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EAN : 9782253155805
768 pages
Le Livre de Poche (05/11/2003)
4.09/5   46 notes
Résumé :

Les ouvrages sérieux sur l'histoire du peuple juif ne manquent pas. Les fantasmes les plus fous sont encore bien plus nombreux. On ne saurait, sans naïveté, attendre des premiers qu'ils dissipent les seconds. On ne dira toutefois jamais assez leur nécessité pour aider les esprits raisonnables à répondre aux clichés et aux raccourcis sulfureux.

La judéophobie a ses thèmes favoris :
- les juifs tirent, dans l'ombre, les ficelles du mond... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Par un effet métonymique, Attali reprend les titres des cinq livres de la Torah pour en faire ceux des chapitres de son histoire du peuple juif - la grande histoire devient une extension de la petite, l'effet annonciateur de la révélation à Moïse au Sinaï qui mentionne des événements qui n'ont pas encore eu lieu se trouve donc démultiplié : la Torah est bien l'histoire du peuple juif, passé et à venir, jusqu'à aujourd'hui. Attali met donc en oeuvre un élément essentiel de la pensée juive, le zakhor ou souviens-toi, la présentification permanente de l'histoire de la Bible.

L'idée est amusante, mais la réalisation est anecdotique, ou alors je n'ai pas su lire dans le désordre des paragraphes la cohésion qu'annonçait ce plan biblique. Par ailleurs, on ne voit pas en quoi ce plan se prête spécifiquement au thème de l'économie (sous-titre du livre). En l'occurrence, c'est bien plutôt une histoire du peuple juif qui est rapportée qu'une histoire "économique" . Et quant au monde, c'est dû au fait de la diaspora qui implique, pour parler du peuple juif, de parler d'un grand nombre d'aires géographiques : il n'est pas spécifiquement question du "monde" dans ce livre, mais bien des Juifs, c'est tout. Par ailleurs, l'expression n'est pas particulièrement soignée, la simplification est manifestement un mot d'ordre qui confine de temps à autre par l'absence de détail et l'emploi d'expressions elliptiques à la forme mythologique : on ne peut pas vraiment apprendre dans ces conditions, on est plutôt mené par une histoire, celle de l'auteur, qui vaut ce qu'elle vaut, sans objectivité, sans maîtrise de son sujet, dans une forme de tendance à remplir en fonction de critères qui échappent, peut-être celui de la nonchalance : une forme de révélation - on était d'emblée prévenus que la ligne directrice serait biaisée par l'inspiration biblique.

Si bien que c'est en fait très confus, parfois incompréhensible, voire contradictoire, on a l'impression de notes prises au gré des lectures (nombreuses au regard de la bibliographie), qu'un texte travaillé, relu, produit dans une direction précise - bref, on ne comprend pas. Passé la fin de l'Antiquité, on s'ennuie - et j'ai abandonné au crépuscule des Croisades. Pourrait constituer un livre de chevet avant de s'endormir.
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Une lecture très longue et fastidieuse. le principal point fort de ce livre est également ce qui lui fait le plus défaut : son exhaustivité.

Pour ce qui est de ses atouts, il est intéressant de voir le peuple juif survivre dans les interstices des empires, y préserver l'essentiel de leur culture en l'adaptant sans cesse aux exigences de nouveaux lieux d'exil.

Ne faire confiance qu'aux leurs, transmettre aux générations futures une langue et une Loi, obéir à un prince du pays d'accueil, rester groupés, communiquer entre les communautés.

Jacques Attali retrace leur parcours sur plus de 3000 ans, alors quand il se met à raconter les généalogies des familles juives on finit par décrocher. C'est très, très lourd.

La période pré et post Exode reste la plus intéressante.
A ce sujet, le style n'est pas du tout régulier. Il peut passer d'une analyse très fine, très subtile et très intéressante à une liste de noms interminables et à des détails, des listes de métiers, des recensements totalement superflus à des moments inopportuns.

