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EAN : 9782221199169
162 pages
Robert Laffont (02/03/2017)
3.16/5   37 notes
Résumé :
En pleine nuit, Ethan reçoit un appel téléphonique étrange. Au bout du fil, il reconnaît la voix de ses parents disparus depuis deux ans. Après avoir pris de ses nouvelles, sa mère raccroche sur ces mots : "Dis à ta soeur qu'on pense à elle tous les jours." Le problème, c'est qu'Ethan est fils unique.
C'est le début d'une folle aventure...

Un secret de famille tombé du ciel. Un compositeur de chansons. Des nuits parisiennes et le vacarme de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Jérôme Attal L'appel de Portobello road roman Robert Laffont
(159 pages – 17€)

La couverture, style Roy Lichtenstein, focalise notre attention sur le téléphone à cadran vintage, par lequel arrivera cet appel mystérieux. Modèle des années 1970 « déniché dans une boutique de Portobello Road », à Londres.

Jérôme Attal nous plonge, en ouverture, dans un conte japonais. Surprenant. Mais ce mystère s'éclaircira dans l'épilogue ! L'auteur sait où il mène son récit et offre une construction originale, digne de l'atmosphère des films de Tim Burton.

Entrent en scène deux Parisiens : Ethan, la quarantaine, musicien compositeur qui peine à percer, en mal de reconnaissance et son ami confident Sébastien à qui il confie la teneur de cet appel nocturne si improbable. Cauchemar ou pas ?

Interloqué, sidéré, déboussolé par la demande de ses parents défunts, Ethan débute son enquête auprès de sa chère tante octogénaire, Sylviane. Mais peut-on croire les assertions d'une personne atteinte d'Alzheimer qui a donc tendance à délirer ? Toutefois,grâce à l'indice suivant recueilli :«  Inspected by June », Ethan va poursuivre son fil d'Ariane et nous immerger dans la Belgitude ! Gardons le secret !

Il lui faut absolument rallier Ath, «  la cité des géants », interroger June, qui travaille pour l'enseigne de porcelaine anglaise «  Somewhere over the teapot ». En route, il anticipe cette rencontre et prévoit la rafale de questions à poser à June.
Réussira-t-il à délivrer le message de ses parents à la bonne personne ? Suspense.

Cette échappée en territoire belge est ponctuée de rencontres. Gratifiante pour celle avec les routiers qui connaissent le jingle qu'il a composé. Déroutantes ces pom-pom girls tchèques.Insolite celle avec Bison Bogaerts, mais providentielle car la Triumph prêtée vient de rendre l'âme avant la destination finale.Voici Ethan, mêlé à une foule hétéroclite, joyeuse et festive, bousculé par des convives déguisés, se demandant où il a mis les pieds. Ne doit-il pas se soumettre à un rituel pour être accepté dans cette étrange fête. Jérôme Attal, aux racines belges, dépeint l'esprit «  irrésistible et réjouissant » de ce pays, et cette tendance à blaguer.
Il excelle dans l'art de la description, portant attention aux moindres détails que ce soient les paysages urbains,les sordides banlieues, la « route vallonnée de Jurbise », la salle d'une bibliothèque, ce qui fait naître une profusion d'images chez le lecteur.

Dans ce roman, l'écrivain aborde la douloureuse question du manque, de l'absence des parents avec qui on ne peut plus partager les petites épiphanies.
Tout aussi poignante l'évocation de la vieillesse de nos proches, de la déliquescence des seniors, quand le dialogue devient une série de quiproquos.C'est avec tendresse qu'Ethan se soucie du bien être de sa tante Sylviane. Il soulève indirectement la question de la sécurité de ces personnes âgées qui vivent seules.

