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sur 569 notes
Snowman est probablement le dernier homme sur terre, une terre sur laquelle règnent désormais des conditions climatiques aberrantes...
Errant parmi les décombres à la recherche de nourriture et de l'eau, Snowman se rappelle sa jeunesse ...dans une enclave réservée aux scientifiques, quand il s'appelait encore Jimmy et qu'il était l'ami d'un savant génial au nom de Crake...
Crake qui avait su créer des hybrides d'animaux féroces, comme les "porcons" ou des "louchiens", ainsi qu'une peuplade d'humanoïdes : les Crakers (des êtres beaux, naïfs, limite stupides) et sur lesquels Snowman, seul, veille maintenant...

Des flashback's et les souvenirs de Jimmy nous avisent de quelle façon notre civilisation est retournée à l'état sauvage...or, plusieurs autres sujets s'entrelacent (les "plèbezones" en opposition des enclaves pour l'élite, des fillettes vendues aux trafiquants afin d'alimenter la commerce du porno, le mythe du savant fou et ses créations...) pour aboutir -sous couvert d'un roman d'anticipation- à une critique âpre, presque libelliste et soutenu par un langage puissamment évocateur.

C'est bien ce monde que l'auteur a su matérialiser avec une imagination déconcertante, qui est resté dans ma mémoire depuis ma lecture en 2005.
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Le dernier homme partage avec le lecteur les derniers instants et le passé d'un monde pas si lointain, résultant de dérapages scientifiques qui ne se préoccupent pas de morale. La science est devenue la religion, l'art n'a plus aucune valeur. La communauté scientifique est retranchée derrière ses murs, délaissant un monde qui se dégrade, s'enfonce dans les vices, l'ignorance et la pauvreté. La consommation prime au détriment de l'écologie et du partage.

Margaret Atwood a le don de créer un univers particulier. Le personnage principal, le dernier homme, n'a rien de sensationnel, il est même médiocre par rapport aux élites de cette société futuriste. Il est le témoin privilégié de la décadence du monde, de l'arrogance des hommes. Ce n'est pas un surdoué, mais il a gardé sa part d'humanité. Il déambule et survit dans ce monde où seuls les organismes génétiquement modifiés, dans toute leur monstruosité, s'adaptent. L'homme n'y a plus sa place.

Entre catastrophe climatique, manipulations génétiques et virus incontrôlable, ce récit post-apocalyptique nous entraîne dans un enfer créé par les hommes.
Ils ont pris la place des Dieux et ont détruit leurs jouets.

La fin m'intrigue. Au lecteur d'imaginer la suite ou d'approfondir cet univers angoissant en lisant les autres tomes.
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Jamais 2 sans 3... J'abandonne ma lecture de ce roman de Margaret Atwood. Cette fois ci, ce n'est pas à cause de l'écriture de l'auteur qui est très agréable, mais plutôt à cause de l'histoire. Je ne comprends pas le contexte, je n'arrive pas à me plonger dans l'histoire...
J'étais partie pour lire les 3 tomes de cette histoire... Cela vide ma PAL plus vite que prévu !!!!
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Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, on connaissait. Aldous Huxley sous acides, on connait aussi… Mais le meilleur des mondes sous acide, qui aurait télescopé un village de Schtroumfs, et embarqué au passage T.C. Boyle et Lewis Carroll, je connaissais pas…
Ajoutez à cela une imagination débordante, une folie cohérente, un humour noir bien frais, un style fluide et vivant, plus un petit côté alarmiste à la Orwell, vous obtiendrez alors une vague idée de ce que peut être un livre de Margaret Atwood.
Et je suis heureuse… très heureuse d’avoir découvert, toute seule comme une grande – sans Babelio ni rien... ^^ - cette géniale écrivaine, car mieux vaut tard que jamais, surtout en littérature.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti cela, vous savez, cette légère exaltation à la lecture d’un livre avec lequel vous êtes en phase totalement, sans condition et sans effort ; cette sorte de douce ivresse face à la découverte d’un territoire nouveau à explorer… et là, oh joie redoublée ! L’auteure est prolixe, et toute son œuvre semble habitée par cette même énergie de création qui m’inspire et me fait pratiquement planer…
Car oui, c’est un petit évènement que de trouver un auteur qui compte pour soi. Parfois, après avoir écumé un auteur que j’adore - comme Donna Tartt ou Michel Folco - je désespère de retrouver cette sensation à nouveau, cette sensation de découvrir un monde imaginaire si dense et intense qu’il vous dérobe à la réalité pour vous transmuter sans effort dans un univers parallèle.
Margaret Atwood fait désormais partie de ces auteurs-là ; Le Dernier Homme m’a tout simplement conquise corps et âmes…