Le manque d'objectivité, la mauvaise foi et l'absence d'auto-critique se font très vite ressentir.
Par exemple quand il nous démontre fièrement à quel point les Juifs ont contribué à l'industrie du cinéma en nous prouvant qu'ils détiennent toutes les plus grandes sociétés de productions, avant de nous affirmer - par le plus grand aplomb - qu'ils n'ont bien sûr aucune influence dans cet art et qu'ils ne manipulent pas l'idéologie.

Et lorsque il dépeint Georges Soros comme un grand bienfaiteur philanthropique qui contribue à la démocratie de l'Europe de l'Est ou qu'il coupe les citations d'Hannah Arendt pour les tirer à son avantage, c'est à pleurer de rire.

Je recommanderai à la place de ce livre, celui de Bernard Lazare " L'Antisemitisme, son histoire et ses causes " qui synthétise bien mieux l'histoire du judaïsme que ne le fait Jacques Attali.
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Le peuple juif est fasciné par l'argent. Tout est argent, même Dieu !
Le Judaïsme est la matrice de l'usure et du capitalisme cannibale.
Le Juif est prêt à tout acheter et à tout vendre, le marché est sa seule Loi.
Mythe d'un gouvernement mondial juif.
Ce sont entre autres, les Commandements des partisans de la judéophobie et de l'antijudaïsme.

Dans cet ouvrage très (un peu trop) documenté mais pédagogique, Jacques Attali raconte les 3 millénaires d'histoire du peuple juif, ses rapports avec le monde et l'argent. Un peuple qui a réussi l'impossible pari de survivre à toutes les horreurs, traverser toutes les vicissitudes économiques, religieuses et politiques. Un peuple qui a fait preuve de résilience, d'attachement à sa culture et à la loi de Moise quel que soit le lieu d'exil.
Un peuple remarquable surtout par ses richesses immatérielles : éducation, travail, effort intellectuel, esprit de famille, capacité de se nourrir des autres en protégeant son identité.

Cet ouvrage met en valeur sa contribution dans des domaines tels que l'économie, la finance, le commerce, la culture et les sciences.
Comme beaucoup de minorités, c'est un peuple qui a beaucoup souffert de la haine et de la barbarie des autres, l'Holocauste en est l'exemple le plus récent.

Cet ouvrage m'a aussi permis de mieux connaitre les préceptes du judaïsme.

Un ouvrage que je recommande de lire.
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Cet ouvrage démontre combien il est important de transmettre un savoir une culture. En particulier, lorsque cette connaissance correspond à nos racines les plus profondes.
Nous avons tendance à nous référer aux economiques d'Aristote et à parcourir ainsi les siècles jusqu'à Thomas d'Aquin (1). Certes, il s'agit d'une source que nous ne pouvons pas ignorer. Ceci étant posé, Jacques ATTALI démontre par son Histoire économique du peuple juif, qu'il y a une autre source également nécessaire à notre compréhension de la pensée économique.
Ce livre très documenté, nous invite à consulter de nombreuses références.

A titre illustratif, j'ai particulièrement apprécier les explications qui éclairent l'évolution du peuple Hébreux de la bible au peuple Juif contemporain.

Très instructif.

Bonne lecture.



(1)Jean-Pierre POTIER. D'Aristote à Thomas d'Aquin (en ligne). Disponible sur : http://ses.ens-lyon.fr/articles/les-grands-themes-25448
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Je n'avais jamais rien lu de Mr Attali, le livre raconte l'histoire du peuple juif depuis la révélation jusqu'à la création d'Israël, pas facile à lire, demande beaucoup de concentration et de temps. Cependant, on y apprend par exemple le rapport des juifs à l'argent. En deux mots, les gentils (les chrétiens) n'avaient pas le droit de prêter à usure, donc les juifs a qui l'on a interdit beaucoup de chose, ont eu ce droit, ils ont crée beaucoup de richesse, ont accumulés beaucoup de jalousie, de la part des rois (auxquels ils ont prêté avant d'être spolié!), de l'église qui s'est emparé de leur richesse, quand elle ne les faisait pas massacrer. Il aura fallu un courage unique à ce peuple pour ne pas se volatiliser dans la culture des autres, résister aux massacres, on pense récemment à la Shoah, bref, si vous avez envie d'en savoir plus, lisez ce livre sérieux, sans doute trop, mais complet. Mr Attali a fourni un travail exceptionnel.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
L'Église s'oppose aux Juifs sur le terrain théologique aussi bien qu'économique.