Jérôme Attal distille de nombreuses réflexions quant à l'état de notre société ( « un monde où il faut se battre en permanence ») , portant un regard sans concession devant la violence ( « pour plat du jour »,« le réflexe à la mode »), les incivilités auxquelles tout citoyen est de plus en plus confronté. Sa fuite s'avère être due à de multiples facteurs ( déceptions), mais peut-on «  éparpiller son chagrin et son désarroi comme des valises mal sanglées » ?A travers ses personnages féminins (Zelie, June,la princesse) le narrateur explore le désir ressenti par les hommes.
«  On est tous à la recherche d'une émotion, d'une personne qui nous complètent et nous relancent. » Ethan trouvera-t-il « la pièce manquante de son puzzle » ?

Le musicien parolier pointe aussi le faible pourcentage qui revient au compositeur ( paroles, jingle) dans le marché de la musique, ce qui est de même pour un auteur concernant un livre de poche. Il donne une large place à la musique ( piano, charleston endiablé).On est soudain entraîné dans cette nouba loufoque,inoubliable !

Ceux qui ont lu Les Jonquilles de Green Park (1) connaissent le goût de Jérôme Attal pour Londres et la civilisation anglaise. Cela commence avec le téléphone vintage,
puis les mugs,les collections Emma Bridgewater, le paillasson « Keep calm and come in », les références musicales ( Dylan cité en exergue, les Beatles,l'affiche de Simon et Garfunkel, Amy Winehouse.)
Emily Dickinson est là aussi qu'il conseille de lire « avec le sourire » et « en lui disant merci ». Un autre conseil de lecture est formulé : «  Ne vous apitoyez pas sur le sort des auteurs et de leurs personnages, ou bien ça vous retombera dessus tel un boomerang émotionnel » !
On devine le plaisir du romancier à créer des comparaisons imagées, toujours aussi
inattendues. La mémoire d'Ethan telle un «  shaker géant » , la bâche : «  comme une meringue flottante sur une tarte au citron ». Il joue avec les mots : «  célérité/célébrité », china qui signifie porcelaine/made in china.

On regrette qu' Ethan , habité par la mélancolie et la nostalgie, ne fonctionne pas comme Tommy des Jonquilles de Green Park, à savoir compter ses heures heureuses, remplir sa colonne des plus dans un cahier.
L'auteur, un brin gourmet, régale notre palais, avec le sandwich «  au fromage de Herve », la tarte au riz, «  sa madeleine », la gaufre liégeoise, les sablés Traou Mad.
Croquer dans une tartelette Poilâne lui donne de l'énergie pour rallier Ath.
Si David Foenkinos fait ses provisions de barres chocolatées dans une boutique de station service, Ethan, lui, fait le plein de Skittles !

Ce roman fait penser au genre fantaisie pas assez reconnu en France, pourtant «  on ne parle jamais aussi bien du réel qu'en partant de l'imaginaire » déclare Pierre Bordage.
Lui-même se réclamant de Tolkien. L'écrivain, ayant toujours un pied qui «  traîne en enfance » et une imagination fertile, nous offre pour suite féerique du conte, un épilogue musical « dans un de ces lieux enchanteurs où les tourments s'estompent ».

Jérôme Attal signe un roman votif dans lequel son héros rend la vie à ses parents par la seule force de la mémoire. Sa déclaration d'amour d'un fils à ses parents défunts, à sa tante, seul lien familial restant, fait écho à une pensée de Kawata : «  La mort donne l'obligation d'aimer ». Dans une interview l'auteur déclare s'interroger sur ce que représente la famille. Est-ce celle du sang, d'où cette quête éperdue à la recherche de sa soeur ? Ou est-elle pour Ethan,fils unique, constituée des gens croisés, aimés ?

A nous lecteurs de répondre au double appel de Jérôme Attal :
aimer ce récit sensible, poétique, romantique, onirique, empreint de nostalgie, traversé de chansons électrisantes, mâtiné de drôlerie, pétri de suspense,
et
goûter «  l'anniversaire de l'instant » qu'est une bonne lecture.
«  Lire, c'est s'abandonner à l'autre », confie Jérôme Attal.

