Le Roman inachevé a le goût des chansons qu'on fredonne, des vers qu'on se récite à mi-voix comme pour bercer un enfant..On y revoit les deux guerres et la main salvatrice d'
Elsa qui hisse le poète vers la vie...
Aragon est notre dernier poète populaire.
Les vers , souvent, s'accrochent à une mélodie de Ferré, à une voix connue, Ferré, toujours, mais aussi Ferrat et Montand...
Aragon a accompagné nos rêves, nos luttes, nos regrets..
L'homme s'est souvent trompé, et n'a pas toujours eu la lucidité ou le courage de ses compagnons de route ou de ses frères en poésie - il faut relire Signoret ou
Claude Roy...- mais j'oublie toute ses petites et grandes faiblesses quand je lis "La guerre et ce qui s'en suit ", "le front aux vitres..." ou quand je chantonne "Un jour, un jour":
Un jour, pourtant, un jour viendra
Couleur d'orange,
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue, où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche..