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EAN : 9782754102728
336 pages
Fernand Hazan (19/03/2008)
4.57/5   14 notes
Résumé :

" On constate que le XIVe et le XVe siècles voient émerger une nouvelle conscience de l'histoire... Ce qui se fait jour alors, c'est une notion nouvelle et décisive : celle de l'individu humain perçu comme acteur et créateur de l'Histoire, du sens humain du monde... Cet "individu humain", celui que la peinture nous montre prenant possession du monde par son action, son intelligence et sa culture, n'est, en dernière analyse, q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans ce premier livre publié en 1978, Daniel Arasse démontre à la fois son érudition impressionnante et sa capacité à la transmettre de manière simple. C'est brillant.

Au cours des XIIIe et XIVe siècles s'est produit un bouleversement radical dans la peinture italienne. D.Arasse cherche à expliquer cette évolution et il le fait en suivant une approche thématique et non chronologique et en présentant une sélection de 75 oeuvres marquantes de la période. Il souligne la variété et la richesse géographique de cette transformation, que l'on a trop souvent à réduire à quelques noms comme celui de Giotto et à la cité de Florence. Il fait le lien entre cette métamorphose de la peinture italienne et le développement des villes et du commerce, et de façon plus générale l'évolution culturelle et sociale de cette époque, dans laquelle l'humanisme a joué un rôle clé.

D. Arasse appuie sa démonstration sur une analyse de la fonction de la peinture et en particulier de la peinture religieuse, qui reste prédominante pendant la période étudiée. La transformation picturale est liée à la transformation qui s'opère dans le champ religieux. Peu à peu, l'humain et le profane investissent celui-ci. Au début du XIIIe siècle, la religion est plus qu'une pensée dominante, elle est toute la pensée. A la fin du XIVe, le monde n'est plus vu comme une représentation de la pensée de Dieu mais comme une réalité en soi (certes semi-divine) dans laquelle l'homme est appelé un jouer un rôle actif. Picturalement, cela se traduit par des images plus animées et vivantes dans lequel le mouvement est bien présent, ouvertes sur le monde extérieur avec notamment l'introduction du paysage. Les images prennent peu à peu un sens qui dépassent le religieux pour traiter plus largement de l'expérience humaine, inscrite dans une histoire. La peinture devient cultivée (le 'Printemps' de Botticelli en est un parfait exemple) ,historique, politique.

Daniel Arasse s'attache aussi à montrer la diversité géographique des centres artistiques italiens et il s'efforce de casser une vision centrée sur la seule Florence. Il évoque donc les autres foyers majeurs que furent Sienne, Venise, Ferrare, Urbino... Cette variété s'organise autour de quelques données fondamentales : la mobilité des artistes, l'importance grandissante des villes, l'apparition de classes dirigeantes porteuses d'une idéologie propre à leur cité et entourées d'une élite cultivée.

D. Arasse consacre également une partie importante de son ouvrage à approfondir la question de la perspective, considérée traditionnellement comme l'apport majeur du XIVe siècle. Il fait là aussi le lien entre cette innovation picturale et l'évolution des mentalités. le monde est vu petit à petit comme une réalité objective, qui peut être appréhendée rationnellement. La perspective est un moyen de représenter le monde de manière plus vraie, même si D. Arasse souligne que la dimension symbolique reste toutefois très présente. La perspective est au service d'un art qui donne une double lecture : figuration réelle et représentation symbolique. Elle est aussi mise au service d'une peinture qui raconte une histoire, qui suggère un mouvement dans l'espace. D. Arasse montre aussi comment peu à peu l'homme devient le sujet des représentations picturales en consacrant un passage au développement du portrait.

