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Christine Evain (Traducteur)
EAN : 9782362290091
112 pages
Editions Bruno Doucey (20/01/2011)
3.62/5   8 notes
Résumé :

Dans ce recueil, publié au Canada en 1970, Margaret Atwood évoque la vie d une pionnière venue d Angleterre au XIXème siècle. Susanna Moodie n est pas un personnage fictif, mais une figure historique qui a fait l expérience de la pauvreté et de la solitude, avant d imposer sa personnalité et ses uvres romanesques. La première partie du Journal de Susanna Moodie relate l arrivée au Québec de cette ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Comme le précédent recueil de poèmes de Margaret Atwood que j'ai lu, celui-ci m'a également été offert par une amie de la famille qui est la traductrice française de l'auteure, pour la poésie.

Il est composé de 28 poèmes, tous présentés dans un format bilingue (en version originale anglaise et en français), qui relatent la vie de Susanna Moodie, une pionnière venue d'Angleterre pour émigrer au Canada au XIXème siècle.

L'articulation du recueil suit la chronologie de sa vie : de son arrivée au Québec, des souvenirs de ses années passées dans la forêt canadienne, à son dernier voyage vers la vieillesse, la mort et l'au-delà.

J'ai trouvé que la forme poétique rendait l'histoire assez intemporelle, facilitant ainsi les liens avec les migrations actuelles. J'ai beaucoup apprécié cette lecture, moi-même désireux d'émigrer prochainement au Canada, à Montréal, pour quelque temps.
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J'ai voulu découvrir cette auteure, victime de la mode des adaptations de romans dans la petite lucarne, Margaret Atwood. Les présages n'étaient pas généreux, hélas. Margaret Atwood est restée une étrangère, pour moi, dans ce journal poétique de Susanna Moodie. Cette Susanna Moodie a véritablement existé. Elle a vécu en Ontario, colonie britannique au XIXe siècle et a relaté dans des journaux et des lettres sa vie, les traditions amérindiennes, la nature de ce nouveau continent encore sauvage. J'ai remonté avec elle le fleuve Saint Laurent. J'ai vu « ce lieu sauvage réel ou non » (J'ai fait de la randonnée dans la région de Québec où la nature était domestiquée depuis longtemps. J'ai eu la chance de voir un renard !). Cette terre ne sera pas mon avenir comme pour Susanna. Je suis très éloignée de cette pionnière dont les conventions transparaissent dans son écriture. Elle raconte l'existence rude de ces défricheurs, de ses bâtisseurs, de ces « gens dans des wagons de chemin de fer ». Elle relate la nature en friche, les corps que l'on enterre. Elle rend compte que finalement, nous sommes tous des immigrants.
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Margaret Atwood se met dans ce livre dans la peau de Susanna Moodie qui émigra au Canada au XIXème siècle et laissa un témoignage de ses impressions.
Le lecteur se trouve ici dans la peau d'une immigrée, qui jette un regard amer sur le pays "d'accueil". La forme poétique rend les lieux et personnages assez intemporels, et facilite les liens avec les migrations actuelles. La dernière partie serait plutôt une méditation sur la vieillesse.
La page de gauche, en anglais, permet de connaître les textes dans leur forme originelle, la page de droite en propose une traduction française. Cette agréable présentation m'a permis de me sentir moi-même un peu immigrée en essayant de comprendre la langue anglaise, avant de revenir à ma langue maternelle.
Un livre mélancolique mais un intéressant voyage...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les deux feux


L’un, le feu d’été
à l’extérieur : les arbres en train de fondre, retournant
rouges à leurs éléments premiers
de tous les côtés, me barrant
le chemin de la fuite ou du lac
salvateur

Assise dans la maison, j’ai dressé
entre cette fureur informe
et mes enfants endormis
un talisman : concentre-toi sur
les formes, la géométrie, l’architecture
humaine de la maison, les portes rectangulaires
et fermées, les solides poutres du toit,
la logique des fenêtres

(les enfants ne pouvaient pas être réveillés :
dans leurs rêves tranquilles
les arbres étaient droits, ils avaient encore
des branches, ils étaient verts)

L’autre, le feu d’hiver
à l’intérieur : le toit protecteur
se tordant au-dessus de nos têtes, les chevrons
incandescents, tous ces angles
et lignes droites en feu, la structure construite
avec soin
nous emprisonnant dans une cage aux barreaux
en flammes
les enfants
étaient réveillés et pleuraient ;

Je les ai enveloppés, portés,
dehors dans la neige.
Puis, j’ai essayé de sauver
ce qui pouvait rester de leurs rêves brûlés
dans la maison : couvertures,
vêtements chauds, les meubles roussis
de notre sécurité, jetés avec eux
dans le chaos blanc.

