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EAN : 9782266126496
416 pages
Pocket (01/06/1994)
3.97/5   214 notes
Résumé :
Comment l’humanité, qui était au sommet du progrès technique, a-t-elle pu se laisser happer par la barbarie totalitaire et finir par y sombrer ? Telle est la question de Condition de l’homme moderne. Cette faillite est la conséquence de l’oubli par l’homme moderne d’un monde de valeurs partagées et discutées en commun avec autrui, dès lors qu’il n’a plus envisagé les choses qu’au travers du prisme de leur utilité pour son bonheur privé. Indifférent aux autres, l’hom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Je suis mitigé en ce qui concerne ce livre.
En effet, si le travail d'Hannah Arendt sur l'histoire des modes de pensée qu'elle analyse en profondeur est des plus intéressants, la réflexion sur l'homme moderne et sa condition, elle, laisse à désirer…
Le problème de ce livre réside dans le fait qu'Hannah Arendt consacre l'énorme majorité de ce livre à nous parler, justement, de l'histoire des pensées. Or, du coup, les parties concernant l'homme moderne et sa condition, souffre ( selon moi ) d'un manque de développement. Il y a là beaucoup d'affirmations, des pistes intéressantes, mais aucun travail complet, vraiment construit.
Pourtant, cet ouvrage n'en reste pas moins des plus intéressants, et Hannah Arendt donne des réponses intéressantes à une question cruciale : comment l'homme a-t-il évolué à travers les siècles ? C'est là qu'Hannah Arendt nous propose une formidable étude des modes de pensée en place, durant les siècles précédents et des changements qui sont cause des modifications de ces modes de pensée.
C'est quand même dommage que cet intéressant ouvarge n'ait pas entièrement tenu ses promesses d'autant plus qu'il est loin d'être inintéressant.
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Le livre s'ouvre par une distinction pédagogique entre vita activa et vita contemplativa, avec cette limite que la seconde ne sera guère abordée en dehors du prologue. Ce prologue nous indique que la vita activa a deux champs d'application, le domaine public et le domaine privé, et trois catégories, le travail, l'oeuvre et l'action. le travail est une activité soumise aux nécessités vitales, dont le produit est aussitôt consommé ; il est le propre de l'animal laborans, producteur de ses propres ressources ; le travail et la consommation sont les deux faces du cycle perpétuel de la vie biologique ; le travail n'a ni début ni fin. L'oeuvre est la création d'artefacts durables, que l'on ne consomme pas ; il est le propre de l'homo faber, qui crée un monde façonné par l'homme ; la fabrication a un commencement et une fin précis et prévisibles. L'action, liée à la parole, définit l'homme politique ; elle prend place dans le domaine public ; ses conséquences sont inconnues et illimitées, elles vont au-delà de la portée et de la vie de l'acteur ; l'action peut avoir un commencement défini mais n'a jamais de fin prévisible. On est ici dans le domaine académique, facile à suivre mais pas toujours facile à accepter, en particulier dans la prétendue hiérarchie antique entre le travail, qui définit l'esclave, et l'action, qui définit le citoyen (Laërte, le père d'Ulysse, était roi et cultivait lui-même son potager ; Romulus poussait la charrue, etc.). C'est un reflet non critiqué de la politique antidémocratique d'Aristote.

