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Hélène Filion (Traducteur)
EAN : 9782908957938
141 pages
Le Serpent à plumes (01/04/1996)
3.54/5   24 notes
Résumé :

" Le corps féminin type se présente muni des accessoires suivants : un porte-jarretelles, un panty, une crinoline, une camisole, une tournure de jupe, un soutien-gorge, un corsage, une chemise, une ceinture de chasteté, des talons aiguilles, un anneau dans le nez, un voile, des gants de chevreau, des bas résille, un fichu, un bandeau, une guêpière, une voilette, un tour de cou, des barrettes, des bracelets, des perles, un fac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Avant de parler de ce recueil, petite interrogation sur son titre : de ses publications française, québécoise, ou originale au Canada, trois titres différents ont été retenus, chacun renvoyant au titre d'une nouvelle.
L'original, « Good Bones », reprend le titre de la dernière nouvelle, « De bons os », revenant de manière allusive sur les thèmes principaux du livre; alors que le titre québécois en est « La troisième main », texte plutôt cryptique sur la filiation et l'extra-corporalité. La France y a préféré ce texte symboliste et rassembleur pour annoncer tous les autres…
Cocotte…
Bizarre, non ? ces libertés prises par les différents éditeurs…N'étant pas un mordu des recueils de nouvelles, je n'en connais pas bien les usages…

Les thèmes chers à la grande romancière — qu'il faudrait prendre l'habitude de citer aux côtés d'Orwell, DeLillo et les autres pour sa prescience, sa nouvelle « Il était une fois… » comme brillant quolibet à la « cancel culture / woke », depuis si bien implantée dans son pays (publié en 1992, les prémisses se précisant déjà dans certaines universités à l'Ouest…), pétrie qu'elle est d'un féminisme lucide et acidulé — mis en forme dans 27 sautillantes nouvelles, certaines aux accents brautiganiens, voir fantastiques, jusqu'au sombre quand elle observe la mort, les corps, et tout ce qu'il reste entre les deux. Les sexes y sont amoureusement disséqués, passant de l'allusif au frontal, jonglant d'humour en résignation.

Les deux premiers tiers sont ébouriffants, moqueurs, immédiats, pour finir sur un ton plus personnel, douloureux, ténébreux, pouvant perdre le lecteur, mais démontrant la grande palette de cette importante femme de lettres.
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Curieux mélange que ce recueil de 27 textes, qui comporte à la fois des nouvelles et ce qui ressemble à de brefs essais. Atwood y revisite contes et mythes, touche à la science-fiction, rend « grâce aux sottes » et hommage aux sorcières (« les Vilaines »), donne des recettes (« Fabriquer un homme »), dénonce le wokisme, la guerre et la destruction de l'environnement, évoque la mort et la déglingue des corps. Mais la plupart des textes font la part belle aux femmes et au féminisme.
L'humour est omniprésent, allant de la moquerie taquine au sarcasme et au cynisme à mesure, semble-t-il, que le recueil avance de textes accessibles vers d'autres plus hermétiques et sombres.
J'ai trouvé l'ensemble assez inégal, sans doute parce que le sens de certains textes m'a échappé, que d'autres ne m'ont pas « parlé », tandis que quelques-uns m'ont fait rire ou sourire franchement, et d'autres m'ont interpellée.
Le ton est décalé, le message probablement brillant, mais tout cela est globalement trop elliptique à mon goût.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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A travers "La petite poule rouge vide son coeur", livre au titre original et hautement intrigant, Margaret Atwood vide son coeur mais nous offre également un recueil de 27 nouvelles absolument géniales, parfois déjantées, tordant la réalité, s'attaquant aux mythes anciens et récents pour finalement permettre à chacun de porter un regard différent sur l'autre et sur soi-même.