Il conclut son livre en expliquant en quoi, malgré les évolutions, les artistes du XIVe sont encore des 'primitifs'. Car même si les hommes commencent à représenter leur liberté, ils ne la perçoivent pas encore pleinement et subsiste l'idée d'une vérité permanente et éternelle, que manifestent les images et qu'il n'appartient pas aux fidèles de formuler autrement. Les artistes de cette époque ont inventé mais ont conservé des éléments du système ancien. Ils sont ainsi des précurseurs de l'époque moderne, qui posent les jalons d'une idéologie future.
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Premier tome d'un autre ouvrage de Daniel Arasse qui, malgré son immense culture, ne nous assomme jamais : c'est parce que Daniel Arasse ne s'étale pas, il nous emporte, nous fait confiance pour le suivre et nous transmet plus encore d'intelligence que de connaissance.
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La qualité et l'originalité des ouvrages de Daniel Arasse, la richesse de leurs illustrations font que l'éditeur les décline en plusieurs versions, du « Beau livre » au livre de poche. C'est la version moyenne, cartonnée et reliée et dont les planches, en plus petit format, sont parfaitement reproduites qui nous intéresse ici.
L'auteur cherche à dégager les conditions culturelles, économiques, sociales et politiques dans lesquelles ont été produites des oeuvres sans tenter une vaine homogénéisation, mais en accordant autant d'intérêt à leurs analyses précises, qu'au courant dans lequel elles s'inscrivent et aux croisements et écarts qui se manifestent entre elles. La fluidité de l'écriture, la richesse de cette analyse, le nombre et la qualité des tableaux reproduits, les notes et commentaires, la parfaite mise en pages, l'index, la bibliographie convergent pour rendre cet ouvrage agréable et indispensable.

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Lien : http://www.scienceenlivre.or..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
De Giotto, en 1337, à Léonard de Vinci, dont la première œuvre date de 1472, la peinture italienne connaît un profond changement, un bouleversement même, qui touche tous les aspects de la création picturale. Entre les deux « génies », 135 ans seulement s'écoulent et les conditions mêmes du métier de peintre sont radicalement transformées. Les « techniques » ont changé, avec l'introduction de la « peinture à l'huile » qui remplace la « détrempe » et le succès de la toile qui, sur la fin du Quattrocento, tend à se substituer au panneau de bois traditionnel bien que la mutation ne soit pas encore définitive en 1500. Transformation aussi dans les « sujets » abordés par les peintres : le thème religieux demeure prédominant, mais toute la mythologie se voit reconnaître droit de cité, de même que l'histoire antique ; le paysage n'existe pas encore vraiment comme « genre indépendant », mais on le sent s'introduire avec une force grandissante dans l'arrière-plan des images et il enveloppe de plus en plus la « scène » représentée, tandis que les personnages deviennent souvent portraits déguisés... A travers ce renouvellement des thèmes abordés, c'est le « traitement » des sujets qui change ; une souplesse, une variété et une abondance d'invention se développent, qui en arrivent a rendre très rapidement « archaïques » des images « modernes » au moment de leur création. En fait, une vision nouvelle du monde se met au point, qui emporte avec elle une refonte complète de l'image picturale.

(INCIPIT)
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Parmi les différentes cités où s'élabore la Renaissance, Florence occupe une place effectivement exceptionnelle. Son primat est peu contestable : le nombre des œuvres, leur nouveauté, et surtout peut-être, l'importance de la réflexion théorique dans le travail des peintres, ainsi que le rapport étroit entre peinture, sculpture et architecture, en font le chantier artistique le plus actif de la péninsule. Très tôt, la cité trouve « son » peintre, architecte et sculpteur, Giotto, qui fait faire à l'art un pas immédiatement considéré comme décisif, le poète de la cité l'enregistre moins comme tel :

                                                   Credette Cimabue nella pittura 
                                          tener lo campo, ed hora ha Giotto il grido 
                                                   si che la fatna di colui oscura.