Le titre original du livre est « The human condition », auquel l'éditeur a ajouté le qualificatif de « moderne ». le livre de Malraux « La condition humaine » (1933) ne permettait certes pas une traduction littérale, mais l'addition de « moderne » est peu adaptée : l'ouvrage se réfère à chaque page à l'antiquité dans le vocabulaire, l'étymologie, l'histoire, les lois et les auteurs (Platon, Aristote, le droit romain, les évangiles ou saint Augustin) ; il n'aborde l'âge moderne que dans son dernier chapitre p 315. le seul auteur moderne largement cité est Karl Marx, sur un ton sévèrement critique : L'attitude de Marx à l'égard du travail, c'est-à-dire à l'égard de l'objet central de sa réflexion, a toujours été équivoque. Alors que le travail est une "nécessité éternelle imposée par la nature", le plus humaine et la plus productive des activités, la révolution selon Marx n'est pas pour tâche d'émanciper les classes laborieuses, mais d'émanciper l'homme, de le délivrer du travail ; il faudra que le travail soit aboli pour que "le domaine de la liberté" supplante "le domaine de la nécessité ". […] Des contradictions aussi fondamentales, aussi flagrantes sont rares chez les écrivains médiocres ; sous la plume des grands auteurs elles conduisent au centre même de l'oeuvre (P 151).

Le style est souvent péremptoire, parfois exalté (le Spoutnik p 33, la Nativité p 314), avec des incises nombreuses, stimulantes mais souvent peu justifiées dans leur contexte et peu convaincantes :
L'amour, à la différence de l'amitié, meurt ou plutôt s'éteint, dès qu'on en fait étalage (p 91). L'amour, phénomène très rare, il est vrai, dans la vie humaine (p 308)
La bonté doit absolument, sous peine de mort, se dissimuler, fuir l'apparence (p 118)
Le bien, en tant que mode de vie cohérent, n'est pas seulement impossible dans les bornes du domaine public, il est l'ennemi mortel de ce domaine (p 119)
La joie de vivre, qui est celle du travail, ne se trouvera jamais dans l'oeuvre : elle ne saurait se confondre avec le soulagement, la joie inévitablement brève, qui suivent l'accomplissement et accompagnent la réussite (page 154).
Avant les temps modernes qui commencèrent par l'expropriation des pauvres et s'occupèrent ensuite d'émanciper les nouvelles classes sans propriété, toutes les civilisations reposaient sur le caractère sacré de la propriété privée (p 102)
Ce n'est pas le principe de la machine à vapeur qui était nouveau mais plutôt la découverte et l'emploi des mines de houille pour l'alimenter (p 200)
La longue préface de Paul Ricoeur est pour moitié consacrée à l'ouvrage fameux de HA sur Les origines du totalitarisme ; elle défend comme elle peut les énigmes, paradoxes et apparentes contradictions du présent ouvrage. La quatrième de couverture n'a guère de relation avec son contenu.
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Le 20 éme siécle a transformé le statut de l'homme . Cela est une évidence que nul ne peut nier. En quoi exactement ?? L' on peut dire qu'aujourd'hui l'homme n'est plus un , il est eux dans dans un ensemble qui le dépasse et il n' y a aucune échappatoire. La technologie qui certes aide l'homme l'a également asservi , et rendu dépendant . de cela les politiques tirent des avantages conséquents et s'imposent sans possibilité d'écart ou de fuite . La nature méme de la pensée de l'homme est conditionnée et manipulée pour en faire un simple pion , sans aspérité. Contre le mythe de l'homme objet , mme Arendt entend opposer une vision résolument transgressive : l'humanité en marche. Cet opus s'impose par la méme comme un ensemble de textes fondamentaux sur la compréhension du réflexe de soumission de l'homme a ce qu'il croit étre supérieur à lui , que cela soit la technologie , les politiques ou les médias . Il faut lire cet ouvrage ,mais le lire vraiment pour saisir toute la difficulté que l'homme rencontre pour avoir le droit simplement d'exister. L'aspiration de l'homme doit étre la liberté de corps et d'esprit , et non pas l'attente de l'ordre de la machine , ou de la voix qui résonnera le plus fortement. Cet ouvrage a une importance cruciale , en ces temps ou l'on profite impunément du réflexe de soumission de l'homme devant les autels médiatiques et pseudo humains . Un ouvrage fondamental pour comprendre la condiion humaine...