Amis Belges, cette «  aventure épique » vous est tout particulièrement destinée !

(1) Les Jonquilles de Green Park, roman dont vous pouvez retrouver la chronique dans Traversées. A reçu le Prix de L'île aux livres / La petite cour en Août 2016 et le Prix spécial Saint-Maur en poche, 2016
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Quelques questions à Jérôme Attal à l'occasion de la sortie de
L'appel de Portobello Road Robert Laffont

Possédez-vous un téléphone vintage semblable à celui du roman ?

Oui tout à fait. J'aime beaucoup utiliser des objets de mon quotidien pour mes romans. Ou de collecter des objets dans la préparation d'un livre, au même titre que l'on collecte des sensations, des sentiments. Et puis ça donne au lecteur un espace chaleureux. le lecteur qui ouvre un de mes romans, je l'invite chez moi, dans mon univers.


Qu'utilisez-vous de préférence : le téléphone fixe ou un smartphone ?

Je crois qu'à ce niveau d'usage et de familiarité, c'est le Smartphone qui m'utilise !


Quel est le dernier appel reçu, si ce n'est pas indiscret ?

Une journaliste qui me téléphone pour me dire qu'elle me rappellera pour que l'on cale une interview par téléphone. C'est beau comme du Beckett.

Passez-vous beaucoup de temps au téléphone ?

Oui mais la solitude me rappelle à l'ordre. On n'écrit pas pendu au fracas du monde. Ou alors cela devient du journalisme. Dans L'appel de Portobello Road c'est sa solitude que mon personnage tient au bout du fil, finalement. La solitude appelle, car elle a faim. Elle veut sortir. Elle a faim de rencontres. D'une jeune femme, en l'occurrence. À l'autre bout de la route et du chemin qu'il faut faire en soi pour s'ouvrir au monde.

Certains sont allergiques aux conversations téléphoniques qui polluent la tranquillité dans un café, un transport ? Et vous ?

Oui c'est le sans-gêne et la grossièreté qui m'irritent. Parce que je suis davantage séduit par les gens qui font leur apparition dans une pièce ou dans une conversation, sur la pointe des pieds.

Où posez-vous votre téléphone la nuit ?

La nuit, je le transforme en réveil matin pour le faire redescendre un peu de son piédestal.

Votre roman est constellé de musique, chansons ?
Aviez vous un air en tête pour les chansons glissées dans votre roman ?

Dans l'idéal je dirai que le roman, l'écriture d'un roman, doit contenir sa propre musique. C'est aussi la petite mélodie d'un auteur qu'on aime et aime à retrouver de livre en livre. J'espère à chaque fois atteindre ma petite mélodie, et que mes lecteurs s'y retrouvent. Et je suis pour faire des livres enchanteurs. Il faut enchanter le lecteur car la vie est assez pénible comme ça.

Vous animez des ateliers d'écriture, pouvez-vous en dire quelques mots ? Quelle est la finalité pour les participants ?

Ce sont des ateliers où j'essaie de désacraliser l'acte et la pression d'écrire. J'essaie que chacun trouve son registre et atteigne une sorte de grâce dans son registre. Et je transmets aussi l'opiniâtreté. Quand on commence, il faut aller au bout. On a le droit à l'erreur, aux erreurs, mais pas le droit de ne pas aller jusqu'au bout.

Pourriez-vous résumer votre roman en 140 signes ?

Non et cela me réjouit !

Merci infiniment cher Jérôme Attal pour avoir consacré un instant pour ces réponses qui font écho à la musique de votre roman.
Un véritable enchantement.

