine aux pieds de silence
C'est le soleil qui se balance
Et c'est Isabelle au manteau
Couleur de lait et d'insolence

Aragon est un écrivain qui sur bien des points peut être contesté, mais sa poésie, une des plus belles de notre littérature, reste une des plus belles respirations de notre langue, et ce, dès ses premiers recueils, comme ici.
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Une nuit d'insomnie passée avec Aragon
Et le chat qui joue avec les pages
Pour un euro seulement
A un stand rue Colbert
J'ai pris Aragon
Aragorn, Eragon, Harpagon?
Non bel et bien Aragon
Celui de la bande à Breton
Qui aime Elsa avec ses yeux profonds
(J'ai de la chance parce qu'à côté pour le même prix il y avait Manu et sa Métaphysique des Moeurs J'ai quand même eu chaud)
Maintenant je suis maintenu en éveil par ce jeu pêle-mêle des mots
De ces jeux qui vous donnent envie
D'écrire aussi
Comme le chat avec les pages en morceaux
Mais bon
Je ne suis pas Aragon
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Grandeurs et limites du surréalisme, à boire et à manger en recueil. Tout. N'importe quoi. Clash des mots qui donne à ne pas penser. Beaucoup s'efface, des écrits restent. "Qu'est-ce que parler veut dire? - Semer des cailloux blancs que les oiseaux mangeront [...] Qu'est-ce que l'amour? - Un anneau d'or dans les nuages". La métaphore de hasard recrée les mécanismes d'interprétation. Qu'est-ce que cela, le Mouvement perpétuel, veut dire? Une roue qui dégringole, sans doute rien, un petit chien qui dort, mais voilà, l'écriture automatique ne se lit que de manière automatique, mélangée aux mots des apéros de la Belle époque.
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Je suis un peu déçu par ce recueil paru en 1926, très marqué par l'esprit surréaliste. Il arrive que l'inspiration hardie et fantasque de l'auteur fasse plaisir à lire, comme dans ces vers de "Le ciel brûle", par exemple:
« Au bord d'un bénitier de bore ardent
Sur la margelle des baisers
Sous les grands rideaux blancs ornés de cruauté
Nous perdons lentement nos visages de plâtre
Bain de révélateur »
Ces vers ne veulent rien dire de "raisonnable", mais ils parviennent à m'étonner et à m'interroger. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. L'alchimie des mots, jetés "aléatoirement", ne fonctionne pas souvent. Beaucoup de ces poèmes ont quelque chose de mécanique et surtout m'inspirent peu d'émotions. Je mets quand même en citation la poésie intitulée "Secousse", qui se réfère directement à une expérience de guerre d'Aragon.
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Comme tous les écrits d'Aragon, nous sommes confrontés aux grandeurs et limites du surréalisme. Un style unique qui caractérise ce grand poète.
J'ai bien aimé les poèmes qui composent ce recueil même si mes préférés restent les livres consacrées à son amour : Elsa Triolet.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Je tiens ce nuage or et mauve au bout d'un jonc
L'ombrelle ou l'oiselle ou la fleur
La chevelure
Descend des cendres du soleil se décolore
Entre mes doigts
Le jour est gorge-de-pigeon
Vite un miroir Participé-je à ce mirage
Si le parasol change en paradis le sol
Jouons
À l'ange
À la mésange
Au passereau
Mais elles qui vaincraient les grêles et l'orage
Mes ailes oublieront les bras et les travaux
Plus léger que l'argent de l'air où je me love
Je file au ras des rêts et m'évade du rêve

La Nature se plie et sait ce que je vaux.
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Je danse au milieu des miracles
Mille soleils peints sur le sol
Mille amis Mille yeux ou monocles
M'illuminent de leurs regards
Pleurs du pétrole sur la route
Sang perdu depuis les hangars

Je saute ainsi d'un jour à l'autre
Rond polychrome et plus joli
Qu'un paillasson de tir ou l'âtre
Quand la flamme est couleur du vent
Vie ô paisible automobile
Et le joyeux péril de courir au devant

Je brûlerai du feu des phares.
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Malheureux comme les pierres
triste au possible
l’homme maigre
le pupitre à musique aurait voulu périr
Quel froid Le vent me perce à l’endroit
des feuilles
des oreilles mortes
Seul comment battre la semelle
Sur quel pied danser toute la semaine
Le silence à n’en plus finir
Pour tromper l’hiver jamais un mot tendre
L’ombre de l’âme de l’ami L’écriture
Rien que l’adresse
Mon sang ne ferait qu’un tour
Les sons se perdent dans l’espace
comme des doigts gelés
Plus rien
qu’un patin abandonné sur la glace
Le quidam
On voit le jour au travers
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L'AZUR et ses voiles
Les bras de santé
Crèmes estivales
Sa grande beauté

Mais qu'elle en impose
À qui veut l'aimer
(Parler de la mer.
Autrement qu'en prose)

La plus idiote
Avec son œil rond
Luit intelligente
Auprès de ce front

Ô chère adorée
Au soleil de plomb
Ton regard d'aplomb
Et ta chair dorée

Quand on te décrit
Toutes les chevilles
Comme des salives
Montent à l'esprit

Dans ta chevelure
Reflet du passé
Tu gardes l'allure
Du papier glacé

Qu'amènent tes lèvres
Les mots maux et fièvres

Mais la voix dit Non
Sur un ton de lave.
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Air du temps


Nuage
Un cheval blanc s'élève
et c'est l'auberge à l'aube où s'éveillera le premier venu
Vas-tu traîner toute la vie au milieu du monde
À demi-mort
À demi-endormi
Est-ce que tu n'as pas assez des lieux communs
Les gens te regardent sans rire
Ils ont des yeux de verre
Tu passes Tu perds ton temps
Tu passes
Tu comptes jusqu'à cent et tu triches pour tuer dix secondes encore
Tu étends le bras brusquement pour mourir
N'aie pas peur
Un jour ou l'autre
Il n'y aura plus qu'un jour et puis un jour
Et puis ça y est
Plus besoin de voir les hommes ni ces bêtes à bon Dieu qu'ils
caressent de temps en temps
Plus besoin de parler tout seul la nuit pour ne pas entendre la
plainte de la cheminée
Plus besoin de soulever mes paupières
Ni de lancer mon sang comme un disque
ni de respirer malgré moi
Pourtant je ne désire pas mourir
La cloche de mon coeur chante à voix basse un espoir très ancien
Cette musique Je sais bien Mais les paroles
Que disaient au juste les paroles
Imbécile
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