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Il me fallait un jour choisir un extrait des Evangiles. Je décidai de lire l'épisode de la femme adultère, tant il me paraissait parfait pour accueillir de sa beauté la petite fille dont je devenais parrain. J'éprouve aujourd'hui à l'égard de cette parabole un sentiment mélangé. La parabole est belle, mais elle est aussi très habile: Jésus ne justifie pas l'acte adultérin, il le condamne ("Va, et ne pèche plus“ dit-il à la femme) sans pour cela condamner son auteur. D'un mot ("que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre") il établi les bases du contrat social, et nous permet de vivre dans une société qui s'accommode de notre finitude.
Or si cette parabole nous libère d'un joug, elle nous en impose un autre: en évitant une sanction à notre culpabilité, elle l'établi pour toujours! Si personne ne jette la pierre, c'est bien parce que nous sommes tous coupables. L'acte libératoire devient acte d'accusation auquel personne n'échappe! Seule la culpabilité de tous sauve la pécheresse, et sa lapidation est évitée pour une raison seule et unique: nous sommes tous en faute.
Comme en réponse à cette parabole, Nietzsche donne une règle-clé du processus de la consolation: "Celui qui est mécontent de lui-même est continuellement prêt à se venger". Tel est le coût de la morale judéo-chrétienne: l'humilité débouche sur la détestation de soi, donc sur le malheur. Nietzsche répond à cette fatalité, et nous enjoint de nous placer "en dehors et au-dessus", de ne pas avoir "des préjugés sur les préjugés". Sa cible prioritaire est la civilisation judéo-chrétienne, celle qui a instrumentalisé le péché, en a fait son outil de domination, et qui avec cynisme mélange douleur et malheur dans le seul but de nous asservir.
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Le mot de consolation évoque la petite enfance. S’il fait partie du vocabulaire des adultes, c’est plutôt sous sa forme honteuse : il s’est consolé dans l’alcool, ou elle s’est consolée avec tel ou tel. Ces expressions qui jugent et méprisent sont éloquantes, et peut-être symptomatiques d’une réticence : à l’âge adulte, nous rechignons à exprimer notre besoin de consolation. Il reste enfouis dans notre cœur, honteux d’exister, craignant d’être jugé à l’aune de faiblesses socialement interdites : comment ça, être consolé ? Nous vivons dans une société qui veut des gagnants… L’ironie de notre orgueil est d’autant plus piquante que souvent, ce n’est pas tant notre peine que nous n’arrivons pas à assumer que notre besoin d’être consolé, ou, pire, notre envie de l’être.
Nietzsche cité par Metin Arditi:
Je veux apprendre toujours davantage à considérer comme beau ce qu'il y a de nécessaire dans les choses: -ainsi je serai de ceux qui rendent belles les choses. Amor fati: que cela soit dorénavant mon amour.
L'Homme qui peignait les âmes de Metin Arditi aux éditions Points
https://www.lagriffenoire.com/l-homme-qui-peignait-les-ames-1.html
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le Turquetto de Metin Arditi aux éditions Babel
https://www.lagriffenoire.com/le-turquetto.html
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