Trolls de Troy, tome 20 : L'Héritage de Waha

Déjà le tome 20 de "Trolls de Troy". Il faut dire que la recette a fait ses preuves ; un village d'irréductibles Trolls sauvages est entourés d'humains civilisés au mode de vie radicalement différent. La différence fondamentale avec un héros bien connu à moustache ? Les humains ne cherchent pas, mais alors pas du tout, à conquérir le village Troll. Saupoudré le tout de magie, d'un soupçon d'érotisme et de violence sanguinolente et vous obtenez une série made in Arleston à succès. N'oublions pas non plus les dynamiques dessins de Mourier et leur propension à la caricature humoristique. Il n'y a qu'à voir ce nouvel opus, axé sur la réélection du vénérable Rysta Fuquatou à la tête du conservatoire, pour s'en convaincre.

Car les références y sont nombreuses et c'est également une des marques de fabrique d'Arleston, qui permet de fédérer les générations : ici nous avons droit à Sarkozy et Carla, Brice Hortefeux (élection oblige) mais aussi Yann Barthès et le petit journal, sans parler de J. Jonah Jameson (le rédac chef de Peter Parker/Spider Man), le slogan de la campagne de Mitterand (la force tranquille) et le scandale de sa fille cachée, la tirade "moi président..." de Hollande...
C'est efficace tant que ça dure comme dirait l'autre mais que restera-t-il de cette humour très ancré dans son époque dans 20 ans ?

Gageons que les qualités de scénariste d'Arleston et le talent de Mourier survivront au temps qui passe. En tout cas si les derniers tomes m'avaient laissés une impression mitigée j'ai vraiment pris plaisir à lire celui-là. C'est rythmé, sans prétention et il y a quelques dialogues bien sentis. Et puis quels formidables personnages que ces Trolls...

Soyons honnêtes : les Trolls de Troy se suivent beaucoup et se répètent un peu. Mais le rire est toujours présent, les jeux de mots "capillotractés" sont toujours un pur régal de loufoquerie, les histoires se dévorent en un rien de temps et c'est donc un petit moment de détente parfaitement satisfaisant auquel Christophe Arleston nous convie une fois encore.

Histoire dans laquelle cette chère Waha apprend donc que sa mère (que le lecteur découvre quelques albums plus tôt) est morte, qu'elle hérite ainsi de sa "maison de plaisir", et que cela ferait donc une maison parfaite pour le charmant couple Pröfy/Waha, une fois entièrement démontée et déménagée.

Mais à Eckmül, l'élection du futur vénérable est en cours et si le fameux Sage Rysta Fuquatou est bien évidemment en lices pour se succéder à lui même, il doit faire face, cette fois, à une campagne terrible, dans laquelle tous les coups sont permis, menée par le minuscule (en taille...) Sage Fârkho, aidé par le Condottierre Huntiër (sic!) et sa maîtresse Kärlha à l'étonnant pouvoir [Toute ressemblance avec des personnages de la vie politique et médiatique française n'est évidemment pas fortuite].

Ajoutez à cela le pouvoir fort intéressant de Dame Halzeïmr, mis en application sur l'infortunée Waha, deux Trolls accompagnateurs obligés de mettre leurs quelques neurones en marche, et vous finissez par obtenir un album gentiment foutraque qui ne révolutionnera sans doute pas la BD humoristique mais dont on ressort ravi.

Trolls de Troy porte habituellement un humour un peu féroce, deuxième degré et parfois absurde, des plus plaisants.
Les jeux de mots sont toujours au rendez-vous dans ce tome, qui y ajoute une série de caricatures pas indispensables. On trouve ainsi Sarkozy en « Färkho », membre du consistoire d'Eckmül, bien décidé à parvenir par tous les moyens à se faire élire contre le vénérable Rysta Fuquatou. Mais ce dernier ne va pas se laisser faire : « Je sais Färkho est avide de pouvoir. Il est prêt à toutes les bassesses… Mais moi aussi ! Cette campagne sera sans pitié ! Tous les coups bas seront permis ! »
Là, le prétexte pour Färkho sera l'existence de la fille cachée de Rysta Fuquatou, Waha, qui vient en ville récupérer son héritage, une maison en dur, qu'elle compte ramener au village troll. Castagne troll et magie en perspective.

Sans doute pas le meilleur tome de la série, néanmoins les avatars de quelques figures connues de notre société m'ont rendu la lecture de ce volume particulièrement réjouissante !

Je pense notamment au personnage Farkho. Sans scrupules, avide de pouvoir, souffrant d'un léger complexe de supériorité et remarquable par sa petite taille. Il ne vous rappelle pas quelqu'un ?! On trouve également sa partenaire, Kharla, qui adore pousser la chansonnette au grand désespoir de la plupart... Je trouve que les auteurs ont fait part d'audace en croquant ces personnages ! Une audace qui révèle un grand sens de l'humour mais aussi un certain engagement politique. On note aussi l'apparition d'un journaliste futé ressemblant fort au présentateur du "Petit Journal"...

Autant de clins d'oeil qui rende ce tome très drôle mais aussi dans l'air du temps. On y parle de campagnes, d'élections et de scandales, bien sûr !

J'ai enfin eu l'occasion de lire le tome 20 de Troll de Troy et voilà que j'apprends que le tome 21 va paraître en fin de mois.

Ce tome est toujours fidèles aux autres de la saga: blindé d'humour. Dans celui-ci les jeux de mots ont tendance à se retrouver au niveau des noms des sages (sage Kömunimaj par exemple) et c'est toujours avec un sourire de béatitude que je lis ces drôleries.

L'accent est également mis sur l'humour politique: le vénérable Rysta Fuquatou se bat avec le sage Färkho (vous noterez la ressemblance avec un personnage de notre politique) pour rester le leadeur. Comme de par hasard la femme de Färkho s'appelle Khärla (hum hum...).
Et Fuquatou nous fait un jolie discours "Moi vénérable, je..." !!

Que ça fait du bien de voir que le monde troll connaît les mêmes désagréments que nous en matière de politique !

Encore un tome à dévorer sans modération.