En 395, juste après la destruction partielle de la bibliothèque d'Alexandrie par le patriarche chrétien Théophile, le patriarche de Constantinople, Jean Chrysostome, les dénonce comme « hostiles à Dieu », appelle la synagogue « la maison de Satan dédiée à l'idolâtrie », « le repaire des meurtriers de Dieu ». Il reproche aux Juifs leur luxe et leur pratique du prêt à intérêt (pourtant encore extrêmement rare). « Les Juifs adorent le diable, leur religion est une maladie. »

À la même époque, à Hippone, en Numidie, Augustin dénonce le prêt à intérêt. Il distingue trois péchés majeurs : la convoitise de la chair (mais il faut bien se reproduire), la convoitise du pouvoir (mais il faut bien se dévouer aux affaires communes) et la convoitise de l'argent (qui, elle, est inexcusable). Autrement dit, on doit interdire à l'argent de « forniquer », c'est-à-dire de produire de l'intérêt. Augustin fait des Juifs les symboles, « par leur déchéance », de la mort du Christ. S'il demande qu'on s'abstienne de les tuer, il prescrit – pour pouvoir les montrer – de les disperser et de les humilier « afin de marquer la victoire de l'Église sur la Synagogue ».
(...)
Les lois rédigées depuis 312 et regroupées ensuite dans le « Code théodosien », composé de 435 à 438, condamnent aussi à mort tous les Juifs – désignés comme « la secte abominable » –, tous les Samaritains et tous les autres non-chrétiens « qui cherchent le paradis » qui tenteraient de convertir un chrétien. Ce code limite les endroits où les « mécréants » peuvent vivre. Pour qu'ils cessent de s'intégrer et qu'on les distingue des marchands rivaux, il définit comment les Juifs doivent s'habiller. Il leur ferme la plupart des emplois publics, en particulier ceux de gardien de prison et de juge, et les oblige à assumer ceux qui entraînent des charges financières, notamment la collecte des impôts.
(...)
Vers 435, le terme de « déicide » est utilisé pour la première fois en latin par l'évêque de Ravenne, Pierre Chrysologue. (pp. 129-131)
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Pour Marx, le Juif est la matrice du capitalisme ; l'assimiler ne changerait donc rien à son statut. Il ne peut s'émanciper qu'avec la disparition conjointe du capitalisme et du judaïsme. Dans ce texte épouvantable, l'une des sources involontaires de l'antisémitisme économique moderne, on peut lire : « Ne cherchons pas le secret du Juif dans sa religion, mais cherchons le secret de la religion dans le Juif réel. Quel est le fond profane du judaïsme ? Le besoin pratique, l'utilité personnelle. Quel est le culte profane du Juif ? Le trafic. Quel est son dieu profane ? L'argent. […] La nationalité chimérique du Juif est la nationalité du commerçant, de l'homme d'argent. Le judaïsme n'atteint son apogée qu'avec la perfection de la société bourgeoise ; mais la société bourgeoise n'atteint sa perfection que dans le monde chrétien […]. Le christianisme est issu du judaïsme ; et il a fini par se ramener au judaïsme. […] Ce n'est donc pas seulement dans le Pentateuque et le Talmud, c'est dans la société actuelle que nous trouvons l'essence du Juif de nos jours. […] L'argent est le dieu jaloux d'Israël, devant qui nul autre dieu ne doit subsister. » Et Marx d'esquisser la théorie du capital, qu'il développera si longuement trente ans plus tard : « L'argent abaisse tous les dieux de l'homme et les change en marchandise. L'argent est la valeur générale et constituée en soi de toutes choses. »

Puis, par un jeu sur le mot « émancipation », Marx entend démontrer que la libération du Juif implique que la société se libère du judaïsme : « L'émancipation politique du Juif, du chrétien, de l'homme religieux, en un mot, c'est l'émancipation de l'État à l'égard du judaïsme, du christianisme, de la religion en général. » Autrement dit, pour émanciper les Juifs – et avec eux les autres croyants –, il faut en finir avec toutes les religions et avec le capitalisme qu'elles fondent.

