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Georges Pillement (Traducteur)
EAN : 9782070728350
288 pages
Gallimard (13/05/1993)
3.44/5   8 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Publié en 1950, l'Ouragan est le premier volume de la trilogie bananière dans laquelle Miguel Angel Asturias décrit la domination des entreprises fruitières américaines dans les pays d'Amérique Centrale. Nous sommes sur la côte Pacifique d'un pays non identifié (mais il n'est pas difficile d'imaginer le Guatemala), où s'installe la Platanera (sous les traits de laquelle il n'est pas difficile de reconnaître la United Fruit) et où se met en place d'une sorte d'alchimie qui transforme irrésistiblement le vert des feuilles de bananiers en vert des dollars américains.
Dans un style assez sec et elliptique qui me fait parfois penser à une anticipation de Françoise Sagan ou de la Nouvelle Vague (peut-être une conséquence de ses séjours répétés en France), Miguel Angel Asturias brosse en autant de chapitres une série de tableaux qui se veulent une illustration, sur quatre ou cinq décennies (la chronologie est peu claire) des moments clefs du développement d'un modèle d'exploitation capitalistique fruitier qui capte les meilleures terres grâce à la sueur des travailleurs indigènes qui s'élancent dans une sorte de marche épique et victorieuse de l'homme à la conquête d'une nature hostile, puis qui s'arroge, grâce à sa toute-puissance financière, le monopole de l'exploitation et du marché. Les petits producteurs qui espéraient prospérer dans le sillage de cette grande réussite ne pourront rien contre l'implacable machine, ce Pape Vert basé à Chicago et qui écoute déjà plus ses actionnaires qu'il ne se préoccupe de son modèle de production et de ses employés. Il ne leur sera pas même laissé le loisir de prendre ne serait-ce qu'une petite part du marché local, toute tentative et toute initiative étant systématique écrasées par la toute-puissance capitalistique. La révolte gronde, mais que peu le petit face au gros ? La question reste ouverte à la fin du livre : l'ouragan, littéral celui-là, qui met les plantations à mal pourra-t-il ne serait-ce qu'ébranler la grande entreprise, ou au contraire, sera-t-il l'allié inespéré qui écrasera les petits car elle seule aura la force financière de survivre à la perte d'une récolte et de reprendre les investissements ?

Malgré un style à mon avis peu agréable à lire, j'ai aimé cette évocation factuelle de la mise en place d'une domination économique étrangère qui étend son ombre mortelle pour tuer inexorablement tout ce qui voudrait pousser à son côté. C'est aussi un livre prémonitoire, puisqu'il est publié en espagnol quatre ans avant le fameux coup d'Etat de 1954, à ma connaissance le seul coup d'Etat organisé par la CIA pour sauvegarder les intérêts d'une entreprise agro-alimentaire. Diplomate qui avait soutenu activement les dix années de démocratie naissante dans le pays, Asturias dut alors s'exiler, et on lit dans ce livre sa rage qui monte contre la captation des ressources naturelles de son pays par une puissance étrangère incontrôlable et la montée de l'ingérence dans ses affaires politiques et sociales.
Pour achever cette note de lecture, j'aimerais aussi souligner que ce livre, bien que se référant à des évènements précis demeure d'une actualité troublante. D'abord la dépendance des grandes entreprises par rapport à la bourse, que je citais plus haut. Nos médias actuels nous disent que c'est une dérive récente, pas tant que cela semble-t-il. Ensuite et surtout, je me demande dans quelle mesure on pourrait transposer ce livre sur un autre continent, l'Afrique, où des puissances étrangères ont commencé à acquérir des terres, dans le but avoué de nourrir leurs propres populations. Que se passera-t-il quand les champs de blé onduleront sous le soleil pour aller alimenter les Chinois tandis que les Ougandais auront toujours plus de mal à subvenir à leurs propres besoins ? La souveraineté alimentaire est une question qui demeure d'actualité, en Amérique Centrale (où des manifestations de paysans réclamant, encore aujourd'hui, un meilleur partage des terres sont en train de se radicaliser au Honduras) comme sur les autres continents, mais c'est aujourd'hui aussi la question de la souveraineté territoriale et de la gestion des ressources naturelles qui se pose de façon toujours plus aigüe dans le contexte de l'augmentation de la population et du changement climatique. L'Ouragan a frappé hier, il frappera demain, et ce livre pose, avec les mots d'hier, les questions qu'il nous faudra résoudre avant demain si l'on ne veut pas qu'il soit trop tard.
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Ce roman, très long, m'a ennuyé. Il ne s'y passe pas grand chose et tout y est pesant, daté. Par ailleurs, la traduction m'a semblé, souvent, plutôt lourde. Car, traduire c'est rendre le génie d'une langue dans une autre et, c'est à ce prix que le traducteur devient traître. En l'espèce, le génie de la langue française ne m'a guère semble être restitué. (simple opinion)
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ils n'avaient plus la force de donner de violents signes de joie. Toute la multitude tenue éveillée était inerte, abandonnée, éparpillée, après avoir passé des jours et des nuits au travail. Cette terre sur laquelle les uns étaient assis, les autres couchés, semblait tout entière dominée par eux. Tout était dominé, sauf l'humide, immobile, aveuglante chaleur de la côte. La volonté de l'homme s'était imposée. Bras et machines avaient modifié le terrain.
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Les orateurs s'égosillaient. Chaque jour, il y a avait davantage de fruits refusés. ils les refusaient par plaisir: la banane était trop mince, ou abîmée, ou vieille ou talée et ils n'expliquaient pas pourquoi il y a un an, presque à la même date, la même chose s'était produite?
p.204
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Ce roman, très long, m'a ennuyé. Il ne s'y passe pas grand chose et tout y est pesant, daté. Par ailleurs, la traduction m'a semblé, souvent, plutôt lourde. Car, traduire c'est rendre le génie d'une langue dans une autre et, c'est à ce prix que le traducteur devient traître. En l'espèce, le génie de la langue française ne m'a guère semble être restitué. (simple opinion)
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Vidéo de Miguel Angel Asturias
Jacqueline Duhême Une vie (extraits) conversation avec Jacqueline Duhême à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne le 8 février 2020 et où il est notamment question d'une mère libraire à Neuilly, de Jacques Prévert et de Henri Matisse, de Paul Eluard et de Grain d'aile, de Maurice Girodias et d'Henri Miller, de Maurice Druon et de Miguel-Angel Asturias, de dessins, de reportages dessinés et de crobards, d'Hélène Lazareff et du journal Elle, de Jacqueline Laurent et de Jacqueline Kennedy, de Marie Cardinale et de Lucien Bodard, de Charles de Gaulle et du voyage du pape en Terre Sainte, de "Tistou les pouces verts" et de "Ma vie en crobards", de Pierre Marchand et des éditions Gallimard, d'amour et de rencontres -
"Ce que j'avais à faire, je l'ai fait de mon mieux. le reste est peu de chose." (Henri Matisse ). "Je ne sais en quel temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden – comme je mêle la mort à la vie – un pont de douceur les relie." (Miguel Angel Asturias)
+ Lire la suite
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
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