Impitoyable, l'auteur l'est sans aucun doute dans son écriture, elle n'épargne rien ni personne et égratigne plus d'une fois, mais elle n'est jamais grinçante et trop cynique car elle utilise pour cela l'humour, une arme hautement efficace en littérature, ainsi que des métaphores.
Ainsi, j'ai pris un extrême plaisir à lire ce livre, j'ai souri plus d'une fois et j'ai été bien souvent surprise, mais dans le bon sens du terme.
J'ai adhéré au style d'écriture de Margaret Atwood, a son côté déjanté qu'elle montre à travers ces nouvelles et certaines chutes sont tout simplement fabuleuses : "Oh ! Oh ! A quoi penses-tu ? Claudius aurait tué ton père ? Eh bien ! ce n'est pas étonnant que tu te sois montré aussi grossier avec lui à table ! Si j'avais su cela, je t'aurais détrompé tout de suite. Parce que ce n'était pas Claudius, mon chéri. C'était moi."
Il faut dire que ces nouvelles sont toutes plus savoureuses les unes que les autres, mais j'ai particulièrement aimé "Rendons grâce aux sottes" qui m'a fait sourire et rire à la lecture et avec cette merveilleuse conclusion en pied de nez : "Ô mon hypocrite lectrice ! Ma semblable ! Ma soeur ! Rendons grâce aux sottes qui nous donnèrent la littérature."

"La petite poule rouge vide son coeur" est une très belle découverte littéraire, qui bouscule le lecteur et les idées reçues et joue avec la réalité pour la déformer, tout cela pour mieux permettre à Margaret Atwood de vider son coeur et d'emmener le lecteur à se poser des questions et à reconsidérer son point de vue sur la société.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Publié en 1993 et traduit en français en 1996, "La petite poule rouge vide son coeur" rassemble une vingtaine de nouvelles de la romancière canadienne Margaret Atwood, notamment auteure des romans "La Servante écarlate", "Le dernier homme" ou "Le Temps du déluge".

27 textes qui interpellent et interrogent, jouant avec les consciences et croyances populaires. Margaret Atwood s'essaie au conte ("La petite poule rouge vide son coeur", "Il était une fois..."), rend hommage aux sottes ("Rendons grâce aux sottes"), aux "sorcières" laissées pour compte ("Les vilaines") et aborde les représentations du "Corps féminin".

Elle nous explique comment "Fabriquer un homme" ou pratiquer "La chasse aux souches".
L'auteur examine les notions de bien, de mal et de paradis ("Théologie") et crée de nouvelles mythologies ("La troisième main", "L'ange", "La Danse des lépreux", "Ma vie comme chauve-souris").
Elle évoque la mort à travers certaines coutumes ("Scènes de mort", "Quatre petits paragraphes", "De bons os"), la guerre entre les hommes ("Les épaulettes", "Les coquelicots : 3 variations") et leur peur de l'inconnu ("En territoire étranger").
Ecologiste dans l'âme, elle attire notre attention sur le comportement irresponsable de l'homme vis à vis de son environnement ("Boule dure", "De sang froid", "Terre natale", "Insatiables").

Il m'est assez difficile de résumer les 27 textes qui composent ce recueil. Non seulement parce que la plupart ne sont pas des "histoires" à proprement parler mais aussi parce que quelques-uns d'entre eux sont tout simplement restés des énigmes pour moi.
J'ai beau avoir déjà lu 3 romans de cette auteure et connaître ses thèmes de prédilection (féminisme, "pessimisme" écologiste et politique), j'ai parfois été déroutée durant ma lecture.
Heureusement, la plupart de ces textes m'ont plu de par leur humour et leur ton sarcastique voire même désabusé.
Sans se montrer moralisatrice, Margaret Atwood pose un regard très critique sur notre époque, livrant ici un patchwork de constats alarmants visant à nous conscientiser sur des problématiques actuelles.
Je ne sors jamais complètement indemne une fois un livre refermé de cette auteure et malgré une déception par rapport à certains textes, je ne regrette pas cette lecture.
A recommander à ceux qui apprécient l'univers et l'impertinence de la dame.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Ah, je le savais bien, que la petite poule rouge n'était autre que la petite poule rousse du conte que j'ai lu tant de fois à ma fille.
La "redheaded" petite poule, peut être a-t-elle sciemment choisi de se dissimuler, ou peut être que la traduction lui a volé son identité. Qu'importe, je l'ai débusquée.
Bien m'en a pris. le livre est un recueil de nouvelles, qui débute par celle-ci, la petite poule rétablit la vérité sur ce qu'il s'est passé une fois que son pain fût cuit, et que tout le monde en voulait, sans jamais avoir pris soin de l'aider (et d'elle, par la même occasion).
Le recueil est un pamphlet féministe. Certaines nouvelles m'ont fait l'effet d'une vague d'eau tellement glacée qu'elle brûle. Les messages sont là pour qui veut les lire. Une giclée au vitriol.
Le recueil est construit comme la série Black Mirror (qu'il faut absolument voir): ça montre. On est devant, on n'a pas d'autre choix que de voir. Et ensuite, on reste là, avec notre vertige.