Mais que raconte donc ce livre, 1er tome d’une série de 3 volumes ?
Jimmy, alias Snowman, mâle de type caucasien, 25-30 ans, crève de chaud et tente de survivre dans un monde où l’espèce humaine semble avoir disparue. Des animaux étranges peuplent ce « nouveau monde »… Des ratsconses, des porcons, des loupchiens, des lapins verts phosphorescents… Et oui, dans un futur proche, l’homme aura manipulé bien des gènes, pour tout un tas de raisons, allant de la plus altruiste – nourrir la planète à moindre frais – à la plus égoïste – remplacer ses organes défaillants. L’un d’eux tout particulièrement actif et créatif - Crake est son nom - aura réussi à créer des créatures totalement modifiées génétiquement, conçues pour être de « simples modèles d’exposition », vivants catalogues des possibilités offertes en matière de modifications génétiques sur embryons… (La créature, dépourvue de toute agressivité, de tout instinct négatif, végétarienne, ne mangeant que de l’herbe et des feuilles , est comme un gros bébé dans un corps d’adulte parfait. Il peut être de n’importe quel couleur de peau, et ne se reproduit que tous les 3 ans. Les femmes voient leur bas-ventre se colorer de bleu lorsqu’elles sont prêtes à la copulation. Les hommes arborent alors de magnifiques pénis bleus également… Ceci n’est que quelques caractéristiques des « Crakers », les enfants de Crake.)
Jimmy était l’ami de Crake, et l’avait même rejoint sur un projet ambitieux, en tant que « publiciste » pour la mise en vente d’une pilule miracle, le "JouissPluss", capable de donner vivacité sexuelle, désir et plaisir accru, ainsi que rajeunissement.
Ils vivaient heureux dans leur « Compound », avec leur insouciance et leur confort. Pas comme dans les « Plèbezones », les villes en dehors des Compounds, sans protection anti-pollution, pleine d’une humanité « basique ». Eux étaient l’élite, les têtes pensantes ; l’opulence quotidienne était légitime… Il y avait bien des groupes de révoltés parfois, comme les « God’s Garderner », les Jardiniers de Dieu, des illuminés écolos qui voulaient que les choses soient différentes, moins injustes… Mais le CorpSeCorp veillait à ce que tout rentre dans l’ordre et que rien ne déborde, jamais. Enfin presque…
Jimmy avait aussi un trésor incomparable : l’amour d’Oryx – petite fille entrevue sur le net, puis retrouvée femme et employée par Crake, l’omnipotent Crake, pour éduquer ses créatures…- et Crake était amoureux d’Oryx, plus que ne le pensait Jimmy…
Maintenant Snowman doit vivre seul avec ses souvenirs. Et avec les Crakers, seuls autres créatures survivantes avec les animaux modifiés… Il doit penser à sa nourriture, sa sécurité (les porcons et les loupchiens sont très agressifs), et à celle des Crakers, devenus maintenant ses enfants en quelque sorte, et à qui il raconte toutes sortes d'histoires, car ils adorent les histoires, surtout celles qui parlent de Crake et d'Oryx.