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Cet essai de philosophie anthropologique comme le suggère Paul Ricoeur dans la belle préface de l'édition Pocket (2004) exige bien entendu une lecture studieuse, surtout pour les cerveaux lents comme le mien. On navigue en pleine théorie, on parcours l'histoire de la philosophie, de la Grèce ancienne à l'Occident de l'époque moderne, de Platon à Marx en passant par Saint-Augustin et Locke. Ecrit dans la période de forte expansion économique de l'après-guerre et dans un contexte de surenchère atomique entre les deux puissances de la guerre froide, Hannah Arendt s'interroge sur les principes et les valeurs qui ont guidés les hommes d'hier et d'aujourd'hui, les écarts et les ruptures idéologiques et culturelles. On a parfois l'impression d'enfoncer des portes ouvertes comme: ce qui nous meut est le principe de vie et de génération... mais le cheminement est si érudit et intelligent que l'effort produit ne semble pas vain.
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Travailler ?
Oeuvrer ?
Agir ?
Contempler ?

Que nous reste-t-il ?

Fin de la Politique !
Dictature de l'économie monstrueuse !

Hannah nous avait avertis il y a déjà 50 ans !
Dépêchez-vous de la lire !
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Citations et extraits (127) Voir plus Ajouter une citation
On calcule qu'au moyen âge les gens ne travaillaient guère plus de la moitié de l'année. Il y avait cent quarante et une fêtes chômées (cf. Levasseur, op. cit., p.239, et Liesse, le Travail, 1889, p. 253, sur le nombre de jours ouvrables en France avant la Révolution). L'extension monstrueuse de la journée de travail caractérise le début de la révolution industrielle, les travailleurs étant obligés de concurrencer les premières machines. Auparavant, en Angleterre, la journée de travail allait de onze ou douze heures au XVe à dix heures au XVIIe (cf. H. Herkner, "Arbeitszeit", in Handwörterbuch für die Staatswissenschaft, 1923, I, 889 sq.). En bref "les travailleurs ont connu pendant la première moitié du XIXe des conditions d'existence pires que celles subies auparavant par les plus infortunés" (Edouard Dolléans, Histoires du travail en France, 1953). Le progrès accompli à notre époque est généralement surestimé puisque nous le mesurons à un véritable "âge des ténèbres". Il est possible, par exemple, que l'espérance de vie telle qu'elle est aujourd'hui dans les pays les plus civilisés corresponde seulement à ce qu'elle était dans certains siècles de l'antiquité. Nous n'en savons évidement rien, mais la longévité de nombreux personnages célèbres invite à poser la question.
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" Si les hommes sont incapables de pardonner ce qu'ils ne peuvent punir, ils seront aussi incapables de punir ce qui se révèle impardonnable. "

(page 307)
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Nulle part dans l'Ancien Testament la mort n'est le "salaire du péché". Et la malédiction qui chassa l'homme du paradis ne lui donna pas pour châtiment le travail et la naissance : elle fit seulement que le travail devint pénible et que la femme enfanta dans la douleur. D'après la Genèse, l'homme (adam) avait été créé pour veiller sur la terre (adamah), comme l'indique son nom, forme masculine du mot "terre" (Genèse, 2 : 5-15). "Et Adam ne devait pas labourer l'adamah… et lui, Dieu, créa Adam de la poussière de l'adamah… Lui, Dieu, prit Adam et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et le garder" (je suis la traduction de Martin Buber et Franz Rosenzweig, Die Schrift, Berlin). Le mot pour "labourer" qui plus tard signifia travailler, leadwod, a le sens de "servir". La malédiction (3 : 17-19) n'emploie pas ce mot, mais le sens est clair : le service pour lequel fut créé l'homme devient servitude. La malédiction est généralement mal comprise, parce que l'on interprète inconsciemment à la lumière des idées Grecques. Les auteurs catholiques évitent d'ordinaire cette erreur (cf. par ex. Jacques Leclercq, leçons de droit naturel, vol. IV, 2° partie, "Travail, propriété", 1946, p.31) : "La peine du travail est le résultat du péché originel… L'homme non déchu eût travaillé dans la joie, mais il eût travaillé"; ou J. Chr. Nattermann, Die moderne Arbeit soziologisch und theologisch betrachtet (1953), p.9. Il est intéressant dans ce contexte de comparer la malédiction de l'Ancien Testament avec l'explication apparemment semblable de la peine du travail dans Hésiode. Hésiode dit que les dieux, pour châtier l'homme, lui dérobèrent la vie de sorte qu'il dut la chercher, alors qu'auparavant il n'avait, paraît-il, qu'à cueillir les fruits des champs et des arbres. La malédiction consiste ici non seulement dans la dureté du travail mais dans le travail lui-même.
