AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253108832
465 pages
Le Livre de Poche (26/01/2005)
4.1/5   45 notes
Résumé :
Raymond Aron est inclassable. Intellectuel anticonformiste, il est allé à contre-courant des Idées dominantes de l'intelligentsia de gauche. Il a eu raison avant les autres sur la nature du régime soviétique, du stalinisme. Et dans les années 50, Il a eu le courage de tenir sa position, tout en accomplissant une oeuvre scientifique indiscutée.
A la fois journaliste, sociologue, historien, philosophe, Raymond Aron retrace dans ces entretiens avec Jean-Louis Mi... >Voir plus
Que lire après Le spectateur engagé : entretiens avec Jean-Louis Missika et Dominique WoltonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Publiés en 1981, ces entretiens nous font revisiter le 20è siècle de 1925 à 1980 en compagnie de Raymond Aron et nous permettent de comprendre sa vision de l'histoire. Ce texte riche, vivant et accessible se lit comme un roman. Les jeunes essayistes J-L Missika et D Wolton mènent ces entretiens pour une émission télé. le présent livre retrace ce dialogue.

Un moment fort : l'Allemagne de 1930 à 1933.
« R A : J'ai pris conscience du monde. Autrement dit, j'ai fait mon éducation politique. [ ] Au printemps 1930, arrivant en Allemagne, je suis un enfant de choeur. En 1933, je reviens en France en adulte. J'ai en conscience de ce qu'est la politique dans ce qu'elle peut avoir d'horrible. Mais ce n'est pas l'Allemagne en tant que telle qui m'a changé. C'est Hitler dans une Allemagne devenue hitlérienne. Voilà. » p43

Un autre moment fort, vingt plus tard, en 1955, lors de la publication de l'essai L'Opium des intellectuels.
« J-L Missika : Ce fut le débat le plus important de l'après-guerre, et il allait diviser l'intelligentsia français jusqu'à aujourd'hui [1981]. Ensuite il allait radicaliser le clivage gauche-droite et transformer le débat politique en un dialogue de sourds. Enfin les auteurs de ce débat étaient Jean-Paul Sartre, Merleau-Ponty, Albert Camus, et Raymond Aron. Vous dites que c'est l'attitude à l'égard de l'Union soviétique qui avait tracé la ligne de partage entre les intellectuels. Sur quels thèmes se sont-ils opposés à propos de l'Union soviétique ?
R A : Je voudrais dire d'abord que, comme je suis le seul survivant des quatre, je voudrais autant que possible ne pas régler de nouveau de vieux comptes. » p169

Raymond Aron répond à ses deux interlocuteurs avec sincérité, sans arrière-pensée ; avec simplicité aussi, sans s'attribuer le beau rôle. Parfois, les deux jeunes gens le poussent dans ses retranchements : par exemple lors de son attitude face au mouvement de mai 68, dont il s'est distancié. Mais l'historien avoue : une de ses hantises, et ce tout au long de sa vie, était la crainte de la guerre civile.
A le lire, on comprend combien c'est difficile de juger l'histoire en train de se faire.
Et pour finir ce compte rendu, un aveu qui m'a fait sourire : il parle des années 1937 – 38 (Le Front Populaire)
« J'ai été socialiste aussi longtemps que je n'ai pas fait d'économie politique ». p47
Commenter  J’apprécie          20
Que retenir du Spectateur engagé de Raymond Aron ? D'abord et avant tout, le souci permanent de la nuance et de la contextualisation en matière de politique et d'histoire. Contre tout dogmatisme et idéologie, Aron fut l'un des penseurs les plus pertinents de son temps, ce qui l'a d'ailleurs longtemps marginalisé. L'unité et la cohérence de sa pensée sont au service de la liberté, concept qu'il a défendu sans relâche à travers tous ses combats. Son analyse d'une rigueur remarquable l'a conduit à se positionner presque à chaque fois du côté de la vérité et de la raison dans les combats de son temps. Car pour lui, rien ne vaut la recherche de la liberté et de la vérité, chose qui n'est faisable en politique qu'en s'appuyant sur la raison.
Lien : https://mon-imaginarium.wixs..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[1981]
Raymond Aron : Je trouve que c’est médiocre d’en vouloir aux Etats-Unis d’avoir été pendant une courte période la puissance dominante du monde. Après tout, ça n’a pas duré longtemps et déjà on commence à s’interroger sur le déclin des Etats-Unis. Cela devrait atténuer les mauvais sentiments des Français.