Voilà… c’est ça l’univers déjanté de Margaret Atwood… qui nous laisse de surcroit pantelant et en plein suspens à la fin du "Le Dernier Homme" - "Oryx et Crake" en anglais. Autant vous dire que je n’attends pas pour dévorer la suite : "Le temps du Déluge", attrapé à la médiathèque ce matin.
Je vous en reparlerais certainement…
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Projection glaçante dans un futur où l'humanité, sauf un, s'est autodétruite à force de trop jouer avec ses limites, ce thriller post-apo se lit d'une traite mais sans surprise et sans enthousiasme.
Très loin du ressenti sur La servante écarlate avec lequel j'avais découvert Atwood, il m'a fait le même effet que sa suite Les testaments: celui d'un roman efficace et facile, sans réelle ambition, formaté comme un produit grand public.
Je ne connais de cette auteure que ces trois romans et à ce stade suis dubitative sur les louanges dont on l'encense : y aurait-il, selon ses oeuvres, d'un côté un écrivain exigeant et de l'autre une romancière à succès?
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Paru en 2003 aux USA et traduit en français en 2005, "Le dernier homme" est le 11ème roman de la romancière canadienne Margaret Atwood, notamment auteure du génialissime "La Servante écarlate", de "La Femme comestible" ou plus récemment de "Le Temps du déluge".

Suite à la propagation d'un virus foudroyant à l'échelle planétaire, il semblerait bien que Snowman soit le dernier specimen d'une espèce en voie d'extinction.
Mais alors qui sont donc les Crakers, ces êtres vierges de toute histoire et dénués de vices ? D'où proviennent les porcons, les louchiens, les rasconses et autres créatures hostiles arpentant comme lui cette Terre dévastée à la recherche de nourriture ?
Snowman sait qu'il est nécessaire à sa survie de retourner vers les plèbezones et traverser les Compounds si il veut atteindre Sentégénic, cette forteresse qui a vu naître la folie d'un homme et causé la perte de millions d'autres.
Alors qu'il prépare son expédition, Snowman ressasse ses souvenirs. Une mère scientifique disparue du jour au lendemain - ce qui lui valut année après année d'être interrogé par la brigade des CorpseCorps -. Oryx, apparition puis femme aimée qui le hantera durant des années et le poursuit encore dans ses rêveries.
Crake, son meilleur ami, jeune homme secret, fervent adepte des manipulations génétiques au point de se consacrer entièrement à ce projet visionnaire qui a conduit Jimmy, l'homme naïf que Snowman était autrefois, à ce no man's land...

J'ai reçu il y a peu "Le Temps du Déluge" et lorsque je me suis aperçue que ce roman partageait le même contexte et se déroulait à une époque identique à celle du "dernier homme", j'ai donc choisi de commencer par ce dernier.
Comme pour "La Servante écarlate", "Le dernier homme" est un roman difficile à résumer tant il apparaît que l'auteure ne se contente pas de nous offrir une histoire mais de nous déployer tout un univers qui, tout en se voulant fictionnel, présente d'étranges résonances avec notre réalité.
Tout l'art de Margaret Atwood réside sans doute dans sa façon de se saisir et d'extrapoler autour de préoccupations actuelles (questions écologiques et environnementales, avancées de la recherche scientifique, omnipotence politique, violence accrue, insécurité) pour spéculer de terribles dérives qui nous rappellent que l'homme est décidément un loup pour l'homme et qu'à force de repousser sans cesse les limites de l'éthique, ce Créateur pourrait bien précipiter tous ses semblables dans la fosse commune.

Fascinant, dérangeant, alarmiste certainement quand il s'agit d'évoquer la disparition de la couche d'ozone et des ressources naturelles, la régénération cellulaire ( le lifting c'est le Moyen-Age) et cérébrale, de repousser à l'extrême les limites du clonage pour rendre les dons d'organes accessibles à tous ou encore de perdre le contrôle d'un virus galopant soit-disant sorti de nulle part et face auquel l'Ebola passerait pour un rhume.