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La mortalité humaine vient de ce que la vie individuelle, ayant de la naissance à la mort une histoire reconnaissable, se détache de la vie biologique. Elle se distingue de tous les êtres par une course en ligne droite qui coupe, pour ainsi dire, le mouvement circulaire de la vie biologique. Voilà la mortalité : c'est se mouvoir en ligne droite dans un univers ou rien ne bouge, si ce n'est en cercle.
Le devoir des mortels, et leur grandeur possible, résident dans leur capacité de produire des choses - oeuvres, exploits et paroles - qui mériteraient d'appartenir et, au moins jusqu'à un certain point, appartiennent à la durée sans fin, de sorte que par leur intermédiaire les mortels puissent trouver place dans le cosmos où tout est immortel sauf eux. Aptes aux actions immortelles, capables de laisser des traces impérissables, les hommes, en dépit de leur mortalité individuelle, se haussent à une immortalité qui leur est propre et prouvent qu'ils sont de nature "divine". La distinction entre l'homme et l'animal recoupe le genre humain lui-même : seuls les meilleurs (aristoi), qui constamment s'affirment les meilleurs (c'est le verbe aristeuein, qui n'a d'équivalent dans aucune langues) et "préfèrent l'immortelle renommée aux choses mortelles", sont réellement humains; les autres, satisfaits des plaisirs que leur offre la nature, vivent et meurent comme des bêtes. C'est l'opinion qu'on trouve encore chez Héraclite et dont on ne voit guère l'équivalent chez les philosophes après Socrate.
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L'homme ne peut pas être libre s'il ne sait pas qu'il est soumis à la nécessité. Et s'il est vrais peut-être que ce qui le pousse le plus fortement à cette libération, c'est son "dégoût de la futilité", il est possible aussi qu'une telle aspiration s'affaiblisse à mesure que la "futilité" semble plus facile et qu'elle requiert moins d'effort. Car il reste probable que les énormes changements plus grands encore de la révolution industrielle derrière nous et les changements plus grands encore de la révolution atomique qui nous attend seront toujours des changements du monde, et non pas de la condition fondamentale de la vie humaine sur terre.
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Résumé : Le découragement est le problème majeur de notre temps. Là où nous pourrions avancer, nous baissons les bras. Là où nous pourrions être victorieux, nous partons perdants. On nous a fait croire que nous devions être dans le contrôle permanent, dans l'efficacité absolue. Mais la vie ne se contrôle pas, elle ne se gère pas. Comment inverser le mouvement ? Comment retrouver l'élan pour sortir de la paralysie qui nous guette, pour rejoindre enfin le monde et essayer de le réparer ? Se fondant sur les enseignements de philosophes qui, comme Nietzsche, Bergson ou Hannah Arendt, ont affronté ce péril majeur avec lucidité, Fabrice Midal nous amène à reprendre confiance en nous et en l'humanité. Avec La théorie du bourgeon, il nous apprend à cultiver la vie dans son surgissement, ce bourgeon qui réside en nous et qui ne demande qu'à croître pour donner des fleurs, pour donner des fruits. C'est ce remède anti-découragement que je vous invite à découvrir.
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