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EAN : 9782232147333
72 pages
Editions Seghers (18/01/2024)
3.96/5   13 notes
Résumé :
En 1924 paraissait Une vague de rêves. Cent ans plus tard, à l’occasion du centenaire du surréalisme, c’est un texte splendide tombé dans les oubliettes de l’histoire littéraire et aujourd’hui encore méconnu qui revoit le jour.
Achevé en juin et paru au début du mois d’octobre dans le numéro 2 de la revue Commerce, publiée par Paul Valéry, Léon-Paul Fargue et Valéry Larbaud, Une vague de rêves appartient de plein droit à l’aventure surréaliste, à ses expérien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Achevé en juin 1924 et paru en octobre dans le numéro 2 de la revue Commerce, Une vague de rêves précède de quelques mois la publication du Manifeste du surréalisme de Breton.

Dans ce texte méconnu, Aragon retrace l'histoire du mouvement, ses premières expériences, sa mise en oeuvre littéraire. Il exprime la fascination que lui inspire l'univers du rêve, les « Rivieras de l'irréel », les frissons du délire et l'écriture du désastre.

Dans UNE VAGUE DE RÊVE,S Aragon y délimite aussi les contours du mouvement surréaliste, relate les expériences appelées exercices de surréalisme et les analyses qu'en font les auteurs.

Dans ce manifeste assez méconnu il est vrai, la plume lyrique et exaltée d'Aragon transcende l'aspect théorique du projet, tout à son désir de mettre en avant la quintessence du mouvement des surréalistes.

"Il n'y a pas de pensée hors de mots." -Aragon
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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UNE VAGUE DE RÊVES de Louis Aragon est réédité depuis le 18 janvier 2024, aux @editionsseghers

En octobre 1924, dans le numéro 2 de la revue commerce est publié pour la première fois ce manifeste.

100 ans se sont écoulés…

Ce livre est fragmenté en trois parties. Dans la première, la matière éponyme : UNE VAGUE DE RÊVES

Aragon y délimite les contours du mouvement surréaliste, relate les expériences appelées exercices de surréalisme et les analyses qu'en font les auteurs.

Ce qui frappe les Breton, Soupault, Aragon, Eluard etc… c'est cette libération de l'inconscient, de l'esprit qui lâche-prise, des images inédites naissent alors. 

Du matériau surnaturel pour composer des poèmes automatiques.

Seulement, la prise de stupéfiants, utilisée pour ces expériences, amaigrie et fatigue ces poètes, Aragon parle alors de l'effet imprévu du surréalisme qui menace de les emporter vers un large où croisent les requins de la folie… c'est si bien dit. Aragon ne nous dit pas si certains artistes sont restés détenus de ces produits chimiques. 

Il y a la rencontre de René Crevel (1900-1935) avec une dame qui lui a appris à dormir d'un sommeil hypnotique qui s'apparentait à l'état somnambulique, de lui en découler des discours de toute beauté. Les surréalistes voulurent tous tenter l'expérience, en 1922 ils sont une dizaine qui ne vivent que pour ces instants d'oubli.

“Où les lumières éteintes, ils parlent, sans conscience, comme des noyés en plein air”.

Aragon explique les rites, les expériences, les anecdotes des expériences, les illusions collectives pour lui, la liberté commence où née le merveilleux.

C'est une période folle.

Vient la seconde partie du livre, Aragon parle avec la journaliste Dominique Arban en 1968. On en apprend des détails sur la création du mouvement et comment, alors, il prend son nom : le SURRÉALISME.

La troisième partie est la postface de Marie-Thérèse Eychart qui nous donne sa réflexion sur UNE VAGUE DE RÊVE.

