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EAN : 9782714454898
336 pages
Belfond (14/03/2013)
3.12/5   24 notes
Résumé :
Emmanuelle est en fait un livre en deux parties, sous le même titre mais avec deux sous-titres correspondant aux deux parties successives : La Leçon d'homme et L'Antivierge. Séparés au début par un éditeur clandestin un peu pressé, les deux morceaux ne se retrouveront en librairie sous le titre commun d'Emmanuelle que huit ans plus tard, encore qu'en deux volumes. Par la suite, les aléas de la librairie, et des histoires de droits compliquées plongeront L'Antivierg... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Critiquer Emmanuelle, je n'oserais pas! Il faudrait être un fameux goujat pour se permettre une telle offense. Un jour, un ami très intellectuel de nature me demande : "As-tu lu Emmanuelle ?" Je lui répondis niaisement : "Non !".
"Alors si tu n'as pas découvert ces livres, tu n'as rien lu ! C'est un chef-d'oeuvre de littérature!"
Il sort alors de sa bibliothèque les deux tomes écrits par Emmanuelle Arsan. A sa question de savoir si j'avais vu les films, je lui ai aussi répondu par la négation. J'étais trop jeune à l'époque de leur sortie. En ces temps des années soixante-dix, dans les petites bourgades de province, il y avait en général deux cinémas. L'un appartenant à la paroisse et qui défendait la pudeur et pratiquait l'autocensure et l'autre, financé par un parti défendant la liberté de penser, plus licencieux. Adolescent, nous préférions les valves du dernier, admirant les affiches les plus osées, devant lesquels nous nous émouvions de découvrir de temps à autre les seins d'une jeune actrice aux mamelons camouflés d'une pastille blanche. Quel âge avais-je quand nous admirions l'affiche sur laquelle était assise la belle Silvia Kristel sur ce fameux fauteuil en osier? 11 ans, 12 peut-être ? Elle semblait nous fixer droit dans les yeux, nous annonçant qu'enfin, la révolution sexuelle atteignait nos campagnes.
Devenu adulte, j'ai pensé que cet érotisme des années septante (soixante-dix pour mes amis français) était devenu bien désuet et que par simple préjugé, j'étais persuadé que ce genre littéraire devait être mineur. Je n'aurais, suite à ce prêt, jamais imaginé découvrir un style si riche. Voilà un roman réellement spirituel, élevant l'érotisme au rang de philosophie, de religion. Et quelle belle écriture, quel sens de la phrase, de la métaphore, de la poésie. Depuis cette lecture, je n'oserais même pas tenter voir le film. Comment ne pas bafouer un livre si bien écrit en le couchant sur une pellicule ?
Voilà pourquoi j'ai sélectionné ce roman parmi ceux que j'emporterais sur une île déserte. Quitte à être seul, autant l'être avec Emmanuelle. J'aurais bien sélectionné aussi le premier tome mais, n'ayant droit qu'à six livres, j'ai fait un choix. Pourquoi l'Anti Vierge ? C'est sans doute dans ce deuxième tome qu'Emmanuelle est la plus épanouie, à la fois plus forte et plus vulnérable, plus désirable. Vous n'avez pas encore lu Emmanuelle ? Alors, je vous souhaite de rencontrer un ami qui, délicatement, le sortira de sa bibliothèque en vous demandant : "As-tu lu Emmanuelle ?" et en vous répondant quand il vous le confiera " Non ? Alors, tu n'as encore rien lu !"
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Voir la critique du volume "Emmanuelle"
Rien à ajouter
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J'ai découvert ce livre avec beaucoup de plaisir. On pénètre l'univers des contes pour enfants avec une angle nouveau et une perception beaucoup plus intime. L'auteur semble partager avec nous la lecture et sa proximité est une source de grande excitation. Il est vrai que ces contes soit disant pour enfants laissent parfois un goût un peu amer. Ici. ils prennent des couleurs et tournent tous à l'occasion de prendre une bonne partie de plaisir.
Jouissif et passionnant. On en redemande!