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Quelle déception...Pourtant le livre avait tout pour me plaire.
Une intrigue un peu farfelue voir absurde. La couverture du livre qui me rappelle les comics. Un titre accrocheur, même si des fois j'ai tendance à me méfier...lol

L'histoire d'abord : Ethan, la quarantaine, pianiste, malheureux en amour, mais a un super pote Sébastien. Un soir, son téléphone, sonne et ses parents sont au bout du fil....Sauf que ses parents sont morts depuis 2 ans. Ils lui parlent de sa soeur, qu'il faut lui dire absolument qu'ils pensent à elle...Sauf qu'il est fils unique..De là Ethan se précipite dans les albums photos, à la recherche de sa hypothétique soeur. Mais comment savoir si c'est vrai ? Il se rappelle qu'il lui reste sa tante, la soeur de sa mère, mais celle-ci perd la tête, saura-t-elle le renseigner ? Se souviendra-t-elle d'elle ?
Et nous voilà embarquer dans une intrigue farfelue, un véritable road-movie
...enfin telle était mon attente...hélas, je ne suis pas vraiment rentré dedans. Beaucoup de longueurs dans ce petit livre de 152 pages. le style d'écriture est pauvre. Quelques belles expressions ça et là, mais cela ne m'a pas aidé à apprécier ce roman. Désolée !
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Dès la première page, je rigole. Mister B., près de moi, sourit et confirme : « Tu es atteinte. ». Oui-oui, d'une attalite aiguë.
Il y a des mots ou des petites phrases surréalistes qui s'incrustent toujours dans les récits d'Attal, là où on ne les attend pas, donnant à sa plume originalité et légèreté. Des petits mots et des petites phrases qui prennent notre affection. L'histoire de ce livre commence par un conte japonais. Au XVe siècle, un chevalier s'éprend d'une jeune princesse qu'il entraperçoit derrière les rideaux de son palanquin. Saisi d'amour, il va essayer de la retrouver et de l'approcher… Il ne pense qu'à elle. « Les jours suivants sont des nuits »… On voit alors ce guerrier samouraï arnaché de cuir partir en quête de la si belle princesse. Il traverse des estampes, paysages de rivières, de monts et d'arbres en fleurs… La route est périlleuse, la quête est difficile… Quand il arrive aux portes du palais, il est accueilli par un serviteur qui lui demande de bien vouloir patienter. La princesse est là, mais elle n'est pas en mesure de le recevoir, car c'est l'heure de la cérémonie du thé. La poésie de ce conte est belle, on perçoit le vent dans le jardin, nous ne sommes qu'attente avec le chevalier, et espérance… quand… la fantaisie de l'auteur terrasse le Moyen-Âge et nos rêves :
« Tiraillé par l'impatience, la mine sombre et émaciée par le feu qui embrase son coeur, le chevalier fait les cent pas dans le jardin.
La cérémonie du thé, vous savez, surtout si vous êtes amateur de café en capsule, ça dure des plombes. La tête baissée, les épaules en dedans, il tue, poursuit, déborde le temps, écrase les secondes sous ses pas comme un tas de feuilles mortes… »
« si vous êtes amateur de café en capsule »… j'écris et je rigole… Ne me dites pas que je suis la seule ! Pitié…
Voilà… si je commence ce billet-lecture par cette parenthèse c'est simplement pour vous expliquer comment je perçois Jérôme Attal. C'est un poète-pitre, un doux diablotin. le livre est ainsi construit, une énigme, une quête, des émotions et une bonne dose d'absurdités à la Kafka.