Dans ce texte terrible, Marx explique que judaïsme et argent sont inséparables, qu'on ne peut éliminer l'un sans éliminer l'autre, que le travailleur peut, par une révolution contre la propriété privée, en même temps libérer de Dieu et du capital. Bref, par son combat, « le travailleur peut se rendre libre ». (pp. 464-466)
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Les travaux de construction du Temple s'achèvent à coups d'impôts et de travail forcé. Son inauguration est l'occasion de grandes cérémonies pendant lesquelles on prie et offre des sacrifices – des taureaux –pour le bonheur de chacune des soixante-dix nations peuplant le monde. Dans sa prière inaugurale, Salomon lui assigne d'ailleurs une vocation universelle : « Afin que tous les peuples de la Terre reconnaissent Ton Nom… » (I Rois 8, 43). Texte essentiel pour l'avenir : le peuple hébreu ne peut être heureux si les autres ne le sont pas. Peuple élu, ses richesses n'ont de sens que si elles contribuent à la richesse de tous les autres. Rien n'est bon pour les Hébreux s'il n'est bon pour les autres, et toute richesse doit être partagée avec le reste du monde : un coin du champ est ainsi réservé aux étrangers qui peuvent librement venir récolter le fruit du travail du paysan hébreu.
(...)
Au total, dans le Talmud, se cristallise le fondement de la pratique juive de l'économie : rien n'est bon pour les Juifs si ce n'est bon pour les autres également. Ils ne peuvent donc vivre heureux dans un environnement qui ne l'est pas. Aussi leur appartient-il de « réparer le monde » (tikoun olam), car le monde est, dit la Mishna, le résultat d'une « brisure de vases ». Le rôle du peuple juif est d'aider à le réparer, en étant solidaire de tous les autres hommes.

On trouve trace de cette exigence altruiste dans de très nombreux commentaires. Ainsi le Talmud se demande-t-il comment les Juifs doivent aimer Dieu. Réponse : en faisant en sorte, par l'exemplarité de leurs actes, par l'altruisme de leur conduite, que les autres hommes aiment ce Dieu qui pousse Ses fidèles à une telle attitude.

On l'a vu, celui qui cultive un champ doit en laisser une partie des fruits aux étrangers. D'où aussi l'obligation d'honnêteté, l'interdiction de se livrer à la fraude et de commettre des actes nuisibles aux tiers – Juifs comme non-Juifs –, d'exploiter ou d'aliéner qui que ce soit. D'où encore l'obligation de bien recevoir les étrangers, de ne pas oublier qu'un jour on a été – ou que l'on peut devenir – un étranger. D'où enfin l'obligation d'ajouter aux biens du monde, et non de soustraire à ceux des autres. En conséquence, l'économie ne consiste pas à prendre aux voisins des richesses, mais à créer des richesses nouvelles, pour ne priver personne de son bien. D'où l'importance des biens fertiles, qui créent des richesses : la terre, l'argent, l'intelligence.