« Cimabue se croyait le maître de la peinture, mais aujourd'hui Giotto, en vogue, obscurcit sa renommée, »

Le prestige de la citation dantesque est tel que, pour plus d'un siècle, Giotto est le seul peintre cité comme référence digne des Anciens. Cette vision florentine de la Renaissance s'installe dès lors, et aujourd'hui encore, l'idée que l'histoire de l'art italien s'est faite à partir de Florence et en fonction d'elle, est ancrée dans les esprits.
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BOTTICELLI/ Annonciation. 1489-1490 / Florence, Offices

Léonard pense peut-être à cette image quand il écrit : « Je vis... un ange de l'Annonciation qui semblait vouloir chasser Notre Dame de sa chambre, avec des mouvements brutaux comme on pourrait en avoir contre le dernier des ennemis... » (Chastel). Mais le geste de la Madone s'inscrit en fait dans une longue tradition iconographique et sa pose mouvementée ne fait qu'exprimer lyriquement les interrogations religieuses qui agitent la cité. Contre Léonard, Botticelli semble vouloir « arrêter l'histoire » (Argan). De plus, la structure architectonique de l'image constitue une variation sur le thème connu de la colonne ou du pilier séparant l'ange de la Vierge, Cet axe vertical est devenu encadrement de la fenêtre, mais les mains des protagonistes s'y rejoignent ; la fenêtre, ouverte sur la campagne italienne, offre une veduta bien humaine, pourtant, l'arbre nettement détaché devant le ciel, prend évidemment un relief significatif, Grand inventeur d'images cultivées, Botticelli sait aussi manier un attirail figuratif bien répertorié.
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Durant les deux siècles du Trecento et du Quattrocento, un phénomène nouveau se marque avec une force de plus en plus grande : c'est l'émergence de la culture comme facteur déterminant dans l'élaboration et le perception de l'image picturale. Celle-ci se voit reconnaître des capacités nouvelles à transmettre des idées et des concepts d'une profondeur et d'une complexité équivalentes à celles que l'on rencontre dans les textes; l'image acquiert ainsi une dignité nouvelle à l'intérieur d'une culture dont l'impact social est présent partout, au point d'en faire pratiquement un "troisième pouvoir " (Chastel).
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Videos de Daniel Arasse (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Daniel Arasse
Conférence dans le cadre des Congrès scientifiques mondiaux TimeWorld : TimeWorld expose et anime la connaissance sous toutes ses formes, théorique, appliquée et prospective. TimeWorld propose un état de l'art sur une thématique majeure, avec une approche multiculturelle et interdisciplinaire. C'est l'opportunité de rencontres entre chercheurs, industriels, universitaires, artistes et grand public pour faire émerger des idées en science et construire de nouveaux projets. https://timeworldevent.com/fr/ ------------------------------------------------------------------------ Après un Diplôme National des Beaux-Arts à Montpellier, Francesca Caruana étudie l'esthétique à Paris 1-Sorbonne, avec Daniel Arasse, puis la sémiotique de l'art avec G. Deledalle. Docteur en arts plastiques et sciences de l'art, maître de conférences à l'université de Toulouse le Mirail de 1998 à 2005, puis à l'université de Perpignan, où elle vit. Chargée de mission culturelle pour l'UPVD. Initiatrice de la manifestation «Questions d'art» à l'UPVD. Son travail plastique s'appuie sur le rapport entre le hasard et le construit, donnant lieu à une diversité de formes : la fois à des installations réalisées à partir de résidus, d'objets trouvés ou issus de cultures tribales, à des peintures mêlant la gestualité et la rigueur du dessin, et/ou à des versions multimédia.
Conférence : le construit est-il l'unique condition de la perception ? Lue par Hervé Fischer 29 juin 2022, 13h45 - 14h30 — Amphi 24
Une conception matérialiste pourrait nous faire croire qu'il suffit d'être confronté à l'existant pour le rendre visible. La perception dépendrait donc de la seule visibilité de son construit. Si la posture scientifique nous autorise à le penser, elle n'exclut pas pour autant la perception de certains inconstruits, nous obligeant à interroger la relation entre l'existant et le réel. Une approche sémiotique du réel interroge d'une part ce que la construction fonde comme perception commune, et d'autre part la présence d'éléments exogènes et variables dans la construction tels que le cadrage, la sérendipité, l'imaginaire, l'intentionnalité, comme autant de facteurs non visibles, mais qui réduisent la perception du réel à être le miroir de notre culture.
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