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critiques presse (1)
BDGest
21 juillet 2015
Guido Crepax est de ceux qui possèdent l’art et la manière de transformer l’appel de la chair en une chorégraphie sensuelle et amoureuse.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
-Je ne t’avais encore jamais vue, dit Emmanuelle. Regarde- moi. Je peux t’aimer, toi qui es plus belle que moi.
-Il est trop tard pour que je me défende.
-Crois- tu toujours que je sois le Mal ?
-Et, moi, crois- tu encore que je sois l’ange ?
-Tu es mon amante. Tu es ma femme.
-J’irai vivre avec toi et Jean. Je serai vous.
-Ce que j’aime, je te le ferai faire.
-N’y mets pas trop de hâte : tu vois, je suis encore effarouchée !
-Un peu de fermeté, chevalière ! Je ne veux pas de toi pour te ménager. Je te dilapiderai comme un fief.
-Tu ne garderas rien ?
-Te prodiguer n’est pas te perdre. Espères- tu que je me pose sur toi comme une chevêche, pour m’engourdir de ton sang sucré ?
-Je ne suffirais pas à te gorger ?
-Non, rien, jamais, ne me suffira. Je chercherai toujours ailleurs. Regarde le ciel…
-Tu as voulu que je l’oublie.
-Regarde ce ciel- là. Tu vois comme notre terre y est heureuse ! Il est sa carrière. Il est à nous : nous y sommes venus de main d’homme.
-Qu’avons- nous d’autre à trouver ?
-Tout, tout ! Songe à ce qui nous reste à connaître. Hélas ! c’est impossible : c’est le monde qui ne sera jamais fait !
-Garde confiance ! presse Anna Maria avec une brusque ferveur. Jean et nous, ceux qui nous ressemblent, ceux que nous aimons, le verrons surgir.
-Pas nous. Jamais personne. Toujours seulement ceux qui suivent.
-Et qui donc nous suivra, toi et moi ?
-Notre fille.
-Qui la fera ? Toi, moi ? Et qui nous l’aura faite ? Jean ?
-Ou toi à moi, moi à toi. Peu importe ! Nous lui apprendrons à naître. À changer.
-C’est tout ?
-Le reste, ce sera à elle de nous l’apprendre. Ou à ses filles et aux petites- filles de ses filles.
-Nous n’y serons plus, dit Anna Maria, la gorge serrée. Ah, je voudrais pouvoir revenir ! Dans longtemps, longtemps. Quand les hommes auront grandi.
-Tais- toi. Te souviens- tu du faune – que disait- il ? « Ces nymphes… » Ma fiancée, ma sœur, je t’ai enfantée : ce n’est pas assez ! L’amour de toi allonge mon rêve. Je me sens un désir de durée.
-Que veux- tu ? demande Anna Maria.
-Nous perpétuer. Je te veux ! Je t’aime. Donne- toi à nous !
-Voici de l’eau, du sel, des algues et du sable. Et puis voici mon corps…
-Comme il est beau, touché par ma bouche et mes mains !
-Fais- le ton œuvre.
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Oui, à un moment donné, tout a servi. Même le christianisme. Un jour, aux mortels hagards de sacrifices et de magies, à leurs tribus affolées de méfiances et de mépris, un homme est venu dire : aimez- vous ! Vous êtes une unique espèce fraternelle. Il n’y a pas de race élue ; ni d’esclaves ; ni de damnés. Je vous réveille de vos fictions et de vos carnages. Je vous délivre de vos idoles et du chimérique fardeau de vos fautes originelles. Vos prêtres, leurs temples et leurs livres n’ont plus réponse à tout : c’est à vous- mêmes que vous devrez poser des questions, sans ignorer que vous n’aurez jamais de réponse. C’est votre quête sans fin ni cesse qui fonde votre existence et votre liberté. Vous ne serez jugés que sur ce que vous aurez fait… Ce jour- là, le monde a fait un pas en avant. Puis le sens de l’évangile s’est perdu ; et la doctrine de progrès est devenue un grand système de contrainte, où tout élan de vie est péché. Le messie avait servi l’évolution ; son église lui fait obstacle. L’amour, c’est à vous, aujourd’hui, d’en apporter la bonne nouvelle. Un amour qui ne soit pas une offense. Un amour qui libère de la honte, et devant le sacrilège duquel les pharisiens, une fois encore, se voilent la face. Un amour qui démystifie, et cependant gonflé comme une voile du sortilège et