Ethan Collas est un musicien qui a du mal à percer dans le métier. Il rêve qu'un jour en poussant le charriot des courses dans un grand magasin, l'écho d'une musique ou d'une chanson qu'il aurait écrite le surprenne au détour d'un rayon. Ersatz de sacre suprême !
Après avoir végéter dans différentes facultés, après avoir « tester » plusieurs études, il avait décidé, avec accord parental, de prendre un tout autre chemin ; celui de la musique.
Maintenant, à l'aube de la quarantaine, il se retrouve seul, indécis, dans un petit appartement parisien hérité de ses parents, sans attache amoureuse, obnubilé par la perte de ses cheveux, et bénéficiaire d'une misérable rente, un jingle composé pour la météo d'une chaîne câblée. Son copain Sébastien se plaît à lui dire qu'avec ce pécule, il peut s'offrir une fois par semaine une tartelette aux pommes de chez Poilâne… ce qu'il fait.
Puis une nuit, le téléphone sonne. Sa mère au bout du fil lui demande comment il va. Il entend aussi son père bougonner comme à son habitude, des mots bourrus, des mots d'amour. Ils appellent d'un endroit inconnu, où la communication va bientôt être interrompue. « Allô, mon chéri ? »… Comment il va ? Il ne faut surtout pas qu'il s'inquiète. Et surtout, il faut qu'il dise à sa soeur que ses parents pensent à elle, tous les jours…
Seulement… Primo, ses parents ne sont plus depuis deux ans. A ce stade de la lecture, nous doutons déjà de ce que nous avons lu et perçu. Ne sont-ils pas morts ? Secundo, il est fils unique. Commence alors ce que la quatrième de couverture dévoile « Un secret de famille tombé du ciel ».
Transposition du conte, le chevalier-Ethan part à la recherche de sa soeur et va tout au long de sa route vivre des épisodes un peu fous. Sur une vieille photo retrouvée, une petite fille pose à ses côtés. Il devait avoir onze ans, elle devait en avoir sept.

« … Des nuits parisiennes et le vacarme de la solitude. Une décision à prendre. Une fille au bout de la route… de la porcelaine anglaise. Comme est la vie. Fragile et robuste à la fois. Et une ode à l'amour au tournant de chaque page. »

Je n'en raconte pas plus, c'est un roman court qui pèse moins lourd que « Les jonquilles de Green Park » (un coups de coeur de 2016). L'équipée d'Ethan, qu'il fera à bord d'une Triumph Spitfire décapotable jaune de 1975, est dans la veine des récits initiatiques. Sur l'itinéraire, il va croiser des personnages extravagants, parfois en marge de la société, qui seront des étapes anecdotiques, pleines de sensibilité et d'humanité. Jérôme Attal parle de filigranes du bonheur et de fêlures, pas nécessairement importantes, juste des petits interstices de la vie que l'on aimerait réparer pour pouvoir avancer.
L'écriture fantasque nous fait prendre un chemin de traverse menant vers différents mondes, différentes dimensions, entre du réel et des chimères. de l'humour, de la poésie, de la délicatesse, tout un bouquet subtil d'émotions, c'est ce que je demandais à ma lecture.
Je vous le recommande.
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"- J'aurais tellement adoré vivre en couple avec une fille des Yvelines.
- Patricia vient d'où ?
- Dijon.
- C'est différent.
- Les filles des Yvelines, elles ont quelque chose en plus !
- L'argent ?
- Non, non, ce n'est pas ce que je veux dire. Une façon de se comporter avec la vie..."

Ce dialogue, entre Ethan et Sébastien, résume les raisons pour lesquelles j'ai adoré lire "L'appel de Portobello road".
Que l'on sache d'abord que l'intrigue commence lorsqu'une nuit Ethan, alors même qu'il vient de se faire larguer par sa copine, est réveillé par la sonnerie de son téléphone à cadran "vintage". Au bout du fil, sa mère n'a que quelques instants pour lui confier un message : dire à sa soeur que ses parents pensent à elle tous les jours.
Banal ! me direz-vous. Bin... pas tant que cela quand on sait que :
1-les parents d'Ethan sont morts
et
2-il est fils unique
Mais dans le monde de Jérôme Attal on ne s'arrête pas à de telles broutilles ! Et - même si cette communication d'outre-tombe l'étonne bien un peu - Ethan, sans mollir, se met en quête de cette soeur tombée du ciel (c'est le cas de le dire !), dont il n'a jamais entendu parler, afin de lui délivrer le message parental.
Une visite chez une tante loufoque et malicieuse lui permet de trouver une piste. Et le voilà parti pour la Belgique à la recherche de June qui "contrôle les "défaillances des faïences". Mais les trajectoires sont rarement rectilignes pour qu'un garçon rencontre une fille. En chemin, on bute contre des obstacles, des ralentissements, des méandres, des digressions, des impasses, qui sont autant de possibilités de changer de direction, de se tromper, voire même de faire demi-tour. Que faut-il pour s'obstiner et ne pas s'égarer en route ?