Durant toute ma lecture, je me suis demandée si Jimmy/Snowman mesurait réellement tout ce qui se tramait autour de lui, si il parvenait à saisir les enjeux derrière les faux-semblants et les disputes de ses parents scientifiques, à recouper ces informations ayant échappé aux filtres des Corpsecorps, à déceler les véritables intentions de Crake.
Toute sa vie, il aura grandi dans des structures fermées au monde extérieur, à ces plèbezones, sièges de la dépravation sous tous ses formes échappant à toute autorité et donc présentées comme dangereuses.
Aurait-il pu se douter du fléau à venir ? Etait-il impliqué, manipulé malgré lui ?

Bien sûr, on retrouve dans ce roman les composantes de "1984", de "Mad Max" ou encore de "La Servante écarlate". Epoque et lieux indéterminés, castes auto-centrées gérées par une élite et ses forces de l'ordre prétendant oeuvrer au plus grand bien, abolition des pulsions, filtrage des informations et du courrier, population principalement constituée de moutons à l'exception d'une minorité de détracteurs et au final, un être seul avec ses souvenirs et sa conscience, livré à lui-même et obligé de se débrouiller (avec tout l'individualisme que cela comporte) si il veut survivre.

J'ai préféré "La Servante écarlate" en raison de son thème plus féminin, parce que je ressentais plus de points communs et d'intimité partagée avec Defred qu'avec Snowman, mais aussi en raison du choix narratif de l'auteure.
Dans les 2 romans, les univers sont décrits par petites touches successives mais là où le passé reprend forme dans les mots de Snowman, le quotidien de Defred nous était livré en temps réel, contribuant ainsi à ménager le suspense jusqu'au bout.
Dans le cas du "dernier homme", il est surtout intéressant d'examiner de quelle façon se forgent les personnalités de Jimmy et de Crake au fil de leurs parcours opposés et comment de simples idées balancées entre 2 parties de jeux vidéo peuvent donner lieu à un projet colossal et...immonde.
Comment Crake est-il devenu un leader et de quelle façon a-t-il procédé pour gagner l'adhésion de ses exécutants ?

Quelques zones d'ombre subsistent à la fin (Que font au juste les Jardiniers de Dieu ? Comment les balles virtuelles peuvent-elles causer la mort ?) auxquelles j'espère trouver une réponse dans "Le Temps du déluge".
Un univers pensé et décrit dans les moindres détails (parfois un peu trop, dans les exemples de sites web violents par exemple), une langue précise, réinventée, riche de néologismes mais surtout une analyse profonde et fascinante de l'ascension au pouvoir à travers le détournement de la nature et de la science.
Sur ce, je m'en vais découvrir "Le Temps du Déluge" :)
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Pour ma part c'est toujours surprenant et instructif de lire un roman de Margaret Atwood.
J'ai mis un peu de temps à lire celui ci car c'est le tome 1 d'une trilogie et en ce moment je n'ai pas envie de lire une série.
Mais finalement je suis ravie de ma lecture . La construction est habile : on découvre Snowman, le dernier homme vivant sur la terre. Il est entouré de Crakers, des êtres étranges, naïfs, d'apparence humaine mais il les définit lui même comme non humains.
J'ai été captivée dès le début, envie de savoir ce qui s'était passé pour que l'humanité disparaisse de la surface de la terre : il ne reste plus qu'immeubles abandonnés et des hordes d'animaux sauvages en particulier des louchiens et des porcons.
Avant d'être Snowman, le personnage principal était Jimmy : il nous raconte son enfance avec Crake, le génie ; et plus tard sa rencontre avec Oryx…
De la science fiction comme j'aime : dépaysante et qui fait un peu peur mais pas trop….
Il me reste donc à lire le temps du déluge et Maddaddam …. Dire que je ne voulais pas commencer de série….
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« Tu ne peux pas coupler indéfiniment une accessibilité minimale à l'alimentation et une population en expansion. » (p. 121) Après une explosion incontrôlée du progrès et des expériences scientifiques et génétiques, le monde a été ravagé par une épidémie qui a décimé l'humanité et par une catastrophe écologique qui a changé la face de la planète. Ne reste que Snowman, le dernier homme. Il survit tant bien que mal et prend soin des enfants de Crake. Ces derniers sont une création génétique complète, faite de croisements, d'implantations et d'innovation. Les enfants de Crake sont parfaitement adaptés à la vie dans la nature et ne sont pas une menace pour celle-ci. « Comparé à eux, il est vraiment trop étrange ; ils lui donnent le sentiment d'être difforme. » (p. 44) Désormais, n'étant plus la norme, c'est l'humain qui est l'anomalie, l'abomination. Pour trouver un sens à son peu de vie, Snowman s'est fait la voix de Crake et d'Oryx qu'il a érigés en divinité, se donnant lui-même le rôle de prophète. « Il a besoin d'être écouté, il a besoin d'être entendu. Il a besoin d'avoir au moins l'illusion d'être compris. » (p. 106)

