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Thomas Yeates (Illustrateur)
EAN : 9781616556037
104 pages
Dark Horse (14/04/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
One is a cross-hatched Hyborian from the unforgiving steppes of Cimmeria. The other is a big-nosed buffoon from a land of cartoony chaos. Only in the addled brain of Sergio Aragones could these two mismatched warriors ever cross swords! Thomas Yeates lends his able pen to Mark Evanier's story of worlds colliding, as the indomitable barbarian Conan meets the insufferable birdbrain Groo. An epic crossover centuries in the making! Twice as much brawn as brains! Fantasy... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Défense du petit commerce
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Ce tome contient les 4 épisodes de la minisérie parue en 2014. le scenario est cosigné Mark Evanier et Sergio Aragonés, les créateurs de la série "Groo the wanderer" (voir par exemple Groo: The Hogs of Horder). Aragonés dessine toutes les pages consacrées à Groo (80%) de l'histoire. Tomas Yeates dessine les pages consacrées à Conan, ainsi que le personnage de Conan lorsqu'il évolue dans l'environnement de Groo. Il s'agit d'une histoire complète qui ne demande pas de connaissance sur le personnage de Conan, un petit peu sur le personnage de Groo. La mise en couleurs de l'épisode 1 a été réalisé par Tom Luth (le coloriste attitré de la série "Groo"). Celle des épisodes 2 à 4 a été réalisée par Lovern Kindzierski.

Le tome commence avec une introduction de 2 pages d'un certain docteur Charles Kolthammer qui met en avant à quel point Groo est un personnage idiot et débile, indigne de rencontrer une création aussi intemporelle que Conan de Robert Erwin Howard.

Le récit (88 pages de BD) commence ensuite avec Conan qui arrive au pied d'une citadelle Il extermine un troll, pénètre dans le château, tue le sorcier, et repart avec la belle donzelle très dénudée. En s'éloignant, il passe devant un groupe de paysans à l'allure étrange.

Le récit passe ensuite à Mark Evanier et Sergio Aragonés à Los Angeles qui évoque la possibilité de réaliser un crossover entre Groo et Conan. Ils passent devant un magasin de comics "Benjy's comic book shop" qui est menacé de fermeture pour cause d'opération d'urbanisme afin de construire un centre commercial. le récit passe ensuite à Groo qui est embauché par un général pour aller détruire une boulangerie dans le village voisin.

Il n'est pas forcément utile de présenter Conan, personnage créé par Robert Erwin Howard en 1932 qui a bénéficié de nombreuses adaptations en comics, et même en films. Groo est un personnage qui a été créé par Sergio Aragonés en 1982. Il a d'abord bénéficié de 8 épisodes publiés par Pacific Comics, puis d'une série conséquente de 120 numéros de 1985 à 1994, publiés par Epic Comics, à commencer par Groo adventurer.

Par la suite la publication a été plus sporadique : 12 épisodes en 1995 par Image Comics, plusieurs miniséries chez Dark Horse Comics de 1998 à 2009 (dont la dernière en date est The Hogs of Horder). Sergio Aragonés est connu avant tout pour sa participation au magazine humoristique MAD (une anthologie lui a été consacré : Sergio Aragonés - Five decades of his finest works).

L'identité des auteurs indique clairement que ce récit est avant tout une histoire de Groo, plus que de Conan. Si le lecteur est fan de Conan, ce comics n'a rien d'indispensable pour lui. La première séquence constitue une synthèse des récits de Conan dans les comics en seulement 4 pages : coup d'épée, sorcellerie, belle donzelle à sauver.

La deuxième séquence déstabilise le lecteur puisqu'on ne passe pas à Groo, mais à Mark Evanier et Segio Aragonés mis en scène au sein de leur propre histoire. Ce fil narratif occupe 30 pages sur les 88 du récit. Ainsi le lecteur va suivre Conan de son côté (dessiné par Thomas Yeates) jusqu'à sa rencontre avec Groo, ce dernier de son côté également, et les aventures de Sergio Aragonés complètement sonné par divers calmants et excitants suite à un accident.

Sergio Aragonés et Mark Evanier traitent leur intrigue avec respect : le lecteur a bien droit au duel entre Conan et Groo, et même sous 3 formes. Dans la première Conan gagne, dans la deuxième Groo gagne et la troisième montre ce qui s'est réellement passé. Loin d'être une intrigue à peine prétexte à ces duels, le récit raconte vraiment une histoire, avec un enjeu, des motivations pour les personnages, etc. Conan apparaît comme un valeureux guerrier à la réputation bien établie, déjà seigneur de son royaume, mais pas forcément encore King Conan. Les auteurs traitent le personnage avec respect, sans le tourner en dérision, et lui prêtant un bon niveau d'intelligence.

Thomas Yeates le représente comme John Buscema l'a imaginé, avec des postures moins exagérées et plus naturelles. Il réalise des décors étoffés dans lesquels le lecteur peut se projeter. Il dessine le cheval de Conan avec exactitude, sans erreur anatomique. Ainsi la composition de ce personnage est fidèle à son image dans les comics, avec un langage corporel moins outré que d'habitude.