Deux feux m’ont en-
seigné,

(chaque refuge nous
trahit ; chaque danger
devient un havre)

ont laissé des marques carbonisées
maintenant autour desquelles
j’essaie de grandir
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Un bus sur St Clair : décembre


Il en faudrait plus pour me
bannir : ceci est encore mon royaume.

Tourne-toi, regarde le ciel
par la fenêtre salie : une forêt vierge
de fils métalliques

Bien que je sois enterrée dans des monuments
de plaques de béton, de câbles,
bien qu’ils aient élevé une pyramide
de lumière froide au-dessus de ma tête
bien qu’ils aient dit, Nous construirons
un paradis d’argent avec un bulldozer

on voit qu’ils ne savent rien
de la disparition : j’ai
ma manière de me faufiler.

En ce moment, la neige
ne t’est pas plus familière
qu’elle ne l’était pour moi :
c’est de mon fait.
L’air gris, les rugissements
derrière
ne sont pas plus familiers.

Je suis la vieille femme
qui est assise en face de toi dans le bus,
ses épaules remontées comme un châle ;
de ses yeux sortent de petites
épingles secrètes, qui détruisent
les murs, le plafond

Tourne-toi, regarde à terre :
il n’y a pas de ville ;
ceci est le cœur d’une forêt

ta place est vide
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Résurrection


Je vois maintenant je vois
maintenant je ne vois pas

la terre est un blizzard dans mes yeux

J’entends maintenant

le bruissement de la neige

les anges qui écoutent au-dessus de moi

des chardons brillants de grêle
qui se rassemblent

qui attendent le moment
pour m’élever
vers le soleil au sommet
d’un pilier, l’ultime cité

ou tours vivantes

pas encore érigées
dont les pierres dormantes gisent là
m’enveloppant de leur feu sacré

(mais la terre bouge avec le gel
et ceux qui sont devenus les voix
pétrifiées de la terre
bougent aussi et disent

dieu n’est pas
la voix dans la tempête

dieu est la tempête

au jour du jugement
dernier nous serons tous des arbres
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Charivari

« Ils ont recouvert leurs têtes de plumes, masqué
leurs visages, mis leurs vêtements à l´envers, hurlé
avec des torches au cœur de la nuit en hiver

et traîné l’homme noir hors de sa maison
au son de la musique saccadée d’instruments
cassés, faisant tous comme s’il s’agissait

d’une plaisanterie, jusqu’à
le tuer. Je ne sais pas
ce qu’est devenue la mariée blanche. »

La dame américaine, ajoutant
que c’était à ses yeux une affaire
sordide, finit sa tasse de thé.

(Note : Ne dis jamais que ça ne fait pas aussi
partie du sol, les buveurs de thé, les victimes
et les meurtriers par inadvertance, lorsque nous
viendrons par ici

à nouveau sous d’autres formes, prends soin
de regarder derrière, à l’interieur
là où le visage de squelette sous

le visage met son masque de plumes, le bras
à l’intérieur du bras soulève la lance :
Résiste au son de ces tambours

éventrés. Fais cesser cela. Deviens humain.)
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Dans ce rêve je pouvais
voir à travers le sol, je pouvais voir
les pommes de terre recroquevillées
comme des larves pâles dans la terre
les radis creusant
de leur museau potelé, les betteraves
aux pulsations lentes comme des coeurs amphibiens

Autour de mes pieds
les fraises surgissaient, énormes
et brillantes

Lorsque je me penchai
pour cueillir, mes mains s'en trouvèrent
rouges et mouillées

Dans mon rêve j'ai dit
j'aurais dû savoir
que tout ce qu'on plante ici
ne produit que sang
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Videos de Margaret Atwood (49) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Margaret Atwood
Bernardine Evaristo nous parle de « Manifesto ».
Ne jamais abandonner: telle est la devise que n'a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d'un ouvrier nigérian et d'une institutrice anglaise, l'autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l'a guidée dans ses nombreuses aventures. Autoportrait de l'artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d'une vie trépidante, faite de voyages, d'amours, de poésie, de théâtre et d'engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme.
Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d'oppression.
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Françoise Adelstain
Actuellement en librairie
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