Ça vous dit de voir un porcon, un louchien, un malchaton ou un rasconse ? Vous aurez du mal, ce sont de pures créations trafiquées en laboratoire, mélange inquiétant d'espèces disparues. Mais ça ne suffisait pas aux hommes de bidouiller la faune sauvage ou domestique : il a fallu qu'il aille bidouiller son propre code source. « Quand donc le corps s'est-il lancé dans ses propres aventures ? [...] Après avoir laissé tomber ses vieux compagnons de route, l'âme et l'esprit, lesquels le considéraient avant comme un simple réceptacle corrompu, un pantin charger de mimer leurs drames personnels ou même une mauvaise fréquentation les écartant du droit chemin. » (p. 86) Évidemment, ce n'est jamais une bonne idée de se prendre pour Dieu. Ou alors il faut en assumer les conséquences et accepter d'être à tout jamais séparé de sa création. C'est un peu une condition sine qua non... « Ces murs et ces barreaux ont une raison d'être. [...] Ils ne sont pas là pour nous empêcher d'entrer, mais pour les empêcher de sortir. Dans les deux cas, l'homme a besoin de barrières. / Empêcher qui ? / La Nature et Dieu. / Je pensais que tu ne croyais pas en Dieu. / Je ne crois pas en la Nature non plus. » (p. 208)

Le texte alterne entre des passages dans le passé et une narration du présent de Snowman. Enfant gavé de pornographie et privé de repères familiaux stables, Jimmy/Snowman a participé à la fin de l'humanité, mais ce n'est rien comparé à l'implication de son ami Glenn. Hélas, Snowman se souvient mal : il traque les souvenirs de quand il était Jimmy et son esprit est parasité par des citations tirées de livres oubliés. Il est aussi hanté par Oryx qu'il a aimée depuis qu'il l'a vue étant enfant. « Il ne sait pas quel est le pire, un passé qu'il ne peut retrouver ou un présent qui le démolira s'il se penche trop dessus. Et puis il y a le futur. Pur vertige. » (p. 147) À force de recoupements et d'indices, on comprend ce qui a précipité la fin de l'humanité et quelle est la responsabilité de Glenn.

Le titre original du roman est Oryx et Crake, du nom des protagonistes qui sont à l'origine d'une nouvelle forme de vie. Adam et Eve 2.0, en quelque sorte. Dans La servante écarlate, l'humanité avait atteint un sacré niveau de dégueulasserie. Dans le dernier homme, c'est plus simple, elle a disparu, réduite à un individu unique et moribond. Vestige du monde passé, il dépérit inexorablement. Avec sa mémoire qui disparaît progressivement, Snowman est l'incarnation ultime d'une espèce disparue. Sa solitude, c'est son châtiment.

Je suis un peu restée sur ma faim avec ce roman. Mais pour être en train de lire la suite, le temps du déluge, je sens que certains fils sont sur le point de se connecter. Comme souvent avec Margaret Atwood, le futur est pourri, sombre, apocalyptique. Si j'ai préféré la vision décomplexée qu'elle en donne dans C'est le coeur qui lâche en dernier, j'ai tout de même apprécié la cosmogonie qu'elle commence à développer avec le dernier homme.
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Il y a quelques mois, si vous vous souvenez bien, je vous parlez de la servante écarlate de Margaret Atwood (http://bookncook.over-blog.com/2017/04/la-servante-ecarlate.html). Je vous disiez ô combien ce livre est fantastique et visionnaire...et bien j'ai récidivé, oui je l'admet! Tombée amoureuse de sa plume, de son imaginaire, de sa capacité à déceler les travers de ce monde et les mettre en lumière, je me suis laissé tenter par un autre de ses romans qui, non seulement m'a mise une claque, mais à la faculté de dévoiler une image du monde grandissant tel qu'il est et sera. Glaçant!