Jean-Louis Missika : Mais l’impérialisme économique, les sociétés multinationales, c’est un danger réel, non ?

R A : En quoi, sinon par définition, les sociétés multinationales sont-elles impérialistes ?

J-L M : On a l’impression que vous faites deux poids, deux mesures. Tout le mal est du côté des Soviétiques. Les Américains ont droit à l’indulgence.

R A : C’est absurde. Je n’ai jamais dit qu’aucune société soit parfaite. Pour les sociétés multinationales, prenons un exemple, la société IBM. Elle a eu presque un monopole des ordinateurs. Elle a encore une position énorme. Il y a eu une filiale d’IBM en FR. Puisque vous avez étudié ces questions, considérez-vous que l’existence d’une filiale d’IBM en FR soit contraire aux intérêts nationaux de la FR ?

J-L M : En tout cas, le général de Gaulle l’a pensé puisqu’il a, de façon très volontariste, crée une société française d’informatique. [ …] En somme, la politique d’indépendance vous semble un peu ridicule ?

R A : Ca dépend comment on définit la politique d’indépendance. Lorsqu’on est dans une économie d’échanges libres, personne n’est économiquement indépendant. Par exemple, nous dépendons aujourd’hui des producteurs de pétrole beaucoup plus que des Etats-Unis. Ce que peut être l’indépendance, aujourd’hui, c’est de ne pas dépendre d’une seule puissance, c’est d’avoir une pluralité de dépendances. C’est aussi avoir de son côté un certain nombre de moyens pour que d’autres dépendent de nous. P238
Commenter  J’apprécie          30
L'ignorance et la bêtise sont des facteurs considérables de l'Histoire.
Commenter  J’apprécie          360
La morale du citoyen, c'est de mettre au-dessus de tout la survie, la sécurité de la collectivité.
Mais si la morale des Occidentaux est maintenant la morale du plaisir, du bonheur des individus et non pas la vertu du citoyen, alors la survie est en question.
Commenter  J’apprécie          50
En politique, on ne peut pas démontrer la vérité, mais on peut essayer, à partir de ce que l'on sait, de prendre des décisions raisonnables.
Commenter  J’apprécie          10
Tous les combats politiques sont douteux. Ce n'est jamais la lutte entre le bien et le mal, c'est le préférable contre le détestable.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Raymond Aron (129) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raymond Aron
L'oeuvre du sociologue Raymond Aron est toujours vivante et pertinente. Ses idées tranchaient à son époque. le philosophe a pensé la guerre et les relations internationales à un moment où ce n'était pas en vogue. Son oeuvre permet encore de penser et analyser les relations internationales et le conflit israélo-palestinien. Comment Raymond Aron percevait-il les prémices d'un conflit qui fait toujours l'actualité ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit : - Perrine Simon-Nahum, docteure en histoire, directrice de recherches au CNRS et professeure attachée au département de philosophie de l'Ecole normale supérieure - Jean-Vincent Holeindre, professeur de science politique à l'Université Paris 2 Panthéon-Assas et directeur scientifique de l'IRSEM (Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire)
#guerre #hamas ##israel _______________ Découvrez tous les invités des Matins dans "France Culture va plus loin" https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins
Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite
>Sciences sociales>Science politique>Science politique (politique et gouvernement) (698)
autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (140) Voir plus



Quiz Voir plus

Aron ! Aron ! Petit Patapon !

Raymond Aron moque les compagnons de route du Parti communiste, notamment Sartre et le groupe des Temps modernes, en signifiant que comme le peuple dont l'opium est la religion selon Saint Marx, qu'eux aussi ont leur opium, ...?...

L'opium des Intellos
L'opium des intellectuels
L'opium des Mandarins
L'opium des Mandarines

10 questions
18 lecteurs ont répondu
Thème : Raymond AronCréer un quiz sur ce livre

{* *}