du mystère des grands commencements. Un amour qui soit une victoire sur la faiblesse et sur la peur, une victoire de la vie. « Jouis de la vie avec une femme que tu aimes », s’écrie l’Ecclésiaste. « Tout ce que ta main peut faire, fais- le avec force, car il n’y a plus ni œuvre, ni intelligence, ni science, ni sagesse dans le séjour des morts où tu iras. » Le corps est ce qui vaut qu’on pleure d’amour : « Non, pas le ciel ! conjurait la mourante. Non, pas le ciel, mais mon amant ! » À l’amour de la mort que clame le dément, la pensée répond qu’elle ne veut croire qu’à la bonté de la vie, à la fête charnelle des vivants : « Mieux vaut un chien vivant qu’un lion mort… » Seul le mépris du corps fait le corps périssable, et c’est d’avoir tenu ses lois pour viles qui les a avilies. S’il existe au monde quelque chose de sacré, c’est bien le sexe qui l’incarne. Heureux celui qui, le temps venu de mourir, pourra dire : j’ai misé sur un corps, je n’ai pas perdu ma vie. Emmanuelle, je ne crains pas, je n’ai pas honte de jouer les lendemains du monde sur votre corps.
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Je sais seulement que la vie est faite d’échanges et que c’est un bien. Et je ne souffre pas qu’elle soit faite aussi d’inconstance, d’incertain. Le prix de vivre est l’inconnu ? Eh bien ! soit : je me lance, je vis. Mais si, toi, tu crois que tu connais ton but, que tu as trouvé ta forme et n’as plus d’autre passion que de la préserver, si tes rêves sont calcifiés, alors, tu as droit à la stabilité qui convient à ton âge : une place parmi les crânes et les tibias sûrs de leur avenir, dans l’ossuaire des appréhensions calmées.
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J’ignore si l’érotisme est un bien en soi. Ce que je sais, c’est qu’il donne le dégoût de la bêtise et de l’hypocrisie, le désir d’être libre et la force de le devenir. Quand la terre se fait geôle, il est la lime, il est l’échelle, il est le mot. Je ne connais pas de secret qui puisse, mieux que cette lucidité , libérer l’homme de ses plus stériles terreurs, lui apporter la chance de s’arracher à la pesanteur hercynienne pour déboucher sur l’espace sans postulat des étoiles. Et, parce que je ne veux pas qu’à l’âge des ailes, les mutilations, les prudences et les artifices des archanthropiens continuent de déterminer vos gestes, je vous adjure de faire parade de votre beauté et de vos sens, afin que ceux qui vous regardent engendrent une lignée moins laide, moins impuissante, moins crédule, moins asservie et moins obsédée de simulacres qu’eux- mêmes.
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Le monde sera ce que le feront le génie d’invention et la témérité de votre corps. Ma part, à moi, est de vous crier votre chance. Ce sera à ceux qui viendront après de veiller à ce qu’on ne vous déifie ni ne vous adore. Lorsque l’érotisme sera devenu, lui aussi, une religion, avec ses cultes, ses églises, ses évêques et ses diables, son latin et ses tabernacles, ses excommunications, ses indulgences, ses curies et ses justes guerres, quand, à son tour, il prétendra avoir réponse à tout et si la terre, sous sa loi et sous ses bûchers, redevient triste, alors l’homme en saura assez pour être capable d’autres révoltes. Pour l’instant, c’est à vous de renverser les faux dieux, leurs temples désolés et leurs rites sans foi. Emmanuelle, délivrez- nous de notre mal !
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Vidéo de Emmanuelle Arsan
Cette vidéo a été commencée au tout début du confinement, quelques passes plus tard, c'est bouclé ! Merci à : Sib Vanessa Marie-Laure Emmanuelle Charlotte R. Thierry R Flora Alix Côme Lucie Sylvie Adèle Célia Pascal Thierry Mélanie Adèle Louis-Antoine Julie Bénédicte Anabelle Perrine Xavier Oriane Jessica Karine Violaine Adeline Seb Séverine Raquel François
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