Là est la fonction de l'« élection » (Exode 19 et Deutéronome 26), qui impose au peuple juif des devoirs, librement consentis, et d'abord celui de rendre les autres heureux, trouver son bonheur dans le bonheur des autres. Rabbenu Hananaël dit : « Les Juifs ne sont jamais mieux que quand les autres sont eux-mêmes mieux. » (pp. 53 & 165-166)
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En France, vit aujourd'hui la deuxième communauté juive hors d'Israël. Extrêmement diversifiée, contradictoire, d'un niveau de vie égal à celui du reste du pays, elle regroupe plus de 600 000 personnes, dont la moitié vivent dans la région parisienne et dont la majorité est séfarade. Le nombre de synagogues est passée de 30 en 1965 à 300 en 2002. Si 40 % sont membres d'une de ces synagogues, 4 % seulement des enfants (26 000) fréquentent l'une des cent écoles juives. Là encore, plus de 90 % de ceux qui sont en âge scolaire ou universitaire font des études, contre 70 % pour le reste de la population. L'organisation religieuse, rassemblée autour des consistoires établis par le Sanhédrin de Napoléon en 1807, est complétée par un grand nombre d’œuvres sociales laïques dont la plupart gravitent autour du Fonds social juif unifié, créé après la guerre. Un très dynamique judaïsme réformé attire une fraction significative et croissante de cette communauté, l'une des plus vivantes du monde, dont 15 % des membres sont considérés comme des observants et 50 % des traditionalistes. (pp. 674-675)
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Ce qui s'annonce depuis un siècle finit par arriver : en 312, un empereur devient chrétien. Après maints massacres entre prétendants, Constantin s'empare du pouvoir à Rome et, par l'édit de Milan, octroie en 313 la liberté de culte aux chrétiens. Il rend même à l'Église tous les biens saisis par ses prédécesseurs. La fortune de la chrétienté est faite. Dans le même temps se décide le basculement de l'Empire vers l'Orient ; l'économie du monde gravite de plus en plus autour de l'Asie.

Constantin fonde une nouvelle capitale, Constantinople, sur les ruines de Byzance, une ancienne colonie grecque sur le Bosphore. Pour désigner cette partie orientale de l'Empire, on parlera d'ailleurs plus tard de l'Empire byzantin. En 325, devenu seul maître de tout l'Empire, Constantin se prétend aussi celui de l'Église, au-dessus des évêques. Il intervient dans les débats théologiques et tente de convertir les Samaritains, qu'il distingue des autres Juifs. À ceux qui refusent de devenir chrétiens il retire la citoyenneté romaine accordée par Caracalla un siècle auparavant ; il interdit sévèrement tout prosélytisme (un chrétien converti au judaïsme est condamné au bûcher comme le Juif qui l'a converti), prohibe la circoncision de tout esclave chrétien, punit de mort tout reproche adressé par un Juif à un autre Juif pour s'être converti. Il exclut les Juifs des emplois militaires et civils – hormis la collecte des impôts –, tout en leur rendant la possibilité de soumettre leurs litiges à leurs propres tribunaux : ils ne sont plus romains et la loi romaine ne s'applique plus à eux.

La distinction entre Juifs et chrétiens reste discutée au sein de l'Église même. En 318, Arius, prêtre à Alexandrie, soutient que le Père préexiste au Fils et l'a créé. L'évêque d'Alexandrie l'excommunie, affirmant que le Fils coexiste avec le Père de toute éternité. Derrière cette divergence se cache un débat sur la place du judaïsme dans la naissance du christianisme. Les chrétiens sont partagés entre le désir d'en finir avec l'autre monothéisme et celui de conserver le peuple dont est issu Jésus comme témoin de son authenticité historique. Pour trancher la question, Constantin convoque en 325 à Nicée, en Asie Mineure, le premier concile œcuménique. L'empereur et le concile confirment que le Père, Dieu des chrétiens, est le même que celui des Juifs, pourtant décrétés « peuple odieux »… L’anti-judaïsme chrétien se met en place, fondé sur la haine de celui qui a apporté la bonne parole. La haine de celui qui a rendu service. On retrouvera cela beaucoup plus tard dans le rapport à l'argent : la haine pour celui qui prête aux autres de l'argent après leur avoir fourni son Dieu.

D'empereur en empereur, la situation des Juifs se détériore.
(...)
En 358, pour en finir avec l'identité nationale juive, Constantinople décide de regrouper la Palestine avec l'ensemble des autres territoires situés entre la mer Rouge et la Méditerranée en une nouvelle province baptisée Palestina Tertia. S'installe vraiment le nom de Palestine." (pp. 125-126 & 128)
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