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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Qu'y a-t-il d'autre à manger ? Eh bien, il n'y a plus de hamburgers. Les vaches prennent trop de place. On élève encore, ici et là, quelques poulets et quelques lapins qui se multiplient vite et qui sont de petite taille. Il y a aussi, bien sûr, aux étages inférieurs, des rats, mais il vous faut les attraper.
Imaginez-vous la terre sous la forme d'un navire du XVIIIème siècle, rempli de passagers clandestins, mais sans aucune destination.
Et puis, inutile de le préciser, il n'y a plus de poissons. Impossible d'en trouver un seul dans cette eau sale qui clapote en bordure des océans et au travers des ruines de ce qui fut New-York.
Si vous disposez de beaucoup d'argent, vous pouvez y faire de la pêche sous-marine pendant vos vacances. Emprunter le sas. Plonger dans le romantisme d'un âge révolu.
Mais c'est un mauvais vent qui ne fait de bien à personne. Il n'y a plus de crimes dans les rues.
C'est un progrès, voyez-le comme ça. p.88
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Il fait vendre des voitures, de la bière, des crèmes à raser, des cigarettes, des alcools; il fait vendre aussi des régimes amaigrissants et des diamants, ainsi que du désir en minuscules bouteilles de cristal. Est-ce bien ce visage qui a servi à la promotion d'un millier de produits ? Tu parles ! Mais ne t'illusionne pas, ma chérie, ton sourire ne vaut pas cher.
Il ne fait pas que vendre, il est vendu. L'argent rentre à pleines brassées dans ce pays ou dans cet autre, il y atterrit, il s'y infiltre pratiquement à pleines valises, attiré par toutes ces jambes lisses de pré-adolescentes.
Ecoute-moi, tu veux réduire la dette nationale, n'est-ce pas ? Tu aimes ton pays ? Voilà qui est bien. T'es une brave fille.
Elle est une ressource naturelle, une ressource renouvelable, heureusement. Ces choses-là s'usent si rapidement. On ne les fait plus comme avant. Marchandises de pacotille. p.38
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Ce que nous voulons, bien sûr, revient toujours à la même vieille histoire. Les arbres qui font pousser leurs feuilles, les agitent, les font tomber, l'eau qui tourbillonne dans les océans, les trilles des oiseaux, les limaces qui se déplient, les vers qui siphonnent la terre.
Les zinnias et la lente exploration de leur parfum poivré. Nous voulons que tout continue et continue, de la même manière chaque année, monotone et étonnant, comme si nous-mêmes vivions toujours sous la tente, faisant paître des moutons, les égorgeant au nom de Dieu et refusant d'inventer le plastique.
L'incrédulité et les salles de bains ont un prix qu'il nous faut payer. Si la pomme avait été le seul appât du Mal, nous pourrions encore dire que nos âmes nous appartiennent, mais l'aiguillon du désir nous a donné le tout-à-l'égoût en prime et depuis nous sommes condamnés. p.133
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Oh ! Oh ! A quoi penses-tu ? Claudius aurait tué ton père ? Eh bien ! ce n'est pas étonnant que tu te sois montré aussi grossier avec lui à table !
Si j'avais su cela, je t'aurais détrompé tout de suite.
Parce que ce n'était pas Claudius, mon chéri.
C'était moi.
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Ô mon hypocrite lectrice ! Ma semblable ! Ma soeur ! Rendons grâce aux sottes qui nous donnèrent la littérature.
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Vidéo de Margaret Atwood
Bernardine Evaristo nous parle de « Manifesto ».
Ne jamais abandonner: telle est la devise que n'a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d'un ouvrier nigérian et d'une institutrice anglaise, l'autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l'a guidée dans ses nombreuses aventures. Autoportrait de l'artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d'une vie trépidante, faite de voyages, d'amours, de poésie, de théâtre et d'engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme.
Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d'oppression.
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Françoise Adelstain
Actuellement en librairie
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