À l'évidence, Groo est égal à lui-même du début jusqu'à la fin puisqu'il est écrit et dessiné par ses créateurs. le lecteur retrouve les dessins hallucinants de Sergio Aragonés, bourrés de détails concrets et plausibles, avec une apparence de dessins pour la jeunesse, à commencer par le gros nez et la grosse bedaine du personnage principal. Une observation attentive des images fait apparaître l'intelligence des représentations (qu'il s'agisse de marchands, ou de bâtisses), ainsi que la force comique des représentations (expressions et gestuelle exagérées), et les gags visuels. Il s'agit donc de planches qui s'adressent aussi bien à des enfants qu'à des adultes.

De son côté, Mark Evanier joue donc le jeu de la confrontation entre les barbares, et va jusqu'à leur combat. Il respecte le ton de la narration pour le personnage de Conan, sans en rajouter dans l'emphase, le rendant crédible, sans être arrogant ou uniquement dans un registre viril. Groo est égal à lui-même en bretteur redoutable, à et à l'intelligence limitée. Comme à leur habitude, Aragonés et Evanier font preuve de ce tact qui fait que leurs blagues ne sont jamais à charge contre un individu (sauf Groo) ou un groupe de population (à l'exception des margoulins et autre aigrefins).

Pour parodier l'une des blagues récurrentes d'Evanier, il a utilisé plus qu'un ou deux gags dans ce récit. Il emploie à la fois les gags récurrents de la série (la bêtise de Groo, sa capacité à couler les navires rien qu'en les regardant, l'adoration aveugle du chien Rufferto à l'encontre de son maître), et en insère des nouveaux (en particulier les références à partir du prénom Conan, Conan O'Brian par exemple, ou la rapidité légendaire avec laquelle Arargonés réalise ses dessins). Il se retient également de d'intégrer trop de références à la série "Groo". Ainsi il n'est pas question de mulch (sauf dans la postface) et les personnages secondaires de la série ne font pas d'apparition (même pas de Sage).

Le lecteur de la série "Groo" se retrouve en terrain connu, avec des auteurs au meilleur de leur forme (il ne manque que Stan Sakai, le lettreur habituel, du fait d'un deuil personnel). Outre la gentillesse narrative (pas d'attaques méchantes contre un individu ou un groupe d'individus), le lecteur prend plaisir à un récit drôle et amusant, mais aussi à une intrigue qui évoque l'un des excès du capitalisme, à un regard sur les laissés pour compte, et à un affrontement qui peut laisser dubitatif.

Aragonés et Evanier mettent en scène la tristesse de la disparition des petits commerces. Il serait possible de les critiquer pour leur démagogie d'avoir choisi un magasin de comics (en s'adressant à des lecteurs de comics). Néanmoins, la relation entre Evanier, Aragonés (les personnages du comics) et le propriétaire ressort comme organique (par opposition à artificielle), ces 2 créateurs étant de discrets artisans privilégiant généralement les comics indépendants aux superproductions Marvel ou DC. La protection de de la boulangerie à l'époque de Groo est encore mieux intégrée au récit, sans un soupçon de démagogie.

Comme à leur habitude, les auteurs situent leur récit au niveau de l'homme de la rue, du commun des mortels. Par opposition aux séries de superhéros Marvel ou DC, les actions de Groo ont des conséquences sur les individus normaux qui interagissent directement avec lui. Aragonés et Evanier mettent en scène des individus de toutes races avec des morphologies variées, mais aussi de tous niveaux socio-économiques, des SDF au chef d'entreprise.

Malgré tout le plaisir de retrouver ces auteurs et leurs personnalités chaleureuses, le lecteur continue de s'interroger sur la mise en scène de leurs avatars au sein même du récit. La réponse se trouve peut-être dans leur première intervention. Sergio Aragones met en avant à quel point l'idée même de cette rencontre entre Conan et Groo est débile. Il estime que le récit ne peut comprendre que 2 cases : la première leur rencontre, la deuxième la mort d'un des 2 combattants. Par procuration, les auteurs attirent l'attention sur le fait qu'ils ne sont pas dupes de l'artificialité de cette rencontre, et de son objectif de profiter de la notoriété de Conan pour attirer l'attention sur le retour de Groo en 2014 (voir Groo: Friends and foes, volume 1).

D'un autre côté, les pages consacrées à Aragones et Evanier fournissent un contrepoint à l'issue du vrai combat entre Conan et Groo. En fonction de l'état d'esprit du lecteur, il trouvera cette issue d'une logique imparable, ou alors il la prendra comme une simple pirouette.

Ce tome se termine avec 4 gags en 1 page, consacrés à Rufferto, dépourvus de texte et de dialogue. Depuis plusieurs années, Aragonés et Evanier ont pris l'habitude de terminer chaque épisode par un gag visuel consacré à Rufferto. À nouveau, il s'agit d'un humour sympathique et bon enfant, sans méchanceté. À nouveau, ces planches constituent la preuve éclatante de l'art de conteur visuel de Sergio Aragonés.

Un lecteur attiré par le personnage de Conan risque de ne pas trouver son content dans ce récit réalisé par les créateurs de Groo. 2 étoiles s'il reste bloqué sur Conan, 4 étoiles s'il accepte de découvrir le personnage de Groo (l'acclimatation n'est pas si évidente que ça). Pour un lecteur familier du personnage, cette rencontre contre nature constitue des retrouvailles magnifiques avec lui, et avec ses créateurs, toujours aussi gentils et pertinents.
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