De la fantaisie, de l'humour, de l'élégance, de la bonne volonté et une bonne dose d'optimisme lucide nous répond ce roman.
Car l'échappée d'Ethan est jalonnée de rencontres délicieusement mises en mots dans des dialogues pétillants et des situations poétiques, cocasses, extravagantes, toujours inattendues.
Et l'écriture accompagne ce road-movie comme le champagne se marie avec les petits fours. Elle caracole, étincelle, crépite, s'attendrit, surprend, s'amuse... Parfait reflet du périple d'Ethan, elle embarque le lecteur à sa suite en complice et compagnon de voyage.
En filigrane de cette légèreté mousseuse se devinent - oh très pudiquement ! - la rudesse du chemin qui mène un être vers un autre et la part de hasard qui régit les rencontres.

Voilà plusieurs mois que j'ai lu "L'appel de Portobello road" et j'ai voulu le feuilleter à nouveau au moment d'écrire ce commentaire. La magie a opéré une nouvelle fois et je n'ai pu m'empêcher de le relire entièrement !

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Ce roman avait tout pour m'intriguer, une superbe couverture inspirée de l'univers comics, une plume que je découvrais enfin, et surtout, une histoire aux allures farfelues introduite et achevée par un magnifique conte japonais.

Ethan est un jeune auteur compositeur parisien tapi dans l'ombre de l'anonymat et dans l'attente grandissante qu'un succès vienne le cueillir et lancer sa carrière. L'auteur nous dépeint le portrait d'un homme peu persévérant (notamment au regard de ses différents cursus avortés), un héros qui ne va pas au bout des choses au sortir d'une relation amoureuse à l'issue assez décevante, mais qui accorde une attention toute particulière à ses proches.

Un soir, il reçoit un appel de l'au-delà de ses parents récemment décédés, à l'occasion duquel ces derniers lui formulent une requête somme toute étrange et bouleversante pour l'enfant unique qu'il est : se rapprocher de sa soeur et lui dire combien ils pensent à elle. Cette révélation tombe comme un couperet et annonce le lancement de l'intrigue.

Mais voilà où le bât blesse, le lecteur essuie de nombreuses longueurs dans les dialogues, ce qui est assez handicapant pour un court ouvrage, un manque de profondeur et de construction qui l'égare et lui donne le sentiment de ne lire qu'une ébauche, un squelette du projet couvé par son auteur. Je n'ai perçu que difficilement les intentions de Jérôme Attal, voire parfois pas du tout et n'ai pas retrouvé les promesses affichées en quatrième de couverture.

Mis à part, quelques pages savoureuses sur une tante déjantée et en proie à la sénilité, les personnages qui jonchent la route d'Ethan, et particulièrement son ami au discours (philo-sarcastique) souvent creux et épuisant, ne rehaussent pas vraiment le tout pour redonner une certaine impulsion à l'intrigue. Cette dernière semble restée au point mort et se perdre dans une multitude de scénarios sans lien entre eux.

Si je suis une grande adepte du genre absurde, j'espère que l'auteur ne me tiendra pas rigueur de cet avis, mais je me suis franchement ennuyée et n'ai pas trouvé grand intérêt dans ces lignes. Les précédentes critiques faisant en général, la part belle à l'ouvrage, j'ai tenté de prendre un peu de recul et me suis même interrogée sur l'éventualité que mon sens critique ait perdu en subtilité et en ai conclu que j'avais dû louper le train pour cette aventure (fort bien dissimulée) en m'égarant sur le mauvais quai.

