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EAN : 9782070315352
400 pages
Gallimard (24/06/2004)
2.8/5   15 notes
Résumé :
Exhibition commence dans la vallée de Chevreuse. Drôle d'endroit pour le déballage intime. Et pourtant, au fil des lignes apparaît Philippe. À moins que ce ne soit, évidemment, Michka Assayas en personne. L'enterrement de la mère de ses amis d'enfance permet au narrateur de se retourner sur les années passées. De "déballer" sur un père italien absent, sur une mère égocentrique, une grand-mère... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
e me souviens, au début des années 90, Michka Assayas passait régulièrement chez Bernard Lenoir, souvent le vendredi soir, pour parler d'un film, d'un disque qui l'avait touché quelques jours plus tôt. Petit à petit je m'étais fidélisé à ce rendez-vous, j'avais appris à aimer l'écriture soignée des papiers d'Assayas.

Sans vouloir tout suite trouver des similitudes avec les romans de qui que ce soit, on ne peut s'empêcher tout au long de ce livre de penser à Houellecbecq. Car il faut être franc, Philippe, le héros de ce livre est typiquement "Houellebecquien" dans sa façon de vivre, dans ses réflexions, dans sa vision de la société et dans le regard cynique qu'il porte sur elle.

Philippe, la quarantaine dépressive, est un journaliste rock qui passe son temps devant le minitel à dialoguer sur des serveurs à caractère sado-maso. Sa vie en demi-teinte l'amène à faire des piges par-ci par-là, notamment lors d'une émission de radio sur Sonic FM (sorte de Oui FM) dans laquelle il intervient pour parler de Ian Curtis et Joy Division, alors que tout le monde semble s'en foutre. Mais Voilà, Philippe et celui qui les a vu, alors on entretient malgré tout une légende qui n'intéresse plus grand monde, surtout depuis que Kurt Cobain s'est suicidé et occupe désormais la place de "légende-rock-rebel-mort "dans les têtes des ados de cette époque.

Assayas, tout au long de ces 400 pages, fait une sorte de bilan de la société actuelle tout en regardant constamment dans le rétroviseur, en évoquant les années 80 durant lesquelles il semble s'être épanoui. Exhibition est une sorte de regard plutôt lucide et corrosif, mais pas dénué d'humour, sur la société contemporaine. Les références musicales y sont constantes (Bob Mould, the Clash, New Order, Brian Wilson...) et indiquent, assurément, une grande part d'autobiographie dans l'écriture, tant certaines anecdotes semblent par moment criante de vérité.

Auteur du "Dictionnaire du rock", édité chez Laffont, Michka Assayas considère "Exhibition" comme son premier véritable roman, après avoir publié deux autres récits : Les Années Vides (1990), et Dans sa peau (1994). Par la suite il publiera Faute d'identité (2011) ainsi qu'une réédition du roman Les années vides en 2013 aux éditions le Mot et le reste.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Partout, les gens exhibaient leurs plaies mentales devant des inconnus. Ils exhibaient leur viol par leur père, leur homosexualité mal vécue à l'E.D.F., leur humiliation d'être trop gros, leur douleur de n'être pas remarqué, leur douleur d'être trop remarqué, leur stress après une victoire, leur stress après une défaite, leur harcèlement au travail, leur harcèlement au chômage. Tous exhibaient leur souffrance, tous faisaient pour ainsi dire la queue pour exhiber leur souffrance, parce qu'ils attendaient tous de l'exhibition de celle-ci une compensation à cette souffrance, l'exhibition constituant en somme le remède miracle, l'arme absolue contre la souffrance, un mal contre lequel l'argent et les loisirs organisés ne pouvaient rien, bien au contraire.
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Alors, quand Philippe aborda Nicolas Seigneur en lui disant avoir lu dans Télérama que celui-ci préparait un nouveau spectacle, il réalisa immédiatement, rien qu'à voir le sourire navré de Nicolas, que celui-ci pourrait éventuellement lui fournir des informations sur le texte qu'il avait choisi, le décor qu'il avait en tête, ou bien les comédiens qu'il solliciterait, mais il savait bien que l'autre ne lui expliquerait rien, parce que désormais ils vivaient tous deux à l'âge de l'ironie, et non de l'explication. […] L'ironie décourageait tout, c'est elle qui avait poussé Philippe à ne rien entreprendre, et pourtant on pouvait aussi dire en même temps que c'est l'ironie qui avait poussé Nicolas Seigneur sinon à entreprendre, du moins qu'elle le poussait à continuer à entreprendre. Il avait toujours suivi le vent, et le vent, il le sentait bien autour de lui, le vent de l'ironie — qui faisait qu'on ne pouvait plus rien prendre au sérieux — poussait le monde […] Le monde entier avait été transformé par l'ironie. L'ironie était devenue la source d'énergie la plus puissante du monde occidental. Elle précédait tout, servait de moteur à tout, et elle précipitait le monde vers le désenchantement à une vitesse qui semblait combler de joie les populations.
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Tout ce qu'on a inventé dans les sociétés développées pour supporter ce qui nous entoure c'est l'Ironie. ne pas se prendre au sérieux. Le décalage. Les Guignols, la publicité,les médias répetent partout la bienséance de l'ironie. L'ironie est indispensable à tous: pour se regarder dans la glace,pour vendre, pour consommer, pour désirer quelque chose ou quelqu'un tant on est sur ni de ce qu'on fait ni de ce qu'on dit et qu'on ne choisit rien. Jean-Marie Messier rigole d’être JMM, il doit montrer qu'il rigole et qu'il est décalé pour montrer qu'il occupe bien le centre du pouvoir parce que désormais ce sont les sérieux , les tristes, et les chiants qui sont marginalisés. Ha Ha Ha ! le gros cigare, la lecture quotidienne du Wall street journal c'est pas mon truc , moi je suis plutôt Stones. (P 167)
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Brian Wilson avait-il imaginé,a vingt et un ans,ce jour d'aout 1963 ou il s'arreta au bord de la route la premiére fois qu'il entendit (Be My Baby) des Ronettes,produit par Phil Spector,ce jour il fonça dans un magasin de disques pour acheter le disque que,rentré chez lui,il réécouta des dizaines de fois d'affilée,que cet émerveillrment n'aurait qu'un temps,que sa frénésie de travail,un travail totalement imposé et totalement libre a la fois,ne durerait qu'a peine plus de trois ans,et qu'il paierait tout cela d'une dépression infinie et d'un effacement définitif?
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Vidéo de Michka Assayas
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Anthony Passeron enseigne les lettres et l'histoire-géographie dans un lycée professionnel. Il est né à Nice en 1983, une région qui est au coeur de son premier roman, paru aux éditions Globe, dans lequel il revient sur l'histoire familiale et la figure de son oncle Désiré, mort prématurément du sida et dont le destin tragique a longtemps été occulté. Une véritable révélation littéraire.
Filature, la nouvelle série du Média de la Fête du Livre de Bron présente 10 podcasts où Florence Aubenas, Sébastien Joanniez, Victor Hussenot, Jeanne Macaigne, Corine Pelluchon, Michka Assayas, Kamel Benaouda, Seynabou Sonko, Philippe Jaenada, Anthony Passeron se laissent aller au fil des mots. 10 formats courts de 4 minutes à écouter sur le Média et les réseaux sociaux de la FdLB.
© Collectif Risette/Paul Bourdrel/Fête du Livre de Bron 2023
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