Ce manifeste est très intéressant et méconnu. L'écriture d'Aragon en fait un texte lyrique et exalté bien que théorique à la base, l'unité du groupe des surréaliste et l'humanité sont la priorité du poète. 
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Sublime ouvrage, qui porte bien son titre, "Une vague de rêve" nous emporte dans le flot d'une prose-poésie qui coule de source. Aragon décrit l'histoire du surréalisme qui commence alors, dans une langue elle-même irriguée de surréalisme, scintillante d'images imprévues, de vocables insolites, rythmée, inventive et fluide.
C'est un texte qui précède de peu le "Manifeste du surréalisme" publié la même année (1924) et qui est oublié assez vite, comme le précise Aragon lui-même, dans des extraits d'entretiens qui suivent le texte. Cette édition Seghers est toujours magnifique, format carré et police d'écriture élégante et fine.
Aragon présente ses nombreux compagnons d'avant-garde, des plus connus (Desnos, Breton, Éluard) aux plus méconnus (Lubeck, Baron, Boiffard me sont par exemple inconnus), en caractérisant chacun avec une amitié fraternelle. Il a 27 ans. Petit aperçu de ce texte court et intense :
p.16 : " C'était au temps que nous réunissant le soir comme des chasseurs, nous faisions notre tableau de la journée, le compte des bêtes que nous avions inventées, des plantes fantastiques, des images abattues. La proie d'une accélération, nous passions un nombre croissant d'heures à cet exercice qui nous livrait d'étranges contrées de nous-mêmes. Nous nous plaisions à observer la courbe de nos fatigues, l'égarement qui les suivait. Puis les prodiges apparurent."
Témoignage et illustration d'un grand moment de la poésie et de la pensée à ses débuts, fougueux et sans barrage, sans théorisation encore, ni anathèmes, dont la force vivifiante peut encore saisir le lecteur attentif, la lectrice disponible.
Un grand merci à Babelio et aux Éditions Seghers pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique de janvier.
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J'ai découvert avec un grand intérêt ce court texte (guère plus de 20 pages dans mon édition), dans lequel Aragon nous relate l'aventure surréaliste et à sa manière poétique, presque hypnotique, nous en donne une définition. Il est dommage que cet écrit soit resté aussi méconnu alors que, de l'aveu du poète, cette brochure "coûtait fort cher". Sans entrer en concurrence avec le futur Manifeste du Surréalisme d'André Breton, Aragon nous présente autrement l'espoir des surréalistes liés à la langue, à une manière de dépasser la littérature pour exprimer le coeur même de la réalité, ou plutôt de la vérité, puisqu'il est formé du réel et de l'irréel, réunis en une réalité supérieure qui s'exprime par images libres.

En nous rappelant les expériences tentées par ces poètes, aux marges du sommeil, de l'hypnose, du rêve, Aragon nous en explicite également les dangers. Certains auteurs se suicidèrent, frôlèrent de près la folie, d'autres se battirent... Après avoir appris à contrôler le "sommeil hypnotique", durant lequel leurs paroles atteignaient à l'étrangeté et à la beauté des prophéties, il fallait parfois "enlever les couteaux des mains des dormeurs", en peinant même à les réveiller. Ils durent temporiser et mettre fin à leurs expériences. Avec une écriture magnifique, toute d'élan et de lyrisme, Aragon nous présente la quête merveilleuse des poètes et peintres surréalistes. Il nous fait même la liste des membres de leur groupe, avec un portrait en brèves notations pour chacun, et chacune, puisqu'il respectait et n'oubliait pas les femmes.

C'est un document saisissant et très vivant qu'il nous livre là, j'avoue qu'il m'a donné envie de relire les surréalistes connus comme Breton, Desnos, Eluard, mais aussi de découvrir Crevel, Benjamin Péret, Philippe Soupault, Pierre Reverdy... Ce texte en prose est court et vraiment important à découvrir pour toute personne qui s'intéresse au surréalisme.
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Ce petit texte est une merveille et commence sur les chapeaux de roue, ll complète admirablement le Manifeste de Breton.
Mais je vous laisse lire la postface où Marie-Thérèse Eychart en parle mieux que moi.

"Il n'y a pas de pensée hors de mots." -Aragon

"Les mots servent à exprimer des idées, quand l'idée est saisie, oubliez les mots." -Tchouang-Tseu