Je pense toutefois reitérer l'expérience Attal, d'ici quelques mois sans doute.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
- Pourquoi n'a-t-elle jamais donné signe de vie ?
- C'est simple. Elle doit être heureuse. Tu sais comment c'est la famille ? Dès qu'il y a le moindre petit problème, le moindre accident, on n'arrête pas de prendre des nouvelles, on s'inquiète outre mesure, on se téléphone cinq fois par semaine, et quand tout va bien, on laisse filer le temps sans faire le moindre signe. A croire que le bonheur est un serviteur muet.
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Il s'aperçut, dans cette conversation, qu'il ne réagissait pas du tout en adulte.
Un souvenir traversa son esprit. Il était sur le parvis de l'église de Villennes-sur-Seine, lors de la cérémonie en mémoire de son père, et un des voisins s'était approché de lui et lui avait murmuré, sans doute en guise de consolation ou parce qu'on se croît toujours obligé de prononcer une phrase consolatrice dans ces circonstances, de rivaliser avec Sénéque ou je ne sais qui:"C'est quand on perd son papa que l'on devient véritablement adulte."
Sur le coup, il avait trouvé cette phrase totalement déplacée. Il avait ressenti de la colère.La disparition de son père ne le poussait pas brutalement dans le monde des adultes, elle l'excluait simplement de sa présence, le précipitait dans un monde où son père n'était plus là, où désormais il se trouverait dans l'incapacité de lui faire plaisir...
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Ethan se retrouvait de nouveau livré à lui-même. Dans le petit studio parisien de la rue du Dragon, légué par ses défunts parents.Prêt à reprendre la succession de jobs pour lesquels la sympathie naturelle que le client vous reconnaît sert de qualification. Ce qui le démoralisait par-dessus tout, c'est qu'il n'avait pas eu le temps d'offrir à ses parents - de son point de vue, bien sûr -des raisons objectives d'être fiers de lui, et qu'emportés l'un après l'autre par la maladie ils aient eu à regretter - l'avaient -ils formulé une seule fois? - de l'avoir laissé errer à sa guise, prendre et perdre son temps, bégayer d'un cursus à l'autre sur les bancs de trois universités différentes, pour finir par abandonner ses études et se consacrer entièrement à la musique sans jamais avoir rencontré de succès retentissant.En dix ans de tentatives et d'efforts, Ethan n'avait jamais atteint son ambition qui avait pour accomplissement la légèreté même: entendre à la radio , en se promenant par exemple au hasard des rayons d'un hyper marché, une chanson qu'il aurait composée.
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Si vous avez un truc important à dire à votre partenaire, ou à n'importe qui d'ailleurs, faites une jolie musique, ça lui donnera envie de l'écouter encore et encore, et à force les mots lui rentreront dans la tête. ça finira par s'incruster d'une manière ou d'une autre. Et peut-être qu'un jour, bien après la bataille, cette personne se dira: " Merde! C'est ça qu'elle a voulu dire dans sa foutue chanson!" C'est comme cela que je vois les choses. La création, c'est du langage. Et dans ce langage, il y a davantage de douleur que de mystère.
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Je suis un ancien professeur. Et voici ce que je disais à mes élèves autrefois: " Ne vous apitoyez pas sur le sort des auteurs et de leurs personnages, ou bien ça vous retombera dessus tel un boomerang émotionnel. Lisez Emily Dickinson avec le sourire. En lui disant merci. Merci de nous avoir donné une vision de l'existence qui était la sienne. Et rapportez ensuite de chez elle des petits souvenirs qui ne voient pas à l'oeil nu. Vous savez, comme lorsque enfant vous alliez à un anniversaire et que vous rapportiez un sachet de bonbons. Eh bien c'est pareil! Dans une bonne lecture, vous êtes invité à l'anniversaire de l'instant!"
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Videos de Jérôme Attal (52) Voir plusAjouter une vidéo
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