Snowman est seul, il pense être le dernier homme. Soufflé par une pandémie mortel, le monde tel que nous le connaissons n'existe plus. Snowman, lui, l'a connu et nous raconte. Mais Snowman n'est pas totalement seul...il est entouré d'humanoïdes, les Crakers, aussi beaux et gentils qu'on puisse imaginer. Modifiés, ces hommes et femmes sont des copies améliorés de ce à quoi nous ressemblons. le désir sexuel est supprimer afin d'éviter tout sentiment de jalousie, l'urine des hommes est naturellement dotée de propriété dissuasives pour les prédateurs sans oublier les ronronnements, comme arme de guérison dont ils sont affublés. Mais il semble qu'ils ne comprennent pas les différences physiques de Snowman, qu'ils vénèrent un certain Crake et une certaine Oryx... Cet homme seul révèle à l'aide de flash back sa vie d'avant mais ne se doute pas qu'il écrit son futur.

J'avoue qu'au début je ne comprenais rien mais pas de panique La servante écarlate m'a fait le même effet. Donc je me suis accrochée et il ne m'a fallu que très peu de temps avant que l'auteure ne pique ma curiosité. Qui est Snowman? Les Crakers et leur obsession de Crake et Oryx? Comment en est-on arrivé à ce stade de désolation? Car le monde n'est plus qu'un vaste silence sans Hommes. On croise par ci, par là des animaux étranges, croisements entre deux espèces comme les louchiens et les porcons. Les vivres manquent sauf pour les Crakers qui se nourrissent de végétation si bien que Snowman décide de partir en expédition malgré le danger. La route à prendre est le bon moment pour se rappeler celui qu'il était, celui qu'il est devenu.

Roman de science fiction, dystopie...on peut apposer différentes étiquettes au roman de Margaret Atwood mais pour moi il s'agit tout simplement d'un monde visionnaire. Visionnaire quand aux avancés technologiques et biologiques d'aujourd'hui qui feront le monde de demain, à travers les manipulations de masses et génétiques qui traduisent les dérives de l'Homme. J'ai ressenti dans cette plume, le fantasme de transposer notre humanité en créant des êtres supérieurs physiquement et intellectuellement. La question est de savoir pourquoi ne pas sauver notre propre espèce avant d'en créer une autre. Mais évidemment je ne peux en dire plus sans spoiler... L'égoïsme de l'être humain est à son paroxysme dans ce récit. Non seulement il s'agit d'un égoïsme défiant l'éthique mais aussi social puisque la population la plus pauvre se voit vivre en marge dans des "plébzones" alors que des privilégiés comme Jimmy "Snowman" dans des "compound". Fascinant, dérangeant mais surtout alarmiste il réuni beaucoup de thèmes cher à l'auteure.

En passant par l'écologie, l'environnement, l'espoir et le désespoir, la romancière éclaire une dimension effrayante d'une réalité: la solitude. Son protagoniste est seul, malgré l'interaction avec cette autre vie humaine, il ne peut communiquer sur ce qu'il a connu et n'y arrivait déjà pas avant la catastrophe. Même en ayant les toutes dernières technologies, les relations humaines n'ont jamais été aussi disparates. Et si nous en prenions le chemin?

Bref, un roman écrit avec passion, documentation, d'un regard acéré sur nos sociétés. Je ne peux m'empêcher de penser que Margaret Atwood à un don pour piquer la réalité, la détourner pour mieux la révéler. Un écrivain indispensable...tout comme une bonne salade de fruits accompagné d'un thé glacé à la pêche!


Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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J'ai déjà lu pas mal de livres de science-fiction, quelques livres d'anticipation dystopique qui nous montrent de façon effrayante notre monde tel qu'il sera demain si nous ne changeons pas nos habitudes destructrices de notre environnement.
Je trouve aussi comme les autres babeliotes qui ont mis leurs commentaires à ce récit qu'il y a des similitudes à «1984 » de G Orwell, au concept du « dernier homme » de Friedrich Nietzche dans « Ainsi parlait Zarathoustra ».
Personnellement je lui trouve des similitudes avec René Barjavel et en particulier son roman « le grand secret ».
Mais je pense que c'est parce que l'auteure nous fait du neuf avec de l'ancien - grosso modo.

D'abord, il y a cet être bizarre, Snowman, seul au milieu d'une tribu d'enfants naïfs et touchants, les Crakers et autour d'eux, une nature hostile, remplie d'animaux étranges et effrayants car modifiés génétiquement : en particuliers les louchiens (en anglais wolvogs : loup-chien - pourquoi ne pas dire chien-loup, cela existe !) et aussi les porcons (en anglais : pigoons - de pig cochon et sans doute raccoon : raton laveur). Snowman est seul, désespérément seul : il y a eu un désastre humanitaire qui a rayé les hommes de son environnement proche - peut-être que plus loin, dans d'autres terres ingrates, il y a une humanité mais pour l'heure, autour de lui, ce n'est que désolation. C'est assez glaçant et cela m'a donné l'envie d'en savoir plus et de voir jusqu'où il irait dans son désespoir. Bien sûr je n'ai pas lu la suite, ("l'Odyssée de Pénélope", je suppose car M Atwood a dans l'idée de faire une trilogie et il y aura certainement un troisième livre) et donc, à la fin des 394 pages, j'en reste sur ma faim : Snowman est aussi seul qu'au début mais un léger espoir apparaît : « une empreinte de pied humain sur le sable » ami ou ennemi ! Bien sûr cela le relie à un autre livre, une suite. Je me suis laissée aller à donner des indices, ce que je n'aime pas faire – je préfère laisser aux autres le plaisir de la découverte.
Bon je reviens à mon étude. Des flashbacks dans l'écriture m'ont permis de recomposer son passé, ce qui était arrivé à Snowman, du temps où il s'appelait encore Jimmy. La reconstitution de son passé est intéressante car Jimmy est issu d'une famille de scientifiques qui ont poussé trop loin leurs expérimentation dans le génie génétique! Et comme disait Rabelais, "science sans conscience n'est que ruine de l'âme". A force de faire des expériences pour obtenir plus, plus de rendement dans l'élevage de bêtes pour l'alimentation humaine dans les fermes BioIncs, ils font des animaux étranges tel le CoqOTops qui est un poulet très minimaliste avec beaucoup de parties consommables mais sans la capacité de se mouvoir... A force de faire des modification dans l'agriculture pour obtenir plus de rendements, par exemple sur les récoltes de baies de Cafésympa, il s'est avéré que des modifications malhabiles ont été la source de nuisances telles que page 231 : "Un :microbe amateur d'asphalte avait transformé plusieurs autoroutes en pistes sableuses. Toutes les artères majeures étaient en état d'alerte, et un cordon sanitaire avait été mis en place." Et j'en passe.
Comme le dit elle-même, l'auteure, son roman n'est pas un roman de science-fiction mais plutôt une fiction spéculative car il ne traite pas de "choses qui n'ont pas encore été inventées" ! Pour le coup, j'en reste baba : car les rasconses (rakunks en anglais) et les serprats (snats en anglais), j'espère qu'ils n'existent pas - ne serait-ce que dans un seul laboratoire au monde !!!
J'ai pourtant aimé livre ce livre et il m'a fortement imprégnée. Je le relirai plus tard avec autant de plaisir, je pense car il foisonne d'idées. Et il est très en relation avec ce qui ce passe actuellement et ce qui nous pend au nez. Y aura-t-il pour nous, pour l'espèce humaine un dernier espoir ! Un dernier couple pour que nous puissions continuer cette belle aventure qu'est la vie.
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