"[...] Tout comme, à la même époque, Gilbert Ryle, Merleau-Ponty rejette alors explicitement la conception cartésienne ou mentaliste du langage, qui en ferait la simple expression de représentations mentales. Les mots ne sont pas, pour lui, le reflet de la pensée : "La parole n'est pas le "signe" de la pensée". On ne peut en effet dissocier la parole et la pensée ; les deux sont "enveloppées l'une dans l'autre, le sens est pris dans la parole et la parole est l'existence extérieure du signe". Merleau-Ponty s'intéresse à une conception du mot et de la parole qui ne les réduisent pas aux simples signes de la pensée ou de l'objet extérieur, mais deviennent "la présence de cette pensée pensée dans le monde sensible, et non son vêtement". L'expression ne fait ainsi pas que traduire la signification, mais la réalise ou l'actualise.
Le langage implique d'abord une activité intentionnelle, qui passe par le corps propre. "La pensée n'a rien d'"intérieur", elle n'existe pas hors du monde et hors des mots". Il n'y a ainsi pas de pensée qui précède la parole ; la pensée est déjà langage '"cette vie intérieure est un langage intérieur") et le langage est déjà pensée."
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critiques presse (1)
LeFigaro
11 janvier 2024
Dans ce recueil, Aragon apparaît comme le génie qui se cherche, qui connaît ses forces, tout en pariant sur l’avenir.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
"Ce que je dis de toi n'est au plus qu'une approche
Comme à la neige le névé
Comme à feindre le ciel le parler bleu des cloches
Une caresse inachevée


Ce que je dis de toi n'est que l'ombre d'un songe
Non la chose à peine l'effet
Mon corail je ne suis que le pêcheur d'éponges
Qui te parle au presque - parfait ."
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Il m'arrive de perdre soudain tout le fil de ma vie : je me demande, assis dans quelque coin de l'univers, près d'un café fumant et noir, devant des morceaux polis de métal, au milieu des allées et venues de grandes femmes douces, par quel chemin de la folie j'échoue enfin sous cette arche, ce qu'est au vrai ce pont qu'ils ont nommé le ciel. Ce moment que tout m'échappe, que d'immenses lézardes se font jour dans le palais du monde, je lui sacrifierais toute ma vie, s'il voulait seulement durer à ce prix dérisoire. Alors l'esprit se déprend un peu de la mécanique humaine, alors je ne suis plus la bicyclette de mes sens, la meule à aiguiser les souvenirs et les rencontres. Alors je saisis en moi l'occasionnel, je saisis tout à coup comment je me dépasse : l'occasionnel c'est moi, et cette proposition formée je ris à la mémoire de toute l'activité humaine.
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Dans d'autres conditions, Desnos pour peu qu'il se prenne à ce délire deviendrait le chef d'une religion, le fondateur d'une ville, le tribun d'un peuple soulevé. Il parle, il dessine, il écrit. Les coincidences accompagnent bientót les récits des dormeurs. On voit bientôt naitre l'ère des illusions collectives. et sont-ce après tout des illusions? Les expériences répétées entretiennent ceux qui s'y soumettent dans un état d'irritation croissante et terrible, de nervosité folle. Ils maigrissent. Leurs sommeils sont de plus en plus prolongés. lls ne veulent plus qu'on les réveille. lls s'endorment à voir dormir un autre, et dialoguent alors comme des gens d'un monde aveugle et lointain, ils se querellent, et parfois il faut leur arracher les couteaux des mains. De véritables ravages physiques, la difficulté à plusieurs reprises de les tirer d'un état cataleptique où semble passer comme un souffle de la mort, forceront bientôt les sujets de cette extraordinaire expérience, à la prière de ceux qui les regardent accoudés au parapet de la veille, à suspendre ces exercices, que ni les rires ni les doutes n'ont pu troubler.
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Ainsi les premiers surréalistes, quand ils eurent atteint à une fatigue extrême par l’abus de ce qui leur semblait encore un simple jeu, virent se lever les prodiges, les grandes hallucinations qui accompagnent l’ivresse des religions et des stupéfiants physiques. C’était au temps que nous nous réunissions le soir comme des chasseurs, nous faisions notre tableau de la journée, le compte des bêtes que nous avions inventées, des plantes fantastiques, des images abattues. (page 86)
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À ceux-ci, rien ne fera entendre la vraie nature du réel, qu'il n'est qu'un rapport comme un autre, que l'essence des choses n'est aucunement liée à leur réalité, qu'il y a d'autres rapports que le réel que l'esprit peut saisir, et qui sont aussi premiers, comme le hasard, I'illusion, le fantastique, le rêve. Ces diverses espèces sont réunies et conciliées dans un genre, qui est la surréalité.
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